Ces quatre essais, précédés d'une préface inédite de l'auteur, présentent un concentré de la réflexion de Stefan Hertmans sur le langage et son rapport au silence. S'emparant d'une question cruciale depuis le romantisme, le grand écrivain néerlandophone s'interroge : est-il vrai que l'écriture et la parole nous détournent de l'expérience véritable, de la vie ? Pourquoi Hofmannsthal, Hölderlin, Jakob Lenz et Paul Celan ont-ils décidé de se taire, et quel recours à ce silence pourrait-on trouver dans l'oeuvre de W. G. Sebald ?
Étude à la fois érudite et limpide, Poétique du silence révèle l'importance de ces plumes germanophones dans la formation philosophique et linguistique de l'écrivain. C'est une nouvelle facette de l'auteur d'Une ascension qui est ici révélée : le romancier à succès est également brillant théoricien littéraire, et son oeuvre s'éclaire ainsi d'une passionnante lumière réflexive sur sa propre pratique.
En l'absence du capitaine, troisième recueil de poèmes de Cécile Coulon, navigue entre deux rives : les lieux, si durs et si beaux à la fois, et les âmes qui les peuplent, présentes puis évapotées. Chaque poème appelle un souvenir et promet un avenir lumineux, où les traces du passé, toujours présentes, deviennent des compagnes de route.
Une réflexion sur le travail d'écrivain dans laquelle le romancier explore le processus matériel et imaginaire de la création littéraire, faite de jaillissements et de persévérance.
Recherche sur la place du judaïsme dans la sphère familiale et intime de Proust ainsi que sur ses représentations dans son oeuvre, notamment dans A la recherche du temps perdu. L'écrivain a tantôt été accusé d'antisémitisme, tantôt d'être un auteur kabbaliste. A. Compagnon montre que les figures du milieu sioniste des années 1920 s'appuient sur son oeuvre, la commentent et se l'approprient.
Fort de sa triple culture - africaine, française et américaine -, Souleymane Bachir Diagne s'interroge sur la traduction dans un texte engagé et humaniste, porteur d'une éthique.
Si la traduction manifeste le plus souvent une relation de profonde inégalité entre langues dominantes et langues dominées, elle peut aussi être source de dialogue, d'échanges, de métissage, y compris dans des situations d'asymétrie, propres notamment à l'espace colonial, où l'interprète, de simple auxiliaire, devient un véritable médiateur culturel.
Un petit livre pour un grand sujet : la spécificité de la littérature chinoise fondée sur une écriture idéographique, à la différence de toutes les écritures indo-européennes de la sphère occidentale où l'écriture est de type alphabétique.
De notre côté donc, une écriture d'origine orale ; de l'autre, une écriture oraculaire monopolisée à la fin du XIIe siècle avant notre ère par les spécialistes de la divination.
Comment ont été conçus les chefs-d'oeuvre français, ces rares ouvrages sans cesse édités depuis leur parution jusqu'à accéder au rang de classiques ? Il existe incontestablement dans notre « cher et vieux pays » un art d'écrire qui épouse tous les genres : roman au premier chef, mais aussi théâtre, essai, mémoires, récit de voyages et philosophie. Accompagné d'une rédaction prestigieuse, Sébastien Le Fol raconte - pour la vingtaine de titres retenus - comment ils ont été pensés, rédigés, publiés, sans oublier leur réception critique, souvent féroce, précédant leur triomphe et leur sacre par la postérité.
« La littérature a la vertu de nous décentrer. Elle nous projette dans d'autres univers où aller rêver, vibrer, penser. À bien y regarder, elle nous enseigne autant que les sciences humaines, quoique sous des formes moins savantes. La plume du romancier fouille et creuse au plus profond de ce qui fait l'être humain. Le polar nous fait pénétrer dans des univers sociaux méconnus. Le roman historique fait jaillir des personnages là où l'histoire s'en tient aux faits d'archives. Le conte ou la chanson incarnent les dilemmes existentiels et interrogations philosophiques, que tous, petits et grands, se posent sur le sens de la vie. Chacun à leur manière, ils nous confrontent à ce que l'existence compte d'imprévisible, de magique, de magnifique et de tragique. »
Héloïse Lhérété
Ladies & gentlemen, Christopher Hitchens ! Journaliste frénétique, contradicteur-né, polémiste de génie, la légende des lettres britanniques nous donne ici son grand oeuvre : parce qu'il y raconte joyeusement sa vie, qu'il y livre ses pensées les plus décapantes, et parce que sa verve au vitriol nous régale toujours comme aucune autre.
« Savais-tu que j'ai grandi au Congo ? » me disait-elle au début de nos rencontres. « J'ai grandi dans le ventre du Congo... je suis une vieille Congolaise, une fille de l'équateur, des forêts. » Lilyan avait découvert les splendeurs de ce pays en voguant, alors enfant, sur le steamer de son père, ce grand bateau à vapeur à fond plat, avec ses grandes roues. Comme il y en eut sur le Mississippi. Elle était sur le pont en haut, les Noirs en bas avec les marchandises. C'était comme ça, l'habitude. « Je ne savais pas que cette séparation portait un nom : la ségrégation... Je trouvais cela normal. » Est-ce pour expier cette innocente ignorance que cette Belge aux origines ostendaises devint une spécialiste incontournable de la négritude et de sa littérature qui n'intéressait personne dans les années cinquante ? (présentation de l'éditeur)