Naviguant entre la Belgique, la France, la Suisse et l'Italie, l'Angleterre et l'Irlande, jamais loin en pensée de la Russie ou de l'Amérique, l'auteur nous envoie ses lettres de vagabond-reporter avec ses menues histoires, comiques, tendres et insolites, griffonnées sur le chemin. Mêlant lectures, voyages, rencontres et anecdotes, il puise à cette source d'inspiration joyeuse, frottant ses guêtres à cette inimitable école littéraire buissonnière : le gossip, les potins, «dernier témoignage historique valable qu'il nous reste», selon Stendhal, «seule chose, avec la métaphysique, pour laquelle il vaille la peine de vivre», disait Brodsky.
On voyage ainsi aux côtés de l'écrivain dans le vieux Naples, sur les traces d'amours toujours vivantes ; dans les faubourgs de Londres, où il visite le souvenir de Joseph Brodsky ; à Mantoue, tandis qu'il accompagne en complice V. S. Naipaul sous le feu roulant des gardiens de l'ordre littéraire ; à Rolle, où il partage un papet vaudois avec son voisin Jean-Luc Godard dans le café des habitués...
Dans sa petite chambre de la ferme des Rousses, à Genthod, sur les bords du Léman, il relève avec amusement les perles dogmatiques du Petit Robert et redécouvre avec bonheur l'étonnante modernité des propos de Tolstoï, de Joseph Roth, de Sergueï Dovlatov ou d'Ennio Flaiano, qui surent si bien se moquer de nos préjugés. Enfin, en buvant une bière avec un chasseur alpin rencontré sur le quai de la gare à Lyon, notre reporter trouve dans un poème de Charles Cros - La Vision du Grand Canal Royal des Deux Mers - le nouvel hymne national de la France de demain.
Dans Tout et plus encore David Foster Wallace, en se confrontant à l'histoire de la notion d'infini, organise pour le non-spécialiste une plongée en apnée au coeur de l'abstraction mathématique. C'est un compte rendu iconoclaste mais rigoureux d'une oeuvre humaine majeur construite bout à bout sur 2 500 ans d'histoire, où l'on croisera en plus du génie Cantor des seconds rôles aussi notables que Zénon, Platon, Russell, Aristote, Gödel... et quelques paradoxes insolubles qui rendent l'édifice de la pensée rationnelle beaucoup plus fragile qu'il n'y paraît.
Travail de vulgarisation scientifique, Tout et plus encore est aussi et surtout l'oeuvre littéraire d'un auteur décisif qui sait s'approprier et nous présenter bon nombre des enjeux tant métaphysiques que - osons le mot - poétiques des aventures de l'abstraction.
Avec Nicolò, joueur de dés du XIIe siècle, ou Julien, reporter photographe d'aujourd'hui, sans compter Lorenzo Lotto ou Veronica Franco, on entre de plain-pied dans Venise. Chaque personnage mis en scène ici, à sept moments différents de son histoire, entretient un rapport particulier, d'amour ou de haine, avec la ville. Entre artistes, prostituées, philosophes ou gens de peu, se noue un lien à la fois profond et subtil ; l'art, la douleur, le plaisir, la solitude s'entremêlent dans un labyrinthe utopique et féroce, image même de la création.
Aussi bien pour ceux qui ont à découvrir la Sérénissime que pour ceux qui croient la connaître, Nouvelles vénitiennes en révèle les mystères et la beauté.
Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s'immolait par le feu. Ce geste radical fut le signal déclencheur de la révolution de Jasmin en Tunisie.
Tahar Ben Jelloun, dans une fiction brève, réaliste et poétique, reconstitue les jours qui ont précédé ce sacrifice.
Un superbe hommage aux révolutions arabes et à ces millions d'hommes et de femmes anonymes descendus dans les rues pour réclamer liberté et dignité dans leur pays.
«Dans la nuit, au midi de notre pays, cent navires se sont échoués, chargés d'un million d'immigrants. Ils viennent chercher l'espérance. Ils inspirent la pitié. Ils sont faibles... Ils ont la puissance du nombre. Ils sont l'Autre, c'est-à-dire multitude, l'avant-garde de la multitude. À tous les niveaux de la conscience universelle, on se pose alors la question : que faire ? Il est trop tard.
Paru pour la première fois en 1973, Le Camp des Saints, qui est un roman, relève en 2011 de la réalité. Nous sommes, tous, les acteurs du Camp des Saints. C'est notre destin que ce livre raconte, notre inconscience et notre acquiescement à ce qui va nous dissoudre.
C'est pourquoi, en guise de préface à cette nouvelle édition, dans un texte intitulé Big Other, j'ai voulu, une dernière fois, mettre un certain nombre de points sur les i.»
J. R.
Ce livre est constitué de deux textes qui s'éclairent mutuellement. Les deux manuscrits figuraient sur deux cahiers différents, parmi le fonds important de textes dont, pour certains, Julien Gracq n'avait pas souhaité qu'ils soient publiés avant longtemps.
Le premier texte est un Journal, qui commence le 10 mai et se termine le 2 juin 1940, écrit à la première personne. C'est un moment crucial de la guerre puisque, après la fameuse « drôle de guerre » et l'inaction qui a commencé à éprouver le moral des Français, l'offensive éclate, brutale.
Le lieutenant Poirier (Julien Gracq) a été affecté sur le front et, avec ses hommes, se retrouvent d'abord le long de la frontière belge puis, soumis à des mouvements et des ordres contradictoires et souvent incohérents.
Ce qui fascine dans ce Journal, tenu à chaud, c'est son aspect inéluctable et prémonitoire. Comment, en un temps aussi court, la défaite militaire a-t-elle été aussi rapide et totale. Comment se sont comportés les soldats français, belges, anglais sur ce mouchoir de poche. Comment est-on passé aussi rapidement à une véritable débâcle, les alliés étant encerclés dans la région de Dunkerque (Les Pays-Bas ayant capitulé le 15 mai, les Belges le 28. Seule une partie du corps expéditionnaire britannique et une petite partie des troupes françaises échapperont à l'étau allemand).
Ce qui étonne enfin, outre cette description palpable d'une défaite annoncée, c'est l'acuité de la perception, tant des choses de la guerre que des rumeurs qui l'entourent, tant des comportements humains que du cadre où elle se déroule.
Le second texte est un récit qui part de la réalité de ces souvenirs pour en faire une fiction, passionnante dans la mesure où l'on voit concrètement comment Julien Gracq passe de la réalité à la fiction (le récit commence le 23 mai) et pourquoi une distance beaucoup plus grande était nécessaire dans le temps, comme dans les circonstances, pour aboutir à la vision plus ample du Balcon en forêt, et non plus comme ici une interrogation sur le basculement des événements et le destin, sensibles dans les trois dernières phrases : « Pour devenir un reître, il lui semblait soudain qu'il ne fallait peut-être pas tant de choses. Non, vraiment pas tant de choses. Seulement trois ou quatre instantanés bien choisis. »
«J'ai commencé cette autobiographie dans les plus heureuses dispositions possibles, est-il ridicule de le préciser : avec une sorte d'enthousiasme ? Les mots venaient d'eux-mêmes, conduisant l'auteur vers le paradis de l'enfance, un paradis tout à fait terrestre, non dépourvu de coins d'ombre, mais un paradis malgré tout. L'enfant connaissait le chemin, il n'y avait qu'à le suivre. Malheureusement, au bout du paradis attendait la mort. Elle ouvrit la porte pour laisser sortir l'adolescent et la refermer sur lui, privé de sa mère. Il avait quatorze ans. La vie commençait.»
«À la distance qui me sépare aujourd'hui du jeune homme que je fus, j'essaie non de le juger, mais bien de le comprendre. Il m'apparaît avec l'éternel visage de la jeunesse qui ne sait ce qu'elle veut, ni où elle va, qui ne se connaît pas elle-même et s'engoue tout à coup de ce qu'elle abominera demain, passant de l'enthousiasme au désespoir avec tous les élans que les années se chargeront de briser, crédule, généreuse, injuste - irremplaçable. Ses colères, ses rêves, je les portais en moi. Je ne me sens pas meilleur de ne les avoir plus.» Julien Green
C'est lors d'un des célèbres dîners littéraires chez Magny, auxquels participaient les frères Goncourt, Sainte-Beuve, Théophile Gautier, que Gustave Flaubert rencontre George Sand. Une formidable amitié, sans doute unique par la verdeur et la vigueur de leurs nombreux échanges épistolaires, s'établit entre l'auteur de Consuelo et celui de Madame Bovary. Cette correspondance, considérée comme la plus belle et la plus intense de Flaubert, sans doute aussi l'une des plus extraordinaires qui soient, était depuis longtemps introuvable. Cette réédition sous une présentation nouvelle se propose de faire (re)découvrir au lecteur deux monstres de la littérature française, qui avaient l'un pour l'autre une estime et une tendresse sans demi-mesure. Ils s'y parlent de tout, des amis écrivains, de littérature, des affres de la création, des êtres qui leur sont chers, de politique. L'humour mordant y côtoie les confidences les plus émues. On a l'impression à lire ces lettres, de surprendre deux vieux amis discutant à coeur ouvert au coin de l'âtre.
Mi-horrifiée, mi-troublée, une séduisante jeune femme hésite à s'avouer son attirance pour les hommes âgés. Leurs rides, leurs chairs fatiguées la bouleversent et, surtout, la tentent. Elle décide alors de jeter son dévolu sur un célèbre sculpteur septuagénaire rencontré aux Beaux-Arts.
C'est une passion immédiate, intellectuelle, physique, qui fait vaciller ses certitudes de jeune femme émancipée. Elle se découvre objet sous les doigts du vieil homme autoritaire, consentante, étonnamment soumise.
Emmanuelle Pol, pour son premier roman, explore audacieusement les étapes d'une initiation amoureuse hors norme et le commerce secret qui unit le fantasme à la réalité.
Premier roman