Journal, vol. 1. Ténèbres en terre froide. 1957-1964

Journal, vol. 1. Ténèbres en terre froide. 1957-1964
Juliet Charles
Ed. POL

Au tréfonds de L'être, une plaie suinte, que maintiennent à vif maintes de ces questions auxquelles il n'est jamais facile de fournir une réponse : vivre, le faut-il ? Et ce mot, vivre, comment le comprendre ? Quelles significations lui attribuer ? Et que doit-on faire de sa vie ? Quel sens lui donner - ou en recevoir ? Et s'il semble rigoureusement indispensable de se connaître, cet être que je suis, quel est-il ? Dois-je le subir dans tout ce qu'il est ? Ou bien puis-je le transformer ? Mais alors dans quel but, quelle intention ? Vais-je savoir brûler ce qui m'encombre, désenfouir mon noyau, ne garder en moi que ce qui procède de l'élémentaire, l'originel ? Et cet autrui dont je viens de vérifier à quel point il est mon semblable, vais-je savoir le rejoindre ? Et si je cède à ce désir de me connaître, comment dissoudre l'angoisse qu'il suscite ? Comment vaincre la peur de la vie ? La peur de la mort ?...

Mais quand ces questions le taraudent, l'être n'est pas à même de se les formuler. Elles ne sont tout d'abord qu'un malaise, un désarroi, une lancinante sensation d'exil, l'âpre nostalgie de ce que l'on ne saurait nommer, une infranchissable solitude. Et c'est à son insu que l'être se trouve progressivement engagé dans une aventure dont il ne soupçonne ni en quoi elle réside, ni où elle est susceptible de le mener.

Les notes rassemblées dans ce Journal sont les traces laissées par un homme embarqué dans une telle aventure, et qui, des années plus tard, devra s'avouer qu'en se scrutant la plume à la main, il n'a fait qu'obéir à un urgent besoin de se révéler à soi-même, se clarifier, s'unifier, à l'impérieuse nécessité d'accéder à la liberté, la connaissance, une ineffable lumière.

Journal, vol. 6. Lumières d'automne. 1993-1996

Journal, vol. 6. Lumières d'automne. 1993-1996
Juliet Charles
Ed. POL

Une quinzaine d'années me séparent de ce Journal qui paraît en ce mois de février 2010, mais quelle importance ? Je me reconnais d'autant mieux dans celui que j'étais à cette époque que le besoin qui me poussait à tenir un Journal ne m'a pas quitté. Ce besoin est apparu à l'adolescence quand, écrasé d'angoisse, j'ai pris conscience que le temps m'entraînait inéluctablement vers la mort. Pour éviter que tout disparaisse de ma petite existence, il fallait que je réagisse, que je garde trace de ce que je vivais, que je recueille dans des notes le meilleur de ce qui m'était donné.

Ce Journal a également rempli une autre fonction. Il m'a permis de réaliser une autoanalyse et de naître à moi-même, de déposer mes fardeaux et de devenir celui que j'avais à être.

Les années ont passé et l'automne tant attendu a fini par venir. L'automne, saison du déclin, mais aussi saison des récoltes, de l'abondance, de la maturité. En ces mois de l'année, la lumière qui certains jours inonde les champs n'est plus celle de l'été. De même, sous l'effet du temps écoulé, la lumière interne s'est modifiée. Enfin stable, apaisée, elle est désormais plus claire et plus vive.

L'assassinat d'Yvon Toussaint

L'assassinat d'Yvon Toussaint
Toussaint Yvon
Ed. Fayard

Au départ, un fait réel. Un sénateur haïtien, par ailleurs médecin, est abattu à Port-au-Prince d'une balle dans la tête. Il s'appelle Yvon Toussaint.

Un journaliste retraité, nommé lui aussi Yvon Toussaint, décide de reconstituer la vie et la mort de cet homonyme sorti du néant. Il part pour Haïti, rencontre la veuve, les enfants, les maîtresses, les amis politiques, les gardes du corps, les confrères... et peut-être les assassins d'un personnage dont la silhouette prend corps dans l'oppressant environnement d'une île maudite depuis deux siècles. «Ici, le sol est spongieux, lui dit-on. Marchez-y prudemment sous peine de faire jaillir du sang sous vos souliers !»

D'autres figures surgissent qui apportent leurs témoignages ou mystifient l'enquêteur : agents doubles et indics à toutes mains, gazouillantes prostituées et cabotin mirobolant, intellectuels de haut vol dont la rhétorique étourdit ou encore drag queen pathétique comme le malheur, sibylline comme le destin.

Mais soudain, l'enquête bifurque, la grande ombre noire du vaudou se déploie et suggère d'autres énigmes. Dans ce culte cher au sénateur et qui célèbre rituellement les jumeaux, quand ce ne sont pas les doubles, lequel des Yvon Toussaint va-t-il posséder l'autre ?

La plage d'Oran

La plage d'Oran
Richard Jacques
Ed. Albertine

La plage d’Oran est un récit poétique qui transcende son cadre historique. Il y est question, dans l’Algérie des années de guerre, d’une enfance où l’innocence n’a pas cours. Ici, la  condition de jeune être humain n’a d’enfance que le nom. Rien, ni la brutalité superbe du monde contemplé, ni les autres, adultes aux repères vacillants, petits laissés pour compte, ne peut donner de réponse, de morale à l’expérience physique de la violence et du mal. En tableaux brefs dont la prose adopte souvent une métrique classique, se déploie l’évocation de moments où l’abus tient lieu d’initiation, le cauchemar de rêve, le champ de batailles et de douleurs entraperçues de terrain de jeu. Les temps morts et l’attente ne sont pas des refuges. Peut-être le silence.
Il s’agit, pour une part, de souvenirs lointains.

Dans la cathédrale

Dans la cathédrale
Oster Christian
Ed. Minuit

Vingt ans plus tôt, je connaissais bien Élisabeth. Mais, lorsqu'elle réapparaît et qu'elle m'en apporte la preuve, je n'en retrouve aucun souvenir. Paul, lui, habite pour l'instant chez moi. Mais, lorsqu'il disparaît, il ne m'adresse plus aucun signe. Quant à Marianne, c'est moi qui ne veux plus la voir. Bref, je me retrouve seul. J'en profite pour aller m'exiler en Beauce, faire un peu le point. Et c'est là qu'apparaît Anne, dont je sais que je ne me passerai plus, mais que je n'ai pas encore rencontrée.

Arrière-fond

Arrière-fond
Guyotat Pierre
Ed. Gallimard

Suite à Formation (2007) qui n'est pas du « souvenir d'enfance » comme on l'a quelquefois écrit, mais le récit de formation d'un enfant qui pense pouvoir consacrer sa vie à la création, j'ai voulu concentrer mes forces de mémoire, d'empathie et de poésie sur la quinzième année de mon âge.

On trouvera ici, entre autres faits - Dieu Créateur, Dieu Rédempteur, Vierges, conflit au père, amitié de la mère dans les prémices de sa disparition trois ans plus tard, Cosmos, Histoire, filles, femmes, garçons, filles encore, Nature, animaux, ruines de guerre, cirque, et surtout, avec la Poésie, le sexe de femme -, l'histoire, la description, l'explication d'une pratique, la « branlée-avec-texte » qui, depuis l'esquisse de sa description en 1972 dans « Langage du corps » (in Vivre) où je la signale comme déjà révolue, a suscité et suscite toujours des interprétations erronées, des déformations, voire des racontars réducteurs, quand ce qui l'animait alors se situait bien au-dessus et bien en dessous de ce qu'on croit.

Plutôt que de reprendre le courant chronologique de Formation, j'ai procédé ici par journées souvent longues et suivies de leurs nuits, comprises entre la fin de Juin et la fin d'Août de l'année 1955.

Les couleurs de la nuit

Les couleurs de la nuit
Lambert Stéphane
Ed. La Différence

Toute cité est un état d'âme. Ainsi, lorsque Nathaniel Bodler débarque à Prague, avec le seul désir d'écrire un livre sur Bernardo Daddi, un peintre italien du XIVe siècle, on ne sait trop qui, de la ville ou du ténébreux personnage, va envoûter l'autre. L'imaginaire se met en marche et le passé se ranime face à l'étrangeté du présent. Apparaît alors Andel, double de Nathaniel, qui va l'entraîner vers les zones obscures de l'histoire de la région et de lui-même. Dans ce chaotique retour aux origines, la dorure des retables portatifs de Daddi illumine la nuit avec la même intensité que les lumières de la station-service de Liben, quartier de Prague où la vie de ces deux personnages est en train de se métamorphoser. Au coeur de cette odyssée personnelle, c'est l'art et la sensualité qui joueront les réconciliateurs, avant que le désordre de l'actualité ne rattrape l'imaginaire.

Haut les filles !

Haut les filles !
Ed. Quadrature

Elles sont jeunes, seules, tristes ou pas. Elles sont belles ou pas. Elles réfléchissent à leur vie, elles pleurent, elles rient...

Elles représentent un patchwork des femmes d'aujourd'hui. Des filles d'aujourd'hui.

Elles vous emmènent dans leur univers, dans leur intérieur, vers leur âme. Elles vous font toucher du doigt, des yeux, leur petit monde.

Elles s'appellent Anouk, Jade, Cassiopée, Marguerite ou Claire. Elles vous attendent pour vous entraîner dans leur vie. Un instant. Un bref instant.

Femme de lettres et de mots, Calouan (Corinne Lesimple) a posé son sac sur les contreforts du Luberon. C'est là qu'elle place les mots les uns près des autres, les laisse s'envoler et s'unir ; crée un univers, une ambiance... tricote une histoire pour les petits ou, ici, pour les grands. Elle dédie son recueil « À tous les hommes : absents aveugles frileux lointains oléagineux revenants gourmands amants... »

L'objectif des Éditions Quadrature est à la fois modeste et ambitieux : se dédier complètement à la nouvelle de langue française au rythme de trois recueils par an.

Feu

Feu
Vandamme Régine
Ed. Castor astral

Reclus dans son appartement où il tente de survivre à la dérive de son existence, Hughes Worm, journaliste autrefois promis à un brillant avenir, sombre dans le désespoir, loin des siens, loin du monde, à l'âge de 44 ans.

D'heure en heure tout au long d'une journée caniculaire, son histoire se dévoile, banale, bancale, l'histoire d'un homme aux prises avec un mal-être contre lequel il a renoncé à se battre.

Seule sa mort est en marche.

Feu est un roman obsédant qui fait éclater des vérités crues et cruelles. L'écriture est intense. Chaque phrase parle juste, cogne et fait mal.

Joli coup

Joli coup
Ledent Patrick
Ed. Calliopées

Un hold-up qui commence mal, un rêve de retraite dans le Sud, un souvenir de tripotées, une file de caddies qui n'avance pas, un cadavre interchangeable, des larmes intarissables, une amnésie inopportune, une délocalisation en Roumanie, une belle femme trop gentille, un meurtre bien propret devant la télé, une dernière cigarette, un soldat saponiphile, une villa côtière transformée en hôtel de luxe, une passion trouble pour la boucherie, et pour finir... un joli coup.

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