Elle appartient à la foule des exploités de la terre, au monde des petites bonnes, une enfance saccagée par les travaux, les mauvais traitements, les abus sexuels, elle appartient à la masse des Indiennes luttant pour la survie. Un soir, elle se glisse dans le lit d'un étranger, sa vie, croit-elle, va changer. Mais à la télévision, le feuilleton Maria, qui la fait pleurer, la met en garde contre son mauvais destin.
Il appartient à la foule des exilés, chassés de leur terre par des révolutions, il vient du pays des poètes qui meurent dans un duel pour une femme infidèle, il a parcouru le monde, porteur d'une tristesse secrète. Il s'arrête dans un lieu isolé, au bord de l'Océan. Il attend la vieillesse et la mort avec philosophie.
Mais cela se passe au Mexique, et le jour de la Fête des Morts, le jour où les enfants sucent des cercueils en sucre et des squelettes en chocolat. Partout éclatent des pétards qui ressemblent à des coups de fusil.
Et il y a le tableau de Manet, L'exécution de l'empereur Maximilien, qui hante les mémoires européennes, un jeune homme devant un peloton d'exécution, une princesse belge qui sombre dans la folie, et une Indienne, la jolie maîtresse de l'empereur.
Une histoire d'amours et de crimes où tous les personnages, les saints comme les voyous, sont innocentés.
Comment le hasard a-t-il choisi l'univers rigoureux des mathématiques pour réunir ceux qu'il a séparés onze ans auparavant à cause d'un œuf ? Comment un ouvrier sourd a-t-il fait pour aider une mère à retrouver son enfant qu'elle pensait perdu à jamais ? Et qu'est venu faire ce chat de Sidi Bou Saïd dans tout ça ?
Dans son premier roman, Yamen Manai mêle ce qu'on est spontanément tenté de séparer : science et folklore, rêve et réalité, Nord et Sud... Dans ce monde aussi riche en paramètres qu'en particules qui le composent, peu importe l'univers dans lequel on avance, notre marche est toujours celle de l'incertitude, et le hasard, malicieux personnage principal du livre, reste 'maîtres des dés'.
Gregor a inventé tout ce qui va être utile aux siècles à venir. Il est hélas moins habile à veiller sur ses affaires, la science l'intéresse plus que le profit. Tirant parti de ce trait de caractère, d'autres vont tout lui voler. Pour le distraire et l'occuper, ne lui resteront que la compagnie des éclairs et le théâtre des oiseaux.
Fiction sans scrupules biographiques, ce roman utilise cependant la destinée de l'ingénieur Nikola Tesla (1856-1943) et les récits qui en ont été faits. Avec lui s'achève, après Ravel et Courir, une suite de trois vies.
Tout commence par des disparitions, des déplacements d'objets.
Shimura-san vit seul dans une maison silencieuse qui fait face aux chantiers navals de Nagasaki. Cet homme ordinaire rejoint chaque matin la station météorologique de la ville en maudissant le chant des cigales, déjeune seul et rentre tôt dans une retraite qui n'a pas d'odeur, sauf celle de l'ordre et de la mesure. Depuis quelque temps déjà, il répertorie scrupuleusement les niveaux et les quantités de nourriture stockée dans chaque placard de sa cuisine. Car dans ce monde contre lequel l'imprévu ne pouvait rien, un bouleversement s'est produit.
«Comme je l'apprendrais plus tard lorsqu'un inspecteur me rappellerait, les agents avaient trouvé porte close chez moi. Aucune fenêtre ouverte, ce qui les avait étonnés. Après avoir forcé la serrure, ils avaient été plus intrigués encore de ne mettre la main sur personne à l'intérieur. Or tout était bien fermé. Croyant à une farce, ils avaient failli repartir tout de suite. L'auteur de cette plaisanterie l'aurait payé cher, monsieur Shimura, me ferait-il remarquer. Par acquit de conscience, toutefois, ils avaient fouillé chaque pièce. C'est dans la dernière, la chambre aux tatamis...»
Dans ce récit Mathieu Lindon rend hommage à Michel Foucault, au professeur de liberté, à l'ami généreux qu'il fut, qui lui prêtait son appartement pendant ses longues absences qui, sans y toucher, sans peser d'aucune manière, l'a sans doute beaucoup plus guidé et aidé qu'il n'en eut alors conscience. Et par la grâce du talent évocateur de l'auteur ce sont six années de sa jeunesse qu'il nous restitue, agitées, confuses parfois, mais éclairées par cette amitié. Parallèlement à la figure de Michel Foucault est aussi, bien sûr, tracée celle de Jérôme Lindon, le père. Et de Samuel Beckett le bienveillant, et de Robbe-Grillet, Hervé Guibert, tant d'autres anonymes ou connus. Mais si l'intérêt historique de ces pages est évident , si nous y découvrons un Michel Foucault qu'humanise l'intimité amicale, elles sont plus encore marquées par un regard d'une profonde innocence sur les hommes, les ambitions, les mouvements du cœur, la jeunesse, la filiation, l'amitié.
Présentation de l'éditeur
'Quelle est la nature de cet attachement qui porte les uns vers les autres, Gérard ou Alain, Daniel ou Thierry, la nature de cette impression de vivre enfin leur vie qu'ils ont tous dans cet endroit habité par leur mentor : un homme lui-même libre dans sa vie et ses affections et qu'ils n'ont pas besoin de tenir pour un des philosophes importants de l'époque ? Michel Foucault est tout simplement Michel, on a presque l'envie de dire 'l'oncle Michel', qui pratique lui-même, avec un élu qui ne semble pas faire partie de la bande, le jeu des amours socialement réprouvées. Tous l'aiment à leur façon. Pour le jeune Mathieu cela va plus loin et pourrait s'appeler simplement de l'amour.' Maurice Nadeau, extrait de la Quinzaine littéraire, janvier 2011
Lire Romain Gary, le relire enfin, c'est bien cela dont il s'agit.
Trente ans après sa disparition, le 2 décembre 1980, le Musée des lettres et manuscrits fait revivre à travers ses écrits Romain Gary, l'homme aux deux Goncourt, héros diplomate, écrivain, cinéaste, grand reporter, séducteur et sublime mystificateur, dans toute son humanité, vibrante, complexe et douloureuse.
'La vérité est peut-être que je n'existe pas. Ce qui existe, ce qui commencera à exister peut-être un jour, si j'ai beaucoup de chance, ce sont mes livres, quelques romans, une oeuvre, si j'ose employer ce mot. Tout le reste, c'est de la littérature.' (L'Affaire homme)
De La Promesse de l'aube à La Vie devant soi, voici rassemblés quelques 160 documents exceptionnels, photographies, lettres autographes, manuscrits et textes inédits, et onze lecteurs-écrivains ou philosophes, réunis par le Magazine littéraire, pour nous en livrer les clés. Au fil des milliers de feuillets, couverts d'une écriture souvent pressée, expression de l'excitation qui l'animait, se dessine le portrait kaléidoscopique de Romain Gary, humaniste flamboyant et défenseur passionné de la singularité, combattant toujours aux aguets, dont l'oeuvre na pas fini d'interpeller notre temps.
Trois lettres. Trois lettres qui sonnent comme les trois derniers chiffres d’un compte à rebours au final explosif : O-U-I. Un simple oui, projeté à la mairie entre Juliette et Benjamin, une simple union maritale comme épicentre d’un séisme psychologique. Cette simple nouvelle amorce chez les pères, mères, amis, amies, ex, ami(e)s des ex, belles-mères, beaux-pères, rivales et rivaux, une onde de choc déstabilisante. Le oui est d’abord remis en question, puis validé. Alors, on se voit, on s’en parle, on épluche les souvenirs, on dénombre les mensonges, on sombre dans le doute, les rivalités, on agonise, on esquisse des suicides, ressuscite des brouilles. Dans l’arbre généalogique et le réseau social des deux tourtereaux court alors une sève amère ou une électricité panique qui transforme la bague au doigt en bracelet de forçat, la haie d’honneur en effet domino. D’autant que Murielle Renault a le génie d’évacuer les noms, de ne garder que les prénoms, chacun devient alors, au fil des très courts chapitres, un électron libre de ses dérives, une boule de billard électrique ivre d’entrechocs. Tout s’achèvera par une hallucinante fête de mariage où rôde un photographe cynique dont chaque cliché est un coup de grâce tiré à bout portant, chaque flash une giffle en pleine face. Murielle Renault invente le marivaudage de l’ère atomique. Attention : ralentir mariage.
'Je croyais avoir besoin de voyager seul et de rester silencieux vingt-quatre heures pour regarder en face le temps qui passe. En réalité, j'avais besoin d'autre chose. J'avais besoin, je crois, de partager un peu de temps volé avec une aimable inconnue.'
A la fin de l'hiver, dans un train qui trace son chemin sans trop de hâte vers le Portugal, un homme s'enfuit paisiblement. Il ne sait peut-être pas ce qu'il cherche en s'en allant mais il sait que le temps est venu de partir, de dire non à un monde dans lequel il ne trouve plus sa place et qui le fatigue. En face de lui, une inconnue. Entre Paris et Lisbonne, au fil des heures, ils vont se demander comment ils vont.
« Cet album nous fait redécouvrir un texte de Léon Werth sur son ami Saint-Ex ainsi qu'une partie de leur correspondance, des dessins et des photographies ...
Un hymne à l'amitié !
À l'occasion de la sortie de Léon Werth, le Promeneur d'Art, les Éd. V.H. font paraître une nouvelle édition de Saint-Exupéry tel que je l'ai connu, épuisé depuis plusieurs années. Publié en 1994, il rassemble différents textes écrtis sur « Tonio », notamment celui que Werth avait rédigé à la demande de René Delange pour un livre hommage à Saint-Exupéry publié aux Éditions du Seuil en 1948. Nous y avons adjoint de nombreux documents iconographiques inédits.
Werth et Saint-Exupéry se sont rencontrés en 1931, et leur amitié ne s'est jamais démentie. Il ne faut pas oublier que Werth fut le dédicataire du Petit Prince, publié en 1943 chez Brentano's aux États-Unis, mais également que la Lettre à un otage (publié en juin 1943 de manière autonome) avait initialement écrite pour servir de préface à 33 jours. Dans la mesure où 33 jours ne parut pas, Saint-Exupéry remania considérablement son texte : il supprima les références directes à son ami, qui devint alors le symbole du français « otage » de l'occupant.
L'album offre une perception atypique et méconnue de l'homme et de l'écrivain. L'iconographie y est aussi importante que les textes : lettres en fac-similés, dessins, photos prises par la famille Werth, Tonio et son avion (Claude, le fils de Léon Werth, fit son baptême de l'air dans la carlingue de Saint-Exupéry !), billets divers, etc.»