Daimler s'en va

Daimler s'en va
Berthet Frédéric
Ed. Table ronde

Un détective privé dont les affaires ne marcheraient pas très fort : c'est ainsi que Frédéric Berthet présente le héros de Daimler s'en va.

Un héros, ce Raphaël Daimler, dit Raph ? Plutôt un anti-héros. Il tombe amoureux, se fait larguer, consulte Uri Geller qui se propose de tordre une fourchette, un psy qui lui vole les photos de l'aimée. Daimler s'imagine en chien de garde, rêve qu'il est poursuivi par un oeuf au plat géant, se prend pour l'abbé Faria du Comte de Monte-Cristo. Puis il s'en va. Apparaît son ami Bonneval, lecteur du Chasseur français, qui reçoit des nouvelles de Raph : une longue lettre cocasse et posthume. Daimler s'en est allé pour considérer le monde, notre monde, d'un peu plus haut.

« Le livre de Berthet procure un plaisir fou au lecteur. Il fait un gros clin d'oeil à Salinger. Les dialogues pétaradent. C'est brillant, enlevé, français en diable. » Éric Neuhoff.

Ce que j'appelle oubli

Ce que j'appelle oubli
Mauvignier Laurent
Ed. Minuit

Quand il est entré dans le supermarché, il s'est dirigé vers les bières. Il a ouvert une canette et l'a bue. À quoi a-t-il pensé en étanchant sa soif, à qui, je ne le sais pas.

Ce dont je suis certain, en revanche, c'est qu'entre le moment de son arrivée et celui où les vigiles l'ont arrêté, personne n'aurait imaginé qu'il n'en sortirait pas.

Cette fiction est librement inspirée d'un fait divers, survenu à Lyon, en décembre 2009.

L'écologie en bas de chez moi

L'écologie en bas de chez moi
Gran Iegor
Ed. POL

Un voisin durable, c'est un voisin qui trie ses déchets et me surveille pour que j'en fasse autant. Une amitié durable, c'est une amitié où l'on ne met pas en danger l'avenir de la planète, même en paroles. On évite d'aborder les sujets qui fâchent. On gobe le discours moralisateur avec le sourire. On accepte l'opportunisme marchand en ouvrant son portefeuille. On se garde de penser sans gourou, sans nounou. On se retient.

Ce livre raconte comment je ne me suis pas retenu.

Souffle en mon coeur un vent de Patagonie

Souffle en mon coeur un vent de Patagonie
Carranza Nacho
Ed. Castor Astral

Ces voyages dans ma mémoire se sont passés à une vitesse proche de l'instantanéité, en une infime fraction de milliseconde. Et je me retrouvé là, dans ma flaque boueuse, abandonné à la délicieuse incertitude du monde. Je songe alors aux passions s'immisçant dans le quotidien de nos labiles existences. A nos faits et gestes se répétant, se dédoublant, se reflétant. Au travail subtil du destin jouant avec les coordonnées de nos vies. A nos rencontres.

Toute vie est un roma, dit-on. Ou une mosaïque d'histoires. Celles de Nacho Carranza composent, entre passion et déraison, entre tendresse et perplexité, le curriculum vitae imaginaire de quelqu'un qui lui ressemble.

 

L'exote

L'exote
Dessertaine Jean-Charles
Ed. Persée

'En racontant les quelques épisodes jalonnant les chemins de l'exote, je me rends compte à quel point il a vécu dans l'hostilité de son milieu et de lui-même, grouillant toute sa vie dans ce qui demandait à jaillir au dehors mais qu'il refusait instinctivement...

...Né dans l'obsession du voyage, il semble qu'il n'ai abouti nulle part. D'ailleurs ses voyages avaient-ils vraiment un but ? Je pense qu'au fond il s'en moquait. C'est l'idée de partir qui l'animait...

...Il cherchait le non-dit, l'implicite, le mot inachevé comme on cherche à connaître la clé du Monde, une sorte de saint Graal qui ouvrirait les portes de ce à quoi il aspirait, et qu'il lui importait moins de connaître que de deviner, moins de découvrir que d'éprouver les sensations de la découverte'.

 

 

Vies potentielles

Vies potentielles
de Toledo Camille
Ed. Seuil/La librairie du XXIe siècle

Ce livre, écrit à l'aube du XXIe siècle, poursuit une seule obsession : excaver le gigantesque édifice de fictions à l'intérieur duquel nous croyons vivre une existence libre et ce, jusqu'à ressentir ou, mieux encore, cerner notre commun vertige. Les Vies potentielles sont les traces de cette excavation, l'instant où le vertige apparaît pour la première fois limpide, détaché des petites chimies préparatoires. Je les vois, ces vies, comme une série de lucarnes où projeter l'état potentiel du monde, ce curieux exil immobile auquel nous sommes aujourd'hui condamnés. C'est un état de fêlure qui transparaît dans ces multiples histoires, une misère qui se prend pour une chance, des rêves qui sont une forme douce, séduisante du cauchemar, des vies qui se refusent, par ambition, mélancolie ou joie, à renoncer aux vitalités de nos conditionnels. Que sont donc ces Vies potentielles ? Des vies qui pourraient être. Infiniment.

Requiem pour le roi. Mémoires de Louis II de Bavière

Requiem pour le roi. Mémoires de Louis II de Bavière
Bergen Véronique
Ed. Le Bord de l'eau

Un roi qui assiste à l'agonie des monarchies.
Un roi qui fait du refuge dans l'imaginaire le seul lieu où vivre.
Ame-soeur de sa cousine Elisabeth d'Autriche, dite « Sissi », protecteur de Wagner, bâtisseur de châteaux où l'onirisme des contes de fées le dispute au kitsch, Louis II de Bavière n'a cessé d'être déchiré entre une impossible incarnation du principe dynastique et des transports érotiques qui l'abîment dans l'angoisse. A travers la mise « échec et mat » d'un monarque qui régna dans le seul but de s'évader de son siècle, c'est la fin d'une époque qui se voit interrogée.
Comment venir à bout du conflit entre la charge d'une fonction royale et l'avidité de corps masculins ? Esthétisme, pacifisme, théâtre et musique ont été les planches de salut de cet ultime roi qui comprit très tôt que la scène de l'Histoire chassait les têtes couronnées, que la Prusse s'apprêtait à faire basculer l'Allemagne dans la musique de l'acier et des bombes, et que le règne de l'argent se verrait intronisé.
Au fil de douze parties d'échecs sur fond de fin des Empires, Véronique Bergen enregistre la déposition et la mise à mort d'un Roi-Lune perdu en ses songes.

 

Un lac immense et blanc

Un lac immense et blanc
Lesbre Michèle
Ed. Sabine Wespieser

Un lac immense et blanc. Je réinvente ma vie dans le désordre en mélangeant les temps, les lieux, les êtres chers, mais c'est tout de même ma vraie vie. Peut-être que cette journée est un cadeau plutôt qu'un empêchement et un rendez-vous manqué. J'attendais l'Italien, c'est Antoine qui est venu, dans le silence de la ville qui est une autre ville, lointaine et familière à la fois. M.L.

Par un matin de neige, la narratrice attend dans une gare un homme qu'elle ne connaît pas : elle a envie de parler de Ferrare avec cet étranger qui, tous les mercredis matin, dans ce Café lunaire où ils ont leurs habitudes, évoque inlassablement sa ville d'origine. Elle a pris sa journée, mais l'homme n'arrive pas par le train habituel.

Dès lors le temps s'étire, en autant de fondus enchaînés que favorise la blancheur environnante : les grilles du Jardin des Plantes s'estompent, laissant place au « lac immense et blanc », noyé sous la neige de l'Aubrac, où Édith Arnaud vécut ses premières amours et ses premiers combats politiques. Elle n'a jamais revu Antoine, le jeune homme en colère qui, à l'aube des années soixante, voulait changer le monde. Sa silhouette traverse le récit et bientôt se superpose à celle de l'Italien du delta du Pô, dont les brumes hantent le paysage mental de cette femme rompue à l'usage du monde.

Le temps qui passe, la perte des illusions et les rendez-vous manqués ont pourtant éveillé en elle une joyeuse mélancolie. Témoin ses dialogues loufoques avec le corbeau freux du Jardin des Plantes. Dans le silence et la blancheur de cette journée particulière, la solitude a moins que jamais le goût des renoncements.

Entrelaçant fiction et expérience intime, Michèle Lesbre est, dans ce récit lumineux, au plus près d'elle-même.

Le monde sans vous

Le monde sans vous
Germain Sylvie
Ed. Albin Michel

«Chacun recèle dans son imaginaire un atlas amoureux qu'il compulse selon sa fantaisie. Un atlas amoureux est forcément extravagant, illustré de cartes et de planches qui ne respectent pas toujours la bonne échelle. C'est un imprécis de géographie passionnelle.»

Que le voyage soit dans l'espace, la Sibérie en transsibérien jusqu'à Vladivostok, ou dans le temps, le souvenir des êtres chers et disparus, Sylvie Germain, par la puissance et la beauté des images qu'elle évoque, nous en fait partager l'émotion, la force des sentiments, l'aura des légendes qui le nimbe et la fragilité de toute existence.

Une fille occupée

Une fille occupée
Conil Dominique
Ed. Actes Sud

Le père écrivait, beaucoup, des polars qui nourrissaient la famille. La mère ne vivait que pour lire et noircir des blocs Rhodia destinés à la destruction. Autour de la machine à écrire, Ka et son frère grandissaient dans leur banlieue ouest avec l'idée que le réel était une réserve d'expériences à recycler dans les livres.

Occupée comme on le dit d'une zone, aspirant dès lors à une libération, Ka est partie. Dans un village méridional elle a rencontré Manuel, le bègue qui ne lit pas, cambrioleur par passion des objets qui racontent une histoire. Les casses, Ka veut en être, et vivre ainsi les romans policiers que d'autres écrivent...

Volontiers elliptique, heurtée, à la fois tendre et brusque, l'écriture de Dominique Conil suit son héroïne dans ses hésitations et ses ruptures, au fil d'un parcours en forme de fuite vers l'indépendance, vers un certain renoncement aussi. Sur les névroses familiales et les stratégies d'évitement, sur la tentation de la marge et du vide, Une fille occupée est un roman intense et vibrant, porté par l'énergie du désespoir et une ironie féroce.

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