Dans un avion pour Caracas

Dans un avion pour Caracas
Dantzig Charles
Ed. Grasset

« La vie, c'est un voyage dans le ventre d'un avion où, pour se distraire de ses douleurs, on regarde par les hublots. Ce roman commence quand un Boeing décolle pour Caracas et s'achève au moment où il va atterrir. Entre les deux, le narrateur, parti chercher son meilleur ami qui a disparu au Venezuela, regarde par les hublots de sa vie.

Il est question d'amitié. Son ami lui en a dit des choses violentes.

Il est question de sexe. Son ami a été abandonné par sa compagne.

Il est question de politique. Son ami est allé enquêter sur Hugo Chávez.

Il est question de noms, de rire, d'amour, de petits bruns, d'océans, du populisme qui submerge le monde comme une marée, de tout ce qui se passe durant un long trajet en avion.

Il est question de nous. »
Ch. D.

Retour à Killybegs

Retour à Killybegs
Chalandon Sorj
Ed. Grasset

« Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écoutez rien de ce qu'ils prétendront. Ne vous fiez pas à mes ennemis, encore moins à mes amis. Détournez-vous de ceux qui diront m'avoir connu. Personne n'a jamais été dans mon ventre, personne. Si je parle aujourd'hui, c'est parce que je suis le seul à pouvoir dire la vérité. Parce qu'après moi, j'espère le silence. »
Killybegs, le 24 décembre 2006 Tyrone Meehan

L'art français de la guerre

L'art français de la guerre
Jenni Alexis
Ed. Gallimard

J'allais mal ; tout va mal ; j'attendais la fin. Quand j'ai rencontré Victorien Salagnon, il ne pouvait être pire, il l'avait faite la guerre de vingt ans qui nous obsède, qui n'arrive pas à finir, il avait parcouru le monde avec sa bande armée, il devait avoir du sang jusqu'aux coudes. Mais il m'a appris à peindre. Il devait être le seul peintre de toute l'armée coloniale, mais là-bas on ne faisait pas attention à ces détails.

Il m'apprit à peindre, et en échange je lui écrivis son histoire. Il dit, et je pus montrer, et je vis le fleuve de sang qui traverse ma ville si paisible, je vis l'art français de la guerre qui ne change pas, et je vis l'émeute qui vient toujours pour les mêmes raisons, des raisons françaises qui ne changent pas. Victorien Salagnon me rendit le temps tout entier, à travers la guerre qui hante notre langue.

A. J.

Le ravissement de Britney Spears

Le ravissement de Britney Spears
Rolin Jean
Ed. POL

Faut-il prendre au sérieux les menaces d’enlèvement qu’un groupuscule islamiste fait peser sur Britney Spears ? Les services français (les meilleurs du monde) pensent que oui.
Certes, l’agent qu’ils enverront à Los Angeles pour suivre cette affaire présente quelques handicaps – il ne sait pas conduire, fume dans les lieux publics, ignore presque tout du show-business et manifeste une tendance à la neurasthénie –, mais il fera de son mieux pour les surmonter, consultant sans se lasser les sites spécialisés, s’accointant avec des paparazzis, fréquentant les boutiques de Rodeo Drive ou les bars de Sunset Boulevard, jusqu’à devenir à son tour un spécialiste incontesté tant de Britney elle-même que des transports en commun de Los...

Hymne

Hymne
Salvayre Lydie
Ed. Seuil

Le matin du 18 août 1969, à Woodstock, Jimi Hendrix joua un hymne américain d'une puissance quasiment insoutenable.

Parce qu'il avait du sang noir et du sang cherokee mélangé de sang blanc, parce qu'il était donc toute l'Amérique, parce que la guerre au Vietnam soulevait en lui un violent mouvement de refus que toute une jeunesse partageait, parce que sa guitare était sa lady électrique, sa passion, sa maison, sa faim, sa force et qu'il en jouait avec génie, Jimi Hendrix fit de cette interprétation un événement.

Revenant sur ce moment inoubliable, Lydie Salvayre tire les fils de la biographie pour réécrire la légende de Jimi, sa beauté, sa démesure, mais aussi sa part sombre, ses failles et la brutalité du système dont il était captif et qui finirait un jour par le briser.

Rue Darwin

Rue Darwin
Sansal Boualem
Ed. Gallimard

« Je l'ai entendu comme un appel de l'au-delà : 'Va, retourne à la rue Darwin.'
J'en ai eu la chair de poule.
Jamais, au grand jamais, je n'avais envisagé une seule seconde de retourner un jour dans cette pauvre ruelle où s'était déroulée mon enfance. »
Après la mort de sa mère, Yazid, le narrateur, décide de retourner rue Darwin dans le quartier Belcourt, à Alger. « Le temps de déterrer les morts et de les regarder en face » est venu.
Une figure domine cette histoire : celle de Lalla Sadia, dite Djéda, toute-puissante grand-mère installée dans son fief villageois, dont la fortune immense s'est bâtie à partir du florissant bordel jouxtant la maison familiale. C'est là que Yazid a été élevé, avant de partir pour Alger. L'histoire de cette famille hors norme traverse la grande histoire tourmentée de l'Algérie, des années cinquante à aujourd'hui.

Encore une fois, Boualem Sansal nous emporte dans un récit truculent et rageur dont les héros sont les Algériens, déchirés entre leur patrie et une France avec qui les comptes n'ont toujours pas été soldés. Il parvient à introduire tendresse et humour jusque dans la description de la corruption, du grouillement de la misère, de la tristesse qui s'étend… Rue Darwin est le récit d'une douleur identitaire, génératrice du chaos politique et social dont l'Algérie peine à sortir.

Un avenir

Un avenir
Bizot Véronique
Ed. Actes Sud

Paul reçoit une lettre de son frère Odd qui lui annonce qu'il « disparaît pour un temps indéterminé » et lui demande en post-scriptum s'il peut passer chez lui pour vérifier que le robinet d'un lavabo du deuxième étage de la maison familiale a bien été purgé. Malgré un « rhume colossal », Paul prend sa voiture et parcourt les trois cents kilomètres qui le séparent dudit robinet.

Un avenir est une histoire de famille, une cascade narrative, un engrenage existentiel qui, sur une intrigue faussement fluette, nous entraîne d'un triplex monégasque (où l'art animalier fait bon ménage avec le cours de l'acier) à la jungle malaise sans quitter le vieux canapé de la bibliothèque familiale - ou presque. Mais c'est aussi un road-trip en tracteur, une balade aux abords inquiets de l'enfance, une épique séance de natation, un caprice écossais, une vue en coupe de la neurasthénie masculine - entre autres.

Véronique Bizot déploie un style irrésistible, miracles de phrases en fugue jamais alourdies par leur insondable richesse. Son univers est singulier, unique, joyeusement déroutant : la noirceur y est délicieuse parce que toujours saturée d'incongruité drolatique, de lucidité étonnée, de souriant désarroi et de métaphysique légèrement récalcitrante.

La zonzon

La zonzon
Guyard Alain
Ed. Dilettante

« Et voilà comment j'étais en train de monter la seule école française de philosophie qui ne recrutait pas des pisse-froid de normaliens ou des agrégés de mes deux, mais de solides castagneurs, des videurs de boîtes à putes et des maquereaux de la Côte d'Azur. La faculté n'avait qu'à bien se tenir... Tremblez, rédacteurs de Philo Magazine et petits philosophes branleurs qui se la pètent anars et posent en rebelles en lisant du Onfray... L'hallali de la philosophie confisquée par les bourgeois a sonné !... Bientôt vont débouler sur les champs de course du concept des lascars sans foi ni loi, citant Stirner, Paul Lafargue et Georges Sorel !... »

Un été sur le Magnifique

Un été sur le Magnifique
Pluyette Patrice
Ed. Seuil

Tout le monde est d'accord pour dire qu'Hercule est beau, jeune, grand, fort, courageux. Comme fermier, il déborde de vie et d'énergie. Comme amant aussi : quand il rencontre Angélique, tout de suite la chaleur monte. Elle va même finir par brûler grâce à l'aimable contribution de Patricia, une star du X qui débarque de Californie. Les sens se dérèglent, le délire s'accélère. Mais la course au bonheur justifie de nouveaux plaisirs toujours plus fous.

Son corps extrême

Son corps extrême
Detambel Régine
Ed. Actes Sud

Gravement ébranlée dans sa chair par un accident de voiture peut-être suicidaire, Alice, bientôt cinquante ans, gît sur un lit d'hôpital, désamarrée du monde et de sa propre histoire mais bien loin du pays des merveilles. Aux prises avec les folles et microscopiques mutations à l'oeuvre dans son corps détruit, elle va, pendant deux ans, traverser l'expérience impitoyable de la cicatrisation, de la musculation, de la rééducation, de la reconstruction, luttant nuit après nuit pour reprendre possession du langage perdu, « jusqu'à ce que de la vie s'accumule dans un coin ». C'est auprès d'un autre patient - car qui d'autre sinon ? - qu'elle trouvera l'envie de se relever, sous son regard qu'elle réapprendra à marcher, et grâce à leurs conversations qu'elle pourra faire resurgir, pour l'expulser enfin, la catastrophe inaugurale.

Convoquant l'absurde et profane mystère de toute incarnation, Régine Detambel, à travers la trajectoire médicalisée d'un être renaissant de ses cendres dans un corps renégocié, cartographie avec une autorité inspirée le fascinant territoire de notre mortalité. Avec ce stupéfiant voyage au coeur du tyrannique chantier organique dont tout hôpital est le théâtre, elle propose un roman puissamment initiatique sur la sculpture du vivant et sur les séductions qu'il arrive à la mort et à la maladie d'exercer quand l'existence et l'insupportable douleur d'être né requièrent d'instaurer un rapport inédit à soi-même et à la vérité.

Newsletter