Cet essai présente la façon dont la littérature (qu’il s’agisse de romans, de poésie, de théâtre, de chansons, etc.) se met en action pour tenter de dépasser la mort. Depuis la possibilité de résister au choc de la confrontation à l’irrémédiable jusqu’à la commémoration sereine avec le recul des années, en passant par l’accomplissement des différentes étapes du deuil. Cet essai montre aussi comment les écrivains prennent en charge des fonctions que les discours institutionnels ou médiatiques ne peuvent pas assumer, comme dresser la stèle manquante des effacés de l’Histoire, exprimer l’inavouable, apprivoiser sa propre mort.
Il n’y a qu’un problème littéraire vraiment sérieux : c’est la transmission des textes à la postérité. Le reste : les modalités de renouveau d’un genre, les singularités d’un style comme le dialogue entre les œuvres, il sera toujours temps de s’y intéresser lorsque les contradictions impliquées par la quête d’approbation d’un public virtuel auront été comprises.
Ce livre invite à faire l'hypothèse du récit en suivant, dans l'histoire de la littérature française du vingtième siècle, différentes façons de se tenir en rapport avec l'impossible, d'en faire l'improbable relation. Prenant le relais de la poésie, de Gide et Valéry à Beckett et Michon, la prose narrative fait l'expérience d'une réduction ou d'une dénudation des mécanismes de la fiction. Terrain d'expérimentations, le récit - anagramme du mot « écrit » - rend problématique son mode de réception en interrogeant explicitement le fonctionnement de sa voix narrative, le statut des personnages et la nature de la participation qu'ils attendent de leur lecteur. Narration célibataire, le récit s'écrit donc à l'ombre du roman. Lié à un sentiment de perte d'innocence narrative, il joue avec et contre la crédulité que suppose le contrat romanesque. Il fait de la fiction, et de l'impossibilité d'y échapper, le détour pour accéder à une vérité en souffrance.
Enfant juif caché sous l'Occupation, J.-C. Zylberstein fait ses débuts dans la presse comme critique de jazz, entre dans l'édition et devient en même temps avocat spécialisé en droits d'auteur. Dans cette autobiographie, il relate ses souvenirs couvrant un demi-siècle de vie culturelle et éditoriale et dessine en toile de fond une bibliothèque idéale.
Une vue d'ensemble de la vie et de l'oeuvre de C. Malaparte. Cet écrivain italien se distingua en redonnant vie aux événements traumatiques de la première moitié du XXe siècle. Sa vie intime est dépeinte à travers de nombreux documents parfois inédits : des textes prononcés en publics, des brouillons, des lettres et une importante iconographie issue d'archives familiales.
Les contributeurs explorent les écritures de soi dans un large champ historique et dans l'espace francophone. Plusieurs catégories sont abordées : les auteurs, les oeuvres, les genres, les notions techniques, les termes littéraires, les entrées géographiques, les époques ou encore les mouvements littéraires.
« Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée », écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour « la bonne dame », je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais.
Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une « oasis » propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son oeuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation.
Depuis plus de quatre cents ans, acteurs, metteurs en scène, critiques et spectateurs se confrontent à la figure de Shylock, l'un des personnages les plus marquants du Marchand de Venise et l'un des plus complexes et des plus controversés du répertoire théâtral. Cette étude explore sa place dans l'histoire de l'antisémitisme et dans celle de la littérature.
Une étude de la linguistique dans l'oeuvre du réalisateur italien. L'auteur montre comment l'utilisation du style indirect libre permet à l'artiste de transposer dans ses films sa vision du monde et des classes subalternes.
Jeune fille à marier, épouse et mère, maîtresse, vieille fille : ces états offerts à la carrière féminine, la littérature occidentale comme l'expérience du monde vécu nous les ont rendus familiers.
Pourtant, la lecture de quelque deux cent cinquante oeuvres, classiques ou plus confidentielles, du XVIIIe siècle à nos jours - romans, nouvelles, contes, pièces de théâtre et films -, réserve une étonnante surprise. La fiction ne se contente pas de refléter la réalité historique et ses lentes évolutions ; à partir de ce petit nombre, très stable, d'états dûment structurés, régis par des règles précises, définis par le mode de subsistance économique et la disponibilité sexuelle, elle révèle un état particulier : le « complexe de la seconde ».