1987. Dans un coin reculé de l'Alabama, un homme est assassiné dans d'étranges circonstances. Pour le venger, ses proches forment une société secrète, 'La Culasse de l'enfer', fermement décidée à rendre sa propre justice. S'engage dès lors, entre les métayers blancs et les propriétaires fonciers des villes voisines, une guerre fratricide où il n'y a ni innocents ni coupables, mais du sang et de la douleur...
A partir d'un fait historique, Tom Franklin déploie une magnifique fresque romanesque et poétique où s'enchevêtrent les dimensions sociale, policière et humaine. Explorant les replis les plus obscurs de l'âme, ce récit âpre et inexorable rend un magnifique hommage non seulement aux hommes dont il traite mais au monde qu'ils habitent.
Présentation de l'éditeur
Un homme opère, ici ou ailleurs, pour le compte d'une vaste et nébuleuse organisation criminelle internationale. Apparemment coupable d'avoir échoué dans la mission qui lui avait été confiée, cet improbable agent secret à la vocation chancelante a choisi d'attendre le châtiment qui ne saurait manquer de le frapper et dont il a tout lieu de croire qu'il sera mortel.
Dérivant dans un monde peuplé de personnages à l'identité instable, vaguement ou ouvertement menaçants, cet 'exilé' dont la dernière mission consistera à identifier son propre assassin, s'intéresse, semble-t-il, davantage à l'amour qu'au crime. Il ne manifeste pourtant de dispositions particulières ni pour l'une ni pour l'autre de ces activités qu'il pratique à la lisière de l'absurde voire du comique, s'entretenant avec le monde - qui lui répond de même - dans un langage dont la grammaire souterraine, éliminant la causalité au bénéfice de l'hypothèse, la justification au profit du doute, et la logique au profit de la sensation, autorise l'impossible à prendre le pas sur le possible.
Crépusculaire et profondément excentrique, cette fiction en forme de faux roman noir, sur laquelle plane l'ombre de Kafka ou de Beckett, fait du réel cet intrus inopportun assiégeant opiniâtrement le vaste royaume des mondes intérieurs hantés d'affects problématiques et de questions sans réponse. Elle convie à pénétrer dans un paysage inversé dont le lecteur, en proie à un puissant sentiment d'imminence, ne peut que reconnaître le caractère d'intime étrangeté qu'il sait être celui de ce double qui, en tout lieu, l'accompagne...
Présentation de l'éditeur
Campés dans les entrailles d'une Barcelone aussi gouailleuse qu'implacable, Les Jeux féroces constituent le premier volet d'un magistral roman picaresque sur une Espagne de la transition qui titube entre franquisme moribond et démocratie balbutiante.
Sur commande d'un mystérieux 'Lecteur', le narrateur ravive le souvenir fondateur d'une journée qui l'aura marqué au fer rouge.
Ce 15 août 1971, deux adolescents des Taudis de Montjuïc arpentent une ville fantomatique, noyée par un déluge d'apocalypse, pour tenter de sauver le Watusi, un voyou romantique indûment soupçonné de meurtre.
Courant à perdre haleine de docks désaffectés en tripots grouillants, les apprentis justiciers parcourent en un éclair le spectre des sentiments, pour se réveiller à l'aube dans un monde plus réel et plus sordide. Désorientés dans la ville, ils ont trouvé leur boussole pour la vie.
Avec une langue des faubourgs, habilement corsetée dans un style soutenu, Francisco Casavella trace la topographie d'un monde réaliste et magique qui abrite déjà Juan Marsé.
Présentation de l'éditeur
Publié en 1989, Gentil bébé (dont on a tiré un film) est le roman qui a propulsé Leon Rooke au tout premier rang de la nouvelle littérature américaine, sous les applaudissements de Russell Banks et de Michael Ondaatje, admirateurs inconditionnels.
Quelque part dans les Appalaches (un trou du cul du monde) dans les années 30 (au noir le plus noir de la cris). Une route, la nuit, il pleut. Le type au volant, genre prêcheur allumé, prend la fille en stop : l'air d'une gamine, enceinte jusqu'aux dents...
Le jour revenu, Toker, un bon à rien plutôt gentil, frappe à la porte de la jolie fille du coin. Dans le sac que le garçon tient à la main : un bébé qui vient de naître. Toker ne sait pas quoi en faire (on comprend un peu plus tard qu'il l'a trouvé dans la forêt). La fille fait tout pour l'allumer mais ne veut pas entendre parler du gniard. Le bon à rien, le sac et le bébé se retrouvent donc un peu plus tard à l'épicerie-buvette, entourés de trognes supposées humaines - admettons...
Dur début dans la vie pour le bébé en question... Pourtant Rooke n'est pas si mauvais bougre que ça : quelques gouttes de compassion, bien incongrues, viennent même de temps à autre couler dans la bière qui tiédit sur le comptoir...
Découvert avec quinze ans de retard par le public de langue française (En chute libre, Phébus, 2002), Leon Rooke a été comparé à Faulkner, à Flannery O'Connor, rien de moins.
Présentation de l'éditeur
Dans le précédent roman de David Lodge, Pensées secrètes, Henry James apparaissait en filigrane. Dans celui-ci, il se tient au centre de la scène.
Fourmillant de personnages - Oscar Wilde, Guy de Maupassant, George Bernard Shaw, et d'autres moins célèbres -, L'Auteur ! L'Auteur ! nous plonge dans la vie littéraire et théâtrale d'une Angleterre délicieusement victorienne.
Avec le mélange irrésistible d'humour britannique et d'ironie brillante qui le caractérise, David Lodge nous dévoile, à travers la vie captivante d'Henry James, les rêves des gens de plume.
Présentation de l'éditeur
Entre 1880 et 1914, près de quinze millions d'Italiens émigrent, soit l'équivalent de la moitié de la population du pays au tournant du siècle. Malgré l'ampleur du phénomène, bien peu d'auteurs nationaux écriront sur le sujet. Parmi eux figure Edmondo De Amicis (1846-1908), reconnu aujourd'hui comme l'un des plus grands auteurs de la péninsule.
Reporter, militant pacifiste et témoin attentif de l'Italie unifiée, il est envoyé en 1884 par son éditeur en Amérique du Sud pour une tournée de conférences. La traversée est pour lui un choc et jouera un rôle majeur dans son adhésion au socialisme : bien qu'il voyage en première classe, il découvre la misère des émigrants et, dans la promiscuité forcée du paquebot, les épouvantables inégalités de la jeune nation.
Véritable entomologiste à bord, sachant mêler humour et réalisme dans ses portraits de bourgeois et de petites gens comme dans la description des péripéties du voyage, ce grand admirateur de Zola mettra cinq ans à rédiger le premier exemple de roman-reportage réussi.
Présentation de l'éditeur
Inoué raconte dans Rêves de Russie une histoire parfaitement authentique et absolument triste. Au XVIIIe siècle, le Shinshômaru fait naufrage aux abords d'une île située au sud du détroi de Béring. Le capitaine Daikokuya Kôdayû voit périr de froide la moitié de ses compagnons. Les survivants imitent les autochtones pour survivre et se lient à des quelques aventuriers russes, dont ils apprennent la langue et les coutumes. On suit ensuite Daikokuya dans ses aventures qui le mènent des rivages de Sibérie et d'Irkoutsk à Saint-Pétersbourg, où il est reçu par la Grande Catherine. L'Ulysse nippon retournera au pays, où l'attend un terrible accueil...
Inoué signe avec Rêves de Russie un de ses livres les plus désabusés mais non moins bouleversants.
Tertuliano Màximo Afonso, professeur d'histoire dans un collège, trente-huit ans, divorcé et vivant seul, découvre, horrifié, dans un film loué par hasard à un vidéo-club, son double parfait. En proie à la plus grande confusion, il visionne d'autres films, confirme sa découverte, interroge producteurs et distributeurs et parvient à connaître le nom de celui qui lui ressemble trait pour trait : Antônio Claro. Avec l'aide de sa maîtresse, il part à la recherche de son double, un homme ordinaire, marié, acteur de cinéma, finit par trouver son adresse et son numéro de téléphone et le convainc de la nécessité d'une rencontre. Celle-ci a lieu dans un endroit désolé et s'achève sur un désastre, car chacun comprend que deux êtres semblables ne peuvent co-exister. Lequel des deux est moi, lequel est l'autre ? Pour Tertuliano Màximo et pour Àntônio Claro, la réponse n'est évidemment pas la même. Tout est alors en place pour que du désordre de l'identité surgisse la tragédie.
Une fois encore, José Saramago met brillamment en scène unmythe pour mieux le démythifier en abordant la réalité de notre temps et la crise de notre société.
Prix Nobel de littérature
Présentation de l'éditeur
Elisabetta Renal contacte Claudio Fratta pour qu'il réalise un jardin autour de sa villa. Celui-ci accepte de la rencontrer, car il a reconnu sa voix au téléphone, celle d'une jeune femme dont il a vu la voiture écraser un homme sur un parking cinq mois plus tôt... En acceptant sa proposition, il s'enfonce petit à petit dans une forêt de contradictions et d'interrogations qui le poussent à mener l'enquête sur le terrain de sa propre histoire. Débutant sur le ton de l'intrigue policière, Le désordre naturel des choses est le récit haletant d'une fascination dangereuse autant que le portrait émouvant d'un homme aux prises avec son histoire familiale.
Andrea Canobbio est né en 1962 à Turin. Le désordre naturel des choses - son cinquième roman - l'impose comme l'un des écrivains italiens les plus prometteurs.
Un écrivain en mal d'inspiration habite près de la baie des Cygnes, non loin de Melbourne. Dans la maison voisine emménage Virgil, une jeune femme aux cheveux prématurément gris. Les week-ends, elle reçoit la visite d'un couple de la ville, Marcus et Lolita. Ils n'ont pas d'enfants, parlent culture et bons vins. Exactement le genre d'intellectuels que l'auteur exècre.
Une timide approche de la voisine le conduira à plus d'intimité. Virgil la silencieuse lentement se raconte: son père, latiniste alcoolique qui lui a donné ce prénom ridicule, l'accident, la mort du père, le refuge trouvé dans l'Enéide, livre que Virgil régulièrement ouvre au hasard pour connaître l'avenir.
A l'écrivain qui n'écrit plus, elle raconte l'étudiante qu'elle était, séduite, puis engrossée. La femme qui ne se considère plus comme personne dotée de volonté mais comme objet total du destin, car la maladie dont souffre Virgil la mène droit à la mort. L'auteur, acariâtre et égoïste, lui, est mûr pour répondre à la demande de simple humanité par l'écoute et la patience. Il devient plus tolérant, riche probablement d'un personnage, non pas en profiteur mais en détenteur d'un pouvoir: celui de l'écriture qui défie les deuils.
Présentation de l'éditeur