La révolution copernicienne inachevée. 1967-1992

La révolution copernicienne inachevée. 1967-1992
Laplanche Jean
Ed. PUF/Quadrige

«Ce volume rassemble mes principaux articles, parus dans diverses revues depuis 1967. Ils jalonnent une réflexion psychanalytique et constituent une sorte de contrepoint aux différents livres publiés pendant la même période. Dans leur succession on ne trouvera pas de rupture, mais on pourra reconnaître un mouvement que j'aime à figurer par une spirale : passer de façon cyclique à la verticale de certains points problématiques, chaque spire prenant un peu plus de distance par rapport à la précédente et dessinant plus nettement les options et les différences.
C'est au sein de l'expérience inaugurée par Freud, expérience indissolublement clinique et théorique, je dirai philosophique, que se situe ma pensée, non pas pour en polir les angles ou en perfectionner les détails mais pour la faire travailler et, au plein sens des mots, lui faire «rendre l'âme». [Ces textes sont] une méditation sur la nécessité de sans cesse rouvrir la brèche originaire, jadis ouverte par l'étrangèreté de l'autre.»

Séminaires cliniques

Séminaires cliniques
Bion Wilfried Ruprecht
Ed. Ithaque

« J'ai entendu ce genre d'affirmation : ' On ne devrait soumettre aux étudiants que des cas simples. ' Cela n'a aucun sens. Je n'ai jamais rencontré ni entendu parler d'un cas simple... Jamais ! D'un certain point de vue, je préférerais vous voir suivre une supervision horrible et compliquée plutôt que conduire une analyse horrible et compliquée. Donc, je vous en prie, apportez-nous ici les pires aspects d'une situation, puisque nous ne sommes pas dans la situation elle-même. »

Lors de ces séminaires cliniques, organisés par la Société brésilienne de psychanalyse dans les années 1970, des analystes soumettent à W. R. Bion les problèmes rencontrés avec leurs patients. Plus d'une cinquantaine de « situations analytiques » sont ici examinées, constituant un recueil unique sur la façon dont Bion liait sa pensée à sa pratique. Ces échanges, très accessibles et dont la simplicité apparente peut surprendre, ne mobilisent aucun jargon théorique et témoignent sur le vif de ce que peut être une « supervision », étape indispensable de la formation de l'analyste.

Dans l'essai publié en préface, François Lévy, psychanalyste, retrace avec clarté le parcours intellectuel de Bion au sein du mouvement et de la théorie psychanalytiques. En distinguant la part qui relève du travail avec le patient de celle qui revient à l'analyse de l'analyste, il interroge les notions de transfert et de contre-transfert et, à la lumière des enseignements de Freud, Bion et Lacan, examine la question délicate et toujours controversée de la formation psychanalytique.

Conflits et pouvoirs dans les institutions du capitalisme

Conflits et pouvoirs dans les institutions du capitalisme
Collectif
Ed. Presses de Sciences Po

La New Political Economy découvre sur le tard qu'il y a de la politique dans l'économie, ou plutôt par-dessus. Mais le « politique » n'y est qu'une couche supplémentaire surmontant la structure d'ensemble des marchés, elle-même réputée parfaitement autorégulée... et inopportunément perturbée par les parasitages de la vie politique.

Ce livre affirme, à l'inverse, que le politique est immanent aux rapports sociaux du capitalisme. Il s'agit bien sûr d'un concept étendu du politique, compris ici comme (omni)présence des conflits et des rapports de pouvoir ; il a pour lieu d'élection les armatures des capitalismes que sont leurs constructions institutionnelles.

C'est un parcours d'une triple diversité que proposent les auteurs. Diversité institutionnelle, puisque conflits et pouvoirs sont aussi bien observables dans le rapport salarial, la monnaie, l'entreprise, que la politique économique. Diversité géographique au travers des cas américain, iranien, argentin et russe. Diversité disciplinaire, convoquant, en plus de l'économie, sociologie, droit, politologie et histoire.

Jusqu'à quand ? L'éternel de la crise financière

Jusqu'à quand ? L'éternel de la crise financière
Lordon Frédéric
Ed. Raisons d'agir

On n'aurait pas dû avoir à attendre un événement extrême comme la crise des subprimes pour prendre conscience de l'effrayante nocivité de la finance déréglementée. Mais la libéralisme est ainsi fait qu'il tolère aisément les crises qui n'affectent que les dominés et ne s'émeut que de celles qui frappent ses élites. Or nous y sommes. La finance étasusienne est en ruine et celle de l'Europe ne vaut guère mieux. Au moins cette crise met-elle à nu les mécanismes du désastre tels qu'ils sont inscrits dans les structures même des marchés, et force jusqu'aux plus bornés des idéologues à la seule conclusion restante : sauf à risquer de nouveau que les mêmes causes entraînent les mêmes effets, il est temps de tout changer.

Entre science et réalité. La construction sociale de quoi ?

Entre science et réalité. La construction sociale de quoi ?
Hacking Ian
Ed. La Découverte

« Je ne veux pas la paix entre le scientifique et le constructionniste Je voudrais que l'on comprenne mieux comment ils sont en désaccord, et pourquoi ils sont inconciliables » Tel est l'objectif poursuivi par lan Hacking dans ce livre, désormais classique, où il procède à un examen minutieux des us et abus de ce maître mot du discours des sciences sociales contemporaines, la « construction sociale » Construction sociale de quoi ?, demande Hacking les faits, les catégories de genre, les objets, les quarks, la réalité, les maladies, les diagnostics, la pédophilie ?

En dehors d'un usage inspiré par la mode du discours postmoderne, l'expression se trouve au coeur d'un ensemble impressionnant de recherches nouvelles et de travaux originaux sur les cultures, les sciences, les femmes, l'histoire, la nature ou la littérature. Mais si ce concept est incontestablement utile, il a parfois pris l'allure d'un slogan propre à déclencher l'ire agressive de certains scientifiques et philosophes dits « réalistes », qui voient dans l'idée même que la réalité soit le produit d'une construction sociale une négation relativiste de celle-ci. Écrit avec générosité et humour par l'un des plus éminents philosophes contemporains de la science, ce livre apporte des éclaircissements originaux sur les plus vieilles querelles de la philosophie, sur la nature de la connaissance scientifique et ses rapports au monde dans lequel nous vivons

« lan Hacking souligne tout a la fois l'ambiguïté et l'ambivalence de ce qui semble être devenu sinon une idéologie professionelle, du moins un véritable prêt a penser [ ] Hacking ne se contente pas de faire oeuvre de clarification analytique, de généalogie conceptuelle, il met à bas non sans humour certaines illusions trop répandues quant a la modernité d'une pensée finalement, selon ses termes, 'très vieux jeu' » Sciences et Avenir

La production de l'idéologie dominante

La production de l'idéologie dominante
Pierre Bourdieu & Luc Boltanski
Ed. Raisons d'agir

L'idéologie dominante est l'idéologie des dominants. Elle s'impose socialement comme une évidence légitime fondée jadis sur la propriété, hier sur la compétence, aujourd'hui sur le mérite. Selon une logique circulaire implacable, elle contribue à reproduire l'ordre social en faisant des propriétés sociales des dominants le fondement légitime de la domination.

Pour contrer le discours de la fin des idéologies, de la disparition des classes et des intérêts de classes, il faut démontrer la philosophie sociale dominante dans le champ du pouvoir. Écrit il y a une trentaine d'années à propos de la France de Giscard, ce texte, à la fois politique et scientifique, fournit les outils nécessaires à un tel démontage pour peu qu'on veuille l'appliquer à la France de Sarkozy.

De la pratique et de la contradiction

De la pratique et de la contradiction
Zedong Mao
Ed. La Fabrique

Parmi les textes rassemblés dans ce livre, certains sont si célèbres que leur titre fait effet de proverbe : Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine, ou L'impérialisme américain est un tigre de papier. D'autres sont plus rares, difficiles à trouver, presque oubliés. Mais l'ensemble dessine le territoire théorique de la Révolution chinoise et montre, chemin faisant, que Mao, dont il est à la mode de dire tout le mal possible, reste une grande figure marxiste révolutionnaire.

Slavoj Zizek, dans sa présentation, situe la «pensée Mao Tsé-toung» par rapport à Marx, Lénine et Staline. Il montre ses limites mais aussi les erreurs d'interprétation auxquelles elle se prête toujours, même chez les meilleurs.

À la fin du livre, un échange de lettres entre Alain Badiou et Slavoj Zizek montre combien peut être fructueux un dialogue à la fois offensif et amical, argumenté et respectueux. Badiou : «Les descendants contre-révolutionnaires de nos 'nouveaux philosophes' vont hurler, comme ils le font déjà, qu'avec Badiou tu fais la paire des partisans attardés, mais quand même dangereux, d'un communisme sépulcral. Quel autre sens pourrait bien avoir, pour ces chiens de garde de la nouvelle génération, de seulement parler de Mao ?»

Comment philosopher en islam ?

Comment philosopher en islam ?
Diagne Souleymane Bachir
Ed. Panama

La philosophie se développe quand des esprits libres placent la recherche de la vérité avant les préjugés et les conformismes. L'islam ne fait pas exception. Il a connu au plus haut point cette ouverture de pensée. Et il doit la connaître de nouveau. Voilà ce que souligne, avec force, cet essai limpide. Souleymane Bachir Diagne met en lumière les enjeux de la philosophie en islam à travers des penseurs essentiels comme Avicenne, Averroès, Ghazali. Il mène aussi une réflexion personnelle sur le mouvement d'ouverture de la pensée musulmane, dans ses dimensions contemporaines et ses aspects politiques futurs. Alors que s'intensifient les risques de conflit et les tentations de repli, Souleymane Bachir Diagne donne, avec cet ouvrage, une leçon d'espérance et de raison.

Séminaire La bête et le souverain, vol. 1. 2001-2002

Séminaire La bête et le souverain, vol. 1. 2001-2002
Derrida Jacques
Ed. Galilée

Jacques Derrida a consacré, on le sait, une grande partie de sa vie à l'enseignement: à la Sorbonne d'abord, puis durant une vingtaine d'années à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm et enfin, de 1984 à sa mort, à l'École des hautes études en sciences sociales, ainsi que dans plusieurs universités dans le monde entier (aux Etats-Unis régulièrement). Très vite ouvert au public, son séminaire a rassemblé un auditoire vaste et plurinational. Si plusieurs de ses livres prennent leur point de départ dans le travail qu'il y conduisait, celui-ci demeure cependant une part originale et inédite de son œuvre. Nous inaugurons donc avec le présent volume une vaste entreprise: la publication de ces séminaires. A partir de 1991, à l'EHESS, sous le titre général ' Questions de responsabilité ', il a abordé les questions du secret, du témoignage, de l'hostilité et l'hospitalité, du parjure et du pardon, de la peine de mort. Enfin, de 2001 à 2003, il a donné ce qui devait être, non la conclusion, mais l'ultime étape de ce séminaire, sous le titre ' La bête et le souverain '. Nous en publions ici la première partie: l'année 2001-2002. Dans ce séminaire, Jacques Derrida poursuit, selon ses propres mots, une recherche sur la 'souveraineté', 'l'histoire politique et onto-théologique de son concept et de ses figures ', recherche présente depuis longtemps dans plusieurs de ses livres, en particulier dans Spectres de Marx (1993), Politiques de l'amitié (1994) et Voyous (2003). Cette recherche sur la souveraineté croise un autre grand motif de sa réflexion : le traitement, tant théorique que pratique, de l'animal, de ce que, au nom d'un 'propre de l'homme' de plus en plus problématique, on nomme abusivement, au singulier général, ' l'animal ', depuis l'aube de la philosophie, et jusqu'à nos jours encore. Partant de la célèbre fable de La Fontaine, Le loup et l'agneau, en laquelle se rassemble toute une longue tradition de pensée sur les rapports de la force et du droit, de la force et de la justice, en amont comme en aval, dans une analyse minutieuse des textes de Machiavel, Hobbes, Rousseau, comme de Schmitt, Lacan, Deleuze, Valéry ou Celan, Jacques Derrida tente 'une sorte de taxinomie des figures animales du politique' et de la souveraineté, explorant ainsi les logiques qui tantôt organisent la soumission de la bête (et du vivant) à la souveraineté politique, tantôt dévoilent une analogie troublante entre la bête et le souverain, comme entre le souverain et Dieu, qui ont en partage le lieu d'une certaine extériorité au regard de la ' loi ' et du ' droit '. S

Le livre d'Adam

Le livre d'Adam
d'Hooghvorst Charles
Ed. Beya


Le Livre d'Adam de Charles d'Hooghvorst est une compilation exceptionnelle d'articles comprenant des textes traditionnels commentés, qui permettront au lecteur de découvrir le lien qui unit les trois grandes religions monothéistes, hébraïque, chrétienne et islamique.

De toute évidence, cette unité profonde ne peut se déceler dans leurs manifestations exotériques, étant donné que celles-ci n'expriment que leurs différences. Il faut rechercher dans les trois grandes religions du Livre le seul sens qui les unit. Charles d'Hooghvorst s'est magistralement acquitté de cette tâche.

Par le biais d'une série d'articles d'apparence disparate, l'auteur amène le lecteur à retrouver l'unique fondement de toutes les traditions : le véritable mystère de l'homme ou d'Adam. Selon les mots d'un hadîth musulman : « Celui qui se connaît lui-même, connaît son Seigneur ».

D'après Charles d'Hooghvorst, le Dieu des trois grandes religions monothéistes est un Dieu qui se révèle de façon sensible. « Ce savoir sensible procède de la parole perdue par Adam lors de sa chute originelle. Tel est bien le Livre qu'Adam ne peut plus lire. Par le fait de son incarnation en ce bas monde, l'homme possède encore cette racine du savoir, bien que muette et dans un état desséché. Il ignore cependant que même dégradée, celle-ci constitue son bien le plus précieux, car il ne peut ressusciter sans elle. La racine du savoir est le lieu en lequel l'homme peut se connaître et la divinité se connaître en lui. L'homme par lui-même ne peut en aucune manière connaître ce lieu, sans la visite d'Hermès « le dieu aux rayons clairs » qui seul peut le lui révéler. C'est ici l'union de ce qui vient d'en haut, l'esprit universel fugitif, et de ce qui est en bas, « cette racine minérale si longtemps languissante sans chymie ». Voilà l'oeuvre hermétique, regénérant la nature de ce monde, l'oeuvre incroyable de la résurrection des corps annoncée par les prophètes. »

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