Un prévenu attend une décision de justice. Une femme juge perd sa bague et le sommeil. Sa fille apprend à tailler le marbre dans un atelier à Carrare. Un berger parle au téléphone en dialecte. Un enfant rêve assis sur un muret au soleil. Ils partagent un même temps minéral. Un jeu d'ombre et de lumière vient troubler l'immobilité des sculptures.
C'est en 1956, à Cambridge, que Sylvia Plath fait la connaissance du jeune Ted Hughes, poète prometteur, homme d'une force et d'une séduction puissantes. Très vite, les deux écrivains entament une vie conjugale où vont se mêler création, passion, voyages, enfantements. Mais l'ardente Sylvia semble peu à peu reprise par sa part nocturne, alors que le 'braconnier' Ted dévore la vie et apprivoise le monde sauvage qu'il affectionne et porte en lui. Bientôt ses amours avec la poétesse Assia Wevill vont sonner le glas d'un des couples les plus séduisants de la littérature et, aux yeux de bien des commentateurs, l'histoire s'achève avec le suicide de l'infortunée Sylvia.
Attentive à la rémanence des faits et des comportements, Claude Pujade-Renaud porte sur ce triangle amoureux un tout autre regard. Réinventant les voix multiples des témoins - parents et amis, médecins, proches ou simples voisins -, elle nous invite à traverser les apparences, à découvrir les déchirements si mimétiques des deux jeunes femmes, à déchiffrer la fascination réciproque et morbide qu'elles entretiennent, partageant à Londres ou à Court Green la tumultueuse existence du poète.
L'ombre portée des oeuvres, mais aussi les séquelles de leur propre histoire familiale - deuils, exils, Holocauste, dont elles portent les stigmates -, donnent aux destins en miroir des 'femmes du braconnier' un relief aux strates nombreuses, dont Claude Pujade-Renaud excelle à lire et révéler la géologie intime.
Quand il nous arrive de dire « C'était mieux avant », sommes-nous des passéistes en proie à la nostalgie d'une enfance lointaine, d'une jeunesse révolue, d'une époque antérieure à la nôtre où nous avons l'illusion qu'il faisait bon vivre ? À moins que cet avant ne soit un hors-temps échappant au temps des horloges et des calendriers.
Je me refuse à découper le temps.
Nous avons, j'ai tous les âges.
«Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films ? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles.»
Ensuite un peu de bruit, et beaucoup de silence.
La stagiaire entre dans le bureau de Robert Dubois, l'éditeur, et lui tend une tablette électronique, une liseuse. Il la regarde, il la soupèse, l'allume et sa vie bascule. Pour la première fois depuis Gutenberg, le texte et le papier se séparent et c'est comme si son coeur se fendait en deux.
Le public s'agite devant ces visions scintillantes, les désirs se croisent, les désirs se superposent et se synchronisent, c'est là que le spectacle se produit.
Des femmes, adeptes des stages de développement personnel, sont subjuguées par un orateur au charme redoutable, qu'elles retrouvent chaque semaine, aimantées par son regard bleu et sa voix profonde.
Qui est cet homme ?
Que leur apporte-t-il ?
Jusqu'où ira le ravissement des femmes ?
C'est en 1956, à Cambridge, que Sylvia Plath fait la connaissance du jeune Ted Hughes, poète prometteur, homme d'une force et d'une séduction puissantes. Très vite, les deux écrivains entament une vie conjugale où vont se mêler création, passion, voyages, enfantements. Mais l'ardente Sylvia semble peu à peu reprise par sa part nocturne, alors que le 'braconnier' Ted dévore la vie et apprivoise le monde sauvage qu'il affectionne et porte en lui. Bientôt ses amours avec la poétesse Assia Wevill vont sonner le glas d'un des couples les plus séduisants de la littérature et, aux yeux de bien des commentateurs, l'histoire s'achève avec le suicide de l'infortunée Sylvia.
Attentive à la rémanence des faits et des comportements, Claude Pujade-Renaud porte sur ce triangle amoureux un tout autre regard. Réinventant les voix multiples des témoins - parents et amis, médecins, proches ou simples voisins -, elle nous invite à traverser les apparences, à découvrir les déchirements si mimétiques des deux jeunes femmes, à déchiffrer la fascination réciproque et morbide qu'elles entretiennent, partageant à Londres ou à Court Green la tumultueuse existence du poète.
L'ombre portée des oeuvres, mais aussi les séquelles de leur propre histoire familiale - deuils, exils, Holocauste, dont elles portent les stigmates -, donnent aux destins en miroir des 'femmes du braconnier' un relief aux strates nombreuses, dont Claude Pujade-Renaud excelle à lire et révéler la géologie intime.
'Nous pouvons affirmer que l'enfant est, par définition, un découvreur, et que découvrir le chameau n'est pas plus étrange que découvrir le miroir (...)' Manuel de zoologie fantastique, Jorge-Luis Borgès et Margarita Guerrero