France, récit d'une enfance. Ce livre trouve son origine dans l'ardente nécessité qu'éprouve la narratrice de dire à sa mère, gravement malade, tout ce qu'elle lui doit.
Rien d'évident dans cette enfance française, malgré l'école, les fêtes villageoises, la joie de découvrir - à l'insu de tous - la littérature et l'art. Les cinq premières années en Algérie, les conflits avec un père harki, le racisme ordinaire, le rejet, ont douloureusement marqué la petite fille puis l'adolescente rebelle. Quand les souvenirs affluent, ils disent la peur, la solitude, la violence qui lui a été faite et son désir de fuir.
Mais ils disent aussi l'appétit, la curiosité, et l'envie de vivre en société: si la jeune fille a donné des gages, si elle est devenue excellente élève, si elle s'est fait accepter par ses voisins, cultivant avec eux leur jardin et partageant leur histoire, c'est bien grâce à sa mère. Cette femme qui, elle, a refusé l'assimilation, qui ne parle que le berbère et libère les animaux en cage, n'a eu de cesse de transmettre à sa fille la fierté de ses origines: elle n'est pas l'enfant sans passé et sans gloire dont la société française lui renvoie l'image.
Elle est riche d'une généalogie et de la possibilité de s'en inventer d'autres: car elle appartient aussi bien à sa famille réelle qu'à celle des héros de la littérature américaine qui l'ont tant marquée et au milieu rural dans lequel elle a grandi.
Si Zahia Rahmani se penche aujourd'hui sur son enfance, si elle rend à sa mère un hommage bouleversant de tendresse, son livre est aussi un appel vibrant contre la violence insidieuse, celle que perpétue toute une société à l'égard de ses propres enfants.
Présentation de l'éditeur
Voici neuf histoires inquiétantes et profondes comme l'eau des puits, où se mêlent la loufoquerie et le tragique, la chimère et le désastre, le souvenir et l'angoisse. Neuf histoires contrastées dans lesquelles, touchés par la grâce ou anéantis par la violence de la fatalité, les êtres pourchassent la vie heureuse et espèrent la mort paisible. Après son si bouleversant roman Du mercure sous la langue, Sylvain Trudel propose des nouvelles à l'écriture tout aussi éblouissantes, où l'imagination, l'érudition et l'émotion composent un troublant bouquet.
Présentation de l'éditeur
Pour se connaître enfin soi-même, il n'est pas de meilleur moyen que de connaître bien son ennemi. Ordinairement, celui-ci ne fait pas mystère de sa personne : on ne voit et on n'entend que lui partout. Mais le narrateur de ce livre va devoir s'employer à débusquer le sien, mort en 1888 et oublié presque aussitôt. Désiré Nisard, critique littéraire académique et compassé, sermonneur versatile, n'en a pour autant pas fini de nuire. Il a pesé de tout son poids sur la trame légère des jours comptés à l'humanité. Il a contribué au malheur de celle-ci, aujourd'hui encore accru par les fatales conséquences de ses moindres opinions et petits gestes mesquins. Tout cela appelle une juste vengeance. Désiré Nisard doit disparaître. L'idéal serait qu'il n'ait jamais vécu. La plus infime trace de son existence sera effacée. Ce livre entend lui régler son compte une bonne fois.
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Ce que nous vendons à Coca-Cola c'est du temps de cerveau humain disponible. Chloé Delaume a voulu comprendre en quoi consistait la mise en disponibilité mentale des téléspectateurs. Durant 22 mois, du lever au coucher, elle s'est faite «sentinelle» de la télévision, devenant son propre sujet d'étude, se soumettant aux flux de messages médiatiques et publicitaires, ingurgitant le maximum de programmes de divertissement, téléréalité surtout, pour en ramener «des informations du réel». À travers cette expérience limite, la narratrice décrypte sa mutation en cours : cerveau et corps se modifient inéluctablement. Quand l'humain n'est plus qu'un outil au service de «la fiction collective».
J'habite dans la télévision est un puzzle où chaque pièce pullule de références, de propos télé-rapportés, appliquant au discours du neuro-marketing une grille de lecture singulière, dont la lucidité a parfois des accents paranoïaques. L'humour de Chloé Delaume sédimente ce texte et invite chacun à s'interroger sur la marge de manoeuvre de son libre arbitre.
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Macbeth, brandissant son poignard - Vois-tu, Duncan, je n'arrive pas à me défaire d'un doute. J'ai été Macbeth et je continue de l'être, de cela je suis sûr ; seulement mes souvenirs sont confus et les preuves m'échappent, si bien qu'il m'est impossible de savoir si j'ai été le vrai roi d'Écosse ou plutôt un comédien dans le rôle du roi d'Écosse. Tu pourrais peut-être m'aider à me faire une opinion ? Tu connais l'histoire de ton pays, tu connais la tragédie, et Shakespeare, ça te dit quelque chose. Tu sais que Macbeth est ce garçon pris de panique pour un rien, capable d'assassiner le roi légitime, le bon Duncan, pour prendre sa place et régner quelque temps dans la peau de l'usurpateur. Alors, dis-moi, maintenant que je te tiens au bout de ce poignard, si je suis là pour te divertir comme un clown ou te terroriser comme un tyran. L'incertitude est douloureuse, tu le sais : la vie n'est qu'une ombre qui...
Duncan - Décide-toi une fois pour toutes, Macbeth, qu'on en finisse. (Il meurt.)
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Je suis le cocu magnifique auquel il pousse des cornes, je suis pourchassé, soupçonné d'appartenir à une cellule d'Al-Qaeda démantelée près de la frontière italienne. Je suis le chasseur Actéon puni par Diane et transformé en cerf, bientôt déchiré par les mâchoires de ses chiens qui ne le reconnaissent pas, et je suis l'ancien ministre macédonien Ljube Boskovski, qui fuit parce qu'il aurait assassiné des réfugiés. Je suis Bobby Fischer, Curzio Thomsen et Slavo Smith, une prostituée romaine et une duchesse un peu cinglée, et un jeune adolescent pakistanais aussi. Je suis Balakh et Ghulam, je suis suspendu au pied d'un Béninois caché dans le train d'atterrissage d'un avion qui survole l'Adriatique, je suis en route pour nulle part et tenté de tout lâcher.
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Voir également le dossier consacré à Arno Bertina dans le n°78 du Matricule des anges
Une fillette en colère assiste au remue-ménage incompréhensible des adultes.
Elle attendra le temps qu'il faut pour fuir.
Tout est bon à vivre, même la peur pour se tirer d'affaire.
Dans sa course elle croise les autres : les dérisoires, les remarquables.
Jusqu'au jour où un homme posera sa grande main sur elle pour l'arrêter. Cet homme c'est Nathan : un scintillement bref, un éclat d'amour.
Puis la nuit noire.
Courir dans les bois ou courir ailleurs pour tomber finalement sur soi. Pour s'en réjouir.
Pour comprendre que rien ne dure, ni la lumière, ni la nuit.
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Avant de nourrir et d'héberger, l'hôtel et le restaurant se doivent d'être les lieux rêvés de l'amour. C'est là la conviction de Georges Romillat, jeune professeur d'amour à l'École hôtelière.
Avec une de ses élèves qui devient sa femme, il fonde l'Hôtel du Large afin que la pratique ressemble à la théorie.
L'imprévisible imprévu voit la naissance d'un fils phénoménal: Sylvain, enfant prodige et prodigue, champion du sexe précoce, de l'homosexualité, de la mythomanie, du spectacle-roi, du bonheur marginal, de la générosité et de l'irresponsabilité financière (liste non close).
Le roman familial qui traverse les «Trente glorieuses», la guerre d'Algérie, Mai 68 et jusqu'aux années sida et à l'euro, voit pour finir la chute de la maison du Large laminée par l'apparition des grandes chaînes hôtelières.
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«On ne lutte contre un pouvoir abusif qu'en le racontant. On ajoute des mots, grands et petits, sur des mots qui préexistent. On ne dénonce pas, on révèle des personnages coincés entre l'Histoire et leurs petites histoires, entre majuscules et minuscules.»
Il y a un demi-siècle, au large de Madagascar, sur l'île de Juan de Nova, une mine de phosphate est cédée à «une frange d'hommes au service du pouvoir». Parmi eux, Barnabé Dole, un bourreau ordinaire. Au crépuscule de sa vie mercenaire, il évoque cet enfer colonial méconnu. Fascinée et accablée par sa confession testamentaire, une autre voix émerge. Celle de Nathan, l'ancien amant de Barnabé, qui entame une enquête à la fois sentimentale et éthique sur l'itinéraire d'un survivant jamais repenti de l'horreur. Avec Les îles Éparses, Jean-Louis Magnan met son lyrisme au service d'une anti-épopée, celle des décombres de l'amour et de la vanité de la toute-puissance.
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J'ai recueilli et adapté dans ce livre douze (plus une) des nombreuses vies de Jacques Roubaud, un peu partout dans le monde, à des époques différentes. Stylite, il est monté à vingt-trois ans prier sur une colonne. Troubadour, il s'est retiré dans une cabane en attendant le pardon de sa dame. Devenu Sir James Roubaud, il a rendu ses lettres de noblesse à Robert Hooke, dont Newton a volé honteusement les travaux sur la gravité. Compagnon de Sébastien Châteillon, il a, sous le nom de Jacobus Robaldus, défendu, en plein seizième siècle, l'idée de tolérance religieuse. Il a été Pierre Corneille Roubaud, abrégeant les pièces classiques pour redonner un plaisir nouveau au public et faciliter le travail des comédiens. Et Orson Roubaud, auteur du fameux chef-d'oeuvre cinématographique La Nuit des lapins géants.
Octavius J. Cayley, professeur émérite de l'Université de Saint-Andrews à Lochgelly (Ecosse).
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