Déconstruction du christianisme, vol.2. L'adoration

Déconstruction du christianisme, vol.2. L'adoration
Nancy Jean-Luc
Ed. Galilée

Ce livre constitue le second volume de Déconstruction du christianisme dont le premier s'intitulait La Déclosion. Si ce dernier mot voulait indiquer la nécessité d'ouvrir la raison à une dimension non pas « religieuse », mais transcendant la raison elle-même telle que nous avons trop pris l'habitude de la comprendre, l'« adoration » essaie maintenant de nommer le geste de cette raison déclose.

Ce mot qui semble relever exclusivement de la religion ou de l'amour - sinon du jargon mondain ! - dit la parole adressée à ce qui dépasse la signification. Cette adresse, qui n'est pas plus philosophique qu'elle n'est religieuse, qui ne se range ni sous le concept ni sous le culte, peut se signaler, sans doute, par la poésie et par l'art, mais ne s'y limite pas non plus.

Ce qu'on essaie de penser ici - tout au moins d'entrouvrir à la pensée -, c'est une façon, une allure de l'esprit pour notre temps où le « spirituel » semble devenu si absent, si sec, ou si frelaté.

Séminaire la bête et le souverain, vol. 2. 2002-2003

Séminaire la bête et le souverain, vol. 2. 2002-2003
Derrida Jacques
Ed. Galilée

Jacques Derrida a consacré, on le sait, une grande partie de sa vie à l'enseignement : à la Sorbonne d'abord, puis durant une vingtaine d'années à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et enfin, de 1984 à sa mort, à l'École des hautes études en sciences sociales, ainsi que dans plusieurs universités dans le monde entier (aux États-Unis régulièrement). À partir de 1991, à l'Ehess, sous le titre général « Questions de responsabilité », il a abordé successivement les questions du secret, du témoignage, de l'hostilité et l'hospitalité, du parjure et du pardon, de la peine de mort. Enfin, de 2001 à 2003, il a donné ce qui devait être, non la conclusion, mais l'ultime étape de ce séminaire, sous le titre « La bête et le souverain ».

En 2001-2002, Jacques Derrida poursuivait ses recherches des années passées autour de la souveraineté de l'État-nation et de son fondement onto-théologico-polirique, vaste réflexion portant désormais sur les grandes questions de la vie animale - celle de l'homme « animal politique », disait Aristote, et celle des « bêtes » - et du traitement, de l'assujettissement de la « bête » par l'« homme ».

Ce travail se trouve infléchi l'année suivante dans une patiente lecture de deux textes qu'il qualifie lui-même d'« aussi hétérogènes que possible » : l'oeuvre de fiction de Daniel Defoe, Robinson Crusoé, d'une part, et le séminaire professé par Martin Heidegger en 1929-1930 (Les Concepts fondamentaux de la métaphysique. Monde-finitude-solitude), d'autre part. Jacques Derrida décrivait en ces termes, dans l'Annuaire de l'Ehess 2002-2003, les principales lignes de force de la réflexion ainsi engagée :

Tantôt croisées, tantôt parallèles, ces lectures visaient un foyer commun : l'histoire (notamment l'histoire politique du concept de souveraineté y compris, inséparablement, celle de l'homme sur l'animal) dans l'Angleterre pré-coloniale de Defoe (avec son arrière-fond religieux étudié dans Robinson Crusoé) et à travers les nombreuses, diverses et passionnantes lectures de Robinson Crusoé au cours des siècles (Rousseau surtout, Kant, Marx et de nombreux économistes politiques du XIXe siècle, mais aussi Joyce, V. Woolf, Lacan, Deleuze, etc.) et dans l'Allemagne moderne de Heidegger (le début des années 1930).

Ces deux livres sont aussi des livres sur la solitude, sur le prétendu « état de nature », sur l'histoire du concept de Nature (surtout chez Heidegger) dont nous avons commencé à suivre le lexique si essentiel (souvent associé à celui de phusis), si peu remarqué et si peu traduisible de Walten (Gewalt, Umgewalt, Übergewaltigkeit, etc.) qui inondera les textes de Heidegger à partir de 1935, et désigne une force ou une violence archi-originaires, de « souveraineté » - comme on traduit parfois - au-delà de l'onto-théologie, c'est-à-dire du philosophico-politique comme tel.

Désobéissance civile et démocratie. Sur la justice et la guerre

Désobéissance civile et démocratie. Sur la justice et la guerre
Zinn Howard
Ed. Agone

Notre manière de penser est une question de vie ou de mort. Si ceux qui tiennent les rênes de la société se montrent capables de contrôler nos idées, ils sont assurés de rester au pouvoir. Nul besoin de soldats dans les rues. Nous nous contrôlerons nous-mêmes. Notre ordre social résulte d'un processus de sélection au cours duquel certaines idées sont promues par le biais de puissantes machines culturelles. Nous devons réexaminer ces idées et comprendre comment elles s'opposent à notre expérience du monde. Nous serons alors en mesure de contester l'idéologie dominante.

De l'exercice de la justice aux motivations réelles des guerres, en passant par les conditions d'entretien de la violence économique et sociale, l'auteur illustre la manière dont la tenue des affaires du monde, c'est-à-dire de nos affaires, devrait être entre nos mains. Et toujours chez Howard Zinn le même optimisme sur la nature et le destin de l'humanité : l'histoire ne réserve que des surprises, et elles ne sont pas toutes mauvaises.

Une brève histoire de l'extinction en masse des espèces

Une brève histoire de l'extinction en masse des espèces
Broswimmer Franz J.
Ed. Agone

Pourquoi préserver la biodiversité devrait-il être une préoccupation majeure des êtres humains ? Une première réponse soulignerait simplement les impératifs et les soucis de notre existence collective, qui, comme celle de tout être vivant, dépend des autres.

La mondialisation de la dégradation de l'environnement et de l'extinction en masse des espèces exige un réexamen historique des pratiques sociales humaines. Après l'extermination de la mégafaune par nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, la socialisation de la nature se caractérise, avec l'apparition de l'agriculture et d'une société de classes, par la concurrence pour le surplus de production. Une logique à l'oeuvre notamment dans les grandes civilisations englouties : Sumer (-3700 à -1600), Rome (-500 à 500), Mayas (200 à 900), etc.

Mais les sociétés industrielles modernes se distinguent par leur compétence sans précédent à dominer la nature, avec une capacité unique dans l'histoire : détruire les écosystèmes à l'échelle planétaire. Pourtant l'idéologie dominante, fondée sur le culte de la croissance, persiste à nier que notre organisation sociale engendre ces comportements mortifères.

Les mots sont importants. 2000-2010

Les mots sont importants. 2000-2010
Sylvie Tissot & Pierre Tévanian
Ed. Libertalia

L'éditorial et le sondage d'opinion ? Des exercices ventriloques. La mixité sociale et la diversité ? Les faux-semblants de la lutte contre la ségrégation. La rhétorique féministe et laïcarde ? Les nouvelles métaphores du racisme républicain. Le sarkozysme ? Un pétainisme light... Telles sont quelques-unes des analyses que proposent Pierre Tevanian et Sylvie Tissot dans ce livre où l'on croise, entre autres, Dominique de Villepin et Ségolène Royal, Fadela Amara et Julien Dray, Dieudonné et Max Gallo, Alain Soral, Éric Zemmour et Philippe Val... Les trente textes retenus dans ce recueil résument dix années de critique sociale au sein d'un collectif : Les mots sont importants. Dix années et trente textes de combat contre les mauvaises langues et les mauvais traitements, les grands auteurs et les grandes questions, les gros concepts et les grosses bites qui font l'air du temps. Trente contributions à une contre-culture anticapitaliste, antiraciste et antisexiste.

Maurice Blanchot et la philosophie

Maurice Blanchot et la philosophie
Collectif
Ed. Presses universitaires de Paris Ouest

Dans Le Pas au-delà, Maurice Blanchot fait le constat suivant : «Derrière le discours parle le refus de discourir, comme derrière la philosophie parlerait le refus de philosopher : parole non parlante, violente, se dérobant, ne disant rien et tout à coup criant.»

Cette résistance de Blanchot à l'égard de la philosophie montre les limites de la qualification d'une oeuvre, qu'elle soit philosophique, littéraire ou poétique. L'écriture philosophique est-elle plus ou moins philosophique dans le fragment d'Héraclite, le système d'Hegel ou l'aphorisme de Nietzsche ? De tout cela, Blanchot semble se moquer. Et qu'importe de savoir si Blanchot est philosophe. Notre intention dans cet ouvrage est ailleurs. Elle est dans le souhait d'interroger le «et», chacun avec ses lectures et ses convictions. Ce «et» dans Blanchot et la philosophie, faut-il l'envisager comme une addition, une disjonction, une impossibilité, un ou bien ou bien, un ni ni, une localisation... ? Où est Blanchot en fin de compte ?

Libertés et sureté dans un monde dangereux

Libertés et sureté dans un monde dangereux
Delmas-Marty Mireille
Ed. Seuil/La couleur des idées

Le monde est dangereux. Aujourd'hui, à l'heure du terrorisme global, des effets conjugués de la pauvreté, de la maladie et des risques écologiques, les États doivent faire face à de nouveaux défis : une menace pour la sûreté de l'un d'entre eux peut devenir une menace pour tous. Si les dangers ont existé de tout temps en tous lieux, les attentats du 11 Septembre en ont sans doute changé la perception. Si bien que les responsables politiques sont tentés de remettre en cause les libertés propres à l'état de droit. Dès lors, l'enchevêtrement des espaces normatifs (nationaux, européens et mondiaux) induit des mouvements d'autant moins contrôlables qu'ils échappent de plus en plus aux États.

Ce livre explore cette nouvelle donne et l'incertitude des réponses face aux dangers bien réels que courent les personnes, les États, voire la planète tout entière. Au-delà, il s'interroge sur les voies qui s'ouvrent à nous : sociétés de la peur ou communauté de destin ?

Ce que les savants pensent de nous et pourquoi ils ont tort. Critique de Pierre Bourdieu

Ce que les savants pensent de nous et pourquoi ils ont tort. Critique de Pierre Bourdieu
Verdrager Pierre
Ed. Empêcheurs de penser en rond

La sociologie de Pierre Bourdieu s'est imposée bien au-delà du monde universitaire. Dans le même temps, ce dernier est devenu un défenseur des dominés et des opprimés, un militant de justes causes. Ce livre reprend certains des grands chantiers ouverts par le sociologue - les femmes, les classes populaires, les sciences, l'Algérie, l'épistémologie - afin de bien comprendre son mode d'exploration du monde.

En confrontant les positions de Bourdieu à celles d'autres chercheurs, Pierre Verdrager fait apparaître des traits permanents qui caractérisent la «sociologie critique» qu'il a fondée : elle requiert des gens capables de trop peu, vulnérables en tout, mais des sociologues capables de tout et vulnérables en rien !

Ce livre s'adresse d'abord aux acteurs et aux militants. Il n'est pas certain qu'on doive considérer comme un bon guide quelqu'un qui ne croyait pas en l'intelligence des gens, qui faisait dépendre le changement social de la survenue de miracles, qui considérait toute prise de conscience comme une impossibilité et qui disait pis que pendre des associations. Les militants n'ont pas besoin de guide ni d'homme providentiel capables d'indiquer ce qui est à faire : la science peut peut-être informer modestement l'action, certainement pas s'y substituer. La pédagogie ne remplacera jamais la politique.

Tout compte fait, ce dont les acteurs ont d'abord besoin d'être libérés, c'est d'une sociologie critique qui se sent autorisée, au nom de son savoir accumulé et de ses «méthodes rigoureuses», à les penser incapables de toute critique.

Heidegger. Le nazisme, les femmes, la philosophie

Heidegger. Le nazisme, les femmes, la philosophie
Alain Badiou & Barbara Cassin
Ed. Fayard

Les convictions politiques d'un philosophe sont-elles pertinentes pour juger son oeuvre ? La question s'est posée avec une virulence particulière en raison de ses convictions nazies au sujet de Martin Heidegger, adulé par certains et honni par d'autres. Pour Alain Badiou et Barbara Cassin, cette polémique est mal centrée et il faut accepter le paradoxe suivant : oui, Heidegger a été un nazi ordinaire, petit-bourgeois et provincial, et oui, Heidegger est l'un des penseurs les plus importants du siècle dernier.

En se plongeant dans sa correspondance, les deux philosophes interrogent de manière inattendue la figure de Heidegger, son rapport à la politique, bien sûr, ainsi qu'aux femmes. À la sienne, Elfride, avec laquelle il forma un couple indestructible et tourmenté, à la manière de Sartre et Beauvoir. Mais aussi à toutes celles, et notamment Hannah Arendt, dont il fut l'amant au cours de sa longue existence.

Il n'y a pas de rapport sexuel. Deux leçons sur l'Etourdit de Lacan

Il n'y a pas de rapport sexuel. Deux leçons sur l'Etourdit de Lacan
Alain Badiou & Barbara Cassin
Ed. Fayard

Dans « L'Étourdit », paru en 1973 et tenu pour l'un de ses textes les plus obscurs et les plus importants, Lacan pose certains concepts essentiels de son oeuvre, dont la formule fameuse « Il n'y a pas de rapport sexuel », qui interroge la validité de notre rapport au réel. Alain Badiou et Barbara Cassin s'emparent de ce court texte pour penser « avec » lui et en offrent deux lectures qui prennent le savoir pour enjeu. Barbara Cassin l'envisage à partir de son rapport intime aux choses de la langue ; Alain Badiou analyse ce que la philosophie prétend pouvoir dire quant à la vérité.

Ces études de « L'Étourdit », en se faisant écho, éclairent d'un jour nouveau la pensée de Lacan et proposent un partage à mettre en question entre la masculinité de Platon et la féminité de la sophistique.

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