« Être invité au Festival de Cannes, cela fait rêver pas mal de monde, mais pas mes élèves.
- Oui, c'est assez loin de Marseille, vous avez raison. On en a pour deux heures de bus, c'est vrai. Mais enfin, vous savez, ça peut être très sympa comme expérience.
- On est obligé, m'sieur ? Et si on vient pas, on peut rester chez nous ?
- Nous sommes les seuls de toute l'académie à être invités. C'est une chance. On pourra même voir un film en présence de Catherine Deneuve. Elle sera là pour répondre à nos questions. Chouette, non ?
- C'est qui Catherine Deneuve ? »
Pas évident d'être prof : il faut assurer le show, avoir réponse à tout et même parfois jouer les caïds. Quand Karim, un peu énervé, défonce la porte et coince son pied au travers, le prof pourrait s'inquiéter. Mais non : face aux situations les plus rocambolesques et aux questions les plus absurdes, il fait preuve d'un flegme et d'une imagination sans bornes. Pour notre plus grand plaisir.
Tombé dans le siècle du LSD et de la guerre froide en mangeant un morceau de « pain maudit » un jour de 1951 à Pont-Saint-Esprit, un jeune mitron, Antoine, entame un improbable et convulsif voyage au terme duquel, après diverses escales dans la rade de Toulon et le désert algérien, hanté par des rêves de Madones, il échoue, à Paris, en 1969, dans le sex-shop de Lucy Diamond, ex-junkie américaine.
De la France profonde au Paris post-révolutionnaire, en passant par « l'été de l'amour » californien, Tous les diamants du ciel dévoile, sur fond de sexe, drogue et rock'n'roll et à l'heure où l'homme marche enfin sur la Lune, la face cachée de l'utopie psychédélique et le rôle qu'y joua la CIA.
Dans ce roman tout en chausse-trapes que travaille une écriture violente, amoureuse des vertiges, Claro chorégraphie les distorsions et les ténèbres du psychisme, emportant le lecteur, de la Terreur à la Pitié, dans une expérience d'une inquiétante et bouleversante intensité.
Dans leur jeunesse, caracolant par monts et par vaux, Mao Zedong et ses généraux s'étaient nourris du roman Au bord de l'eau, l'épopée des Cent Huit Brigands Justiciers. Bien d'autres ressources leur furent nécessaires pour échapper à Chiang Kai-shek et à ses conseillers de la Wehrmacht, aux Nippons déchaînés, aux canonnières anglaises du Yangtsé, aux policiers de la Concession française de Shanghai. Chaussés de semelles de paille, mâchonnant du gingembre et des piments, les hors-la-loi sillonnaient le pays et ralliaient à eux les Chinois miséreux. Ils parvinrent au pouvoir, et alors ce fut une autre histoire. Les alliances se défirent, les intrigues se nouèrent. L'un après l'autre, les compagnons de la grande aventure passèrent à la trappe...
Pour quelques damnés heureux ou malheureux, la littérature décide de tout. Chaque chose sera vue à travers son prisme et rien ne sera vraiment vécu avant d'être formulé. Ce livre est-il un récit humoristique délirant, une confession autobiographique désarmante, un essai polémique agressif, ou bien plutôt, outrepassant ces catégories qui se télescopent ici, tantôt joyeusement, tantôt brutalement, une mise à l'épreuve de la vie de l'auteur dans le champ de la littérature où il s'est établi au saut du berceau ? Nous y lirons donc un roman bien dans sa manière (un peu trop sans doute), et même deux romans puisqu'un second (l'histoire d'un homme qui suit une fourmi) vient soudain interrompre le premier. Mais nous y lirons aussi les interventions et commentaires de l'auteur, soucieux de garder la main sur sa création et d'élucider ce qui se trame peut-être à son insu dans ses fictions.
Voici le grand roman picaresque sur la Belgique, mené au pas de course par un héros de onze ans, sans prénom ni parents. S'y croisent en une succession d'aventures originales et inattendues Yolande Moreau, Victor Hugo à Waterloo, Jacques Brel qui chante la naissance du pays avec la Malibran. Mais aussi les Quatre fils Aymon à l'Exposition universelle de 1958. Ou Hugo Claus, l'auteur du Chagrin des Belges, dont cette fresque épique est le pendant joyeux. Echappée au Tour des Flandres, tranchées de la guerre 14-18, école buissonnière en compagnie de Verlaine et de Nadar, c'est toute la Belgique du passé et du présent qui défile en une sarabande délirante.
On rit, on s'amuse, on s'interroge...
Tintin, Simenon, James Ensor, Marc Dutroux et le grand Bruegel sont de la partie. L'anachronisme se mêle ici à l'érudition et à la plus haute fantaisie. Plus que tout, Le bonheur des Belges est porté par une langue éblouissante. A la fois drôle, cruelle, torrentueuse, poétique et musicale. Elle est le coeur même de ce livre singulier, curieusement euphorique, à l'heure où la Belgique, petit pays génial et méconnu, se penche sur son avenir.
Dans leur jeunesse, caracolant par monts et par vaux, Mao Zedong et ses généraux s'étaient nourris du roman Au bord de l'eau, l'épopée des Cent Huit Brigands Justiciers. Bien d'autres ressources leur furent nécessaires pour échapper à Chiang Kai-shek et à ses conseillers de la Wehrmacht, aux Nippons déchaînés, aux canonnières anglaises du Yangtsé, aux policiers de la Concession française de Shanghai. Chaussés de semelles de paille, mâchonnant du gingembre et des piments, les hors-la-loi sillonnaient le pays et ralliaient à eux les Chinois miséreux. Ils parvinrent au pouvoir, et alors ce fut une autre histoire. Les alliances se défirent, les intrigues se nouèrent. L'un après l'autre, les compagnons de la grande aventure passèrent à la trappe...
Ogre sanguinaire et rabelaisien, le Maréchal règne en despote sur la république d'Hyrcasie. Tout le monde veut sa peau, amis ou ennemis. Mais personne ne sait qui il est en réalité, sauf, peut-être, son vieux confident, qui est aussi son secrétaire particulier, son masseur, son homme à tout faire. Des rebelles tentent de renverser le tyran et l'assiègent dans sa capitale. Il n'envisage pas d'autre solution, pour en finir, que de déclencher l'apocalypse.
Pierre Jourde propose ici une synthèse politique des dictatures issues de la décolonisation, et amplifie jusqu'aux limites du fantastique le processus de déréalisation inhérent à l'exercice du pouvoir. Les intrigues, les complots, les personnages prolifèrent et s'entrecroisent, dans un jeu vertigineux. Ce récit polyphonique est à l'image de son personnage principal : cruel, truculent, excessif, comique.
« Tout mythe explique une situation actuelle par le renversement d'une situation antérieure.
Tout à coup quelque chose désarçonne l'âme dans le corps.
Tout à coup un amour renverse le cours de notre vie.
Tout à coup une mort imprévue fait basculer l'ordre du monde et surtout celui du passé car le temps est continûment neuf. Le temps est de plus en plus neuf. Il afflue sans cesse directement de l'origine. Il faut retraverser la détresse originaire autant de fois qu'on veut revivre. »
De Bagdad à la Nouvelle-Orléans, de Lyon à Tel-Aviv, de Bruxelles à Anvers en passant par Malines... petits et grands regards sur un monde qui craque de partout.
Chroniques des années 2001-2011, sous l'angle de la politique et de l'actualité belgo-belges.
Une écriture avant tout, qui traduit la liaison passionnelle d'une 'mauvaise juive' et d'une 'mauvaise flamande' (les deux étant cumulables) avec son temps.
Intellectuelle engagée à gauche, née à Ostende, vivant à Bruxelles, enseignant l'économie à Gand, Anne Grauwels scrute au quotidien la marche de la société autant que ses états d'âme.
Les Humeurs judéo-flamandes paraissent dans le mensuel Points critiques de l'Union des progressistes juifs de Belgique sous la signature d'Anne Gielczyk.
Saute le temps est le journal d’un écrivain d’une rare insolence. Mordant et ironique, il n’épargne rien ni personne dans ce début des années soixante tristement gaulliennes. Ni les politiques, ni le monde des lettres, pas plus que ses propres petites compromissions n’échappent à sa virulence.
Rudigoz est un observateur et un moraliste, un styliste et un pamphlétaire. Il y a du Céline dans ses rapports aigres-doux avec son éditeur, du Léautaud dans ses vitupérations, du Léon Bloy dans sa hargne quotidienne contre la bêtise ambiante.
Ici, pas de langue de bois, pas de bons sentiments, juste une voix lucide et puissante qui s’est toujours bien gardée de hurler avec la meute.