Le studio de l'inutilité

Le studio de l'inutilité
Leys Simon
Ed. Flammarion

Dans sa jeunesse, Simon Leys passa deux ans dans une cahute de Hong Kong en compagnie de trois amis, une période bénie où « l'étude et la vie ne formaient plus qu'une seule et même entreprise ». C'est en souvenir de ce gîte régi par l'échange et l'émulation, surnommé « Le Studio de l'inutilité », qu'il a baptisé ce recueil consacré à ses domaines de prédilection : la littérature, la Chine et la mer. Il y éclaire la « belgitude » d'Henri Michaux, dépeint la personnalité de George Orwell, analyse les rouages du génocide cambodgien, épingle les notes de Barthes visitant la Chine maoïste, débrouille les énigmes du « miracle chinois » à la lumière tragique des analyses de Liu Xiaobo, Prix Nobel de la Paix toujours emprisonné. Infligeant de salutaires accrocs à la pensée unique, Leys fait partager ses curiosités et ses admirations, ses enthousiasmes et ses indignations. Ce Studio est une ode au savoir « inutile » et à la quête désintéressée de la vérité.

Fukushima. Récit d'un désastre

Fukushima. Récit d'un désastre
Ferrier Michaël
Ed. Gallimard

« On peut très bien vivre dans des zones contaminées : c'est ce que nous assurent les partisans du nucléaire. Pas tout à fait comme avant, certes. Mais quand même. La demi-vie. Une certaine fraction des élites dirigeantes - avec la complicité ou l'indifférence des autres - est en train d'imposer, de manière si évidente qu'elle en devient aveuglante, une entreprise de domestication comme on en a rarement vu depuis l'avènement de l'humanité. »

Le papillon. Journal d'un romantique

Le papillon. Journal d'un romantique
Beck Christian
Ed. Zellige

Christian Beck est né à Verviers (Belgique) en 1879. Homme à facettes multiples, s'affranchissant de toutes contraintes et de tous compromis, il crée l'une des meilleures revues que la Belgique ait connues : Antée. Elle servira de modèle à la NRF.

Fervent défenseur de la langue française, il est l'un des précurseurs de ce qui deviendra la francophonie.

Mystique et agnostique, naïf et cynique, romantique et visionnaire, Christian Beck occupe une place à part dans le milieu littéraire de ce début du XXe siècle. Écrivain vagabond à l'instar de Gorki, il parcourt une bonne partie de l'Europe à pied.

L'action du Papillon, paru en 1910, se situe en grande partie en Italie. Sous les traits de Voldemar, son double littéraire, Christian Beck témoigne d'une époque et de ce qui comptait pour cet homme curieux et attachant : les femmes, les voyages, la table, le vin, le jeu, la philosophie et la littérature.

Il s'est éteint en 1916, à trente-sept ans, emporté par la tuberculose. Apprenant sa mort, André Gide écrit : «C'était un esprit foisonnant qui promettait d'avoir beaucoup à dire, et je ne croyais pas possible qu'il nous quittât avant d'avoir parlé.»

Sa fille, Béatrix Beck, obtiendra le prix Goncourt en 1952 pour Léon Morin prêtre.

Le lecteur trouvera au début de la présente édition une double présentation de l'ouvrage et de son auteur, l'une par Raphaël Sorin, l'autre par Béatrice Szapiro, arrière-petite-fille de Christian Beck.

Le Chapeau de Mitterand

Le Chapeau de Mitterand
Laurain Antoine
Ed. Flammarion

Un soir à Paris, Daniel Mercier, comptable, dîne en solitaire dans une brasserie, quand un illustre convive s'installe à la table voisine : François Mitterrand. Son repas achevé, le Président oublie son chapeau, que notre Français moyen décide de s'approprier en souvenir. Il ignore que son existence va en être bouleversée. Tel un talisman, ce célèbre feutre noir ne tarde pas à transformer le destin du petit employé au sein de son entreprise. Daniel aurait-il percé le mystère du pouvoir suprême ? Hélas, il perd à son tour le précieux objet qui poursuit sur d'autres têtes son voyage atypique au sein de la société française des années 1980.

Cette fable pleine d'esprit et de malice possède comme le fameux chapeau un charme mystérieux - celui de ressusciter une époque et, surtout, de mettre au jour à travers une galerie de personnages notre rêve commun : voir s'accomplir par magie nos désirs les plus secrets.

En numérique chez Tropismes : Le Chapeau de Mitterand

Sarajevo omnibus

Sarajevo omnibus
Colic Velibor
Ed. Gallimard

Sarajevo omnibus propose un portrait de la ville de Sarajevo à travers différents personnages historiques ou lieux emblématiques, qui ont tous un rapport avec la tragédie inaugurale du vingtième siècle : l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand le 28 juin 1914. Ainsi nous rencontrons tour à tour Gavrilo Princip, ce jeune Serbe dont le geste déclencha le cataclysme de la Première Guerre mondiale ; Viktor Artamanov, affairiste russe illuminé, qui finança au nom du tsar l'aventure de la « Main Noire », organisation terroriste vouée à la libération de la Serbie du joug austro-hongrois ; le fondateur de la Main Noire, le colonel Dimitrijevi(...) dit « Apis », qui bâtissait ses théories grand-serbes en buvant de la slivovice dans un fameux bistrot de Belgrade ; Ivo Andri(...), immense écrivain, Prix Nobel, qui appartint un temps à cette mouvance... Mais aussi des personnages oubliés, tels le rabbin Abramovicz, philosophe et poète, qui reçut dans la nuque l'une des cinq balles destinées à l'archiduc, le curé Latinovi(...), fêtard repenti, ou encore l'imam Dizdarevi(...) - seul Bosniaque à avoir peur de sa femme, dit-on. Sans oublier Nikola Barbari(...), grand-père de l'auteur, également présent lors de l'attentat, personnage fantasque qui eut quatre épouses et plusieurs vies. Tous ont assisté à la mort de l'archiduc.

Le récit de Velibor (...)oli(...) n'est jamais pesant ni funèbre, mais vif, précis, surprenant, enjoué. Il considère avec une distance désabusée l'enchaînement de circonstances horribles et comiques qui constitue l'histoire des hommes.

La Reine des cipayes

La Reine des cipayes
Clément Catherine
Ed. Seuil

Elle était la reine de Jhansi, un royaume libre du centre de l'Inde. Une jeune veuve de trente ans, impétueuse, fière, et qui n'avait peur de rien ni de personne. Ses sujets l'appelaient Lakshmi Baï et ses proches Chabili, c'est-à-dire la «Chérie». Mais ses ennemis les Anglais la surnommaient Jézabel, ou Jeanne d'Arc, comme la sorcière française.

Elle mourut à la guerre, habillée en garçon, les rênes de son cheval entre les dents, une épée dans chaque main et ses perles au cou. Ce mouvement de libération nationale que l'on connaît sous le nom de «révolte des cipayes» déchira le ventre de l'Inde au milieu du XIXe siècle, lorsque les soldats indigènes à peau sombre qu'on appelait «cipayes» se soulevèrent contre leurs maîtres blancs, surnommés «John Company», en référence à la Compagnie de l'Inde orientale qui rançonnait le pays.

Trop d'humiliations, trop de rajas détrônés, trop d'exploitations, de brimades... Un jour, tout explosa. L'insurrection naquit, irrésistible. La guerre d'indépendance indienne dura deux ans, deux terribles années de victoires et de massacres, largement commentés depuis Londres par deux correspondants de presse, Karl Marx et Friedrich Engels.

Quand sa guerrière mourut, l'Inde cessa d'être libre. Mais encore aujourd'hui, les petits Indiens apprennent à l'école la chanson qui célèbre sa gloire. Un destin fulgurant, chanté par tout un peuple, et raconté avec force par Catherine Clément, qui retrouve ici l'Inde qu'elle connaît si bien.

Mémoire espagnole

Mémoire espagnole
Carrière Jean-Claude
Ed. Plon

«Je suis parti du cliché, comme tout le monde, du fandango, des mantilles et des castagnettes. Après quoi, peu à peu, en travaillant là-bas (avec Buñuel, avec Bergamín), j'ai trouvé une Espagne plus profonde, plus étrange à nos yeux, plus lointaine aussi que celle que j'imaginais. Une Espagne où la «raison» n'a pas le même sens que chez nous, où les révolutions sont plus radicales, les rêves plus larges. Une Espagne d'où la pensée a été officiellement bannie comme une «manie funeste», où la folie parade encore, où les démons viennent s'asseoir au coin du feu.

Voici cette Espagne peu souvent décrite, parfois mal aimée. Les Pyrénées, bien visibles, nous en séparent. Mille liens, invisibles, nous en rapprochent.»

Les dames de Rome

Les dames de Rome
Chandernagor Françoise
Ed. Albin Michel

«Rome, une ville rouge qui cuit à l'étouffée dans ses vieilles murailles, une ville étranglée entre ses collines surmontées de temples raides...» Rome la rouge, Rome la sanglante, a vaincu. Lorsque Séléné, la fille de Cléopâtre et de Marc Antoine, y pénètre, enchaînée à son jumeau lors du Triomphe d'Octave, elle n'entend que les hurlements de la foule, les cris des prisonniers qu'on traîne, les mugissements des bêtes qu'on immole.

Bientôt seule survivante des «enfants d'Alexandrie», la petite captive, qu'on a confiée à Octavie, la soeur du nouveau maître, va vivre son adolescence auprès des nombreux enfants que la «première dame» de Rome élève avec intelligence et tendresse dans sa maison du Palatin. Tandis qu'Octave Auguste impose au monde sa puissance, contraignant les uns au suicide, les autres à la soumission, déjouant complots et conjurations, tandis qu'il fait et défait les mariages des enfants de son clan comme on joue avec des pions, Séléné s'imprègne peu à peu de cette culture romaine qu'elle rejetait. Mais, en secret, la jeune orpheline refuse d'oublier sa mère, la reine d'Égypte, et rêve de vengeance...

Avec un talent singulier pour rendre la vie aux siècles passés, Françoise Chandernagor poursuit l'évocation du destin de Séléné, la princesse mélancolique des Enfants d'Alexandrie. Entre splendeur et cruauté, une fresque puissante qui nous emporte dans un monde disparu.

 

En vieillissant les hommes pleurent

En vieillissant les hommes pleurent
Seigle Jean-Luc
Ed. Flammarion

9 juillet 1961. Dès le lever du jour, il fait déjà une chaleur à crever. Albert est ouvrier chez Michelin. Suzanne coud ses robes elle-même. Gilles, leur cadet, se passionne pour un roman de Balzac. Ce jour-là, la télévision fait son entrée dans la famille Chassaing. Tous attendent de voir Henri, le fils aîné, dans le reportage sur la guerre d'Algérie diffusé le soir même. Pour Albert, c'est le monde qui bascule. Saura-t-il y trouver sa place ?

Réflexion sur la modernité et le passage à la société de consommation, En vieillissant les hommes pleurent jette un regard saisissant sur les années 1960, théâtre intime et silencieux d'un des plus grands bouleversements du siècle dernier.

Le grand Coeur

Le grand Coeur
Rufin Jean-Christophe
Ed. Gallimard

Dans la chaleur d'une île grecque, un homme se cache pour échapper à ses poursuivants. Il évoque sa vie hors du commun et tente de démêler l'écheveau de son destin.

Fils d'un modeste pelletier, il est devenu l'homme le plus riche de France. Il a permis à Charles VII de terminer la guerre de Cent Ans. Il a changé le regard sur l'Orient. Avec lui, l'Europe est passée du temps des croisades à celui de l'échange. Comme son palais à Bourges, château médiéval d'un côté et palais Renaissance de l'autre, c'est un être à deux faces. Aussi familier des rois et du pape que des plus humbles maisons, il a voyagé à travers tout le monde connu.

Au faîte de sa gloire, il a vécu la chute, le dénuement, la torture avant de retrouver la liberté et la fortune.

Parmi tous les attachements de sa vie, le plus bouleversant fut celui qui le lia à Agnès Sorel, la Dame de Beauté, première favorite royale de l'Histoire de France, disparue à vingt-huit ans.

En numérique chez Tropismes : Le grand Coeur

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