Métaphysique de la destruction

Métaphysique de la destruction
Pinchard Bruno
Ed. Peeters

Aufhebung est l’un des noms majeurs de la philosophie et l’auteur y cherche les chances d’une ultime transformation de l’esprit. Interrogeant ce nœud conceptuel qui, à la fois, signifie destruction et dépassement, sursaut et relève, catastrophe et métamorphose, il y cherche le chiffre d’une ultra-modernité qui règne d’abord par son pouvoir de destruction. Elucider la part de sursaut qui demeure encore accessible quand tout se fait décombre, ce n’est pas seulement interroger le plus puissant système philosophique de l’Occident, celui de Hegel, c’est demander à des constellations en apparence secondaires ou dépassées dans l’économie du savoir: l’instant, la langue, la substance, le secret ou l'analogie de témoigner pour une faculté d’intériorisation et de synthèse qui échappe aux désespoirs de l’heure, quand bien même elle ne s’exercerait dans l’histoire que sous des formes parcellaires, décevantes ou dramatiques. Mais pour ce faire, il faut accepter d’entrer à nouveau, par-delà les certitudes communes de l’espace et du temps, dans le romantisme d’une dialectique absolue qui n’épargne rien, mais éclaire toute chose en s’imposant comme la métaphysique même de toute destruction.

La résistance des signes. Peintres aborigènes d'Australie

La résistance des signes. Peintres aborigènes d'Australie
Collectif
Ed. Indigène

La réédition du catalogue de l'exposition éponyme de la Villette, à Paris (26 novembre 1997 au 11 janvier 1998), devenu un « classique » pour les amateurs et les spécialistes de l'art aborigène, était très attendue. Nombre des acteurs de la révolte des signes, qui vit se dresser l'Australie aborigène dans les années 1970, ont aujourd'hui disparu et le monde de l'art, face à l'emballement pour cette peinture, efface volontiers le combat audacieux, douloureux que menèrent les grands initiés d'un bout à l'autre du continent pour donner le coup de grâce au génocide culturel sans pareil auquel on les soumettait depuis deux siècles. Il est ici restitué dans toute sa complexité, à travers des chairs, des formes, des couleurs, des matières, raconté par tous ceux qui ont, d'une manière ou d'une autre, participé à la révélation de ce peuple artiste pour qui créer, c'est résister, et résister, c'est créer.

Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou ont séjourné en 1985 à Papunya, dans le désert central de l'Australie, où émergea en 1971 l'Ecole de Papunya célébrée aujourd'hui internationalement. Ils rencontrent alors ses derniers grands maîtres et notamment Kaapa Tjampitjinpa, le premier à avoir peint sur le mur de l'école de Papunya le Rêve de la Fourmi à miel, acte de naissance de cette terre ocre, mais aussi Turkey Tolson Tjupurrula, Mick Namerari Tjapaltjarri, Clifford Possum Tjapaltjarri... Ils rendent visite à Geoff Bardon, l'artiste blanc, amoureux de Gauguin, qui encouragea les initiés à franchir l'interdit et à peindre sur des supports fixes leurs signes sacrés, éphémères. De ces rencontres, de ces ultimes confidences naîtront deux expositions majeures en France, dont ils seront les commissaires : en 1990, L'Eté australien au musée Fabre de Montpellier, puis en 1997 Peintres aborigènes d'Australie, à l'établissement public du parc et de la grande halle de la Villette, qui vit voyager jusqu'à Paris non seulement Turkey Tolson Tjupurrula, un des derniers survivants du groupe de Papunya, mais des artistes femmes de la célèbre école d'Utopia, plus à l'est du désert, comme Gloria et Ada Petyarre, ainsi que, venus de Turkey Creek aux confins nord-ouest, les héritiers de Rover Thomas, le premier peintre aborigène à avoir représenté l'Australie à la Biennale de Venise, en 1990.

Les forces imaginantes du droit - Coffret

Les forces imaginantes du droit - Coffret
Delmas-Marty Mireille
Ed. Seuil

Ce coffret réunit des ouvrages consacrés au nouvel ordre juridique mondial dont Mireille Delmas-Marty souhaite l'émergence. Elle aborde la question du droit et de son rapport à la société en évolution, notamment dans la mondialisation. Ce contexte l'amène à une réflexion autour de la recherche d'un droit commun et de valeurs communes.

Ce coffret réunit : 

Le relatif et l'universel : les forces imaginantes du droit
Les forces imaginantes du droit, Vol. 2. Le pluralisme ordonné
Les forces imaginantes du droit, Vol. 3. La refondation des pouvoirs
Les forces imaginantes du droit, Vol. 4. Vers une communauté de valeurs ?

En numérique chez Tropismes : Les forces imaginantes du droit - Coffret

Outis! Revue de philosophie (post)européenne 01/2011 - Révoltes migrantes

Outis! Revue de philosophie (post)européenne 01/2011 - Révoltes migrantes
Revue
Ed. Mimesis

Le premier numéro de la revue Outis!, une enquête philosophique sur le mouvement des migrants en Europe et dans le monde, adopte un point de vue singulier : à l'encontre de l'ordre du discours en vigueur, il reconnaît un caractère politique aux insurrections des migrants, qui les rend capables de bouleverser le sens et valeur des institutions démocratiques. Les révoltes sur le territoire italien, à Lampedusa, à Rosarno, les nombreuses révoltes qui ont éclaté dans le monde ces dernières années, représentent des formes d'insubordination au nouvel eslcavage et au racisme d'Etat. Le premier numéro de Outis! se demande alors si ces révoltes ne sont pas l'expression indéterminée d'une nouvelle subjectivité politique étrangère à toute forme de sujet politique pré-établi. Une figure destituante qui donne vie à une politique de l'existence capable de provoquer le pouvoir.
L'enquête sur les migrations mondiales n'est pas uniquement conduite sur fond d'un profil géographique, économique et politique, mais en évaluant le contrecoup, au niveau esthétique et culturel, qu'impose le mouvement collectif des êtres humains à travers le monde.

 

Outis! Revue de philosophie (post)européenne 2/2012 - Où est Oussama Ben Laden ?

Outis! Revue de philosophie (post)européenne 2/2012 - Où est Oussama Ben Laden ?
Revue
Ed. Mimesis

La mort d'Oussama Ben Laden, le 2 mai 2011, victime au Pakistan d'un guet-apens mené par les corps spéciaux des marines américains, fixe un point de non retour - symbolique et matériel - pour le destin des démocraties occidentales : le crime devient justice. L'ennemi est hors de l'humanité. Ben Laden représente le cas le plus éloquent de la réalisation d'une justice divine démocratique : la Kill list que le président des Etats-Unis consulte chaque semaine, pour établir quel terroriste suspecté doit être éliminé, avec une sentence sans appel de vie ou de mort, révèle que le sort de Ben Laden concerne potentiellement tout le monde. Quiconque peut devenir le corps spectral de l'ennemi.
Le deuxième numéro d'Outis! questionne le sens de la fin d'Oussama Bel Laden. Une fin, en réalité, sans fin : la disparition de son corps sert à faire tenir debout son fantôme. La manifestation publique de Ben Laden, avec le 11 septembre, n'était-elle pas l'apparition du fantôme de l'ennemi que l'Occident cherchait après l'écroulement du communisme d'Etat entre 1989 et 1991 ? Ben Laden a toujours été un spectre. Son apparition rend la guerre 'infinie', la démocratie 'sans limites', l'illégalité planétaire 'légale', la justice du plus fort 'raisonnable'. Elle représente l'occasion pour incarner la domination de l'incertitude qui gouverne une planète qui n'est pas gouvernable, et pour cette raison, du moins pour certains, terrorisante. La guerre contre la terreur, au fond, n'est autre qu'une guerre contre tout ce que nous ne connaissons pas. Contre le Néant. Contre la possibilité de dire Non.

 

Les bas-fonds. Histoire d'un imaginaire

Les bas-fonds. Histoire d'un imaginaire
Kalifa Dominique
Ed. Seuil

Gueux, mendiants, misérables, prostituées, criminels, aliénés, détenus, bagnards peuplent de leurs figures hideuses, pour partie réelles et pour partie fantasmées, l'envers ou les dessous de notre société. Ils en sont le repoussoir, la «part maudite», mais aussi l'une des lignes de fuite symbolique et sociale. Car s'ils disent des réalités - la pauvreté, le crime, les transgressions -, ces «bas-fonds» constituent aussi un imaginaire qui traduit tout autant nos inquiétudes et nos anxiétés que certains de nos désirs.

C'est à l'exploration de cet imaginaire que ce livre est consacré. Il montre comment les bas-fonds naissent dans l'Europe bouleversée du XIXe siècle, mais empruntent à une tradition où se mêlent les figures bibliques - Sodome, Babylone -, les mauvais pauvres de la tradition chrétienne et la cour des Miracles. Des «mystères» de Paris à l'underworld victorien, des bas quartiers de New York aux trottoirs de Buenos Aires, il décrypte la fabrique d'un regard qui n'a cessé de nous fasciner. Ces histoires qui hantent nos consciences ont-elles pris fin aujourd'hui ? Les contextes ont changé, mais les débats sur l'underclass, les images du cinéma contemporain ou la culture steampunk montrent que l'ombre des bas-fonds rôde toujours autour de nous.

En numérique chez Tropismes : Les bas-fonds. Histoire d'un imaginaire

Comment la souffrance se dit en rêve. Un regard ethnopschiatrique

Comment la souffrance se dit en rêve. Un regard ethnopschiatrique
Pierre Danièle
Ed. PUF

Qu'est-ce que rêver ? Qu'est-ce qu'interpréter ?

Selon Freud, l'interprétation du rêve est véritablement la « voie royale » menant à la connaissance de l'inconscient : la méthode de l'association libre doit permettre d'y découvrir un sens caché. Mais en clinique transculturelle, le rêve apparaît déjà interprété de l'intérieur par la culture. Comment comprendre cela ? L'auteur retrace à cet égard les apports de Géza Roheim (Les portes du rêve) et surtout de Georges Devereux (Psychothérapie d'un Indien des Plaines. Réalité et rêve est le premier compte rendu complet d'une thérapie transculturelle). Elle propose ensuite de redécouvrir un concept freudien longtemps considéré comme mineur : celui de l'élaboration secondaire du rêve. Il s'agit du remaniement préconscient de sa façade qui le rend intelligible et communicable dans le registre de la pensée diurne. C'est lui qui ordonne les choses selon la logique culturelle du rêveur, selon sa « vision du monde ». À travers la thérapie ethnopsychanalytique d'une jeune femme marocaine à Bruxelles, le rêve apparaît bien comme un lieu privilégié de ce qui se noue entre l'individu et son univers culturel. Il reste toujours le paradigme du travail psychique dans la cure et dans le transfert.

Programme sensible

Programme sensible
Garat Anne-Marie
Ed. Actes sud

Dans un deux-pièces de la banlieue parisienne ignoré du GPS et de Google Earth, Jason, devenu traducteur professionnel après avoir vécu plusieurs vies, entretient un secret et obsédant dialogue avec son ordinateur dont l'écran liquide semble receler de vivantes images de son passé refoulé dans une forêt nordique d'Estonie, vingt ans avant la chute du mur de Berlin. Et sur fond de divorce, de paternité difficile, de drame des sans-papiers, de rafle des camps « roms », de réchauffement climatique et de tragédie de Fukushima, il affronte cette rémanence qui revêt les couleurs d'un conte originel, dont les ogres désormais numérisés, percutant inlassablement son inconscient et sa mémoire archaïques, l'obligent à se réinventer dans la vraie vie.

Puisant à diverses sources formelles, nourri de différents « mythes », Programme sensible est sans doute, en France, l'une des premières fictions qui invitent délibérément notre rapport contemporain aux nouvelles technologies à se matérialiser dans la dramaturgie comme dans l'imaginaire du genre romanesque.

En numérique chez Tropismes : Programme sensible

Sources et ressources. Panorama des cultures fondamentales de la République Démocratique du Congo

Sources et ressources. Panorama des cultures fondamentales de la République Démocratique du Congo
Faïk-Nzuji Clémentine M.
Ed. CILTA

Fruit de quarante-cinq années d'enquêtes et de recherches sur le terrain, Sources et Ressources est aussi l'aboutissement d'une longue carrière d'enseignement universitaire en Afrique et en Europe. Convaincue que les méthodes en sciences humaines africaines ne prennent valeur qu'en tenant compte de la logique interne des populations concernées et en débouchant sur leur vécu quotidien, Clémentine M. Faïk-Nzuji a toujours été particulièrement attentive à la question de méthodes et soucieuse d'allier une démarche rigoureusement scientifique à une approche résolument pédagogique.

Illustré de nombreux documents d'archives, et d'une galerie de portraits d'écoliers réalisés par Gaëtan Faïk, cet ouvrage, enrichi d'une trentaine d'encadrés signés par les meilleurs spécialistes et par des témoins culturels, offre au personnel enseignant, ainsi qu'à tout public cultivé, un large Panorama des cultures fondamentales de la République Démocratique du Congo.

Comment identifier ces valeurs culturelles ? Pourquoi ont-elles été conçues et transmises ? De quelle manière sont-elles vécues dans la société contemporaine ? Quels procédés et quelles politiques mettre en oeuvre pour les revitaliser, en les adaptant si nécessaire aux problématiques d'aujourd'hui ? Voilà, entre autres, les questions que pose et auxquelles tente de répondre cet ouvrage magistral, qui comble enfin une grave lacune, sur ce sujet primordial pour l'émergence d'une méthodologie qui puisse servir à bâtir un système d'éducation enraciné.

Sources et ressources met à la disposition des éducateurs des matériaux, à la fois sûrs et aisés d'accès, qui les aideront à doter la jeunesse africaine de l'ancrage dont elle a besoin pour préserver son identité culturelle et pour résister au vacillement des valeurs qui fragilise le monde actuel.

En contexte multiculturel, notamment en Europe, au Canada et aux Etats-Unis, où la gestion des relations interpersonnelles et intercommunautaires est parfois difficile, ce livre fournit aux institutions, animateurs culturels, agents socioculturels, médecins, thérapeutes et à toute personne soucieuse de mieux comprendre les résidents d'origine africaine, des matériaux riches et variés, réunis pour la première fois en un seul volume.

A travers cet ouvrage, Clémentine M. Faïk-Nzuji nous donne accès à une sagesse universelle, héritée des Grands Initiés qu'elle a longuement côtoyés.

 

L'humain comme avenir de l'homme

L'humain comme avenir de l'homme
Galand Paul
Ed. Racine

Sans entretenir l’ « utopie rose » d'un retour vers un mythique paradis perdu, il est temps de trouver  une autre réponse à la crise écologique et économique actuelle que l’« utopie noire » consistant à compter que plus de technologie peut encore être une solution, alors qu’elle est devenue elle-même l’essentiel du  problème.
Même ceux que seuls animent l’égoïsme et l’esprit de lucre semblent commencer à comprendre que la situation impose d’elle-même des changements qui, il y a peu encore, paraissaient révolutionnaires. Beaucoup ont déjà entrepris de mettre leurs stratégies plus en conformité avec leurs intérêts réels.
D’où, en partie, mon optimisme, lequel se fonde aussi sur la volonté qui s’exprime de plus en plus de sortir du cadre de pensée où la technologie nous a enfermés et de repenser l’avenir de l’humain.
Un nouveau mode de rapport au monde est en cours d’invention, une nouvelle culture naît, axée non plus sur le consumérisme, mais sur une conception plus humaine des rapports humains et de l’entreprise baptisée « civilisation ». Comment dès lors ne pas être optimiste ?

Paul Galand est docteur en sciences zoologiques et agrégé d’université de l’ULB en biologie cellulaire. Passionné par la vulgarisation scientifique, il participe depuis plus de 40 ans à l’émission Le Jardin extraordinaire (RTBF) en tant que conseiller scientifique et commentateur.

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