«Tu vas voir ta mère morte et tu la regardes dans ta mémoire comme elle était debout dans l'allée où tu l'as vue en vie pour la dernière fois, elle s'appuie sur une canne en bois et elle est en larmes, tu repars à l'étranger où tu travailles»... Les Couleurs de l'hirondelle est un récit en noir et blanc, avec une tache rouge sous la gorge ; un livre vrai comme un tirage argentique des années soixante, celles de l'enfance du narrateur, revenu au pays de la dictature du parti unique (naguère) pour enterrer sa mère. Ou plutôt, pour prendre, physiquement, livraison de son corps nu, dans une morgue qui témoigne, en elle-même, de la corruption toujours à l'oeuvre et plus forte que tout, malgré les régimes et les temps qui passent. Il y aura d'autres allers et retours : entre Bucarest et Lausanne jamais nommées - pas davantage que l'hirondelle -, entre le père et sa fille de onze ans, née à l'étranger, qui seule lui transmettra la clé d'une possible réconciliation avec la petite ville natale. Au coeur du livre, le jeune homme «sorti du rang» prend son tour de garde sur le toit plat de la Maison des Étudiants, d'où il vit la chute du dictateur comme une délivrance et comme une mascarade. Un avenir radieux le démentira-t-il jamais ?
Après La Symphonie du Loup, Marius Daniel Popescu nous donne une cantate ; après un grand roman de formation, une déformation limpide du roman en autobiographie indirecte. Ici encore, une voix nue, elle aussi, affronte, dispute, bouscule et renverse l'Histoire.
Voici des gymnastes roumaines, des cyclistes espagnols, des volleyeuses cubaines ou des pongistes chinois qui sacrifient leur vie, l'épuisent dans l'effort, espérant une victoire dont le sens demeure énigmatique.
Chacune des trente nouvelles de ce recueil porte sur une discipline sportive différente, bien connue ou inattendue, du football au kourach ouzbek, du tennis de table au biathlon. Souvent brefs, ces textes drôles et tragiques recueillent la souffrance et la joie du corps, la chance des perdants et le prix payé par les gagnants.
Arrivés les premiers ou les derniers, sportifs et sportives sont les pièces d'un puzzle qui ne représente rien, sinon la carte approximative du monde actuel : une compétition chaotique, dont personne ne parvient à déterminer les règles ni le classement final.
Au milieu du XIXe siècle, Narcisse Pelletier, un jeune matelot français, est abandonné sur une plage d'Australie. Dix-sept ans plus tard, un navire anglais le retrouve par hasard : il vit nu, tatoué, sait chasser et pêcher à la manière de la tribu qui l'a recueilli. Il a perdu l'usage de la langue française et oublié son nom.
Que s'est-il passé pendant ces dix-sept années ? C'est l'énigme à laquelle se heurte Octave de Vallombrun, l'homme providentiel qui recueille à Sydney celui qu'on surnomme désormais le « sauvage blanc ».
Inspiré d'une histoire vraie, Ce qu'il advint du sauvage blanc est le premier roman de François Garde.
Al Kenner serait un adolescent ordinaire s'il ne mesurait pas près de 2,20 mètres et si son Ql n'était pas supérieur à celui d'Einstein. Sa vie bascule par hasard le jour de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy. Plus jamais il ne sera le même. Désormais, il entre en lutte contre ses mauvaises pensées. Observateur intransigeant d'une époque qui lui échappe, il mène seul un combat désespéré contre le mal qui l'habite.
Inspiré d'un personnage réel, Avenue des Géants, récit du cheminement intérieur d'un tueur hors du commun, est aussi un hymne à la route, aux grands espaces, aux mouvements hippies, dans cette société américaine des années 60 en plein bouleversement, où le pacifisme s'illusionne dans les décombres de la guerre du Vietnam.
Un dogme ressassé à l'envi dans la France contemporaine : toutes les différences entre les sexes sont socialement construites. Pourtant les humains sont programmés pour se reproduire comme tous les autres mammifères, drague et coquetterie étaient originellement liées à la perpétuation de l'espèce.
Partant de ce constat simple mais devenu anathème, Nancy Huston explore les tensions contradictoires introduites dans la sexualité en Occident par deux phénomènes modernes : la photographie et le féminisme.
Dans ce livre sensible et vibrant d'actualité, puissant et brillamment dérangeant, sur un ton personnel, drôle et pourtant informé, évoquant sans détours sa propre expérience comme celle des hommes qui l'entourent, Nancy Huston parvient à nous démontrer l'étrangeté de notre propre société, qui nie tranquillement la différence des sexes tout en l'exacerbant à travers les industries de la beauté et de la pornographie.
Lisbonne, novembre 1807. Les troupes de Napoléon, dirigées par le général Junot, envahissent le Portugal. Sans armée digne de ce nom, le prince régent Dom João, suivi par l'ensemble des membres de la cour royale et de la noblesse, est obligé de fuir en catastrophe, emportant avec lui, dans une cinquantaine de navires, toutes les richesses de son royaume. Sa seule destination possible : la lointaine colonie du Brésil.
Au même moment, à Rio de Janeiro, Dona Josefina, une initiée du candomblé, l'un des cultes spirites issus de l'Afrique, accepte de collaborer avec un vieux médecin portugais à l'un des premiers ouvrages rendant compte de la condition des esclaves du Brésil. Tout d'abord jetée en prison, elle finira par mener à bien son projet et s'attirera les foudres de l'Église.
Dans un respect scrupuleux des faits historiques, Jean-Paul Delfino dépeint, avec violence et tendresse, la naissance du Brésil au monde moderne : une réalité composée d'intrigues royales, d'aventures tumultueuses et de déchirements amoureux. De la souffrance des gamins des rues à la passion de Dom João pour cette colonie qui n'en sera bientôt plus une, Pour l'amour de Rio dresse un portrait haletant et méconnu d'une nation en marche vers son destin.
Ma mère, musicienne, est morte de maladie maligne à minuit, mardi à mercredi, au milieu du mois de mai mille977 au mouroir Memorial à Manhattan
La littérature française contemporaine compte un écrivain, d'origine américaine, dont le premier texte fut découvert et défendu avec ardeur par Raymond Queneau et J.R. Pontalis, publié aux éditions Gallimard avec une préface de Gilles Deleuze, acclamé par des sensibilités aussi différentes que celles de Paul Auster, J. M. G. Le Clézio ou encore Michel Foucault, qui invoquèrent tour à tour D.A.F. de Sade, Lautréamont et Raymond Roussel. Bref, en 1970, faisait
sensation avec la parution de son livre Le Schico et les langues. Depuis, sa trace s'était un peu perdue. Le voici de retour.
Midi dix. C'est la cohue au café. La terrasse est prise d'assaut. Un bon barman se reconnaît au sang-froid et à la dextérité dont il fait preuve dans ces moments-là. S'il n'est pas un peu prestidigitateur, il se trouve vite débordé. Surtout, il perd cette aura de sérénité qui distingue les maîtres des tâcherons. Il s'agit d'aller plus vite que la musique, mais en y mettant les formes. Le sourire est facultatif. N'importe quel crétin est capable de sourire en faisant les choses en dépit du bon sens.
Belfort, place Corbis, au café Le Central, par une lumineuse journée des années 1960. Certains viennent pour être vus, d'autres pour boire en cachette. Ici le verbe haut, là le regard bas ; en terrasse on fête un événement, dans un recoin près du bar on tâche désespérément d'en oublier un autre. Mais se rencontre-t-on vraiment ? Ou n'y a-t-il qu'un écrivain pour donner à la foule son incroyable densité, rappeler que derrière chaque visage se cache une vie entière ? Il est là quelque part qui observe, réinvente la comédie humaine en miniature, et s'attache à ce que vous ne voyiez plus jamais les cafés de la même manière...
1880, Ouchouaya, Patagonie. Orpheline, Emily l'Ecossaise a seize ans. En cette période d'évangélisation du Nouveau Monde, elle est envoyée en Patagonie en tant que «gouvernante» des enfants du révérend. Elle qui ne sait rien de la vie découvre la beauté sauvage de la nature, les saisons de froid intense et de soleil lumineux, toute l'âpre splendeur des peuples de l'eau et de la forêt. La si jolie jeune fille, encore innocente, découvre aussi l'amour, avec Aneki, un autochtone yamana. Alors, sa vie bascule. Réprouvée, en marge des codes et des lois de la civilisation blanche, Emily fugue, rejoint Aneki et croit vivre une passion de femme libre. Jusqu'au drame.
De la colonisation des terres patagonnes à la mort des croyances ancestrales, des affrontements sanglants entre tribus au charme du dépaysement, le roman d'Isabelle Autissier puise à la fois aux sources du réel et de la fiction : qui connaît mieux que la navigatrice les mers du Grand Sud et leurs histoires ? Mais il fallait le talent de la romancière pour incarner ces amants de Patagonie.
Voir sans être vue. Absence de soi aux autres.
La burqa.
Ce voile épais couvrant le corps de mille et une femmes est-il rempart ou prison ?
En une langue lumineuse, à fleur d'âme, Lamia Berrada-Berca sonde les pensées intimes d'une épouse cloîtrée en quête d'elle-même.
Dans Kant et la petite robe rouge, le désir féminin affronte la culture d'origine. Inattendus, un vêtement rouge sensuel et un texte fondateur insufflent la liberté à l'héroïne...