Encore et encore, on lui demande comment il s'appelle. La première fois, des gens lui avaient psalmodié tous les prénoms commençant par la lettre A. Sans motif, ils s'étaient arrêtés sur Alam. Pour leur faire plaisir, il avait répété après eux les deux syllabes. C'était au tout début, à Paris. On venait de l'attraper sur un quai de gare, à la descente d'un train...
Au fil de cette traque à l'enfant, se dessine l'histoire d'Alam. Celle d'un petit paysan afghan, pris entre la guerre et le trafic d'opium, entre son désir d'apprendre et les intimidations de toute sorte, entre son admiration pour un frère tête brûlée et l'amour éperdu qu'il porte à une trop belle voisine...
Ce magnifique roman à la précipitation dramatique haletante éclaire la folle tragédie des enfants de la guerre. « Qui aura le courage d'adopter le petit taliban ? » semble nous demander avec une causticité tendre l'auteur d'Opium Poppy.
Après avoir traduit Eugène Onéguine, le chef-d'oeuvre d'Alexandre Pouchkine (1799-1837), André Markowicz a entrepris de rassembler autour de la figure de celui qui reste le plus grand poète russe les poèmes écrits et souvent échangés par ses amis. Bon nombre d'entre eux, emprisonnés et exilés, peu à peu conduits à la mort - comme Pouchkine lui-même - après le complot des décembristes (14 décembre 1825) contre le tsar Nicolas Ier, ont résisté à la tyrannie par la poésie.
Ce volume n'est pas seulement le roman vrai d'une génération, mais une manière nouvelle de faire émerger le continent perdu du romantisme russe. Si différent du romantisme français, il se caractérise précisément par cette lutte du poète contre le pouvoir, lutte qui a commencé de faire luire en Russie ce qu'au XXe siècle le poète Ossip Mandelstam (qui devait lui-même mourir en déportation) appela le 'Soleil d'Alexandre'.
A de très rares exceptions près, les oeuvres de ces poètes sont jusqu'ici restées inconnues et n'ont jamais été traduites en français.
Ce roman relate l'histoire d'une jeune iranienne d'origine juive. Son adolescence et sa jeunesse nous font voyager dans un Iran agité par les soubresauts des années 80. Déchirée entre son attachement à sa famille, l'amour qu'elle porte à «Pejman,» un garçon qui n'appartient pas à sa communauté, son journal intime va être le reflet de ses sentiments contradictoires :
«Pourtant, tu le savais depuis ton enfance que tu ne devais pas t'approcher «d'un homme goy». On t'avait bien dit qu'en commettant cette erreur tu détruirais l'harmonie de ce monde ...
Soudain, une autre pensée a traversé mon esprit :
Mais quel péché ? Quelle harmonie ? S'il appartient à une autre espèce, qu'est-ce qui explique l'envie intense que j'ai eue de le prendre dans mes bras ? Les hirondelles ne sont pas attirées par les corbeaux et les chevaux passent indifférents à côté des gazelles. Or, il m'est impossible de passer devant lui sans que mes yeux plongent dans les siens. Et son odeur m'est tellement familière qu'on dirait qu'elle m'a accompagnée depuis le jour de ma naissance. Il suffit qu'il me tienne la main pour que tout ce qu'on m'a appris depuis des années disparaisse en une seconde...»
Et la question qu'elle se pose sans cesse :
A-t-elle le droit de faire souffrir les autres en faisant ses choix de vie ? Nous découvrons également les préoccupations des jeunes juifs en rapport avec les évènements qui se déroulent en Iran à cette époque. La plupart des épisodes de ce livre se déroulent en Iran, mais ils nous emmènent également en Israël et en Belgique.
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«Les mots s'ajoutaient aux mots. Les dossiers s'entassaient. Les hommes défilaient sans fin. Ils étaient obligés de mentir, de raconter une tout autre histoire que la leur pour tenter l'asile politique. Évidemment on ne croyait presque jamais à leurs histoires. Achetées avec le trajet et le passeport, elles allaient jaunir et tomber en miettes avec tant d'autres histoires accumulées depuis des années.»
Le temps d'une nuit, passée au commissariat pour avoir fracassé une bouteille de vin sur la tête d'un immigré, une jeune femme cherche à comprendre les raisons qui l'ont conduite à une telle fureur. Étrangère elle aussi, elle gagne sa vie comme interprète auprès des demandeurs d'asile, dans les bureaux des zones périphériques de la ville.
Assommons les pauvres !, qui emprunte son titre à un poème de Baudelaire, est l'histoire d'une femme que la violence du monde contamine peu à peu.
«Longtemps je me suis couché de bonne heure» est sans doute l'incipit le plus célèbre de la littérature française ; il ouvre une oeuvre monumentale qui a marqué la littérature en inventant une narration romanesque nouvelle. Nul autant que Proust, dans cet ensemble labyrinthique, n'a su explorer l'âme humaine et ses méandres par de longues phrases parsemées d'incises et de dérivations et questionner la relation subtile entre les souvenirs et les émotions ; avec La Recherche, Marcel Proust a inventé le roman moderne.
Comprend :
Du côté de chez Swann
A l'ombre des jeunes filles en fleurs
Le côté de Guermantes
«Porbus alla chercher palette et pinceaux. Le petit vieillard retroussa ses manches avec un mouvement de brusquerie convulsive, passa son pouce dans la palette diaprée et chargée de tons que Porbus lui tendait ; il lui arracha des mains plutôt qu'il ne les prit une poignée de brosses de toutes dimensions, et sa barbe taillée en pointe se remua par des efforts menaçants qui exprimaient le prurit d'une amoureuse fantaisie. Tout en chargeant son pinceau de couleur, il grommelait entre ses dents : 'Voici des tons bons à jeter par la fenêtre avec celui qui les a composés, ils sont d'une crudité et d'une fausseté révoltantes, comment peindre avec cela ?' Puis il trempait avec une vivacité fébrile la pointe de la brosse dans les différents tas de couleurs dont il parcourait quelquefois la gamme entière plus rapidement qu'un organiste de cathédrale ne parcourt l'étendue de son clavier...»
Le Chef-d'oeuvre inconnu
Réunit
Le médecin de campagne
Le lys dans la vallée
La peau de chagrin
Le chef-d'oeuvre inconnu
Un drame au bord de la mer
L'auberge rouge
L'elixir de longue vie
Lettres choisies
« J'ai décidé maintenant de partager ma vie en deux, une vie pour moi ici avec les enfants, dans la paix, la nature, l'éloignement des villes. Et une autre partie secrète, plus dure, plus amère et mystérieuse, où je vis masquée et fardée parcourant les nuits comme une petite comète venue d'ailleurs. »
Avec ce recueil posthume des écrits de Grisélidis Réal, chacun fera la part des origines cachées et des recoins obscurs d'une aventure humaine riche en événements dramatiques et contradictions intimes. On y verra une mère aussi aimante que fuyante, un être d'appétit charnel quoique de santé précaire, une artiste contrariée mais toujours en devenir, une amoureuse souvent déçue jamais rassasiée, une intraitable pessimiste prête au combat, une putain iconoclaste au plus près de son miroir brisé.
Tome I :
Ce volume couvre la période qui s'étend de février à juin 1947. Inlassablement, il continue d'y mettre en espace ce qu'il nomme son nouveau Théâtre de la Cruauté. Que signifie avoir « un esprit qui littérairement existe » ? C'est la question qu'il posait à ses débuts à Jacques Rivière, le directeur de La NRF. Vingt ans plus tard, après une longue traversée d'enfermements asilaires, la question est réapparue. C'est bien en effet cette fondamentale question de l'inspiration – question qui hanta aussi les surréalistes – qu'il reprend sans relâche : comment commence-t-on à écrire ? Qui écrit, qui pense en moi ? Quel démon s'empare du Verbe humain avant qu'il ait commencé à penser ? Au fil des pages, les lettres se mettent en mouvement, un rythme progressivement émerge, accompagné de coups, de cris : chorégraphie de gestes et de voix, dessins semés sur la feuille.
« Je ne suis jamais né », répète-t-il depuis son enfermement dans l'asile de Rodez, et donc je ne peux pas mourir. À entendre comme production infinie d'écriture, système perpétuel, « machine de souffle », prolifération sans fin d'un corps sans organes. C'est donc là, au creux des pages, entre les pages et les lignes, d'un cahier à l'autre, que s'opère « la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie » (lettre du 6 octobre 1946 à Henri Parisot).
Tome II :
Ce deuxième volume des Cahiers d'Ivry (juin 1947 - mars 1948) présente les derniers écrits d'Antonin Artaud, jusqu'à sa mort, le 4 mars 1948. Il y reprend sa théorie du Théâtre de la Cruauté, l'élargissant aux dimensions du cosmos tout entier. Ces ultimes cahiers sont, plus que jamais, la dramaturgie d'une lutte : contre Dieu, les esprits, le sexe humain, l'inconscient, la poésie littéraire, le corps où il étouffe, l'obscénité de la mort... Il y explore une fois encore cette contradiction douloureuse : comment affecter le spectateur, le lecteur, comment jouir à travers lui de ces sensations que je ne puis ressentir dans mon propre corps ? « Je n'ai pas de corps », répète-t-il, dans les années vingt. Cruauté est le nom de cette logique paradoxale. Ce qui le hante alors ? Le modèle théâtral et christique de la transsubstantiation corporelle. La répétition au théâtre, il l'a toujours dit, est une réitération. Chaque fois, il s'agit de refaire le trajet vital du geste, puisé dans sa source corporelle : respiration, circulation du sang entre les corps, mouvements articulés du verbe, vibrations corporelles des mots lancés, cri de la vie.
Il est seul à présent sur cette ultime scène, celle des petits cahiers où il joue tous les rôles – dernière tentative peut-être d'hystériser la scène d'écriture, pour combattre la violence psychotique qui, toujours, menace.
L'intégralité des Voyages en Italie, Rome, Naples et Florence et Promenades dans Rome, de Stendhal illustrés par 316 peintures du début du XIXe siècle et 45 chefs-d'œuvre antérieurs admirés par Stendhal.
Un écrivain de génie dont la passion est l’Italie
Célèbre pour ses romans Le Rouge et le Noir (1829), La Chartreuse de Parme (1838), Stendhal a auparavant publié des biographies de musiciens : Rossini, Mozart, Haydn... et surtout l'Histoire de la peinture en Italie (1817). Les récits de voyages en Italie de Stendhal Rome, Naples et Florence (1817 et 1826) et Promenades dans Rome (1829) sont essentiels dans l'œuvre de l'écrivain. Pour Rome, Naples et Florence, nous avons retenu l'édition de 1826 que Stendhal a considérablement développée.
À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, il est de bon ton d’aller en Italie faire le « Grand Tour », itinéraire touristique et culturel. À cette occasion, artistes, savants et archéologues créent, développent et diffusent dans l’Europe entière une envie d’Italie. Ce livre est l’occasion de découvrir ce pays tel qu’il était au temps de Stendhal, mythique et idéal, gardant aujourd’hui encore le même attrait et la même fascination pour les amateurs de beauté et de beaux-arts.
Le choix de l’illustration a demandé trois ans de recherche. Plus de 6 000 peintures d’artistes européens ont été consultées dans le monde entier, 2 000 sélectionnées et 361 retenues. Chaque image suggérée par Stendhal, paysages, villes, monuments, personnes citées, scènes de rue, opéras… se retrouve en regard du texte à l’endroit précis où Stendhal en parle, renforçant ainsi la magie et la puissance de l’évocation.
Lampedusa, l’auteur du Guépard, s’enthousiasme, un siècle plus tard, pour l’Italie de Stendhal : « Rome, Naples et Florence n’est pas seulement la première œuvre de Stendhal parvenu à la maturité de son remarquable talent mais aussi l’une des plus caractéristiques et des plus significatives. »
« Avec les Promenades dans Rome Stendhal atteint le sommet de son aptitude à interpréter la personnalité humaine par le biais des voyages. […] Les Promenades sont, avec quelques pages de Chateaubriand le plus grand hommage qui n'ait jamais été rendu à Rome, comprise comme une créature vivante et pas seulement comme un réservoir de souvenirs. »
De ses pérégrinations en Europe, Gérard de Nerval a rendu compte dans des articles nombreux. Cette production foisonnante, publiée dans les journaux et revues de l'époque, est très peu et surtout très mal connue, puisque Lorely et les pages liminaires du Voyage en Orient n'en donnent qu'un reflet partiel. Et il est de surcroît malaisé, voire impossible, de se faire une idée des différentes versions des récits de voyage nervaliens à partir du seul appareil critique des variantes qui accompagne les éditions «définitives». D'où l'intérêt de découvrir l'écrivain voyageur dans le jaillissement de son inspiration première et de suivre le processus de mutation qui - essentiellement par l'introduction de la fiction - fait accéder les premiers feuilletons de voyage, parus en ordre dispersé, au statut d'oeuvres abouties. En proposant les versions originales de ces feuilletons plutôt que les états derniers des mêmes textes, le présent recueil s'attache également à reconstituer les étapes d'autres cheminements, tout littéraires ceux-là, qui voient le «commis-voyageur de Paris à Munich» devenir progressivement, sous nos yeux en quelque sorte, l'auteur de Sylvie, d'Aurélia et des Chimères.