« Les histoires des vraies gens, on ne devrait pas les raconter autant à la légère. »
S'il y a bien une chose dont Ethel ne doute pas, c'est qu'elle est juive. Jusqu'au jour où Côme, son ami chercheur, lui montre en passant la photographie d'une adolescente disparue en 1944. Ethel y reconnaît sa grand-mère, Marie, mais non la croix bien chrétienne qui pend à son cou. Pourquoi sa merveilleuse grand-mère lui aurait-elle menti sur ses origines ? Le désarroi de la jeune femme est d'autant plus fort que Marie, frappée d'Alzheimer, ne peut plus s'expliquer.
Sous le choc, Ethel décide de mener l'enquête à la place de Côme. Une imposture qu'elle regrettera amèrement en découvrant ce que dissimule celle de Marie.
Un récit sous haute tension et magistralement orchestré.
«Maintenant que j'ai appris à le connaître, je l'aime et il m'effraie tout à la fois. Lui et sa mère vont trop loin, mais tous deux ont eu raison de mes résistances...»
Une simple annonce sur les murs de la faculté a sorti Louis de sa léthargie pour le précipiter sur la plage de son enfance à la rencontre d'une mère et de son fils, deux êtres hors du commun qui vont bouleverser sa vie et l'amener à affronter ce qui dormait au plus profond de lui-même.
« En novembre 2009, j'ai perdu mon passeport. J'ai déposé une demande pour en obtenir un nouveau. On m'a recalé. Dans la France d'aujourd'hui, être un Français né en France de parents français n'est pas une preuve de nationalité. Mes parents ont été naturalisés bien avant ma naissance, je n'ai jamais su au juste ni quand ni comment. Plus de soixante ans après, l'administration française prétend ne pas les connaître. Cela m'a révolté et aussi humilié. J'ai ressenti que c'est à eux que l'on reprochait, à travers moi, d'avoir commis une faute. Je croyais échapper à mes origines, elles m'ont rattrapé. J'ai été élevé en Ile-de-France par une vieille nounou hongroise, dans un monde cosmopolite qui n'existe plus. Si j'ai une identité, c'est celle-là. J'ai écrit ce livre pour célébrer ce continent englouti, dans ses éblouissements comme dans ses failles. »
M. A.
C'est une année chaude, c'est le début de l'été.
Regardez, dans l'air tiède, ils essaient maintenant de ralentir, c'est ça, leur respiration semble d'un seul coup plus facile, au bout de quelques heures, ils se sentent déjà beaucoup mieux.
Dans un décor idyllique, ils ont l'air de vacanciers, corps au repos, esprits vidés, état stationnaire.
Un rêve se réalise.
Une nouvelle vie commence.
On les écoute ?
Le début de quelque chose emprunte à l'imaginaire commun des vacances pour mieux y semer le doute, puis le trouble. Avec un sens de la dramatisation implacable, Hugues Jallon transforme notre utopie la plus familière en un cauchemar éveillé.
«- Qui vous autorise à parler en initié de votre propre mort ? Tant que je vous interroge, sachez-le, je ne tolérerai pas que vous en usiez avec la mort comme Guignol se joue des gendarmes !
- Je ne me moque ni de mourir, ni de la mort, ni de ma poussière de mort. Quelque chose en moi, qui parle de retour, me donne irrésistiblement la force de remonter de la poudre où je serai diffus à une espèce de parole, peut-être de voix, un souffle, un glissement d'air où les mots ne sont plus inaudibles mais deviennent précis, à nouveau doués de forme, de son, et capables de s'organiser en phrases. Disons qu'ils sont silencieux, qu'ils se tiennent à hauteur d'oreille entre l'absence et l'écho, et voici, vous les entendez, je vous l'avais dit : 'Je reviendrai.'»
Une vieille dame qui s'apprête à partir avec ses secrets, dans le calme d'une piscine. Un fils qui s'interroge sur un père qu'il n'a pas connu ou presque. Un veuf qui enterre méthodiquement sa richesse. Les conséquences d'une fausse annonce. Un lecteur dans une bibliothèque numérique, par temps de panne électrique. Dans chacun des neuf récits qui composent ce livre, des bribes de passé se dévoilent, et une interrogation se pose, sur le futur et ce qu'il convient de lui transmettre ou non.
Que retient-on d'une vie ? De sa propre vie ? Qu'en restera-t il ? Quelles traces laisser ? Comment infléchir le destin ? Dans un monde qui change, où la continuité est peut-être une illusion qui fait naufrage, les personnages inventés par l'auteur essaient de faire le point (comme on dit aussi d'une caméra). Pas forcément pour y voir clair. Mais pour garder les yeux ouverts, avant la nuit, et dans la nuit.
« Si j'ai atteint cette maison de thé, au bord d'un petit lac, c'est que j'ai fait un long chemin dans ce jardin initiatique des environs d'Amsterdam qui raconte un parcours de vie. Depuis la grotte de naissance entourée de fougères, les sentiers de l'enfance et de l'adolescence, jusqu'à l'impasse du plaisir facile et ses rhododendrons, la colline de l'ambition entre les sauges et les bruyères, le désert de la solitude sans aucune végétation. Il ne me reste à parcourir que l'étroite pelouse de la sérénité, décorée de bonzaïs, qui accompagne la vieillesse jusqu'au tumulus de la mort, veillé par un chêne centenaire. »
« Parlons de Balzac, cela fait du bien ! » Gérard de Nerval
La vie d'Honoré de Balzac est un prodigieux roman : enfant mal aimé d'une mère indifférente, collégien solitaire, éditeur en perpétuelle faillite, mondain perclus de dettes, ogre gastronomique, importateur malheureux d'ananas, voyageur errant sur les routes d'Europe, coqueluche adorée des lectrices mais rejeté par l'Académie française, amant fabuleusement tenace, il est selon Baudelaire « le plus curieux, le plus cocasse, le plus intéressant et le plus vaniteux des personnages de La Comédie humaine ».
Ce que Balzac cache dans sa vie, il le dévoile dans son oeuvre et Gonzague Saint Bris dresse l'inventaire étourdissant des passions qui l'ont traversée : Balzac et l'argent, Balzac et la condition des femmes, Balzac et la science, Balzac et le café, Balzac et Napoléon, Balzac et la photographie, Balzac et la musique, Balzac et l'occultisme, Balzac et le journalisme...
Au terme d'une biographie d'un genre nouveau, foisonnante et enthousiaste, il nous invite à nous replonger avec délice et gourmandise au coeur des 142 romans de La Comédie humaine et de ses 2500 personnages. Il remet en lumière vingt « pépites » méconnues et dix romans « incontournables », joyaux du fabuleux panthéon du colosse de la littérature, véritable forçat des lettres à la « surnaturelle lumière » saluée par François Mauriac.
En prenant des chemins quelque peu buissonniers, par exemple en allant voir quelle place les écrivains donnent aux faits divers, aux délices et aux affres de l'attente, à la tentation de l'inachevé, aux rapports entre vie privée et écriture, à la façon d'écrire l'amour, ces essais adoptent tout naturellement la revendication de Baudelaire sur le droit de se contredire. Et ils aboutissent à deux questions : Qu'est-ce qu'écrire ? Écrire est-il une raison de vivre ? L'une et l'autre, on s'en doute, ne peuvent que rester sans réponse.
Dans une oasis du désert d'Ogaden secouée par la guerre, à la frontière entre l'Éthiopie et la Somalie, Frédéric, journaliste, rencontre dans une tranchée un champion de marathon qu'il avait vu triompher dans le stade olympique de Pékin, à l'issue d'un dernier tour époustouflant. Double médaille d'or, coureur un peu mystique, Ayanleh Makeda est digne de la légende des hauts plateaux. Mais pourquoi a-t-il été déchu ?
Quittant le front, Frédéric tente de comprendre. Sa curiosité le mène sur les terres d'Abebe Bikila, où il rencontre un prêtre entraîneur, puis dans les bars d'Addis-Abeba à la recherche de Tirunesh, la brillante épouse du champion, puis à Paris, à Karlovy Vary et enfin, de retour dans le Sud, vers un autre désert, à Jijiga. La très contemporaine odyssée d'Ayanleh Makeda traverse deux mondes qui se mêlent sans se comprendre, menaçant, telle une malédiction, celui qui s'y laisse entraîner.