Cent seize chinois et quelques

Cent seize chinois et quelques
Heams Thomas
Ed. Seuil

Cela se passe entre 1941 et 1943, dans les Abruzzes. Non loin du Gran Sasso, cette écrasante montagne qui impose sa force tellurique comme une ombre portée sur le temps. Par une de ces décisions absurdes et nocives dont le fascisme est friand, les Chinois de la péninsule ont tous été internés ici et constituent une étrange communauté, dont le mutisme est peut-être la meilleure protection. Ils sont à un moment cent seize, parfois moins, parfois plus. La vie s'écoule, sans but et sans substance. Un jour, les autorités organisent une grande cérémonie, drolatique et insensée, de conversion au catholicisme. Puis le labeur reprend, aux champs ou ailleurs, dans un mélange d'ennui, de désarroi et de fausse résignation, jusqu'au jour où tout bouge et où le groupe se disperse.

Est-ce parce qu'ils étaient une masse silencieuse et disciplinée, est-ce parce qu'ils venaient d'ailleurs, de cet Orient lointain, que l'Histoire les a gommés ?

L'auteur, en restituant une page oubliée de l'Italie mussolinienne, offre une métaphore de l'exil, de l'immigration et des menaces de l'intolérance.

En attendant la montée des eaux

En attendant la montée des eaux
Condé Maryse
Ed. Lattès

Babakar est médecin. Il vit en Guadeloupe, seul avec ses souvenirs et ses rêves de jeunesse. Mais le hasard, ou la providence, place une enfant sur sa route et l'oblige à renouer avec la vie et ses espoirs.

La petite Anaïs n'a que lui. Sa mère, une réfugiée haïtienne, est morte en la mettant au monde. Babakar veut lui offrir un autre avenir. Ils s'envolent pour Haïti, à la recherche de la famille de l'enfant, une tante, des grands-parents peut-être, qui pourraient lui raconter son histoire. Là-bas, ils vont aussi croiser un cuisinier libanais, une femme peintre qui n'a jamais peint un seul tableau de sa vie, et surtout le fantôme d'une Antillaise aux yeux bleus.

Un roman envoûtant, traversé par les destinées de trois personnages, entre l'Afrique, les Antilles et Haïti. Trois hommes en quête d'eux-mêmes, liés par une indéfectible amitié et qui se débattent pour s'affranchir de leur passé.

L'humoriste

L'humoriste
Picard Georges
Ed. José Corti

Un humoriste gai comme une porte de prison.

Un original qui cultive sa laideur, ce qui ne l'empêche pas de plaire aux femmes.

Un collectionneur de miroirs obsessionnel et mégalomane.

Une amoureuse qui confond ses amants entre eux.

Une mythomane géniale.

Un clown métaphysique.

Trois jeunes femmes délurées qui sèment la terreur dans un village.

Un roi, intoxiqué par les sermons de Bossuet, qui s'enfuit de son palais pour devenir mendiant...

Telles sont quelques-unes des figures que l'on croisera dans ces pages où l'ironie côtoie la poésie, et le tragique l'humour débridé.

Soit, au total, soixante dix-huit histoires et portraits, subtils et percutants, ciselés à la pointe fine par l'auteur de De la Connerie et du Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison.

Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet

Enquête sur la disparition d'Emilie Brunet
Bello Antoine
Ed. Gallimard

Le détective Achille Dunot souffre d'une étrange forme d'amnésie. Depuis un récent accident, sa mémoire ne forme plus de nouveaux souvenirs, si bien qu'il se réveille chaque matin en ayant tout oublié des événements de la veille.

Quand le chef de la police lui demande d'enquêter sur la disparition d'Émilie Brunet, une des femmes les plus riches du pays, Achille décide de tenir un journal dans lequel il consignera le soir, avant d'aller se coucher, les enseignements de la journée. Lui qui ne jure que par Agatha Christie devient ainsi à son insu le héros et le lecteur d'un drôle de roman policier... dont il est aussi l'auteur.

Très vite, tout accuse Claude Brunet, le mari de la disparue. Il a plusieurs mobiles et aucun alibi. Il se vante à demi-mot d'avoir commis le crime parfait. Mais surtout, il ose critiquer les méthodes d'Hercule Poirot...

Naissance d'un pont

Naissance d'un pont
de Kerangal Maylis
Ed. Verticales

« À l'aube du second jour, quand soudain les buildings de Coca montent, perpendiculaires à la surface du fleuve, c'est un autre homme qui sort des bois, c'est un homme hors de lui, c'est un meurtrier en puissance. Le soleil se lève, il ricoche contre les façades de verre et d'acier, irise les nappes d'hydrocarbures moirées arc-en-ciel qui auréolent les eaux, et les plaques de métal taillées en triangle qui festonnent le bordé de la pirogue, rutilant dans la lumière, dessinent une mâchoire ouverte. »

Ce livre part d'une ambition à la fois simple et folle : raconter la construction d'un pont suspendu quelque part dans une Californie imaginaire à partir des destins croisés d'une dizaine d'hommes et femmes, tous employés du gigantesque chantier. Un roman-fleuve, « à l'américaine », qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.

Ce n'était rien, c'est devenu tout ! Voyage au pays du cancer

Ce n'était rien, c'est devenu tout ! Voyage au pays du cancer
Myttenaere Chantal
Ed. L'Hèbe

Peut-on parler du cancer avec distance et humour tout en l'affrontant ? Peut-on témoigner «en direct» avec force, tendresse, volonté, férocité pour lutter contre la maladie ? Peut-on rendre collectif ce qui, la plupart du temps, est caché, tabou, tu ?

C'est ce que fait Chantal Myttenaere. Lorsqu'elle apprend qu'elle a un cancer, elle recourt, pour le combattre, aux armes qui ont caractérisé toute sa vie : l'écriture et le partage. Son «voyage au pays du cancer» ne se fera pas en solitaire : un véritable réseau, sa «barrière de corail» comme elle l'appelle, se met en place, lui apportant soutien, réconfort, chaleur, et en recevant autant en retour. Des dizaines de mails, sms, messages en tous genres s'échangent, nourrissent son écriture, prouvant que la solidarité organisée et gratuite existe, qu'elle est une arme de combat efficace. Chantal Myttenaere offre ce témoignage aux autres victimes de cette maladie sournoise pour leur dire de ne jamais baisser les bras, de ne pas se laisser enfermer dans le silence, de ne pas se laisser enfermer tout court.

Et, en parlant de la mort, elle écrit un livre sur l'amitié et l'amour...

L'ancre de Chine

L'ancre de Chine
Myttenaere Chantal
Ed. L'Hèbe

Marie raconte sa vie à «la petite», qui lui ressemble tant... Car il y a matière à raconter : née dans la région de Charleroi au début du siècle dernier, Marie connaît une vie rocambolesque qui l'amènera en Chine, au Congo et, enfin, au Canada. Échappant au destin funeste de sa famille de mineurs, elle affrontera la guerre et connaîtra des amours impossibles. Au fil des mots et des pages s'écrit le destin exceptionnel d'une femme forte et originale. Vingt ans après sa première parution, L'ancre de Chine, premier roman de l'auteure, reparaît dans une version totalement revue et corrigée. Il a obtenu, à l'unanimité, le prix RTL-TVI 1988 décerné à l'oeuvre de fiction d'un auteur belge de langue française.

Téléscopages

Téléscopages
Yvert Fabienne
Ed. Attila

Dans ces textes, qui reprennent le principe des fiches Elle ou Babar, on trouve de tout : inventaire des désirs, bilans financiers, réflexions sur la mécanique, notes en vrac, recettes de cuisine infaillibles, lettres d'amis complices, pensées animalières, sommations secrètes, fugacités en gelée...

Suivant une chronologie pas toujours orthodoxe, ce carnet de route est maintenant un livre et trahit une vie aventureuse, telle qu'on peut la tenter aujourd'hui.

 

Le Gai Savoir de la mort

Le Gai Savoir de la mort
Peignot Jérôme
Ed. Cendres

'... c'est à l'éblouissement qui sera alors le nôtre que nous devons notre mort, laquelle ne se soldera pas par notre enfouissement dans le néant mais par la révélation de la splendeur du monde', écrit Jérôme Peignot. Espérance hyperbolique, espérance plus païenne que chrétienne, plus cosmologique que de résurrection. Espérance de l'absolu et de l'éternité de l'amour. Retour à l'avant-naissance - qui est, comme la mort, la vraie vie. Le Gai Savoir de la mort est un livre insolite à une époque de désenchantement et de désincarnation. Jérôme Peignot pense la mort à partir de l'amour, donc de la vie. C'est peut-être une bonne nouvelle. Jacques Sojcher (extrait de la préface).

 

Dialogues d'outre ciel

Dialogues d'outre ciel
Béraud Marie-Laure
Ed. Manuella
Dans les limbes où errent les âmes, dans ce lieu hors normes où le temps et l'espace sont abolis, se nouent des relations imaginaires entre personnages célèbres : Charles Baudelaire croise Serge Gainsbourg. Marcel Proust fait la connaissance de Pier Paolo Pasolini, Louis-Ferdinand Céline celle de Knut Hamsun...
En renouant avec un genre prisé dans l'Antiquité notamment par Lucien dans ses Dialogues des morts, l'auteur met en scène ces rencontres inattendues ou improbables mais toujours étonnantes et vivantes. Nous prenons plaisir à retrouver des figures méconnues ou à redécouvrir celles qu'on croyait connaître, Marylin Monroe et Robert Walser, Barbara et Oscar Wilde ou Pina Bausch et Michael Jackson, quelques secondes avant l'éternité.

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