Les mages

Les mages
Al-Koni Ibrahim
Ed. Phébus

Une caravane de marchands demande asile pour quelques jours à une tribu d'un puits. On leur accorde l'hospitalité, ainsi que le commande la loi du désert. La même loi stipule que demeurer plus de quarante jours à la même place, c'est tomber en esclavage. Or les nouveaux venus n'ont rien de plus pressé, sitôt installés et trouvant le site à leur goût, que de construire sous le nez de leurs hôtes une cité en dur où ils se livrent bientôt à mille trafics, offrant aux pauvres nomades médusés tout un luxe de produits brillants et inutiles. Oublieux de l'antique enseignement des ' mages ', les esprits faibles se laissent séduire et finissent par enfreindre la promesse qu'ils avaient faite aux esprits du désert : celle de renoncer à la possession de l'or, valeur perverse réservée à ' Ceux de l'Autre Monde '. La vengeance des esprits sera terrible. Le vent de sable va souffler pendant une année entière, rappelant aux apprentis-sorciers et à leurs dupes que l'homme, lors même qu'il croit avoir les moyens d'asservir la nature, n'est jamais le maître du jeu...

Ibrahim Al-Koni (né en 1948) est en train d'imposer l'une des rares ?uvres de langue arabe offrant une lecture du monde qui ne se réduise pas à celle de l'islam. Ce Libyen de culture touarègue, dont presque tous les livres ont pour cadre le désert, propose aux lecteurs du monde entier une littérature intemporelle de dimension universelle, fondée toute sur une inquiétude foncièrement moderne : notre désir inavoué de détruire le monde. A l'opposé des fondamentalistes musulmans, il est l'un des rares romanciers en sa langue qui cherche à inventer une autre littérature arabe. Les Mages, qui ont connu un grand succès en Allemagne (où le livre a été couronné par un grand prix de littérature), sont considérés comme son chef-d'?uvre.
Présentation de l'éditeur

Le livre des illuminations

Le livre des illuminations
Ghitany Gamal
Ed. Seuil

De retour d'un voyage hors d'Égypte, le narrateur
apprend que son père est décédé durant son absence ; c'est l'occasion pour lui, après une période de tourments, de se pencher sur ce que fut la vie de cet homme modeste et digne, à l'occasion d'un long
périple intérieur. Déféré devant le Divan, instance mystique qui régit les destinées du monde, il reçoit l'autorisation de voyager en illumination, c'est-à-dire de balayer les lieux et les époques en assistant à diverses manifestations surnaturelles. Il a ainsi
l'occasion d'incarner des personnalités relevant
d'autres temps, de visionner des événements qu'il
n'a pu vivre dans son existence terrestre, ou encore
de dialoguer avec des êtres animés ou inanimés. Écrit dans une langue à la fois simple et somptueuse, Le Livre des illuminations est un chef-d'?uvre par son invention d'une forme romanesque spécifiquement arabe, à la fois autobiographie poignante et conte polyphonique explorant les méandres de l'âme égyptienne.
Présentation de l'éditeur

Le langage de la passion. Chroniques de la fin du siècle

Le langage de la passion. Chroniques de la fin du siècle
Vargas Llosa Mario
Ed. Gallimard

Qu'il brosse le portrait de Nelson Mandela, qu'il évoque la figure de Bob Marley ou qu'il restitue en eau-forte le calvaire d'une Frida Kahlo puisant dans ses plaies la force de créer, Mario Vargas Llosa nous parle ici de ses passions et de ce vice impuni qui l'a toujours possédé : une inlassable curiosité pour le monde dans lequel nous vivons. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il soit devenu, au fil des ans, l'un des chroniqueurs les plus présents et les plus lucides de notre temps. Mais Le langage de la passion n'est pas seulement une vaste fresque où l'on retrouve les événements, les personnages et les débats qui ont marqué la fin d'un siècle et le début d'un nouveau millénaire. En filigrane, Mario Vargas Llosa dessine également l'autoportrait d'un homme en mouvement qui regarde son époque avec fascination et avec méfiance, toujours ouvert et concerné, toujours critique et vigilant.
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Une femme étrange

Couverture non disponible
Ames Williams Ben
Ed. Phébus

François Truffaut professait la plus vive admiration pour ce roman publié en 1940, l'un des plus violemment ' incorrects ' de la littérature américaine, aux côtés de la Lolita de Nabokov et du Destin de Mr Crump de Lewisohn... Nous est contée l'irrésistible ascension d'une femme née parmi les pauvres et qui décide de conduire sa vie selon les seules injonctions de son désir, à travers une société corsetée d'hypocrisie (celle de l'Amérique à la veille de la guerre de Sécession). La garce commence tôt : à quatre ans, la petite Jenny déploie déjà tout son talent pour séduire l'amant de sa mère, le beau lieutenant Carruthers, puis son propre père qui ne voit à la fin d'autre issue que de la battre comme
plâtre (elle y prend goût) pour ne point passer à des actes plus décisifs... Ils ne seront que les premiers d'une longue série de braves types - enfin, plus ou moins braves - qui passeront l'un après l'autre sous la coupe de l'intraitable créature, laquelle a, comme on dit alors, le diable au corps... et n'hésite pas à les pousser au crime, à la folie - en tout cas au pire. On en sort assez secoué, mais troublé plus encore, car le coup de génie de Williams est de nous conduire malgré tout à envisager l'existence du point de vue de son héroïne, sorte de Heathcliff au féminin (l'ombre des Hauts de Hurlevent plane sur le livre) : comme si son propos était de nous faire vivre, délivrés des chaînes menteuses de la ' moralité ' (mais non de celles de la morale, car Jenny souffre et ne cesse de passer outre à d'authentiques remords), une vie toute livrée à l'appel d'un désir d'autant plus impérieux qu'il est décliné au féminin - c'est-à-dire brimé (et poussé à bout) par le consensus des âmes ' vertueuses '. Ces dernières peuvent s'abstenir d'ouvrir ce livre ; quant aux autres...
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Budapest

Budapest
Buarque Chico
Ed. Gallimard

« Je me suis retrouvé à Budapest à cause d'une escale imprévue, alors que je volais d'Istanbul à Francfort, où j'avais une correspondance pour Rio. La compagnie a offert aux passagers une nuitée dans un hôtel de l'aéroport et ne nous informerait que le lendemain matin que le problème technique qui avait provoqué cette escale en fait avait été une alerte anonyme à la bombe. Cependant, regardant distraitement à la télé le journal de minuit, j'avais déjà été intrigué en reconnaissant l'avion de la compagnie allemande garé sur une piste de l'aéroport. J'avais augmenté le son, mais le reportage bien sûr était en hongrois, la seule langue du monde, disent les mauvaises langues, que le diable respecte. J'ai éteint la télé, à Rio il était sept heures du soir, une bonne heure pour téléphoner chez moi : je suis tombé sur le répondeur, je n'ai pas laissé de message, à quoi bon dire : allô, ma chérie, c'est moi, je suis à Budapest, il y a eu un pépin avec l'avion, je t'embrasse. »
Tout en étant le héros et le narrateur de sa propre vie, José Costa - a priori condamné par sa profession de « nègre » à rester dans l'ombre - en est aussi le spectateur impuissant. À partir d'un arrêt forcé dans la capitale hongroise, les événements semblent lui échapper, et son existence ressemble de plus en plus à un jeu de pistes linguistique et sentimental entre deux villes, deux langues, mais aussi entre deux femmes, loin de la vie tranquille et sans éclat qu'il menait auparavant.
Ce troisième roman de Chico Buarque, hilarant tour de force littéraire qui nous mène des plages d'Ipanema aux bords du Danube, recèle une réflexion très originale sur les questions d'identité et de langue.
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Moby Dick

Moby Dick
Melville Herman
Ed. Phébus

Texte français d'Armel Guerne

Pour les aficionados de Melville et de Guerne, la traduction que ce dernier a donnée de Moby Dick (en 1954, aux éditions du Sagittaire) est un monument indépassable : le traducteur-poète est allé jusqu'à s'initier au parler ' salé ' des matelots américains du XIXe siècle, tel qu'il se trouve consigné dans les anciens lexiques marins ; et surtout jusqu'à s'inventer un français hautement ' melvillien ', puisque le grand romancier aimait à dire qu'il n'écrivait pas en anglais mais en outlandish... la langue du grand Ailleurs. Cette traduction est restée la plupart du temps introuvable au cours du dernier demi-siècle. On envie déjà le plaisir et la surprise de ceux qui auront à découvrir sa riche et rude saveur - que reconnaîtront tous ceux qui ont fréquenté d'un peu près le vieil océan. Quant au livre lui-même... resté à peu près inconnu du public au temps de Melville, il n'aura été vraiment découvert qu'au XXe siècle, où sa violente modernité paraissait enfin accordée à la période de tempêtes qu'inaugurait alors l'Histoire - jusqu'à passer aujourd'hui aux yeux de certains, aux yeux de beaucoup, comme le plus grand roman de la littérature américaine. Moby Dick, qui peut se lire comme le plus formidable des récits d'aventures, est en effet autre chose et bien plus que cela. Car par-delà les tribulations du capitaine Achab lancé à la poursuite de la Baleine blanche se profile une autre quête : celle d'une humanité embarquée de force à bord d'une histoire qui reste pour elle un mystère.
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Le dernier amour du président

Le dernier amour du président
Kourkov Andre
Ed. Liana Levi

Président de la République d'Ukraine ? Rien ne prédispose Sergueï Bounine à occuper ce poste. Son imprévisible ascension, dénuée de coups bas et d'ambition personnelle, se fait presque malgré lui. De la fenêtre de sa salle de bains, son point d'observation préféré, il se remémore le passé : les années de jeunesse à la sauce communiste, un frère jumeau pas si fou que ça, une mère préoccupée d'arrangements avec le système, le vieux David Isaakovitch amoureux de sa cabane sur une île au milieu du Dniepr... Et maintenant, il lui faut affronter le post-communisme, la greffe d'un nouveau coeur et tous ceux qui rêvent de l'empoisonner... Un roman prémonitoire.
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Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes russes

Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes russes
Shteyngart Gary
Ed. L'Olivier

Juif, Russe, Américain, New-Yorkais, 25 ans, études brillantes, issu d'une famille parfaitement assimilée (père médecin, mère femme d'affaires), Vladimir Grishkin s'ennuie dans les bureaux insalubres d'une association d'aide à l'insertion des immigrants. Vladimir a de l'humour, un accent charmant. Et il est très malin. Peu scrupuleux, il est tout de suite repéré par un certain Ribakov, lequel en échange d'un vrai passeport lui promet une vie meilleure... à Prava, capitale d'un pays imaginaire en Europe de l'Est.

Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes Russes raconte l'assimilation à l'envers - autant dire la désintégration - d'un émigrant chic renonçant à Manhattan pour s'improviser mafieux dans un monde à la Kusturica. Picaresque, loufoque et savant, pas toujours moral, ce roman totalement cosmopolite, et qui se moque de tous les clichés, est aussi «une manière de corriger l'Histoire».
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A la Voltaire. Roman à l'ancienne

A la Voltaire. Roman à l'ancienne
Axionov Vassili
Ed. Actes Sud/Lettres russes

A la Voltaire repose sur un canevas historique : Catherine II, tsarine libérale, amie des lumières, a subi l'influence de Voltaire et a entretenu avec lui une correspondance qui a duré, après son accession au trône, jusqu'à la mort de l'écrivain. De cette situation, Vassili Axionov a tiré une oeuvre fantasmagorique où la correspondance assidue débouche sur une rencontre entre les deux prestigieux interlocuteurs, et nous convie à un vrai feu d'artifice dont Voltaire est l'astre central.
Dans ce roman picaresque, très XVIIIe siècle, on apprend tout des amours malheureuses du grand homme, la vérité sur l'affaire Calas, l'importance des pigeons voyageurs en temps de guerre, l'acuité des réflexions sur le servage en Russie dans les plus hautes sphères du pouvoir, etc. Sans oublier les deux jeunes godelureaux, agents secrets de la Souveraine, suivis depuis les premières pages et qu'on retrouve à la fin, 'pleins d'usage et raison', retirés sur leurs terres comme le père du prince André, héros d'un des romans-monuments de la littérature russe.
A travers cette mascarade court un fil conducteur grave, toujours présent, jamais pesant, un infini respect pour l'idée voltairienne de la tolérance et avec elle le refus des idées toutes faites, de la superstition, de toutes les contraintes, où se rejoignent la foi en la nature humaine de Voltaire et la recherche de 'l'Homme Bon' axionovien.
S'il faut en croire la critique unanime et le Booker Prize du meilleur roman russe 2004 décerné à l'auteur, Voltaire n'aurait pas tout à fait quitté la Russie. Déjà, en 1812, à Moscou avec Napoléon, Stendhal s'étonnait et se réjouissait de trouver les oeuvres complètes du grand écrivain dans tant de belles demeures... promises aux flammes.
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Cendre

Cendre
Tonino Guerra & Lorenzo Mattoti (ill.)
Ed. Estuaire/Carnets littéraires

Cendre est un récit visionnaire en trois volets qui nous plonge dans un monde souterrain d'après l'apocalypse atomique. Sans emphase, sans le moindre effet sensationnel, Tonino Guerra nous emmène dans un enfer de silence et d'absence. Plus personne sur cette planète ? Si, quelques humains qui ont échappé à la catastrophe. Avec eux, c'est d'un retour fragile à la vie que nous parle l'auteur, et de la renaissance d'un espoir au-delà de la folie destructrice qui a plongé l'humanité dans les ténèbres.
Fruit d'une collaboration créative très étroite, Cendre est une oeuvre insolite et originale dans laquelle s'associent magistralement les pouvoirs narratifs et poétiques de l'écriture et de l'image. Dans une langue sobre et incantatoire, Tonino Guerra se montre ici poète et scénographe, aux côtés de Lorenzo Mattotti qui pratique avec le talent qu'on lui connaît l'alternance entre le trait noir, plus narratif, et la couleur, source d'émotions plus vives.
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