En dialogue avec l'époque. Et autres entretiens

En dialogue avec l'époque. Et autres entretiens
Perec Georges
Ed. Joseph K

Ce florilège des entretiens de Perec permet de suivre le cheminement de l'écrivain à partir de l'automne 1965, où son premier roman publié, Les Choses, obtient le prix Renaudot, jusqu'à l'automne 1981, où - très sollicité depuis La Vie mode d'emploi qui lui a valu le prix Médicis en 1978 et l'a imposé définitivement sur la scène littéraire - Perec effectue plusieurs séjours à l'étranger. Si au tournant des années 80 La Vie mode d'emploi reste au coeur de nombreux échanges, l'heure est souvent aux entretiens thématiques (le jeu, la judéité, le rôle de la mémoire et des contraintes), mais aussi aux bilans et retours en arrière : ses interlocuteurs l'invitent ainsi à jeter un regard rétrospectif sur son oeuvre et à s'interroger sur son évolution. Autre aspect important des propos de cette époque: l'écrivain s'identifie de plus en plus nettement à la cause de l'Ouvroir de littérature potentielle réuni depuis 1960 autour de Raymond Queneau et François Le Lionnais et au sein duquel Perec a été coopté en 1967.

L'élimination

L'élimination
Panh Rithy
Ed. Grasset

«À treize ans, je perds toute ma famille en quelques semaines. Mon grand frère, parti seul à pied vers notre maison de Phnom Penh. Mon beau-frère médecin, exécuté au bord de la route. Mon père, qui décide de ne plus s'alimenter. Ma mère, qui s'allonge à l'hôpital de Mong, dans le lit où vient de mourir une de ses filles. Mes nièces et neveux. Tous emportés par la cruauté et la folie khmères rouges. J'étais sans famille. J'étais sans nom. J'étais sans visage. Ainsi je suis resté vivant, car je n'étais plus rien.»

Trente ans après la fin du régime de Pol Pot, qui fit 1,7 million de morts, l'enfant est devenu un cinéaste réputé. Il décide de questionner un des grands responsables de ce génocide : Duch, qui n'est ni un homme banal ni un démon, mais un organisateur éduqué, un bourreau qui parle, oublie, ment, explique, travaille à sa légende.

L'élimination est le récit de cette confrontation hors du commun. Un grand livre sur notre histoire, sur la question du mal, dans la lignée de Si c'est un homme de Primo Levi, et de La nuit d'Elie Wiesel.

La promenade du grand canal

La promenade du grand canal
Richter Anne
Ed. Age d'homme

Le titre du recueil donne déjà le ton de l’ensemble des nouvelles. C’est une invitation déroutante au voyage. On songe à Venise ou Versailles, à des peintres du XVIIIe ou XIXe siècle et l’on se trouve à Tervuren, aux environs de Bruxelles, en compagnie d’ombres inquiétantes, celles de deux artistes célèbres qui scandalisèrent leur temps, l’Angleterre puritaine. Si le décor des autres récits est également bruxellois, tous les personnages sont actuels. Autre point commun entre les personnages principaux du livre : ils sont tous féminins et cultivent l’art de vivre autrement.

Ce fantastique allusif plutôt que spectaculaire se situe dans une certaine tradition anglo-saxonne ou latino-américaine : ainsi s’explique, chez l’auteur, une prédilection marquée pour henry James, Silvina Ocampo et Gabriel Garcia Marquez.

Née à Bruxelles, Anne Richter a enseigné la littérature française. Elle partage actuellement son temps entre la création et la critique. Nouvelliste, essayiste, anthologiste, elle est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

Le Condottière

Le Condottière
Perec Georges
Ed. Seuil

C’est à la réalisation d’un faux Condottière, le célèbre tableau du Louvre, peint par Antonello da Messina en 1475, que s’est voué depuis des mois le héros de ce livre. Gaspard Winckler est un peintre faussaire. Maître de ses techniques, il n’est pourtant qu’un simple exécutant d’un commanditaire, Anatole Madera. Comme dans un bon polar, dès la première page du livre, Winckler assassine Madera. Ce roman enquête sur les mobiles de ce meurtre dont l’une des raisons sera l’échec du faussaire à rivaliser avec le peintre de la Renaissance. La question du faux en peinture parcourt toute l’œuvre de Perec, et le personnage de fiction, nommé Gaspard Winckler,
apparaît aussi dans La Vie mode d’emploi et dans W ou le souvenir d’enfance. Quant au dernier roman publié du vivant de Perec, Un cabinet d’amateur (1979, 'La Librairie du XXe siècle'), il a pour sous-titre 'Histoire d’un tableau'. Du Condottière, Georges Perec a dit : il est le 'premier roman abouti que je parvins à écrire'. Dans sa préface, Claude Burgelin, rappelle qu’après le double refus, du Seuil et de Gallimard, de publier ce roman, Perec écrivait le 4 décembre
1960, à un ami : 'Le laisse où il est, pour l’instant du moins. Le reprendrai dans dix ans, époque où ça donnera un chef-d’œuvre ou bien attendrai dans ma tombe qu’un exégète fidèle le retrouve dans une vieille malle…' Plus d’un demi-siècle après, on va pouvoir enfin découvrir ce roman de jeunesse de Georges Perec, égaré puis retrouvé 'dans une vieille malle'.

Une haine de Corse

Une haine de Corse
Ferranti Marie
Ed. Gallimard

Histoire véridique de Napoléon Bonaparte et de Charles-André Pozzo di Borgo

Charles-André Pozzo di Borgo voua, sa vie durant, une haine profonde à son ami d'enfance, Napoléon Bonaparte. Marie Ferranti retrace l'histoire de la relation entre ces deux êtres brillants, ambitieux et fougueux. Alors que Bonaparte embrasse la carrière militaire, Pozzo di Borgo devient avocat, participe à la Révolution avant d'être élu député de la Corse. Il assiste à l'ascension de Bonaparte avec méfiance, avant de s'opposer à lui au point de se mettre au service du tsar de Russie, dont il sera un puissant conseiller - rôle dont Napoléon, après sa chute, reconnaîtra l'importance décisive.

En réalité, Marie Ferranti s'intéresse sans doute moins à Pozzo qu'à Napoléon. C'est bien la figure de l'empereur qui transparaît en permanence à travers le portrait de son ennemi. Si brillant soit-il, le personnage de Pozzo ne peut que s'effacer devant le génie napoléonien.

Voici l'oeuvre d'une romancière qui se fait pour l'occasion historienne - à moins que ce ne soit l'inverse - et n'hésite pas à se mettre en scène dans le jeu de miroirs où se reflètent ses deux personnages. Elle nous montre l'Histoire en train de naître au jour le jour dans le creuset des passions humaines.

En numérique chez Tropismes : Une haine de Corse

Quatre conférences

Quatre conférences
Simon Claude
Ed. Minuit

Les quatre conférences réunies dans ce livre, prononcées entre 1980 et 1993, sont ainsi des réécritures ultimes et marquent le point le plus abouti de considérations toujours très réfléchies à partir de quatre objets : La Recherche du temps perdu, la mémoire, la poétique et l'écriture. Entre elles, de nombreux échos ou des références récurrentes font choeur, assez pour faire entendre que leur auteur ne séparait pas des préoccupations que l'exercice de la conférence oblige à dissocier.

En numérique chez Tropismes : Quatre conférences

Si

Si
Bessette Hélène
Ed. Léo Scheer

Si est la suite de N'avez-vous pas froid et de la manière d'autofiction bessettienne. Après son divorce douloureux avec un pasteur, l'héroïne, ici nommée Désira, se retrouve seule dans un petit appartement. La France conservatrice du début des années 60 ne regarde pas d'un bon oeil une femme divorcée. Une femme divorcée qui reste célibataire et aime aller le soir au cinéma, encore moins. Bien décidée à vivre sa vie comme elle l'entend - dans les limites de la bienséance -, Désira est l'objet des rumeurs les plus désobligeantes. On la pense femme de mauvaise vie multipliant les amants, avortée, alcoolique... elle qui ne cherche qu'à traverser l'existence en respectant l'originalité anodine qui est la sienne. Elle se met donc à envisager le suicide comme seule issue possible.

Hélène Bessette évoque cette terrible idée avec un humour noir, irrésistible. Et le livre développe des scénarios de désespoir plus hilarants les uns que les autres, brocardant l'absurdité des conventions sociales, la bassesse des petits sentiments, la méchanceté commune de l'être humain. Martyre mais souveraine, Désira brille de l'éclat de la passion et de l'intelligence.

« Hélène Bessette, furieusement moderne. » Claire Paulhan, Le Monde.

« Saisissant d'âpreté et de justesse. » Nathalie Crom, Télérama.

« La voix caustique d'Hélène Bessette. » Claire Devarrieux, Libération.

« Une des écrivains françaises les plus excitantes de la seconde moitié du XXe siècle. » Raphaëlle Leyris, Les Inrockuptibles.

« Une oeuvre forte, novatrice, originale, cohérente. »
Alain Nicolas, L'Humanité.

Mademoiselle de la Ferté

Mademoiselle de la Ferté
Benoit Pierre
Ed. Albin Michel

«Jacques serait de retour dans un an, en janvier, février tout au plus. Au printemps de 1881, tous deux seraient, sans aucun doute, mariés.

Au printemps de 1881, Jacques de Saint-Selve était en effet marié, mais il n'avait pas épousé Mademoiselle de la Ferté.»

Le mariage de Saint-Selve avec une belle et riche créole sera de courte durée. Le jeune homme meurt prématurément et sa veuve s'installe dans la demeure familiale des Landes, proche de celle de la fiancée délaissée. Tandis qu'Anne de la Ferté prépare avec patience sa féroce vengeance, une relation ambiguë se noue entre les deux femmes. Dans la solitude mélancolique des pinèdes et des marécages, deux fauves s'affrontent en silence, poursuivant une oeuvre d'amour, de haine et de mort.

Les excentriques

Les excentriques
Dansel Michel
Ed. Robert Laffont/Bouquins

Fous ? Marginaux ? Exhibitionnistes ? Mais qui sont donc les excentriques ? Cet ouvrage, original en diable, tente de répondre à cette question en apportant au lecteur de quoi nourrir son imaginaire et se faire sa propre opinion. Il fourmille d'histoires et d'anecdotes baroques, inattendues, invraisemblables, croustillantes sur la face cachée et le jardin secret des grands excentriques, anonymes ou célèbres, d'hier, d'aujourd'hui ou de demain. Il ne prend en compte, le plus souvent, que les excentriques positifs : les créateurs, les inventeurs, les novateurs, les artistes à la démarche émancipatoire, ceux que l'on considère comme des ' fous littéraires ', les personnes de progrès à l'esprit bizarroïde, les hallucinés magistraux, qui font connaître à leurs rêves insensés un prolongement dans la réalité, les grands déboîtés de la vie quotidienne qui préfèrent caracoler sur les talus de l'insolite plutôt que d'évoluer sur les chemins de la norme. Écartant généralement les cas relevant de la justice ou de la psychiatrie lourde, Michel Dansel fait la part belle aux intermittents de l'excentricité, ceux qui par un acte, une parole, une posture ont franchi les portes de la bienséance et du convenu pour se poser, l'espace d'un instant, sur un monde autre, différent, incompréhensible, inaccessible au plus grand nombre. Il montre le rôle libérateur et bienfaisant qu'ont pu jouer les excentriques dans l'évolution des choses et la marche en avant de la société. Il nous permet de mieux comprendre qu'un monde privé de ses marginaux bâtisseurs et novateurs serait un monde gravement sinistré. L'insondable complexité psychologique des personnages qui figurent dans ce livre intéressera au premier chef tous ceux qui ont la sagesse et l'humilité de considérer que la différence est un enrichissement plutôt qu'un obstacle.

Nous veillerons ensemble sur le sommeil des hommes

Nous veillerons ensemble sur le sommeil des hommes
Lalande Françoise
Ed. Luce Wilquin

Dans ce roman, le lecteur ne trouvera ni jolie femme blonde assassinée ni enquêteur à la recherche de celui qui a fait le coup. Il trouvera des millions de morts, et leur assassin est connu. Mais il accompagnera un enquêteur qui observe certains enfants de cette histoire-là.

Lors d'une réunion de la famille Keil en Israël, trois membres venus de pays différents, Léa de Berlin, Lila du Petit Royaume et Julius de Seattle, apporteront une réponse, lumineuse ou scandaleuse selon les convictions, aux questions posées par l'après-Auschwitz.

Nous veillerons ensemble sur le sommeil des hommes est le roman du bonheur fragile, des amours souvent troublées et de la solaire jouissance des corps.

Un roman pour affirmer le triomphe des corps, après le temps où ceux des Juifs étaient comme des jouets entre les mains du fou.

Un roman polyphonique, un roman-monde.

Le chef-d'oeuvre de l'auteur de La séduction des hommes tristes

 

Newsletter