Seeland... il y a dans ce mot quelque chose de magique. Seeland, ce peut être partout, en Australie, en Hollande ou ailleurs.
Après ses années berlinoises et avant de s'installer à Berne, Robert Walser passe sept ans à Bienne, sa ville natale (1913-1921). Plusieurs recueils paraissent durant ces années, dont Seeland. Cet ensemble de six nouvelles constitue l'aboutissement de la période biennoise de l'écrivain, avec sa dualité caractéristique de ferveur romantique et de truculence, de rêverie et de réflexion, d'observation espiègle et d'abstraction.
Les principaux motifs qui préoccupent Walser à cette époque s'entrecroisent dans ces textes: la promenade, surtout, comme façon d'être au monde et aux mots. Le paysage est même au centre du livre, dont le titre évoque la région du lac de Bienne. D'autres personnages relaient le flâneur: Hans le rêveur impénitent appelé au service militaire; le peintre en début de carrière; ou encore, sept enfants prononçant l'épitaphe de leur père. Au centre de ce recueil mûrement composé par le poète, l'un des textes les plus célèbres de Walser, à la fois fantaisie et art poétique: «La promenade», présentée ici dans son contexte et dans une nouvelle traduction.
Ai-je vraiment besoin d'aller à l'étranger et de faire le tour du monde? Le jeu toujours vivant de mon imagination peut m'offrir beaucoup plus. La force de l'imaginaire et la pensée non anémiée me semblent plus vastes que la terre entière et mener bien plus loin, dans le mystérieux et le merveilleux, que les chemins de fer et les paquebots de luxe où le voyageur s'ennuie, se voyant requis par des banalités, par d'autres voyageurs terre à terre et par des conversations insipides, au lieu d'être occupé de choses élevées et incroyablement belles.
Présentation de l'éditeur
Dans une fresque humaniste teintée d'un humour tragique, Emilio Lussu raconte l'année 1916-1917 sur le front de guerre entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie. Parmi la neige et la rocaille des hauts plateaux alpins, soldats et officiers se débattent dans les mâchoires d'acier de la Grande Guerre. Les hommes tombent par milliers pour quelques mètres carrés de pierre et de boue. On croise des fantassins bouleversants d'humanité, un capitaine qui simule l'exécution d'un déserteur et le laisse fuir, mais aussi un général sanguinaire qui reproche au narrateur de ne pas s'être fait tuer au combat. Ce grand roman antimilitariste met en lumière la résistance de l'homme de troupe à travers la désertion, l'automutilation, le suicide et la mutinerie.
Publié en Italie en 1938, adapté au cinéma par Francesco Rosi en 1970, Les Hommes contre est l'un des grands textes sur la Première Guerre mondiale.
«Ce qui hisse Les Hommes contre au rang de chef-d'oeuvre, c'est que le livre parvient à nous réconcilier avec notre propre humanité.» Philippe Claudel
Présentation de l'éditeur
Dans la pluvieuse Seattle, berceau des start-ups sur l'Internet à la veille du troisième millénaire, deux immigrants affrontent leur rêve d'Amérique. Tom Janeway, l'intellectuel anglais d'origine hongroise, tente en vain de fonder la famille qu'il n'a jamais eue, tandis que Chick, le jeune clandestin fraîchement débarqué d'un porte-conteneurs en provenance de Chine, s'efforce de survivre avec l'énergie du désespoir. Sur fond d'émeutes anti-mondialistes et de chute vertigineuse du Nasdaq, Tom se retrouve accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, séparé de sa femme et de son fils, cependant que Chick se fait entrepreneur le jour et squatter de bidonville la nuit. Leurs destins vont se croiser de la plus improbable façon dans ce roman satirique, dont l'écriture brillante dénonce les illusions d'une société crispée sur ses réflexes identitaires alors même qu'elle feint la fluidité et l'ouverture. De soirées huppées sur les rives du Lac Washington en campements de clochards sous les ponts d'autoroute, de sociétés informatiques en réminiscences du monde disparu de Dickens et de Trollope, Jonathan Raban dépeint avec humour et compassion l'atmosphère artificiellement euphorique du dernier Noël du vingtième siècle, tandis que s'effilochent les anciens rêves.
Présentation de l'éditeur
Avec ce recueil d'une quarantaine d'essais écrits durant ces vingt-cinq dernières années, Susan Sontag déploie une fois encore l'extrême variété de ses intérêts, de ses goûts et de ses engagements, qui font d'elle une des grandes humanistes de notre époque.
Qu'il s'agisse de littérature, de cinéma, de peinture, de photographie ou de danse, l'intelligence pénétrante et souvent provocatrice de ses analyses est une invitation constante à partager ses passions.
Dans la dernière partie du recueil, où elle développe ses conceptions du rôle de l'écrivain et de l'intellectuel dans notre univers troublé, Susan Sontag tire des leçons du passé les grands enjeux de ce siècle encore tout neuf.
Présentation de l'éditeur
Z, - une petite ville touristique sur la côte en Catalogne-, l'été, la fournaise, des personnages touchants et grotesques, des amours impossibles, des détournements de fonds, des ambitions politiques qui sombrent, des ruines qui abritent des secrets, un crime : voilà le décor que plante Roberto Bolaño pour ce roman presque noir, éclairé par son humour mélancolique et cruel.
Trois personnages prennent la parole à tour de rôle : un écrivain chilien désabusé, un poète mexicain sans permis de séjour, veilleur de nuit dans un camping, et un fonctionnaire municipal, prêt à tout pour sa bien-aimée.
Ils évoquent les femmes qu'ils aiment, les illusions qu'ils nourrissent et qu'ils perdent, leurs destins différents cependant aimantés tous par la mort.
Leurs récits, leurs confessions, sont comme autant de détours dans un labyrinthe, où ils errent et vivent en aveugles.
Au coeur de ce labyrinthe, le cauchemar architectural du Palacio Benvingut, ses occupants illégaux, et la piste de glace, clandestine.
Présentation de l'éditeur
« Faisons un bébé, dit Teddy.
Tout de suite, tu veux dire ?
On pourrait s'entraîner, se mettre en forme.?
Jane Louise succomba intérieurement. Qu'il était donc étrange d'avoir un mari, cette personne qui faisait presque partie des meubles, comme un coussin ou une lampe, qui vous transformait d'une entité unique en une unité, dont la respiration la nuit était aussi rassurante qu'une pendule, à qui on pouvait, lors d'une soirée, ne prêter presque aucune attention, et qui pouvait en un instant, en un seul regard, se transformer en ce qu'était vraiment un mari : un partenaire sexuel. »
Jane Louise, 40 ans, issue d'une famille juive quelque peu nomade, vient d'épouser Teddy, membre d'une grande famille de la Nouvelle-Angleterre. Mais un mariage heureux, un mari charmant et un travail créatif ne mettent pas à l'abri des questions existentielles. Et quand, côté familles, Teddy et Jane Louise frôlent le désastre, il y a Dieu merci les amis.
Présentation de l'éditeur
Trois soeurs d'une quarantaine d'années quittent la Flandre pour se rendre en Espagne, dans le petit port où, enfants, elles venaient en vacances : Nora, la benjamine, l'actrice, la séductrice ; Judith, l'aînée, la femme d'affaires aux activités mystérieuses ; et Hélène, vendeuse de parfumerie apparemment conventionnelle et sans histoires.
Ensemble, elles vont retrouver leur tante, une femme solitaire mise au ban de la famille depuis bien longtemps et qui s'est installée dans un lieu chargé de symboles, une bâtisse où la municipalité enfermait les filles-mères à l'époque de Franco.
Au fil des kilomètres et des souvenirs égrenés dans le cadre de cette intimité illusoire, le passé évoqué met au jour les strates de moins en moins avouables de la personnalité des trois soeurs.
La famille est toujours lieu de drames. Et le temps du voyage suffit pour que la mécanique sociale se dérègle, que les apparences se fissurent et qu'affleurent la violence, la folie ordinaire.
Ce récit d'allure nonchalante, courant au fil de la plume ou paressant au rythme de la conversation, évoquant tour à tour la souriante mélancolie de Tchekhov ou l'âpreté d'Ibsen, offre une image parfaite de l'univers de Kristien Hemmerechts : un monde où la mer bleue cache d'inquiétants abîmes, où rien n'est 'innocent'.
Présentation de l'éditeur
J'ai écrit huit romans mais je ne peux m'empêcher d'écrire des nouvelles. Quelque chose dans la forme brève me séduit et m'attire inlassablement.» Tels sont les propos de William Boyd dont le présent recueil est la démonstration éclatante.
Ces histoires tour à tour drôles, absurdes, poignantes, comme les vies de leurs personnages animés du désespoir tranquille et contagieux propre aux anti-héros boydiens, nous promènent à travers le temps et l'espace.
Que ce soit la rencontre fortuite d'un homme et d'une femme sur une plage de Nouvelle-Angleterre, les derniers jours d'un jeune soldat blessé après le débarquement en Normandie, les affres d'un gentilhomme russe contemporain de Tchekhov, l'intérêt principal de l'auteur réside, au-delà des styles et modes de narration divers, dans son exploration de la condition humaine et d'existences dominées par la quête ou le manque d'amour.
Présentation de l'éditeur
Tzippy Goldman devrait être mariée depuis longtemps. Lorsqu'on a vingt-deux ans et qu'on vit dans la communauté juive ultra-orthodoxe de Brooklyn, il est déjà presque trop tard. C'est ce que pense sa mère, qui passe son temps à lui organiser des rendez-vous. Tant de sollicitations poussent Tzippy à partir étudier un an en Israël, dans l'espoir d'y trouver la liberté dont elle rêve. Les Miller, des «orthodoxes modernes», ne reconnaissent plus leur fils Bryan après ses deux années passées dans une yeshiva en Israël. Bryan - ou plutôt Baruch -, est devenu un religieux fervent et désapprouve leur mode de vie, trop laxiste. Il refuse d'entrer à l'université et décide de se consacrer au Talmud. À Jérusalem, Tzippy rencontre Baruch. Ils tombent amoureux, décident de se marier. De retour chez eux, ils apprennent bien vite que face à la réalité du monde extérieur ils doivent inventer le leur. Ils y parviendront, à condition que leurs familles envahissantes relâchent leur emprise. Car, plus encore que des coutumes religieuses, c'est des lubies de leurs parents qu'ils doivent se méfier.
Présentation de l'éditeur
Las des abstractions, assoiffé de faits, de réalité, le doctorant en théorie littéraire postmoderne Phineas G. Nanson décide d'abandonner sa thèse pour rédiger la biographie d'un... biographe, l'énigmatique Scholes Destry-Scholes.
Mais les méandres d'une vie ne se laissent pas aisément cerner : Phineas a beau chercher, son sujet se dérobe sous son regard. Les faits ne lui apportent pas la satisfaction tant espérée : l'existence se résumerait-elle à des bribes de réel entourées de néant ? Quel sens peuvent bien avoir une boîte de billes, des manuscrits sans queue ni tête, des ossements et des photographies ?
Les mystères s'accumulent sans trouver de solution. Pourtant, à force de traquer les maigres témoignages sur Scholes Destry-Scholes, Phineas fait d'intéressantes rencontres. Il n'est pas le seul à s'efforcer de reconstituer la réalité à partir de fragments épars. Parmi les taxonomistes, les écologistes et même les agents de voyage qui croiseront sa route, trouvera-t-il son Ariane ? Parviendra-t-il enfin à sortir de son très borgésien labyrinthe ?
Présentation de l'éditeur