Avant la chute

Avant la chute
Humbert Fabrice
Ed. Le passage

En Colombie, la famille Mastillo tente de survivre sur son lopin de terre dans la jungle. Au Mexique, le sénateur Fernando Urribal, à l’abri de son grand domaine, partage son temps entre la capitale et l’état e Chihuahua. En France, dans une cité, le petit Naadir vit paisiblement au milieu des siens en tâchant de ne pas voir l’irruption des dangers.
Progressivement, ceux-ci vont pourtant voir leur existence basculer. Emanuel Mastillo est tué et ses deux filles, Norma et Sonia, deviennent des migrantes, remontant toute l’Amérique centrale pour
rejoindre les Etats-Unis. Le sénateur Urribal voit sa position menacée de toutes parts, entre les soupçons politiques et les menaces des cartels de la drogue. Quant à Naadir, la mort d’un jeune du quartier et la blessure de son propre frère en font le témoin contrarié et pourtant visionnaire de la chute.
Vaste fresque d’un monde qui se défait, le roman de Fabrice Humbert raconte la montée des périls, le basculement des sociétés mais aussi l’énergie de la vie. Avec le sens de la narration qui a fait le succès de L’Origine de la violence et de La Fortune de Sila, il relate notre histoire à tous.

Partie de chasse

Partie de chasse
Desarthe Agnès
Ed. L'Olivier

Au cours d’une partie de chasse, un homme tombe dans une galerie souterraine. Tristan est désigné pour rester sur les lieux tandis que les autres iront chercher du renfort. Mais les secours n’arrivent pas et la tempête se lève. Une longue attente commence. Tout en essayant de soutenir moralement celui qui s’est blessé en tombant (et dont il se sent si loin), Tristan se remémore la suite des événements. Il revit sa rencontre avec sa femme Emma, l’évolution de leur relation. C’est elle qui l’a convaincu de partir chasser, pour que les autres l’acceptent dans le cercle des hommes. Il repense aussi à sa mère malade dont l’image le hante encore aujourd’hui, au petit garçon docile qu’il était alors à son chevet. Et lui, qui a toujours plié sous la volonté des femmes, interroge enfin la place de son propre désir.

Tristan s’abrite de la tempête comme on se terre au fond d’un terrier, dialoguant en cachette avec un animal rescapé de la partie de chasse, quand les voix des humains ne lui parviennent plus. La nature se déchaîne alors dans une colère salutaire. Et peut-être le déluge, qui emporte tout sur son passage, obéit-il au rêve de Tristan de faire table rase.

Avec Une partie de chasse, Agnès Desarthe signe un roman violent et énigmatique. Il nous parle d'un monde que les dieux auraient abandonné, laissant la place aux pulsions les plus secrètes qui dorment dans le cœur des hommes.

Les lisières

Les lisières
Adam Olivier
Ed. Flammarion

Entre son ex-femme dont il est toujours amoureux, ses enfants qui lui manquent, son frère qui le somme de partir s'occuper de ses parents « pour une fois », son père ouvrier qui s'apprête à voter FN et le tsunami qui ravage un Japon où il a vécu les meilleurs moments de sa vie, tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence. De retour dans la banlieue de son enfance, il va se confronter au monde qui l'a fondé et qu il a fui. En quelques semaines et autant de rencontres, c'est à un véritable état des lieux personnel, social et culturel qu'il se livre, porté par l'espoir de trouver, enfin, sa place. Dans ce roman ample et percutant, Olivier Adam embrasse dans un même souffle le destin d'un homme et le portrait d'une certaine France, à la périphérie d elle-même.

Mother

Mother
Lang Luc
Ed. Stock

«Mais il sait aussi que si ce pauvre corps maternel secoué de tant de spectres et où résonnent tant de voix célestes et d'outre-tombe, si ce pauvre corps agonisant maintenant vidé de son venin peut ainsi se blottir contre sa poitrine sans dommages, il sait aussi, au détour furtif de son propre reflet dans la glace ou de son visage saisi au vif sur une photographie, il sait reconnaître les traits et les expressions de sa mère dont la vitalité intacte est à présent en lui, irriguant ses propres tissus, oui, sa mère se tient à présent en lui plus que dans ses bras, elle l'habite tel un alien dont la présence s'avoue parfois, si fulgurante, si éruptive qu'il se surprend alors, traversé de peur panique, d'être sa mère devenu. Sa mère qui se recompose comme l'horizon de sa finitude et de son destin, tu as vu ? on dirait ta mère... l'échappée lui semble impossible, sa mère dessine comme l'accomplissement de sa propre mort. Sa mère l'attend, sa mort l'attend, il glisse sur la pente, il dévisse, se débat, il voudrait redessiner son visage, l'injecter de botox, le taire dans l'immobilité minérale d'un sable que la mer lisse, non, que l'océan annule, mais les yeux demeurent, les yeux et le regard, à l'identique.»

La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment

La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment
Dannemark Francis
Ed. Laffont

Magie de l'amour, de l'amitié... et du cinéma

Max a une cinquantaine d'années. Veuf et père de deux enfants, il exerce le métier de psychologue. La vaste maison ou il vit est pleine de charme mais délabrée. Sous le nom de « La Maison aux bons soins », il y avait rassemblé des médecins et des praticiens du bien-être, mais il ne reste plus grand-chose aujourd'hui de ce trop beau projet. Et Max s'inquiète. Il est incapable de payer les nombreuses réparations urgentes qui s'imposent, il n'a pas de nouvelles perspectives et il ne lui reste que quelques semaines pour prendre des décisions et trouver des solutions.
En attendant, qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, Max continue à accueillir chez lui chaque mercredi soir les membres de son ciné-club : sept femmes et son vieil ami Jean-François, grand amateur de comédies de l'âge d'or du cinéma américain et animateur passionné de leurs soirées.
Leur bonheur partagé est de se laisser emporter par la magie de films qui rendent plus léger le cours des jours. Et aussi de parler de l'amour, qui leur a souvent joué des tours mais dont ils attendent, sans trop oser le dire ou même le savoir, qu'il retrouve une place dans leur vie.
À ce groupe chaleureux de cinéphiles enthousiastes va se joindre une dixième personne, Felisa, une femme mystérieuse venue au départ pour consulter Max. Avec ses dons de guérisseuse, de voyante peut-être, qui est-elle ? Une folle ou une fée ? Toujours est-il que, peu à peu, tandis que l'on chemine vers l'été, la vie de chacun va changer de couleur.

1995. On n'est pas sérieux quand il y a 17 ans

1995. On n'est pas sérieux quand il y a 17 ans
Wajskop Bruno
Ed. Editions nouvelles Cécile Defaut


Max Silvermann, 45 ans, s'endort chez lui le 10 janvier 2012 et se réveille le 13 septembre 1995. Il a toujours le même âge et découvre avec angoisse qu'il n'a jamais existé pour personne, ni pour sa soeur, ni pour sa femme, Gloria, qu'il se met en quête de retrouver alors qu'elle a vingt ans de moins que lui. Comment exister ? Que faire de son savoir sur le futur ? Comment subsister sans identité, sans argent, sans personne ? Comment, surtout, survivre au 'deuil' de sa fille Pauline, 18 ans en 2012, jamais née en 1995 ? Le changement d'époque, du coup, est vécu sur un autre mode que celui d'usage dans les histoires de voyages dans le temps. C'est que l'époque n'a aucune importance.

Un roman illustré, dont les images n'illustrent pas le texte.

Ajiaco

Ajiaco
Lippert Jean-Louis
Ed. Miroir sphérique

Un spectre hante la littérature : le spectre de l'aède. Il est le refoulé d'une ère prosaïque interdisant que soit traduit en chant le poème du monde. Sa mélopée depuis la guerre de Troie, dans un miroir sphérique, offre une vision globale dont s'élucident les trompe-l'oeil du dernier demi-siècle.

Seuls guidèrent sa descente aux abîmes des songes qui ne se font pas les yeux fermés. Transfuge des deux rives en flagrant délit d'exil où qu'il soit, l'aède Anatole Atlas accomplit ici le plus beau de ses rêves : celui d'un homme qui réinvente l'univers au-delà de la mort.

En lui la voix de Lazare s'unit à celle d'Orphée pour actualiser le voyage d'Osiris.

Ici la parole s'empare donc d'Eve, d'Eurydice et d'Isis : ange-démon, fée-sorcière, oiseau-serpent des origines dont la transe ne conjure pas tous les sortilèges du dragon quand celui-ci vêt armure d'archange au sommet de la capitale d'Europe.

Quelles noces unissent-elles ces forces antagoniques pour emmurer l'humanité dans une géhenne d'images édéniques ? Orpailleur du temps dont les pépites illuminent un livre écrit de siècle en siècle, l'aède nous distille une alchimique sémiologie de la cosmopolis. Oeuvre allégorique, parabole pure, sa cosmythologie se veut, contre toutes les formes d'empoisonnement psychique, une hiérophanie de l'image dialectique.

Mais, d'avoir épousé tous les espoirs déçus des vaincus de l'Histoire, qui plus que lui doit-il supporter la violence de l'échec ? Jusqu'après la mort il demeure fidèle à cette étoile rouge dont il fut chevalier servant toute sa vie, contre l'unique opinion mondiale.

Témoin oculaire de l'avenir non moins que visionnaire du passé, l'aède annonce de longue date aux vivants que le paradis du mythe s'ouvrira dès lors qu'ils habiteront historiquement leur monde.

Car la nostalgie de l'unité perdue rejoint l'utopie d'une sphère commune à tous.

Ne s'en faut-il pas d'un regard pour que s'évanouisse le cirque des idoles en la fausse lumère projetée par les miradors de la tour Panoptic ?

L'aède est un miroir de la révolution qui vient.

Mais il nous conte aussi la plus étrange histoire d'amour jamais imaginée dans un roman. Amour, Révolution, Création : ARC faisant jaillir dans une cinquième dimension - celle du rêve et de la mémoire - une flèche vers l'ailleurs qui permet au lecteur lui-même de conjurer son propre évanouissement dans la mort.

Peut-être un espace-temps vertigineux s'ouvrira-t-il à celui-ci. Peut-être s'avisera-t-il du fait que les multiples censures frappent l'oeuvre de l'aède (aventure d'une écriture autant qu'écriture d'une aventure), comme expérience des limites où se joue le destin de la parole humaine, éclairent la dimension politique de toute vraie littérature.

Peut-être découvrira-t-il que nul n'est innocent du crime narré dans cet AJIACO.

Présentation de l'auteur

voir aussi www.spherisme.be

 

Musique absolue. Une répétition avec Carlos Kleiber

Musique absolue. Une répétition avec Carlos Kleiber
Le Maire Bruno
Ed. Gallimard

« Tandis que lui avait du génie. Faites un effort ! Mettez-vous cela dans le crâne ! Ou sinon, mieux vaut arrêter notre entretien tout de suite. Je n'ai plus l'âge de répéter quinze fois les mêmes choses. Vous me rebattez les oreilles avec les autres chefs. Depuis une heure, vous me les citez tous comme si je ne les connaissais pas : sachez que je les connais, je les connais cent fois mieux que vous, ils ont dirigé à deux mètres de mon pupitre, je les observais de biais. Je leur devais obéissance. Oui, je veux bien, ils ont un petit talent, ils savent faire. Mais lui seul avait du génie. »

Cavalcade. Poème anthropophage

Cavalcade. Poème anthropophage
Tholomé Vincent
Ed. Le clou dans le fer

Un éleveur sibérien quitte les plaines de l’est pour se rendre à Omsk où il pense trouver les semences nécessaires à la survie de son troupeau. Abandonnées à leur sort, les bêtes vont rompre toutes les alliances et se lancer dans un cycle révolutionnaire drolatique sur fond de cataclysme indéfini. De ruées aveugles dans les zones industrielles en combats effrénés pour le recommencement des êtres et des choses, de débandades en dispersions, les animaux vont tenter de s’organiser pour livrer bataille à l’univers humain dans l’espoir que celui-ci n’en sorte pas indemne. Cavalcade est le troisième livre de Vincent Tholomé publié dans la collection expériences poétiques. Après The John Cage experiences qui explorait les possibilités narratives du hasard (nouvelle édition disponible depuis mai 2012), Kirjubaejarklaustur qui revisitait la forme de la saga islandaise sur le mode métaphysico-burlesque, c’est cette fois au récit épique et à la genèse primitive que Vincent Tholomé s’est attaqué en donnant à la fusion des genres le ton d’une inquiétante loufoquerie.

La vie rêvée d'Ernesto G.

La vie rêvée d'Ernesto G.
Guenassia Jean-Michel
Ed. Albin Michel

La traversée du siècle d'un héros malgré lui. Un grand roman du désenchantement par l'auteur du Club des Incorrigibles Optimistes.

Du Paris des années 1930 à l'effondrement communiste des années 1980, le parcours de Joseph Kaplan, fils et petit-fils de médecins praguois : ses amours, ses engagements, ses désillusions et surtout la rencontre, en 1966, avec un révolutionnaire cubain, un certain Ernesto G., dans son sanatorium de Prague, qui bouleversa sa vie.

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