Henri IV et la France réconciliée

Henri IV et la France réconciliée
Saint-Bris Gonzague
Ed. Télémaque

« On n'a jamais vu un prince plus humain, ni qui aimât plus son peuple. » Tallemant des Réaux

400 ans après son assassinat, le 14 mai 1610, la popularité d'Henri IV est toujours au pinacle. Loin des portraits convenus, Gonzague Saint Bris, dans la lignée de son François Ier, nous dépeint, par des révélations surprenantes, un Henri de Navarre aussi complexe qu'attachant, aussi intime qu'inattendu, dans sa vie publique comme dans sa vie privée.

Une enfance ballottée entre deux maîtresses femmes, sa mère Jeanne d'Albret et la régente Catherine de Médicis, une longue marche vers le pouvoir révélant son éclatant courage et son inlassable obstination dans le chaos d'un pays ravagé par les guerres de religion, un règne exemplaire de vingt ans qui pose les jalons d'une nouvelle France politique et économique. Pour le bien de son peuple, Henri IV choisit une agronomie novatrice, un urbanisme sans ségrégation, une industrie du luxe stimulée par les manufactures, dans un pays irrigué par un nouveau réseau de canaux et de ponts, symboles d'une prospérité qui va fasciner l'Europe.

De la correspondance scandalisée d'un envoyé du roi d'Espagne découvrant la frénésie sexuelle du Béarnais à la Cour de Navarre au naturel des bains improvisés du roi, à Paris, sur les berges de la Seine, de sa quasi noyade à Neuilly jusqu'au sort rocambolesque de sa dépouille mortelle, cette biographie captivante foisonne d'anecdotes et de documents inédits.

Ce portrait d'un roi magistral est aussi la fresque d'un monde en ébullition : Shakespeare y met en scène les intrigues de Nérac, Montaigne y conseille le prince, Boris Godounov devient tsar, Cervantès est blessé à la bataille de Lépante et Lope de Vega s'engage dans l'Invincible Armada tandis que le Caravage peint à Rome pour le frère de Sully. Dans ce monde bouleversé par l'édit de Nantes, les racines ont des ailes : on apprend dans ce livre que les présidents Washington et Obama descendent tous deux de huguenots français.

Guerrier amoureux de la Paix, champion de la tolérance et monarque absolu, le Vert-Galant est aussi cet amoureux insatiable qui voue un attachement très moderne à son innombrable progéniture. À l'heure des déchirures identitaires, il est l'incarnation de la France réconciliée. Henri IV est le seul de nos rois qui aurait pu être élu président de la République.

Histoire du mariage

Histoire du mariage
Collectif
Ed. Bouquins/Laffont

Le mariage a une histoire, que raconte ce livre : simple contrat privé entre deux familles dans le monde antique, il devient au Moyen Âge un mariage-sacrement, monogamique et indissoluble, que régit l'Église. La Réforme protestante porte une première atteinte à l'institution en lui déniant son caractère sacramentel. Nouvelle secousse : la Révolution française retire à l'Église son pouvoir de marier pour le confier à l'autorité civile. Le code civil, enfin, se met en place, plusieurs fois remanié au gré de l'évolution des moeurs : c'est en 1884 que la loi Naquet autorise le divorce.

Cette histoire vivante, centrée sur la France et l'Europe, croise les approches historique, juridique, sociologique, littéraire et artistique et balaye beaucoup d'idées reçues. Non, la crise du mariage ne date pas d'aujourd'hui : la Grèce et la Rome antiques pénalisaient les célibataires pour les inciter à convoler. Non, les familles recomposées ne sont pas une invention moderne : les couples de l'Ancien Régime duraient en moyenne une douzaine d'années, brisés par une mort précoce, et le veuf, ou la veuve, refondait une famille. Oui, en 1904, fêtant l'anniversaire du code civil, un député a proposé d'ajouter le mot «amour» aux devoirs mutuels des époux - fidélité, secours, assistance !

Aujourd'hui, l'émancipation des femmes, la libération sexuelle et les avancées scientifiques en matière de procréation ont largement bouleversé les données de cette «civilisation conjugale» mais l'institution a encore de beaux jours devant elle.

La Russie des Vikings. La saga d'Yngvarr le grand voyageur

La Russie des Vikings. La saga d'Yngvarr le grand voyageur
Ed. Anarcharsis

Il mit une flèche à son arc et tira sur l'homme.

La flèche lui arriva sur le nez. On eut l'impression d'entendre de la corne qui se brisait et l'homme rejeta la tête en arrière, et l'on vit qu'il avait un bec d'oiseau.

Le mirage de l'Orient attira par milliers les Vikings sur la Route de l'Est. Traversant le « Gardaríki » - la Russie primitive - elle joignait, au long de fleuves immenses, les mers froides à la Route de la Soie.

Les deux sagas légendaires présentées ici se font l'écho littéraire et fantasmé de ces mondes du Levant.

L'expédition d'Yngvarr le Grand Voyageur conduit ainsi les Hommes du Nord en des pays étranges, peuplés de Cyclopes, dragons et Amazones, gardiens jaloux de trésors fabuleux dont personne, au risque de la vie, ne peut impunément s'emparer.

Le Dit d'Eymundr Hringsson conte quant à lui la geste d'une compagnie de guerriers scandinaves engagés dans des affrontements fratricides entre princes russes.

Fondés sur des faits réels - l'existence d'Yngvarr est avérée par des inscriptions sur des pierres runiques traduites dans cet ouvrage - ces récits dessinent les contours chatoyants de terres lointaines dont les Vikings rapportèrent, sinon la gloire et l'opulence, matière à de délectables romans d'aventures.

La réforme grégorienne. De la lutte pour le sacré à la sécularisation du monde

La réforme grégorienne. De la lutte pour le sacré à la sécularisation du monde
Gougenheim Sylvain
Ed. Temps présent

Au XIe siècle, sur fond de lutte acharnée entre le Pape et l'Empereur, l'Occident connaît une révolution qui bouleversera à jamais son visage : c'est la réforme grégorienne, inspirée du nom du pape Grégoire VII, avec des effets qui durent encore aujourd'hui.

Les réformateurs du XIe siècle veulent corriger les moeurs, restaurer la discipline monastique et, de manière générale, séparer nettement dans la société les clercs et les laïcs, au profit des premiers. Ils conduisent à la querelle des investitures, marquée par des affrontements violents.

En voulant trancher la question de l'équilibre des pouvoirs entre deux puissances à vocation universelle - l'Empire et la Papauté -, la réforme grégorienne désacralise le pouvoir politique et conduit à un profond renouvellement des élites d'Église.

Paradoxalement, en séparant le temporel du spirituel, elle participe à son corps défendant à l'émergence d'un pouvoir laïc à la tête des sociétés médiévales. Marquant à jamais la chrétienté latine, l'oeuvre des papes Léon IX, Grégoire VII et Urbain II constitue l'une des matrices du développement politique, religieux et culturel européen.

La réforme grégorienne a fait l'objet de nombreux travaux depuis un siècle, mais jamais aucun n'aura été aussi accessible et aussi lumineux sur la façon dont ce lointain passé a façonné notre présent.

Rituels et mystères des rois divinisés

Rituels et mystères des rois divinisés
Stierlin Henri
Ed. Actes Sud

Le déchiffrement de l'Histoire suit parfois des chemins tortueux. Ainsi, on se demandera ce qu'ont de commun les grands temples républicains de Tivoli et de Préneste, le palais de Philippe II à Vergina et celui d'Hyrcan à Arak el-Emir, le navire royal de Ptolémée IV, la mécanique astrale d'Anticythère, les inscriptions d'Antiochos de Commagène et le rituel des banquets sacrés.

Toutes ces données forment le fil conducteur de l'enquête que mène Henri Stierlin sur les traces des rois divinisés hellénistiques, des généraux-dictateurs victorieux, tels que Marius ou Sylla, des souverains arabes de Pétra ou des empereurs kouchans d'Afghanistan. Elles se conjuguent dans ces Rois divinisés, ouvrage qui constitue une synthèse originale des recherches menées par l'auteur pendant vingt-cinq ans, pour renouveler l'interprétation de plusieurs monuments gréco-romains et pour en découvrir le sens caché.

Par un enchaînement de trouvailles, l'auteur donne une lecture entièrement neuve de l'architecture sous les rois hellénistiques, ainsi que de grands sanctuaires de la Rome républicaine. Il découvre ainsi un type ignoré d'édifices, consacrés au culte des rois divinisés. L'histoire de l'architecture antique prend vie dans ces pages qui proposent une vision renouvelée des édifices, dont les pierres revêtent désormais un sens inédit.

Le chapeau de Vermeer. Le XVIIe à l'aube de la mondialisation

Le chapeau de Vermeer. Le XVIIe à l'aube de la mondialisation
Brook Timothy
Ed. Payot

Le Chapeau de Vermeer est un livre brillant et singulier. Derrière ce titre mystérieux se cachent sept histoires passionnantes, sept voyages à travers le globe, que Timothy Brook déroule à partir de six tableaux de Vermeer et une faïence. Éminent sinologue s'offrant une incursion dans la Hollande de l'âge d'or, Brook nous convie en effet à une autre lecture des oeuvres de Vermeer. Non pas celle d'un historien d'art qui s'attacherait à l'usage de la lumière ou de la couleur, mais bien celle d'un historien qui focalise son attention sur un détail, un objet, une figure, autant de portes qu'il ouvre sur le vaste monde en mutation du XVIIe siècle, nous dévoilant l'ampleur des échanges culturels et commerciaux entre Est et Ouest, qui furent l'amorce de notre mondialisation actuelle. Ainsi, une simple jatte de fruits dans La Liseuse à la fenêtre (Dresde, Gemäldegalerie) nous entraîne sur les routes du commerce maritime de la fameuse porcelaine bleu et blanc en provenance de Chine, tandis qu'un somptueux chapeau de feutre dans L'Officier et la jeune fille riant (New York, Frick Collection) nous mène au Canada, jusqu'aux fourrures de castor que Samuel Champlain soutire à ses alliés hurons.

Une fascinante et convaincante approche d'histoire culturelle, fondée sur une érudition sans failles, qui insiste, avec un sens consommé du récit, sur les rapprochements et les interactions entre les différentes parties du globe.

Le diable dans un bénitier. L'art de la calomnie en France. 1650-1800

Le diable dans un bénitier. L'art de la calomnie en France. 1650-1800
Darnton Robert
Ed. Gallimard/NRF Essais

Le Gazetier cuirassé ; Le Diable dans un bénitier ; La Police de Paris dévoilée ; La Vie secrète de Pierre Manuel : quatre libelles parmi des centaines d'autres, pornographiques, délateurs, politiques. Leur accumulation fait corpus, tisse un récit si riche en intrigues et en anecdotes où les vies privées deviennent des affaires publiques qu'il semble que son invraisemblance ne peut être véridique. Mais les archives de la police et des services diplomatiques le confirment en tout point. Surtout, ce corpus est une mine concernant le statut de l'écrivain, le marché du livre, le journalisme, l'opinion publique et l'idéologie dans la France du XVIIIe siècle.

L'art et la politique de la calomnie, développés sous les régimes de Louis XV, de Louis XVI, de la monarchie constitutionnelle de 1789-1792 et sous la République jacobine de 1792-1794, créent un univers en soi. Une foule de plumitifs et d'écrivailleurs, fruit de l'explosion démographique de la république des lettres, crèvent la faim à Paris, subsistent grâce à des travaux alimentaires pour quelques mécènes, et, lorsque l'embastillement pour dettes menace, se réfugient à Londres notamment où ils se font précepteurs, traducteurs, colporteurs de brochures, tout en produisant en série plagiée, grâce aux rapports fournis par des informateurs secrets à Paris et à Versailles, des opuscules qui diffament le souverain et ses ministres, les danseuses et les hommes du monde, et dénoncent la dépravation et le despotisme. Leurs ouvrages sont édités par les imprimeries qui prolifèrent aux frontières du royaume d'où elles ont tissé des réseaux complexes de contrebandiers qui fournissent partout en France libraires et colporteurs. Le gouvernement français réplique en envoyant des agents secrets pour assassiner, enlever ou soudoyer les libellistes.

La calomnie dans la France du XVIIIe siècle est un courant littéraire et un genre politique qui, après avoir sapé l'autorité de la monarchie absolue, s'intégra à la culture politique républicaine pour atteindre son point extrême sous Robespierre. L'évolution des contenus conforta la permanence de la forme.

La grande peur de 1610. Les Français et l'assassinat d'Henri IV

La grande peur de 1610. Les Français et l'assassinat d'Henri IV
Cassan Michel
Ed. Champ Vallon

Le 14 mai 1610, à quelques centaines de mètres du Louvre, rue de la Ferronnerie, Henri IV est poignardé dans son carrosse, victime des coups de couteau portés par François Ravaillac.

L'assassinat plonge aussitôt les habitants dans une grande peur, perceptible dans les décisions politiques et militaires des municipalités qui placent leurs villes en état de siège, palpable dans le huis clos des livres de raison où les auteurs laissent sourdre leur inquiétude extrême du temps présent.

La Grande Peur dure quatre à cinq semaines. Elle suscite une poussière de troubles en province, avant de refluer et de s'évanouir, contenue grâce aux décisions du pouvoir royal, des magistrats urbains et royaux et des citoyens, qui tous manifestent leur attachement à la tolérance civile et aux édits de pacification.

Car le pays a fait le choix de la paix civile. Un choix de raison qui suggère l'adhésion des Français au processus d'une pacification encore fragile, une dizaine d'années à peine après la fin officielle des troubles civils et religieux qui ensanglantèrent la seconde moitié du XVIe siècle. Aucune étude n'avait encore envisagé le retentissement de l'événement à l'échelle du royaume et auprès des Français.

Fondé sur une documentation archivistique considérable et en partie inédite, ce livre propose pour la première fois une vision panoptique de la circulation de la nouvelle dans le pays ; il analyse les modalités de sa transformation en une information politique et l'impact de sa connaissance auprès de la population ; il dévoile le rôle fondamental des médiateurs locaux du politique, qui usent de leur position stratégique entre le pouvoir royal, curial, central, parisien, et les communautés citadines du royaume, pour retenir l'information, la manipuler, voire la travestir au moment de sa publication.

De nombreuses cartes de la circulation de la nouvelle dans le royaume, des pièces d'archives éclairent le retentissement d'un assassinat devenu à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle un thème de la peinture romantique, et qui ne cesse encore, aujourd'hui, de susciter interrogations, controverses et débats.

The Possessed. Adventures with Russian books and the people who read them

The Possessed. Adventures with Russian books and the people who read them
Batuman Elif
Ed. Farrar, Strauss and Giroux

'The Possessed must be one of the funniest books ever written about Russian literature or grad school. Sometimes you're so amused that you can almost overlook the envy-inducing naturalness and smarts of Elif Batuman's prose. To call her one of the best writers of her generation is only stating the obvious.'Benjamin Kunkel

If you're going to read just one book about conference planning, Isaac Babel, Leo Tolstoy, Boy's leg contests, giant apes, Uzbek poetry, the life of the mind, and resignation of the soul-seek no farther : this is the book for you !!!

The Possessed draws on Elif Batuman's articles in The New Yorker, Harper's Magazine, and n+1 to tell the true story of one woman's intellectual and sentimental education and her many strange encounters with fellow scholars devoted - absurdly ! melancholically ! beautifully ! - to the Russian classics.

'Elif Batuman transfers her passion for Russian literature as easlily as she might lend you a copy of Anna Karenina. Here, she says, hold this. And the moment you do, the love affair begins.' Sloane Crosley

 

Terrorismes. Histoire et droit

Terrorismes. Histoire et droit
Collectif
Ed. CNRS

Le terrorisme, une «technique» de combat parmi d'autres ? Comment définir cette forme de violence dont l'apologie constitue un délit ? «Terroriste», Robespierre ? «Terroristes», les soldats des guerres révolutionnaires et des luttes de libération nationale ? Et les nihilistes russes ? Et les combattants du Hezbollah, les poseurs de bombe du Hamas, les djihadistes d'Al-Qaïda ? Comment s'y retrouver ? Quelle est la vraie nature du terrorisme ? Et quel est son avenir ?

Autant de questions fondamentales traitées en profondeur par les plus grands spécialistes du sujet, historiens, juristes, politologues.

Voici donc, pour la première fois, un tour d'horizon complet du terrorisme tel qu'il fut et tel qu'il est devenu, enfant de l'âge des extrêmes, arme du faible contre le fort, violence accoucheuse d'histoire et de chaos.

Un constat alarmiste, mais également l'exploration de nouveaux remèdes.

Newsletter