Rien d'officiel

Rien d'officiel
Piemme Jean-Marie
Ed. Aden

 

Rien d'officiel est fait de cinq récits. Chaque récit s'adosse à une grande figure shakespearienne. Inutile pourtant de connaître Shakespeare pour lire Rien d'officiel : ce qu'il faut savoir, on vous le dit. De quoi est-il question alors ? De notre époque, de ce que nous rapportent les télés et les journaux, des visages multiples du pouvoir, du chaos du monde, sa futilité, son tragique, sa violence. On y croise la rolex d'un mentor de la communication, la destinée tragique de la princesse Diana, le romancier japonais Murakami, et on y croise bien d'autres choses encore.
On vous le disait: c'est comme dans les médias, mais tout autrement que les médias. Rien d'officiel, ce sont les bruits d'hier et d'aujourd'hui qui viennent vous échauffer les oreilles. Deux hommes, trois femmes prennent successivement la parole pour raconter leur histoire, dire leur colère. Leurs récits toniques nous appellent à résister. Si on veut vivre tout simplement, il faut garder l'œil ouvert et n'avoir pas sa langue en poche.

Jean-Marie Piemme est dramaturge. Ses pièces sont principalement publiées aux éditions Actes Sud Papiers et Lansman.


 
   

Pour tout l'or du Brésil

Pour tout l'or du Brésil
Delfino Jean-Paul
Ed. Le Passage

Novembre 1755, Lisbonne. Un tremblement de terre historique ravage la capitale du Portugal. Pour la reconstruire, le marquis de Pombal fait appel à Dom Cristiano da Fonseca, jeune fils d'un commerçant lisboète. Au même instant, Zumbi, fils d'esclaves, quitte Rio de Janeiro pour faire fortune dans la quête de l'or et des diamants à Ouro Preto, au Brésil.

Au fil de leurs aventures, les deux hommes verront leurs destinées se croiser et se déchirer, sur fond de soif de l'or, d'essor du Brésil, du bannissement du marquis de Pombal, d'aspiration à l'indépendance du Minas Gerais, de confréries de Nègres libres, de conspirations indépendantistes.

Dans cette fresque romanesque historique, Zumbi et Dom Cristiano da Fonseca tutoieront les anges et plongeront tour à tour dans les affres de la déchéance, aux côtés des personnages emblématiques du Brésil et du Portugal que sont Tiradentes, le sculpteur estropié Aleijadinho, les Távora, le musicien Domingos Caldas Barbosa ou encore Chica da Silva et Chico Rei.

L'esprit de retour

L'esprit de retour
Goldschmidt Georges-Arthur
Ed. Seuil

Orphelin, Arthur Kellerlicht, un jeune Allemand d'origine juive mais de confession protestante, est contraint de fuir l'Allemagne nazie. D'abord réfugié dans un pensionnat en Haute-Savoie, il s'installe à Paris au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour y suivre des études de lettres. Cette nouvelle éducation va de pair, chez l'adolescent qu'il est alors, avec l'éveil de troubles érotiques liés aux châtiments corporels. Quelques années plus tard, Arthur revient dans l'Allemagne d'après guerre à l'occasion de vacances scolaires. Il retrouve sa famille, la maison natale dans la région de Hambourg. Désormais pénétré de culture française, il vit le tourment de se découvrir étranger à sa propre langue, à ses origines.

L'obsession du masochisme et de la faute traverse ce récit initiatique, où l'inquiétude du jeune héros rejoint la question plus profonde des rapports de l'Allemagne avec son propre passé. C'est aussi un texte sur l'exil et le déracinement, une quête identitaire que poursuit l'auteur à travers son oeuvre romanesque et autobiographique, depuis Le Miroir quotidien (1981), puis Un jardin en Allemagne (1986), La Forêt interrompue (1991) et La Traversée des fleuves (1999).

La balance des blancs

La balance des blancs
Henric Jacques
Ed. Seuil

Atteint d'un cancer de la prostate, le narrateur doit subir une intervention chirurgicale qui va mettre en jeu, fut-ce provisoirement, son pénis et sa virilité. Le chirurgien s'appelle... Casanova ! Dès lors, la piste du libertin de Venise est un fil rouge qui nourrit une interrogation sur l'instinct de vie, le spectre de la mort et la place qu'y occupe la sexualité. Au sortir de cette épreuve, le narrateur éprouve le besoin de prendre un peu de distance avec le monde occidental dans lequel il s'est formé, pour aller chercher d'autres perspectives dans un ailleurs qui revêt essentiellement le nom d'« Afrique ». Où se trouvent le Bien, le Mal ? Est-on si sûr d'en détenir les clés ? L'équilibre fugace de la « balance des blancs » se heurte à la question de la domination, de l'exploitation et de l'aliénation.

À partir d'un événement de sa vie personnelle, Jacques Henric reconsidère une certaine histoire occidentale, et trouve dans l'art et la littérature quelques modèles de rupture qui, en leur temps, ont fui eux aussi leurs origines : Melville, Rimbaud, Segalen, Gauguin... Mais bien d'autres auteurs (de Joyce à Catherine Millet, de Leiris à Quignard, etc.) accompagnent cette réflexion sur le vacillement des certitudes et des évidences.

Le saint et l'autoroute

Le saint et l'autoroute
Adam Gérard
Ed. MEO

Armand Garret, représentant en montres Smash, bon vivant et amoureux d'opérette, tombe en panne un vendredi soir à l'entrée d'Orsennes. Il découvre un village en lisière duquel vient mourir une autoroute, dont le saint martyr que l'on fête ce week-end n'a sans doute eu d'autre existence que légendaire, où coexistent quasi pacifiquement un ancien curé mué en druide pour l'amour d'une naine de jardin, un successeur aux tendances intégristes, un philosophe champion de l'athéisme, un génie du petit salé, un bourgmestre dictatorial grand maître de la confrérie des Gras Couchês, quelques joueurs de couillon et une fée tombée là d'on ne sait où, promise à un handicapé mental.

Mais, dans cette «ratatouille de Pagnol et d'Arthur Masson», le ciel brusquement s'obscurcit, et la commissaire Alizée Trouillot, flic à contre-emploi, se voit confier au retour de vacances une enquête dont elle se serait volontiers passée.

La tentation du pont

La tentation du pont
Sels Véronique
Ed. Genèse

Dès son plus jeune âge, Perséphone révèle une personnalité singulière. Pour échapper à l'école et à la vie de famille, elle décide de vivre sous les ponts - plus exactement, sous le pont Louis Blanc dans le 10e arrondissement.

Elle se lie alors d'amitié avec des personnages aussi pittoresques qu'attachants : Porphyre, le chauffeur de taxi africain qui rêve de sauver son village ; Simone, un pauvre hère malmené par la vie ; Chang, un coiffeur-moine chinois et maître Kung Fu ; Janòs, balayeur de rue, hongrois et ivrogne. Chacun entre dans la vie de Perséphone avec ses drames et ses rêves.

Chronique merveilleuse de destins croisés, « La tentation du pont » met en scène une prophétie dans le monde qui bouleverse le destin de tous.

Avec une verve savoureuse et un suspense omniprésent, Véronique Sels signe ici un roman intense et léger, singulier et universel.

Amours sanglantes

Amours sanglantes
Dartevelle Alain
Ed. Age d'homme

Les huit histoires d'Amours sanglantes se déroulent le plus souvent dans un futur reconnaissable et dans des lieux familiers sous leurs noms d'emprunt - des intrigues qui puisent aux sources d'une anticipation douce et d'un fantastique pur et dur, né de fantasmes d'amour et de mort.

Huit histoires dont le fil conducteur, aussi rouge que le sang qui les entache, est apparemment l'amour fou des femmes. Mieux encore : l'amour fou furieux de femmes uniques dans l'instant même, puis, tout compte fait, délicieusement interchangeables dans la coulée du temps.

Gorgées d'un érotisme pervers, ces histoires sont donc des passions, dans le double sens d'attirance extrême et de lente agonie, où possession de l'autre et dépossession de soi se confrontent jusqu'à la confusion totale. Puisque les amants en série ont bien, pour pire travers, la mégalomanie...

Les vacances d'un serial killer

Les vacances d'un serial killer
Monfils Nadine
Ed. Belfond

Comme chaque été, Alfonse Destrooper part en villégiature à la mer du Nord. Josette, sa femme, est bien décidée à se la couler douce, entre farniente à la plage et shopping dans la station balnéaire. Les enfants, Steven et Lourdes, emportent leur caméra pour immortaliser ces vacances tant attendues. Quant à la mémé, véritable Calamity Jane, elle les accompagne dans sa vieille caravane.

Mais le voyage commence mal ! Un motard pique le sac de Josette à un carrefour et s'enfuit. Furieux, Alfonse s'arrête dans un snack pour s'enfiler une bière pendant que les deux ados, avec leur manie de tout filmer, s'amusent à planquer leur caméra dans les toilettes, histoire de recueillir quelques images truculentes. La famille Destrooper reprend finalement la route. À l'arrière de la voiture, les ados visionnent tranquillement leur vidéo. Quand, soudain, ils découvrent à l'écran le cadavre du motard gisant sur le sol des toilettes du restoroute ! Et, pour couronner le tout, la magnifique pension dans laquelle les Destrooper ont prévu de séjourner est un rade pourri. Les vacances en enfer ne font que commencer... Une comédie décapante, teintée d'humour noir et d'un zeste de poésie, un hymne à la Belgique.

La violoncelliste

La violoncelliste
Moreau Marcel
Ed. Denoël

Il est probable que quand je fais l'amour à la femme que j'aime, je le fais avec le brouillon de mon livre de chair et de sang, non écrit celui-là, pas encore. Mon brouillon a du désir pour le brouillon humide du livre de la vie de cette femme. La peau sur le revers de laquelle s'écrit ce livre en boit les sérosités plus sûrement que le papier d'un manuscrit n'en boit l'encre.

Sous forme d'une « Lettre à un jeune corps n'aimant pas lire et en grand danger de mort dans l'âme », Marcel Moreau retrace son histoire d'écrivain et de lecteur entièrement voué au rythme de la langue. La chair et le livre ne font plus qu'un dans une fusion érotique et littéraire dont l'auteur de Quintes a le secret.

Le goût du rat

Le goût du rat
Pitz Maureen
Ed. Bas vénitien

Être coincé des heures avec son détestable voisin dans une cage d'escalier envahie par une horde de rats affamés : c'est ce qui arrive à Bonpain, gros beauf mollasson, et à la Petoux, sale vieille nauséabonde. Il faut pourtant survivre, s'allier à cet autre répugnant et compter sur lui, boulotter du rat en évitant d'être boulotté. Mais au fil des heures et de la solitude, le pire, le plus dur à affronter, ce n'est pas tellement les rats : c'est ce passé trop lourd qu'on aurait voulu voir enterré !

Maureen Pitz redonne un sacré coup de jeune au roman en huis clos. De quoi l'enfer est-il le nom : «Autres» sartriens, vermine tout droit sortie d'un Indiana Jones, lourdes valises de son propre passé ? Avec une légèreté et une allégresse étonnantes, Maureen Pitz parvient à tirer de cette situation glauque un roman... qui se dévore, jouissif et plein d'inattendus.

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