Une fille occupée

Une fille occupée
Conil Dominique
Ed. Actes Sud

Le père écrivait, beaucoup, des polars qui nourrissaient la famille. La mère ne vivait que pour lire et noircir des blocs Rhodia destinés à la destruction. Autour de la machine à écrire, Ka et son frère grandissaient dans leur banlieue ouest avec l'idée que le réel était une réserve d'expériences à recycler dans les livres.

Occupée comme on le dit d'une zone, aspirant dès lors à une libération, Ka est partie. Dans un village méridional elle a rencontré Manuel, le bègue qui ne lit pas, cambrioleur par passion des objets qui racontent une histoire. Les casses, Ka veut en être, et vivre ainsi les romans policiers que d'autres écrivent...

Volontiers elliptique, heurtée, à la fois tendre et brusque, l'écriture de Dominique Conil suit son héroïne dans ses hésitations et ses ruptures, au fil d'un parcours en forme de fuite vers l'indépendance, vers un certain renoncement aussi. Sur les névroses familiales et les stratégies d'évitement, sur la tentation de la marge et du vide, Une fille occupée est un roman intense et vibrant, porté par l'énergie du désespoir et une ironie féroce.

Noir souci

Noir souci
de Ceccatty René
Ed. Flammarion

Une passion chaste, ainsi peut-on définir le lien qui unit Giacomo Leopardi et Antonio Ranieri dès leur rencontre. Le premier, philosophe et poète, avait à peine plus de trente ans. Mais son génie étouffait dans son environnement familial. Le second, révolutionnaire napolitain en cavale, avait une vingtaine d'années. Ils fuient Florence où pourtant Leopardi est admiré par un cercle d'intellectuels et s'installent ensemble à Naples où les attend le choléra. Le destin du plus grand écrivain romantique italien, mourant dans les bras d'un jeune homme dont, disait-il, « seule la foudre de Jupiter pourrait le séparer », a suivi un cours romanesque. J'ai voulu comprendre cet amour étrange, auquel se mêlent la création poétique, le combat politique et la maladie. Leur histoire est devenue une part de la mienne.

Dieu s'amuse

Dieu s'amuse
Lambert Michel
Ed. Pierre-Guillaume de Roux

Cela peut arriver n'importe où. Dans le froid et la pluie d'hiver. Par une chaude après-midi d'été. En pleine ville. Au bord de la mer. Tout près d'un casino ou encore un jour de carnaval où tous déambulent, parfaitement méconnaissables... Soudain quelqu'un vous bouscule et vous voilà nez à nez avec l'être qui a détruit votre existence : le rival qui vous a pris votre fiancée, le père qui ne vous a pas aimé, la maîtresse que vous avez rejetée. Vous brûlez d'en venir aux mains. Mais non, vous pressentez que tout se jouera autrement. Au-delà de la haine, de l'angoisse et du remords. Autour de vous, la vie continue à suivre son cours : des musiques s'échappent des bars, des voitures accélèrent, des rires résonnent. Et vous pressez l'allure, histoire d'échapper au fantôme du passé qui s'attache à vos pas. Une course-poursuite qui durera toute la nuit. Jusqu'à échanger enfin un regard, une parole de compassion au point du jour.

Neuf nouvelles en forme de déambulations sur le thème des retrouvailles.

 

Le rouge et le noir

Le rouge et le noir
Nom de famille Prénom
Ed. fff

« Comme dans les oeuvres de Paul Bowles, se mêlent à l'itinéraire de cette femme, qui se révèle à elle-même, tension narrative et étrangeté... Captivant et surprenant... » Joyce Carol Oates

Veuve depuis peu, Yvonne, la cinquantaine, accepte l'invitation de ses enfants à une croisière en Méditerranée. Avant de retrouver les siens, elle a décidé de séjourner une semaine seule à Datça, sur la côte turque, où elle avait passé sa lune de miel vingt-huit ans auparavant, pour se replonger dans le souvenir des jours heureux.

Ces souvenirs la perturbent plus qu'ils ne lui apportent de réconfort, et le séjour, avec son cortège de rencontres insolites, ne se déroule pas comme prévu. Il n'y a guère qu'avec Ahmet, petit pêcheur de coquillages qui ne parle pas un mot d'anglais, qu'Yvonne parvient à oublier ses soucis. Jusqu'à ce qu'un tragique accident vienne semer le chaos dans sa vie...

Dans ce livre troublant et sensible, Vendela Vida, l'auteur remarquée de Sans gravité, réussit un très beau portrait de femme. Sa prose détachée et sobre, sa finesse d'observation restituent la grâce et les zones d'ombre des sentiments, et la quête intérieure qu'évoque le voyage.

« Le portrait brillant et convaincant d'une femme qui cherche à soulager une douleur qui ne peut pas vraiment disparaître. » The New York Times

« Un formidable talent pour retracer le parcours de la mémoire et des émotions. Une variation élégante sur la manière dont la mort et la distance resserrent les liens entre les êtres. » Kirkus Reviews

Rien d'officiel

Rien d'officiel
Piemme Jean-Marie
Ed. Aden

 

Rien d'officiel est fait de cinq récits. Chaque récit s'adosse à une grande figure shakespearienne. Inutile pourtant de connaître Shakespeare pour lire Rien d'officiel : ce qu'il faut savoir, on vous le dit. De quoi est-il question alors ? De notre époque, de ce que nous rapportent les télés et les journaux, des visages multiples du pouvoir, du chaos du monde, sa futilité, son tragique, sa violence. On y croise la rolex d'un mentor de la communication, la destinée tragique de la princesse Diana, le romancier japonais Murakami, et on y croise bien d'autres choses encore.
On vous le disait: c'est comme dans les médias, mais tout autrement que les médias. Rien d'officiel, ce sont les bruits d'hier et d'aujourd'hui qui viennent vous échauffer les oreilles. Deux hommes, trois femmes prennent successivement la parole pour raconter leur histoire, dire leur colère. Leurs récits toniques nous appellent à résister. Si on veut vivre tout simplement, il faut garder l'œil ouvert et n'avoir pas sa langue en poche.

Jean-Marie Piemme est dramaturge. Ses pièces sont principalement publiées aux éditions Actes Sud Papiers et Lansman.


 
   

Pour tout l'or du Brésil

Pour tout l'or du Brésil
Delfino Jean-Paul
Ed. Le Passage

Novembre 1755, Lisbonne. Un tremblement de terre historique ravage la capitale du Portugal. Pour la reconstruire, le marquis de Pombal fait appel à Dom Cristiano da Fonseca, jeune fils d'un commerçant lisboète. Au même instant, Zumbi, fils d'esclaves, quitte Rio de Janeiro pour faire fortune dans la quête de l'or et des diamants à Ouro Preto, au Brésil.

Au fil de leurs aventures, les deux hommes verront leurs destinées se croiser et se déchirer, sur fond de soif de l'or, d'essor du Brésil, du bannissement du marquis de Pombal, d'aspiration à l'indépendance du Minas Gerais, de confréries de Nègres libres, de conspirations indépendantistes.

Dans cette fresque romanesque historique, Zumbi et Dom Cristiano da Fonseca tutoieront les anges et plongeront tour à tour dans les affres de la déchéance, aux côtés des personnages emblématiques du Brésil et du Portugal que sont Tiradentes, le sculpteur estropié Aleijadinho, les Távora, le musicien Domingos Caldas Barbosa ou encore Chica da Silva et Chico Rei.

L'esprit de retour

L'esprit de retour
Goldschmidt Georges-Arthur
Ed. Seuil

Orphelin, Arthur Kellerlicht, un jeune Allemand d'origine juive mais de confession protestante, est contraint de fuir l'Allemagne nazie. D'abord réfugié dans un pensionnat en Haute-Savoie, il s'installe à Paris au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour y suivre des études de lettres. Cette nouvelle éducation va de pair, chez l'adolescent qu'il est alors, avec l'éveil de troubles érotiques liés aux châtiments corporels. Quelques années plus tard, Arthur revient dans l'Allemagne d'après guerre à l'occasion de vacances scolaires. Il retrouve sa famille, la maison natale dans la région de Hambourg. Désormais pénétré de culture française, il vit le tourment de se découvrir étranger à sa propre langue, à ses origines.

L'obsession du masochisme et de la faute traverse ce récit initiatique, où l'inquiétude du jeune héros rejoint la question plus profonde des rapports de l'Allemagne avec son propre passé. C'est aussi un texte sur l'exil et le déracinement, une quête identitaire que poursuit l'auteur à travers son oeuvre romanesque et autobiographique, depuis Le Miroir quotidien (1981), puis Un jardin en Allemagne (1986), La Forêt interrompue (1991) et La Traversée des fleuves (1999).

La balance des blancs

La balance des blancs
Henric Jacques
Ed. Seuil

Atteint d'un cancer de la prostate, le narrateur doit subir une intervention chirurgicale qui va mettre en jeu, fut-ce provisoirement, son pénis et sa virilité. Le chirurgien s'appelle... Casanova ! Dès lors, la piste du libertin de Venise est un fil rouge qui nourrit une interrogation sur l'instinct de vie, le spectre de la mort et la place qu'y occupe la sexualité. Au sortir de cette épreuve, le narrateur éprouve le besoin de prendre un peu de distance avec le monde occidental dans lequel il s'est formé, pour aller chercher d'autres perspectives dans un ailleurs qui revêt essentiellement le nom d'« Afrique ». Où se trouvent le Bien, le Mal ? Est-on si sûr d'en détenir les clés ? L'équilibre fugace de la « balance des blancs » se heurte à la question de la domination, de l'exploitation et de l'aliénation.

À partir d'un événement de sa vie personnelle, Jacques Henric reconsidère une certaine histoire occidentale, et trouve dans l'art et la littérature quelques modèles de rupture qui, en leur temps, ont fui eux aussi leurs origines : Melville, Rimbaud, Segalen, Gauguin... Mais bien d'autres auteurs (de Joyce à Catherine Millet, de Leiris à Quignard, etc.) accompagnent cette réflexion sur le vacillement des certitudes et des évidences.

Le saint et l'autoroute

Le saint et l'autoroute
Adam Gérard
Ed. MEO

Armand Garret, représentant en montres Smash, bon vivant et amoureux d'opérette, tombe en panne un vendredi soir à l'entrée d'Orsennes. Il découvre un village en lisière duquel vient mourir une autoroute, dont le saint martyr que l'on fête ce week-end n'a sans doute eu d'autre existence que légendaire, où coexistent quasi pacifiquement un ancien curé mué en druide pour l'amour d'une naine de jardin, un successeur aux tendances intégristes, un philosophe champion de l'athéisme, un génie du petit salé, un bourgmestre dictatorial grand maître de la confrérie des Gras Couchês, quelques joueurs de couillon et une fée tombée là d'on ne sait où, promise à un handicapé mental.

Mais, dans cette «ratatouille de Pagnol et d'Arthur Masson», le ciel brusquement s'obscurcit, et la commissaire Alizée Trouillot, flic à contre-emploi, se voit confier au retour de vacances une enquête dont elle se serait volontiers passée.

La tentation du pont

La tentation du pont
Sels Véronique
Ed. Genèse

Dès son plus jeune âge, Perséphone révèle une personnalité singulière. Pour échapper à l'école et à la vie de famille, elle décide de vivre sous les ponts - plus exactement, sous le pont Louis Blanc dans le 10e arrondissement.

Elle se lie alors d'amitié avec des personnages aussi pittoresques qu'attachants : Porphyre, le chauffeur de taxi africain qui rêve de sauver son village ; Simone, un pauvre hère malmené par la vie ; Chang, un coiffeur-moine chinois et maître Kung Fu ; Janòs, balayeur de rue, hongrois et ivrogne. Chacun entre dans la vie de Perséphone avec ses drames et ses rêves.

Chronique merveilleuse de destins croisés, « La tentation du pont » met en scène une prophétie dans le monde qui bouleverse le destin de tous.

Avec une verve savoureuse et un suspense omniprésent, Véronique Sels signe ici un roman intense et léger, singulier et universel.

Newsletter