Mots de tête

Mots de tête
Eisenberg Josy
Ed. David Reinharc

Les dictionnaires de citations, les encyclopédies de jeux de mots, les livres de blagues ne manquent pas ! L'ennui, c'est qu'ils contiennent tous, à quelques différences près, les mêmes mots, les mêmes astuces, les mêmes blagues.

Josy Eisenberg, talmudiste, auteur d'ouvrages avec Elie Wiesel, Adin Steinsaltz ou Armand Abécassis, a repris des mots - et aussi dans des registres libertins, où l'on n'attendait guère un Grand Rabbin - pour provoquer notre imagination.

Prenez un mot de la langue.

Lentement, patiemment, envisagez sous plusieurs angles son vocable. Et à la manière des talmudistes, créez à partir de ce mot une définition inédite et drôle.

Toute lecture devient ainsi une permanente et imaginative gymnastique intellectuelle.

Le Grand Rabbin Josy Eisenberg fut accoutumé, dès son enfance, en lisant un mot en hébreu, à lui attribuer simultanément plusieurs significations. Et, tout aussi naturellement, à en faire de même avec la langue française.

À la manière d'un psychanalyste, il a aussi couché sur son divan moult noms ou expressions pour décrypter leur inconscient.

Ce n'est pas une lecture, c'est une écoute.

Avec les yeux, on ne saisit que le sens littéral. Mais avec l'oreille, tout change.

Elle entend autre chose que ce que voit l'oeil, et entendre est synonyme de comprendre.

Ce livre est euphonique. Il ne faut pas lire les variations qu'il suggère : il faut presque les prononcer. C'est la polysémie constituant la trame de ce livre qui le rend atypique et particulièrement drôle.

Le ciel vu de la Terre

Le ciel vu de la Terre
Collectif
Ed. Inculte

Que voient les hommes quand ils regardent le ciel ?
Selon l’époque à laquelle ils vivent, selon les lieux, selon leur profession, leurs croyances, leur culture, leurs aspirations, ils ne voient bien sûr pas tous ni toujours la même chose.
La manière dont on se représente le ciel contribue ainsi à façonner l’existence humaine, à lui assigner sa place dans l’univers.
Surface de projection fantasmatique, objet d’investigations scientifiques,
domaine d’expérimentations technologiques, enjeu stratégique, territoire à conquérir, siège réservé du divin ou horizon ordinaire, le ciel offre une multiplicité de figures et de formes pour l’imaginaire et pour la connaissance.
C’est cette diversité que ce volume collectif explore, à travers un ensemble de textes d’auteurs, des rencontres, des entretiens, et la réédition de L’Éternité par les astres d’Auguste Blanqui.

Les auteurs

Julien d’Abrigeon, Jakuta Alikavazovic, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bon, Duncan Campbell, Claro, Véronique Decaix, Johan Faerber, Jérôme Ferrari, Anne-Marie Garat, Hélène Gaudy, Patricio Guzmán, Caroline Hoctan, Maylis de Kerangal, Mathieu Larnaudie, Alban Lefranc, Laure Limongi, Stéphane Legrand, Jean-Pierre Luminet, Jean-Noël Orengo, Renaud Pasquier, Hubert Reeves, Oliver Rohe, Anne Savelli, Jérôme Schmidt, Violaine Schwartz et Pacôme Thiellement.

Merci pour tout

Merci pour tout
Kyria Pierre
Ed. La Différence

Merci pour tout retrace le parcours d’une vie sur une longue période – vingt-six ans.
L’Algérie à la veille de l’indépendance, où l’auteur accomplit son service militaire, la révolte de mai 68 à laquelle il participe, la kyrielle des présidences de la République jusqu’au retour fantasmé de la gauche au pouvoir. L’écrivain poursuit sa propre quête créatrice entre de grandes rencontres avec des écrivains français (Le Clézio, Mauriac, Montherlant, Green…) et étrangers (Truman Capote, Anaïs Nin, Angus Wilson…) et une évocation des milieux littéraires en pleine évolution. De multiples voyages formateurs et la consignation des moments heureux comme des deuils avec, en toutes choses, le souci d’établir une reconnaissance sans fard de soi par soi...

Les souvenirs

Les souvenirs
Foenkinos David
Ed. Gallimard

«Je voulais dire à mon grand-père que je l'aimais, mais je n'y suis pas parvenu. J'ai si souvent été en retard sur les mots que j'aurais voulu dire. Je ne pourrai jamais faire marche arrière vers cette tendresse. Sauf peut-être avec l'écrit, maintenant. Je peux le lui dire, là.»

David Foenkinos nous offre ici une méditation sensible sur la vieillesse et les maisons de retraite, la difficulté de comprendre ses parents, l'amour conjugal, le désir de créer et la beauté du hasard, au fil d'une histoire simple racontée avec délicatesse, humour, et un art maîtrisé des formules singulières ou poétiques.

Du domaine des murmures

Du domaine des murmures
Martinez Carole
Ed. Gallimard

En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune Esclarmonde refuse de dire «oui» : elle veut faire respecter son voeu de s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de ce qui est entré avec elle dans sa tombe...

Loin de gagner la solitude à laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.

Carole Martinez donne ici libre cours à la puissance poétique de son imagination et nous fait vivre une expérience à la fois mystique et charnelle, à la lisière du songe. Elle nous emporte dans son univers si singulier, rêveur et cruel, plein d'une sensualité prenante.

Les villes de la plaine

Les villes de la plaine
Meur Diane
Ed. Sabine Wespieser

Dans une civilisation antique imaginaire, mais qui éveille en nous un curieux sentiment de familiarité, le scribe Asral se voit chargé de produire une copie neuve des lois. Grâce aux questions naïves de son garde Ordjéneb, il s’avise bientôt que la langue sacrée qu’il transcrit est vieillie et que la vraie fidélité à l’esprit du texte consisterait à le reformuler, afin qu’il soit à nouveau compris tel qu’il avait été pensé quatre ou cinq siècles plus tôt.
Peu à peu, cependant, le doute s’installe. Qui était Anouher, législateur mythique dont on a presque fait un dieu ? Ces lois qui soumettent à un contrôle de chaque instant la vie publique, les relations privées et jusqu’au corps des femmes, sont-elles toutes de sa main ? Et Asral a-t-il plus de chances de le savoir un jour que de se faire aimer de Djinnet, un jeune chanteur du faubourg des vanniers ?
C’est tout le talent de Diane Meur que de nous faire réfléchir aux grandes questions de la religion et de nos systèmes politiques par le biais de ce récit haletant, où souffle un vent de liberté jubilatoire et contagieux. Nous suivons Asral dans sa quête, et Ordjéneb dans sa progressive initiation, avec le même plaisir que nous voyons se déliter l’un après l’autre les traditions et les rituels de cet ordre social rigide. Les suivrons-nous jusqu’au bout ? Ou préférerons-nous retomber en proie à la fascination du mythe, comme ces archéologues prussiens que nous découvrons, vers 1840, en train d’exhumer les premiers vestiges de la ville disparue ?
Entre drame et satire, roman d’amour et fable rationaliste un peu folle, se trouve ici campé un univers qu’on quitte à regret, et qui ne dépaysera pas trop les lecteurs de La Vie de Mardochée et des Vivants et les Ombres.

Cheyenn

Cheyenn
Emmanuel François
Ed. Seuil

Qui était Sam Montana-Touré dit Cheyenn, cet Indien des villes dont on retrouva le corps au fond d'une usine désaffectée ? Il est mort enfermé dans son monde. Personne ne peut témoigner sur sa vie, sa quête, sa folie. Seules subsistent de lui quelques séquences muettes extraites d'un film documentaire consacré aux sans-abri. Longtemps après les avoir filmées, le cinéaste est hanté par ces séquences. Il souhaiterait leur redonner vie. Il voudrait traverser l'image de Cheyenn, filmer le « hors champ » de l'image et tenter de rendre à cet homme sa part d'humanité perdue. Ce livre est le récit de cette entreprise étrange et obstinée. Plus le cinéaste enquête, revisite les lieux, recherche les traces, plus il entre au coeur de la lancinante question que lui adressait Cheyenn de son regard silencieux.

Le système Victoria

Le système Victoria
Rheinhardt Eric
Ed. Stock

« Si j'avais renoncé, à cet instant précis, à lui adresser la parole, intimidé par la perspective de faire entrer dans ma vie une femme de cette stature ; si je lui avais dit : « Excusez-moi, je suis désolé, je vous ai prise pour quelqu'un d'autre », avant de m'éloigner et de rentrer chez moi ; si j'avais pu savoir que l'aborder entraînerait mon existence dans une direction où je n'étais pas sûr de désirer qu'elle s'aventure, Victoria n'aurait pas trouvé la mort un peu moins d'un an après notre rencontre. Elle serait encore vivante aujourd'hui. Je ne vivrais pas retiré dans un hôtel de la Creuse, au bord d'une route, séparé de Sylvie et des enfants, à ruminer ma culpabilité. Je n'aurais pas été détruit par le rôle que j'ai joué dans ce drame, ni par les deux jours de garde à vue qui en ont découlé. Le visage, les regards, la pitié de Christophe Keller ne se seraient pas installés dans ma conscience comme une obsession corrosive. Mais il se trouve que le visage de Victoria s'est tourné vers le mien et que j'ai basculé dans ce regard qui s'étonnait. »

Rouler

Rouler
Oster Christian
Ed. L'Olivier

«J'ai pris le volant un jour d'été, à treize heures trente.»

On ne sait pas grand-chose des raisons qui poussent le narrateur à quitter Paris et à rouler en direction de Marseille, ville qui s'est imposée à lui comme un mot plus que comme une destination. Le seul besoin de fuir ? Ce serait trop simple. N'a-t-il pas plutôt l'intuition que c'est justement en s'en remettant au hasard que la vie peut enfin apporter du neuf ?

«La géographie n'a jamais été mon fort», apprendrons-nous plus loin. Avec ce road novel d'un genre très particulier, Christian Oster signe l'un de ses romans les plus forts.

Des vies d'oiseaux

Des vies d'oiseaux
Ovaldé Véronique
Ed. L'Olivier

Quand sa fille Paloma déserte sans prévenir la somptueuse villa familiale, Vida Izzara croit en deviner la raison : elle serait partie avec son amant vivre une vie moins conventionnelle. Jusqu'au jour où Vida comprend que c'est elle aussi que Paloma fuit. Aidée par Taïbo, qui enquête sur un couple de jeunes gens habitant clandestinement les demeures inoccupées de la région, elle part à la recherche de sa fille. Ce périple la conduira de l'Irigoy de son enfance aux recoins secrets de son coeur.

Les vies d'oiseaux, ce sont celles que mènent ces quatre personnages dont les trajets se croisent sans cesse. Chacun à sa manière, par la grâce d'un nouvel amour, est amené à se défaire de ses liens - conjugaux, familiaux, sociaux - pour éprouver sa liberté d'exister.

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