Mémoires de l'inachevé

Mémoires de l'inachevé
Réal Grisélidis
Ed. Verticales-Phases deux

« J'ai décidé maintenant de partager ma vie en deux, une vie pour moi ici avec les enfants, dans la paix, la nature, l'éloignement des villes. Et une autre partie secrète, plus dure, plus amère et mystérieuse, où je vis masquée et fardée parcourant les nuits comme une petite comète venue d'ailleurs. »

Avec ce recueil posthume des écrits de Grisélidis Réal, chacun fera la part des origines cachées et des recoins obscurs d'une aventure humaine riche en événements dramatiques et contradictions intimes. On y verra une mère aussi aimante que fuyante, un être d'appétit charnel quoique de santé précaire, une artiste contrariée mais toujours en devenir, une amoureuse souvent déçue jamais rassasiée, une intraitable pessimiste prête au combat, une putain iconoclaste au plus près de son miroir brisé.

Les Cahiers d'Ivry I, II

Les Cahiers d'Ivry I, II
Artaud Antonin
Ed. Gallimard

Tome I  :
Ce volume couvre la période qui s'étend de février à juin 1947. Inlassablement, il continue d'y mettre en espace ce qu'il nomme son nouveau Théâtre de la Cruauté. Que signifie avoir « un esprit qui littérairement existe » ? C'est la question qu'il posait à ses débuts à Jacques Rivière, le directeur de La NRF. Vingt ans plus tard, après une longue traversée d'enfermements asilaires, la question est réapparue. C'est bien en effet cette fondamentale question de l'inspiration – question qui hanta aussi les surréalistes – qu'il reprend sans relâche : comment commence-t-on à écrire ? Qui écrit, qui pense en moi ? Quel démon s'empare du Verbe humain avant qu'il ait commencé à penser ? Au fil des pages, les lettres se mettent en mouvement, un rythme progressivement émerge, accompagné de coups, de cris : chorégraphie de gestes et de voix, dessins semés sur la feuille.
« Je ne suis jamais né », répète-t-il depuis son enfermement dans l'asile de Rodez, et donc je ne peux pas mourir. À entendre comme production infinie d'écriture, système perpétuel, « machine de souffle », prolifération sans fin d'un corps sans organes. C'est donc là, au creux des pages, entre les pages et les lignes, d'un cahier à l'autre, que s'opère « la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie » (lettre du 6 octobre 1946 à Henri Parisot).

Tome II  :
Ce deuxième volume des Cahiers d'Ivry (juin 1947 - mars 1948) présente les derniers écrits d'Antonin Artaud, jusqu'à sa mort, le 4 mars 1948. Il y reprend sa théorie du Théâtre de la Cruauté, l'élargissant aux dimensions du cosmos tout entier. Ces ultimes cahiers sont, plus que jamais, la dramaturgie d'une lutte : contre Dieu, les esprits, le sexe humain, l'inconscient, la poésie littéraire, le corps où il étouffe, l'obscénité de la mort... Il y explore une fois encore cette contradiction douloureuse : comment affecter le spectateur, le lecteur, comment jouir à travers lui de ces sensations que je ne puis ressentir dans mon propre corps ? « Je n'ai pas de corps », répète-t-il, dans les années vingt. Cruauté est le nom de cette logique paradoxale. Ce qui le hante alors ? Le modèle théâtral et christique de la transsubstantiation corporelle. La répétition au théâtre, il l'a toujours dit, est une réitération. Chaque fois, il s'agit de refaire le trajet vital du geste, puisé dans sa source corporelle : respiration, circulation du sang entre les corps, mouvements articulés du verbe, vibrations corporelles des mots lancés, cri de la vie.
Il est seul à présent sur cette ultime scène, celle des petits cahiers où il joue tous les rôles – dernière tentative peut-être d'hystériser la scène d'écriture, pour combattre la violence psychotique qui, toujours, menace.

Promenades dans Rome. Illustrées par les peintres du Romantisme

Promenades dans Rome. Illustrées par les peintres du Romantisme
Stendhal
Ed. Diane de Selliers

L'intégralité des Voyages en Italie, Rome, Naples et Florence et Promenades dans Rome, de Stendhal illustrés par 316 peintures du début du XIXe siècle et 45 chefs-d'œuvre antérieurs admirés par Stendhal.

Un écrivain de génie dont la passion est l’Italie            

Célèbre pour ses romans Le Rouge et le Noir (1829), La Chartreuse de Parme (1838), Stendhal a auparavant publié des biographies de musiciens : Rossini, Mozart, Haydn... et surtout l'Histoire de la peinture en Italie (1817). Les récits de voyages en Italie de Stendhal Rome, Naples et Florence (1817 et 1826) et Promenades dans Rome (1829) sont essentiels dans l'œuvre de l'écrivain. Pour Rome, Naples et Florence, nous avons retenu l'édition de 1826 que Stendhal a considérablement développée.

À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, il est de bon ton d’aller en Italie faire le « Grand Tour », itinéraire touristique et culturel. À cette occasion, artistes, savants et archéologues créent, développent et diffusent dans l’Europe entière une envie d’Italie. Ce livre est l’occasion de découvrir ce pays tel qu’il était au temps de Stendhal, mythique et idéal, gardant aujourd’hui encore le même attrait et la même fascination pour les amateurs de beauté et de beaux-arts.

Le choix de l’illustration a demandé trois ans de recherche. Plus de 6 000 peintures d’artistes européens ont été consultées dans le monde entier, 2 000 sélectionnées et 361 retenues. Chaque image suggérée par Stendhal, paysages, villes, monuments, personnes citées, scènes de rue, opéras… se retrouve en regard du texte à l’endroit précis où Stendhal en parle, renforçant ainsi la magie et la puissance de l’évocation.

Lampedusa, l’auteur du Guépard, s’enthousiasme, un siècle plus tard, pour l’Italie de Stendhal : « Rome, Naples et Florence n’est pas seulement la première œuvre de Stendhal parvenu à la maturité de son remarquable talent mais aussi l’une des plus caractéristiques et des plus significatives. »

« Avec les Promenades dans Rome Stendhal atteint le sommet de son aptitude à interpréter la personnalité humaine par le biais des voyages. […] Les Promenades sont, avec quelques pages de Chateaubriand le plus grand hommage qui n'ait jamais été rendu à Rome, comprise comme une créature vivante et pas seulement comme un réservoir de souvenirs. »

Voyages en Europe

Voyages en Europe
de Nerval Gérard
Ed. Editions du Sandre

De ses pérégrinations en Europe, Gérard de Nerval a rendu compte dans des articles nombreux. Cette production foisonnante, publiée dans les journaux et revues de l'époque, est très peu et surtout très mal connue, puisque Lorely et les pages liminaires du Voyage en Orient n'en donnent qu'un reflet partiel. Et il est de surcroît malaisé, voire impossible, de se faire une idée des différentes versions des récits de voyage nervaliens à partir du seul appareil critique des variantes qui accompagne les éditions «définitives». D'où l'intérêt de découvrir l'écrivain voyageur dans le jaillissement de son inspiration première et de suivre le processus de mutation qui - essentiellement par l'introduction de la fiction - fait accéder les premiers feuilletons de voyage, parus en ordre dispersé, au statut d'oeuvres abouties. En proposant les versions originales de ces feuilletons plutôt que les états derniers des mêmes textes, le présent recueil s'attache également à reconstituer les étapes d'autres cheminements, tout littéraires ceux-là, qui voient le «commis-voyageur de Paris à Munich» devenir progressivement, sous nos yeux en quelque sorte, l'auteur de Sylvie, d'Aurélia et des Chimères.

Post-scriptum. Dessins, manuscrits, inédits

Post-scriptum. Dessins, manuscrits, inédits
Vian Boris
Ed. Cherche midi

Chansons, poèmes, sketches, arguments de ballet, graffitis, dessins, collages, peintures, fausses «unes» de journaux : autant d'inédits de Boris Vian. Post-Scriptum révèle et éclaire cette hyperactivité de Vian, ce chantier de création permanente que fut sa vie de 1940 à 1959.

«Boris Vian, se souvient Siné, était un surdoué. Il fourmillait d'idées et son inspiration, dans tous les domaines, semblait inépuisable.»

À preuve, tous ces supports improvisés sur lesquels il lâchait à tout moment son crayon, sa plume ou son stylo : carnets, agendas, manuscrits en cours, cahiers, papiers divers ou à en-tête, feuilles volantes, faire-part de décès, etc.

Tout lui était motif : amour, amitié, enfance, humour, science-fiction, opéra, jazz, mathématiques, cinéma, faune, flore, univers.

Coeur épuisé dans un monde épuisant, il n'a eu de cesse d'enchanter la vie sur les dix bouts de ses dix doigts : «Ne jouons plus, prenons des risques.»

Et d'ajouter : «Et que le cric me croque / Si je n'ai pas raison !»

Quand Boris Vian est mort, Jacques Prévert a écrit : «Il a quitté ses amis, mais ne leur a pas faussé compagnie.» Post-Scriptum en est la preuve éclatante.

Édition conçue, commentée et annotée par Nicole Bertolt

Perspective dépravée. Entre catastrophe réelle et catastrophe imaginaire

Perspective dépravée. Entre catastrophe réelle et catastrophe imaginaire
Le Brun Annie
Ed. Editions du Sandre

En précipitant l'homme en dehors de ses mesures et de ses représentations du monde jusqu'à le réduire à n'être que l'élément insignifiant d'un phénomène dont les lois lui échappent, la notion de catastrophe implique alors un renversement du rapport de l'humain à l'inhumain. Du coup elle devient une inestimable manière de mesurer la démesure qui nous fonde. Mais aussi de nous souvenir de notre étrangeté à nous-mêmes. Annie Le Brun

 

L'oncle Carl

L'oncle Carl
d'Huart Charles
Ed. Zellige

Le récit avance dans des décors variés, sur un ton tour à tour léger et grave, et emmène les personnages jusqu'à leurs racines. Racines refusées, perdues, abandonnées,trahies et, peut-être, retrouvées.
L'histoire se déroule au début des années 2000 et trempe aussi dans l'Histoire sombre de la Deuxième Guerre mondiale;
Les personnages portent en eux une humanité fragile et attachante, entourés d'un petit monde pittoresque. Avec leurs certitudes, leurs peurs et leurs blessures, ils parcourent leur chemin caillouteux pour chercher les réponses aux questions qu'ils n'osaient pas se poser jusqu'au jour ou l'oncle Carl est réapparu.

Les découvertes

Les découvertes
Laurrent Eric
Ed. Minuit

De la vue d'une reproduction des Sabines de David dans un vieux dictionnaire jusqu'à sa première nuit d'amour, ce livre évoque la croissante fascination d'un jeune garçon pour le corps féminin. L'affiche du film érotique Emmanuelle, telle scène de baignade dans Tarzan et sa compagne, la double page centrale d'un numéro de la revue de charme Penthouse, un strip-tease dans une fête foraine en marqueront quelques étapes. Mais il sera aussi question des jeux troubles de la prime enfance et de certaines expériences propres à l'adolescence.

En numérique chez Tropismes : Les découvertes

Pièce rapportée

Pièce rapportée
Lenoir Hélène
Ed. Minuit

Quand elle apprend que Claire, sa fille de vingt-quatre ans, vient d'être transportée sans connaissance à l'hôpital Beaujon après avoir été fauchée sur son vélo par un motard qui a pris la fuite, Elvire saute dans le premier train pour Paris et pressent très vite que cet accident va l'ébranler.

À mesure que se reconstitue le patchwork de sa vie, Elvire s'éloigne peu à peu de sa famille pour qui elle n'a finalement jamais été qu'une pièce rapportée.

En numérique chez Tropismes : Pièce rapportée

Trilogie de l'enfer

Trilogie de l'enfer
Wijckaert Martine
Ed. L'un et l'autre

La Mère s'impose, s'interpose et ouvre le bal. Puis, au cours des trois textes : En dessous de l'enfer, l'amour ; L'enfer, l'alcool ; Au-dessus de l'enfer, la guerre, les chronologies s'inversent de manière fantaisiste... La Mère, morte, contemple sa Fille. Fille qui, adulte, en certaines situations se transforme en éléphant en peluche de couleur anthracite, qu'elle perçoit rose dès lors qu'elle l'imagine, Éléphanteau, en représentation de sa virtuelle descendance. Comme dans toutes les familles, on retrouve dans ces textes les fantasmes de l'amour, la confusion des sentiments et les ambiguïtés de la domination.

En 2009, M. Wijckaert se voit décerner par le ministère de la Culture de la Belgique le Prix de la première oeuvre éditée pour son ouvrage Table des matières paru aux éditions L'une&l'autre.

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