Le fils de la bonne

Le fils de la bonne
Lecasble Guillaume
Ed. JBZ & Cie

Monsieur est médecin, Madame est femme de médecin. Ils ont deux filles, Ava et Marguerite, et une bonne, Concepcion. Madame et Concepcion accouchent le même jour : Louise et Manolo. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes d'une famille bourgeoise de l'Ouest parisien des années 50 si Manolo ne grésillait pas, si Manolo n'était pas un enfant radio. Une chronique familiale tendre entre les baisers de Madame, les baffes de Concepcion et l'amour de Monsieur.

Au hasard et souvent

Au hasard et souvent
Lapaque Sébastien
Ed. Actes Sud

Au hasard et souvent est d'abord un journal d'écrivain : un de ces livres qui en contiennent, suggèrent ou laissent entrevoir beaucoup d'autres. Mais c'est aussi un contre-journal conçu dans l'actualité de l'année 2009, enrichi de réflexions, voyages, lectures, digressions, conversations et sautes d'humeur. Au fil des thèmes - qui sont multiples, de la crise financière à Facebook, du rugby à l'identité nationale, de La Princesse de Clèves à de Gaulle, etc. - se dessinent peu à peu un fleuve souterrain, un arrière-pays façonné comme une oeuvre, irrigué par une pensée anticapitaliste, une foi et un engagement d'anarchiste chrétien. Une volonté de témoigner publiquement, aussi, du présent et de notre « étrange défaite ». Parce que « dans le monde qu'on nous prépare, écrit Sébastien Lapaque, un monde de cinquantenaires à Rolex au poignet et à jolie fille au bras, nous allons mourir d'ennui. Et nous aurons perdu la seule chose qui donne un prix à la vie : l'absolu. »

Galadio

Galadio
Daeninckx Didier
Ed. Gallimard/Blanche

Allemagne, années trente. Ulrich est un adolescent de Duisbourg comme les autres. À un détail près : sa peau est noire...

Son père, un soldat africain, est venu en Allemagne avec les troupes françaises d'occupation chargées de veiller à l'application du traité de Versailles. Il est reparti en 1921, quelques mois avant la naissance de cet enfant, fruit d'un bref amour avec une jeune Allemande.

Ils sont des centaines, comme Ulrich, à incarner ce qu'Hitler et les nationalistes ne cesseront de dénoncer, dans l'entre-deux-guerres, comme la « honte noire », symbole de l'avilissement délibéré du sang aryen par les occupants. Leur sort ne sera en général guère plus enviable que celui des Juifs.

Ulrich, pour sa part, va connaître un destin inattendu et mouvementé, et découvrir une autre facette de son identité : Galadio.

Comme toujours, Didier Daeninckx s'appuie sur une documentation très fouillée pour éclairer un aspect méconnu de l'histoire du vingtième siècle. Il révèle ici le sort terrible des Allemands métis dans un pays emporté par le délire nazi. De Duisbourg aux studios de cinéma de Babelsberg, jusqu'aux rivages du Sénégal où se déroulent les premiers combats entre pétainistes et gaullistes, Ulrich apprend à connaître les hommes.

Le bureau vide

Le bureau vide
de Bondt Frank
Ed. Buchet Chastel

«Ils ne m'auront pas.

C'est la fusion qui a tout chamboulé. Numéro Un a rapidement mis les choses au point, comme il disait. Une nuit, on a déposé ma porte. En arrivant le matin, j'ai eu un moment d'hésitation avant de pénétrer dans mon bureau. Bien qu'il ait été démeublé, je continue de m'y rendre chaque jour. Assis à califourchon sur la chaise que j'ai dégotée dans un débarras, je les observe avec délectation. La résistance est un exercice subtil de composition qui exige une attention permanente.»

Le Bureau vide est un récit impitoyable, drôle et subversif.

Décidément je t'assassine

Décidément je t'assassine
Hoex Corinne
Ed. Impressions nouvelles

Ce n'est pas assez que tu sois morte. Il faut vider. Fouiller les tiroirs. Inspecter les étagères. Chaque matin, je me rends dans ta maison. Je reste jusqu'à la nuit. Boîte après boîte, classeur après classeur, je décime le passé.

L'hôpital. Une femme et sa mère mourante. La douleur de perdre ce qui n'a pas été. L'espoir qu'avant la fin, quelque chose se dise, une parole d'amour.

La narratrice, restée seule, cherchera le souvenir de sa mère parmi les vêtements, les photos, toutes ces choses qui demeurent quand la vie est partie.

Un roman sensible sur l'apprentissage du deuil, du manque, de la perte. Un texte dense, dépouillé. Un récit bouleversant.

Coco givrée

Coco givrée
Monfils Nadine
Ed. Belfond

C'est la fête des bonshommes de neige à Pandore. Doug décide d'y conduire Laurie, sa belle-fille, mais sa voiture tombe en panne en pleine nuit au « carrefour de la mort », là où, raconte-t-on, des fantômes d'accidentés font du stop. Il part chercher du secours, laissant la gamine seule. Quand soudain, une silhouette s'approche du véhicule une hache à la main. Pour Laurie, la fête est finie...

Quelques années plus tard, d'étranges disparitions surviennent à ce même carrefour. Les choses se corsent lorsque des cadavres de fillettes sans yeux sont retrouvés à Pandore, dans des mises en scène macabres inspirées de certaines toiles de Magritte. L'enquête est confiée aux inspecteurs Lynch et Barn ? déjà à l'oeuvre dans Babylone Dream et Tequila frappée ?, flanqués de Nicki la profileuse. Tout irait pour le mieux si Coco, leur pute préférée, n'avait pas débarqué chez Barn avec armes et bagages, accompagnée de sa mémé, fan survoltée de Johnny Cadillac, le sosie belge de Johnny Hallyday. Lynch, lui, continue à vivre peinard avec sa chienne Tequila, qui, non contente de sourire quand elle picole, se met à pisser des hiéroglyphes...

Une enquête pétillante au pays des petites horreurs, dans un monde hanté par Magritte, à la lisière du surnaturel.

Katiba

Katiba
Rufin Jean-Christophe
Ed. Flammarion

Quatre touristes occidentaux sont assassinés dans le Sahara. L'attaque est signée al-Qaida au Maghreb islamique, une organisation terroriste implantée dans les anciennes zones d'influence française d'Afrique de l'Ouest. Tout laisse à penser qu'elle veut aller beaucoup plus loin et rêve de frapper la France au coeur.

L'événement est présenté par les médias comme un fait divers tragique mais il met en alerte les services de renseignements, de Washington aux Émirats, d'Alger à Paris. Au centre de leurs jeux complexes, Jasmine. Jeune fonctionnaire du Quai d'Orsay apparemment sans histoire, elle émerge peu à peu comme la pièce maîtresse d'une opération d'envergure inédite.

Quels liens cette Française à l'élégance stricte entretient-elle avec le monde musulman ? Quelle secrète influence pèse sur elle depuis la disparition de son mari, consul de France en Mauritanie ? C'est en démêlant les fils les plus intimes de sa vie que la vérité se fera jour et que le suspense, haletant, trouvera son dénouement.

Complice, victime ou agent double, Jasmine incarné le mélange de répulsion et de fascination que le fondamentalisme religieux exerce inconsciemment sur chacun de nous.

Le coiffeur de Chateaubriand

Le coiffeur de Chateaubriand
Goetz Adrien
Ed. Grasset

Adolphe Pâques est coiffeur. Pas n'importe quel coiffeur : celui de François-René de Chateaubriand, le grand écrivain, l'ancien ministre, l'homme le plus célèbre d'Europe. Il est en train d'écrire ce qui sera les Mémoires d'outre-tombe sous la curiosité universelle. Notamment celle d'Adolphe, si fasciné par son client qu'il conserve tous ses cheveux coupés et s'en sert pour composer des tableaux... Arrive de Saint-Malo une jeune métisse, Sophie, qui s'insinue dans la relation entre le jeune coiffeur et le grand maître. Adolphe fait l'acquisition d'une arme à feu... Une rocambolesque histoire d'amour et de littérature s'engage.

Les couleurs d'un hiver

Les couleurs d'un hiver
Silvain Pierre
Ed. Verdier

Partir : une nécessité aussi irrépressible qu'irraisonnée jette le héros, un matin de novembre 1823, sur les chemins qui, d'une petite ville des bords de Loire, mènent à Paris.

Depuis l'enfance, Anselme sait que les couleurs occuperont sa vie - couleurs qu'il prépare depuis trop longtemps pour un peintre de Vierges candides et de roués clandestins dont l'art ne répond plus aux besoins du temps.

Il imagine, porté par les lettres de son ami Simon qui fréquente Géricault, tout un monde nouveau : pareil aux chevaux vifs et puissants si chers au maître ; bouleversant comme Le Radeau de la Méduse ; aussi troublant et provocant que le portrait de la petite Louise - le réel pris dans l'éclat et la tourmente des corps.

Arrivé aux portes de la capitale, les craintes et les remords, qui n'ont cessé de sournoisement l'accompagner, s'effacent, sa décision est arrêtée. Mais l'inconnu qui l'attend au terme du voyage aura peut-être les couleurs de l'hiver.

Ce récit posthume de Pierre Silvain, par la tendresse pleine d'humanité qu'il prête à ses personnages, par la saveur de son style, n'est pas sans rappeler le roman qui l'a fait connaître, Julien Letrouvé colporteur.

 

L'affaire de l'esclave Furcy

L'affaire de l'esclave Furcy
Aïssaoui Mohammed
Ed. Gallimard

Le 16 mars 2005, les archives concernant « L'affaire de l'esclave Furcy » étaient mises aux enchères, à l'hôtel Drouot. Elles relataient le plus long procès jamais intenté par un esclave à son maître, trente ans avant l'abolition de 1848. Cette centaine de documents - des lettres manuscrites, des comptes rendus d'audience, des plaidoiries - illustrait une période cruciale de l'Histoire.

Les archives révélaient un récit extraordinaire : celui de Furcy, un esclave âgé de trente et un ans, qui, un jour d'octobre 1817, dans l'île de la Réunion que l'on appelle alors île Bourbon, décida de se rendre au tribunal d'instance de Saint-Denis pour exiger sa liberté.

Après de multiples rebondissements, ce procès, qui a duré vingt-sept ans, a trouvé son dénouement le samedi 23 décembre 1843, à Paris.

Malgré un dossier volumineux, et des années de procédures, on ne sait presque rien de Furcy, il n'a laissé aucune trace, ou si peu. J'ai éprouvé le désir - le désir fort, impérieux - de le retrouver et de le comprendre. De l'imaginer aussi.

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