Si Chesterton reste pour beaucoup le fameux créateur de l'incomparable Père Brown, il demeure pour quelques-uns le génial accoucheur du plus fantaisiste des détectives, Gabriel Gale, héros extravagant qui aime regarder le monde la tête en bas pour en rétablir l'endroit. Ce jeune artiste croise des situations énigmatiques que ses visions poétiques et ses manières farfelues éclairent d'une lumière singulière où la drôlerie se trouble de folie. Car proche des fous avec lesquels on le confond, il jette sur le crime sa déraison inspirée, son oeil de peintre et ses éclats de rêveur éveillé.
Livre sur le paradoxe qui nous convainc en riant que la logique n'a pas toutes les vertus, Le poète et les fous est un roman inventif doté d'un humour salvateur qui joue avec la métaphysique sans cesser de nous intriguer. Sans doute l'une des plus belles et des plus lunatiques réussites de l'auteur du Club des métiers bizarres et du Nommé Jeudi.
«Le sifflement strident des sirènes réveille toute la population et la chasse hors de ses tanières. Seuls restent au lit les spectres fardés des filles de nuit. La fumée épaisse des hautes cheminées obscurcit le soleil, les chaînes des grues moirent la surface huileuse de l'eau, les chaudières brûlantes vibrent dans les usines.»
A Tokyo, les ouvriers de l'imprimerie Daidô se mettent en grève pour protester contre le renvoi d'ouvriers membres de syndicats communistes et dénoncer leurs conditions de vie. Alors que la maison du directeur de l'usine est incendiée, que les grévistes sont pourchassés, la lutte s'intensifie. Roman prolétarien inspiré de la grève de l'imprimerie de Kyôdô de 1926
'Derrière l’humour se cache toujours une grande douleur, c’est pourquoi il n’y a pas d’humoristes au paradis.'
Avec cette citation de Mark Twain, Castelao débute ce récit dans lequel un squelette nous ouvre ses mémoires. Il ajoute :
'Un squelette se doit d'être humoriste, et un squelette galicien à bien plus forte raison. Un Galicien est toujours coquin ou humoriste, et la coquinerie est l’humour des incultes, tout comme l’humour est la coquinerie des gens cultivés.'
« Elle aurait voulu que nous n’assistions pas à son inquiétante apathie, au présage sans remède d’un final de dévastation. Qui s’accompagne, et elle n’échappait pas à la règle, d’une ineffable vocation pour la cruauté. Le terrain des détails domestiques constitue le champ de bataille où s’affrontaient ses forces à elle et celles des autres. À elle.
Elle, c’est ma mère, elle était en train de mourir depuis qu’un an auparavant elle avait fait une chute dans les escaliers et commencé à mourir de peur. Juste de peur. La tumeur allait venir plus tard, comme viendraient plus tard les papiers qui parlaient de la condamnation de mon père à une peine de prison, dont je n’ aurais jamais soupçonné l’existence. »
Une mémoire familiale qui exhume une mémoire collective, et c’est toute l’histoire récente de l’Espagne qui refait surface à travers Ces vies-là.
Responsable du forum de debates à l’université de Valencia, poète reconnu autant que journaliste attendu, c’est surtout comme romancier qu’Alfons Cervera s’est fait un nom. La critique espagnole considère son cycle romanesque comme l’un des plus achevés du paysage littéraire consacré à la mémoire des vaincus.
Au terme de sa longue vie, Goethe affirmait qu'il venait tout juste d'apprendre à lire. Dans ce recueil des meilleurs essais de Doris Lessing, rassemblés pour la première fois, on retrouve la sagesse et la passion d'un auteur qui a elle-même appris, au cours de son intense et longue vie, à lire le monde autrement...
Peinture de l'âme humaine, de nos espoirs, de nos peurs et de nos désirs, Le temps mord offre un portrait unique en son genre de l'un des auteurs les plus talentueux de notre époque.
Dans les dernières années du 19 e siècle, trois hommes s’associent pour fonder une des plus puissantes fabriques de textile à & ód& . Il y a l’ingénieur et aristocrate polonais Borowiecki, son ami allemand Max Baum, et l’homme d’affaires juif Moritz. Autour de ce trio aux ambitions dévastatrices se dessine une fresque urbaine, morale, sociale et économique d’un des grands centres industriels de la Mitteleuropa. On y découvre une ville cosmopolite, n’obéissant qu’à une loi : l’argent ; des habitants usés par leurs désirs; des femmes qui se vendent et s'achètent ; une humanité qui sombre dans l'enfer.
La Terre promise, chef d’œuvre de la littérature polonaise, adapté à l’écran par Andrzej Wajda ('La Terre de la grande promesse', 1974), est un des premiers romans européens à mettre en scène le capitalisme amoral, cynique et pragmatique de la révolution industrielle.
'Les mères ont davantage à voir avec les guerres qu'elles n'imaginent. C'est le contraire de ce que tout le monde pense. Il ne peut pas y avoir de guerre sans mères', déclare ici l'un des personnages.
Trois jeunes gens et leurs mères, des pères absents et des fils égarés : un conscrit en proie aux mauvais traitements de l'armée russe, un jeune Tchétchène à la recherche de sa mère, un voyou de bonne famille. Puis la rencontre d'une âme soeur, une chimère.
Une poignée de femmes essaient de sauver leurs fils de la guerre, de la solitude et du crime. Le tout à Saint-Pétersbourg, à la veille du tricentenaire de la ville, sur fond de guerre de Tchétchénie.
Les personnages semblent n'être à leur place nulle part dans leur famille ou dans leur pays, ce qui donne toute sa force à la figure de la chimère, aberration rejetée par la nature et par l'homme, projetée dans des amours absolues.
Les histoires s'entrelacent, Bernardo Carvalho orchestre une multiplicité de points de vue et de voix sans jamais perdre l'axe récurrent de la maternité et de son revers, le sentiment d'être orphelin, sans protection, déplacé, dont la guerre est la représentation la plus crue.
Un roman magnifique.
«Du premier texte jusqu'aux derniers, l'auteur fait preuve d'une admirable persévérance fantasmatique, mettant en scène des héros mus par leurs pulsions sadomasochistes ou leur fétichisme. Ou encore des personnages hantés par la figure d'une mère disparue et dont le deuil paraît impossible.»
Anne Bayard-Sakai, Préface, «Tanizaki, ou l'avidité romanesque»
«Car on pouvait douter que ce fût là un regard de femme : étincelant, lourd, effrayant, il était gorgé d'une espèce de profonde, insondable fascination ; aussi quand elle me fusillait du regard, un frisson parfois me passait-il dans le dos.» Un amour insensé
Réunit :
Un amour insensé
Svastika
Le goût des orties
Yoshino
Le récit de l'aveugle
Le coupeur de roseaux
Shunkin, esquisse d'un portrait
Le chat, son maître et ses deux maîtresses
La clef : la confession impudique
Journal d'un vieux fou
Following some explicit hints to my daughter, I was delighted to receive this as a Father's Day gift. I consider myself a fairly well-read person, but only in the extremely limited sense of having read just about everything Clive James has ever written, ranging from his TV reviews, literary criticism, autobiography, novels and verse to his lyrics for singer-songwriter Pete Atkin. More broadly, what I've read in his books has introduced me to other writers, and it's always been entertaining to see his opinion (particularly when it's not high) on books which I've already read.
There's more of the same in this book, but its scale and structure dwarfs anything he's produced up until now. Some four years in the writing, it's been viewed as the culmination of his life's work (although he's rumoured to have already started work on a second volume). At first glance, it's a collection of more than a hundred critical essays on selected cultural or historical figures, mostly from 20th century Europe. Digging deeper reveals other things, as he uses his ideas about the person as a jumping-off point for musings on other topics such as plagarism, fame, memory, reading, grammar and bibliophilia.
His range of reference is extraordinary, taking in books written in German, French, Italian and Spanish (all of which he apparently reads fluently). There's a strong didactic element running through this work, as he breaks off to give advice on the most profitable way to learn languages, the best dictionaries and translations, and which books are most easily used as a starting point for breaking into a specific language. He also tells stories of the tracking down of books in shops all over the world that are explicit - even loving - in their physical detail as he describes their bindings, typeface and paper, and how they look on his shelves at home.
His main theme here, however, is culture and the struggles of liberal humanism against totalitarianism. This is clearly a big subject, and each one of these essays illuminates it from a slightly different angle until you're left feeling wiser, older and sadder at the heroism and destruction that inspired this work. Along the way, his lively and playful turns of phrase are enough to make you start making notes in the margin yourself - to take just one example at random, on p498 he describes the constant need to refresh our memory of good things that we've read as 'a polishing of the pipe, like El Dorado's throat'. I'm sure I won't read a better book this year, and perhaps for some time to come afterwards as well.
After the success of The Northern Clemency, shortlisted for the 2008 Man Booker Prize, Philip Hensher brings us another slice of contemporary life, this time the peaceful civility and spiralling paranoia of a small English town.
Hanmouth, situated where the river Hand flows into the Bristol channel, is usually quiet and undisturbed. But it becomes the centre of national attention when an eight-year-old girl vanishes. This tragic event serves to expose the range of segregated existences in the town, as spectrums of class, wealth and lifestyle are blurred in the investigation. Behind Hanmouth's closed doors and pastoral façade, the extraordinary individual lives of the community are laid bare. The undisclosed passions of a quiet international aid worker are set against his wife, seemingly a paragon of virtue to the outside world; a recently-widowed old woman tells a story that details her late discovery of sexual gratification; and the Bears have a memorable party. As the search for the missing girl continues, the case is made for increased surveillance, and old notions of privacy begin to crack.
King of the Badgers is a powerful study of the vital importance of individuality and the increasingly intrusive hand of political powers. Like its predecessor, it is another devastating – but frequently very funny – portrait of England from one of this country's finest novelists.