«J'écris des romans depuis l'âge de quatre ou cinq ans. Revenant du Petit Cours La Fontaine, rue du Ranelagh, un genou légèrement écorché pendant la récréation, j'ai prétendu avoir été attaqué par un loup égaré avenue Mozart. Fort heureusement, j'avais pu le tuer avec un bâton. C'est bien mon premier roman. Faute de savoir écrire, je le parlais. Quatre-vingts ans plus tard, rendons justice à mes parents. Au lieu de se moquer de moi, ce qui, étant donné ma déjà grande susceptibilité, aurait brisé une carrière en herbe, ils feignirent de me croire et répandirent l'histoire dans leur entourage où des cris d'effroi et d'admiration accueillirent mon exploit. J'aurais dû les trouver pas mal crédules et même leur rire au nez, mais, on le sait, la vanité des auteurs est immense et, de toute façon, il est à peu près certain qu'à force d'entendre répéter cette fable, j'ai fini par y croire moi-même.» Michel Déon, Préface, 2006.
Présentation de l'éditeur
Comprend :
Thomas et l'infini
La chambre de ton père
Les trompeuses apparences
Les poneys sauvages
Un taxi mauve
Un déjeuner de soleil
La montée du soir
Cavalier, passe ton chemin !
«Ici, la table de travail n'est plus chargée d'aucun livre. À leur place se dresse un écran et à portée un téléphone. Là-bas, au loin, dans un édifice immense, sont tous les livres et tous les renseignements. De là, on fait apparaître sur l'écran la page à lire pour connaître la question posée par téléphone.» Paul Otlet, 1934.
Bien peu de gens connaissent aujourd'hui le nom de Paul Otlet (1868-1944), ainsi que les mots de Palais Mondial, de Mundaneum ou de Cité Mondiale. Les dictionnaires et les encyclopédies les ignorent, comme si cette fascinante utopie avait disparu sans laisser de traces. L'aventure dura pourtant plus d'un demi-siècle, mobilisant des énergies considérables et suscitant le concours de personnalités prestigieuses.
Prolongement des rêves encyclopédiques des XVIIIe et XIXe siècles, aux accents parfois grandioses et parfois dérisoires, l'aventure du Belge Paul Otlet touche à l'histoire du livre et des bibliothèques comme à celles des institutions internationales et du mouvement pacifiste. À travers le rôle joué par Hendrik Andersen et Le Corbusier, elle constitue aussi une page importante de l'urbanisme moderne. Mais le projet du Mundaneum apparaît surtout aujourd'hui, à travers certaines intuitions de Paul Otlet, comme une préfiguration conceptuelle d'Internet.
Dans cette passionnante et première biographie de Paul Otlet, Françoise Levie retrace l'histoire d'une utopie qui aurait pu réussir, d'une grande intuition qui finit par se changer en obsession, d'un rêve de Paix universelle qui bascula dans le délire. L'histoire d'un apparent échec, et d'une victoire posthume pour le moins inattendue...
Présentation de l'éditeur
Une saison en enfer, considérée à juste titre comme une oeuvre majeure de la littérature française, fut publiée à Bruxelles. C'est aussi dans la capitale belge que son auteur, Arthur Rimbaud, se fâcha définitivement avec son ami Paul Verlaine, le Pauvre Lélian. Leur aventure tumultueuse était faite d'admiration réciproque, de complicité littéraire mais aussi de conflits et d'amours inassouvies. La relation des deux hommes, entamée quelques mois auparavant, trouvera son paroxysme dans la chambre d'un triste hôtel bruxellois, entre la Grand-Place et les galeries de la Reine.
Les deux poètes se disputent. Verlaine, ivre de bière et de ressentiment, tire sur son compagnon deux coups de revolver et le blesse au poignet. Commence alors le fameux procès de Bruxelles. Parmi les pièces saisies par la police belge, des lettres superbes échangées entre les deux hommes alors qu'ils travaillaient aux Vers nouveaux et aux Romances sans paroles.
Verlaine, le « pitoyable frère », sera condamné et incarcéré deux années à la prison de Mons, tandis que Rimbaud ira se réfugier à Roche, dans la ferme familiale, afin de terminer sa Saison en enfer. Peu après, le Voyageur toqué, Chose, la Sale Bête - comme aimait à l'appeler son ami d'enfance Ernest Delahaye - abandonnera l'écriture pour se perdre dans des voyages en Europe, avant de s'embarquer définitivement pour l'Afrique où il deviendra l'Absent.
Ce livre a été composé à partir de documents du procès, longtemps interdits de consultation jusqu'à une période récente, pour des raisons morales. Il retrace l'aventure bruxelloise des deux poètes depuis le brouillard de Londres et les vapeurs d'absinthe des cafés parisiens. En filigrane apparaissent aussi les autres protagonistes de l'histoire : Mathilde Mauté, l'épouse bafouée, Edmond Lepelletier, l'abominable canaille, les deux mères, Vitalie Cuif et Élisa Dehée, ainsi que l'impitoyable juge, Théodore t'Serstevens.
L'affaire de Bruxelles
L'ouvrage contient plus d'une centaine de documents authentiques, photos, fac-similés de lettres, de poèmes, pièces de police et de justice, dont certains n'ont jamais été reproduits jusqu'ici.
Composé avec le concours de la Bibliothèque royale de Belgique, c'est le premier ouvrage entièrement consacré à l'Affaire de Bruxelles.
Présentation de l'éditeur
Les femmes et la lecture dans l'art occidental
« Les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes ; depuis l'aube du christianisme jusqu'à aujourd'hui, entre nous et eux, circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d'interdits, d'appropriations, de réincorporations. »
Laure Adler
L'histoire de la lecture féminine se reflète dans la peinture et la photographie. Les artistes de toutes les époques ont représenté des femmes en train de lire. Pourtant, il aura fallu des siècles avant qu'il soit accordé aux femmes de lire à leur guise.
Ce qui leur incombait d'abord, c'était de broder, de prier, de s'occuper des enfants et de cuisiner. Dès l'instant où elles envisagent la lecture comme une possibilité de troquer l'étroitesse du monde domestique contre l'espace illimité de la pensée, de l'imagination, mais aussi du savoir, les femmes deviennent dangereuses. En lisant, elles s'approprient des connaissances et des expériences auxquelles la société ne les avait pas prédestinées. C'est ce chapitre captivant de l'histoire de la lecture féminine que Laure Adler et Stefan Bollmann explorent, avec un soin particulier du détail. Le fil de l'analyse conduit du Moyen Âge au temps présent, en s'attachant plus spécialement à certaines oeuvres de Rembrandt, Vermeer, mais aussi Manet, Matisse ou Hopper, jusqu'à la fameuse photographie d'Eve Arnold montrant Marilyn Monroe en train de lire Ulysse de James Joyce.
De courts textes de commentaire accompagnent ce choix de peintures, de dessins et de photographies.
Présentation de l'éditeur
Paul Hasselbank et Floyd Paterson n'ont aucune raison de se rencontrer. L'un vit à Toulouse. Il est gravement malade. L'autre habite North Bay (Ontario). Il sillonne les grands espaces et chasse à l'arc en solitaire.
Pourtant, à leur insu, quelque chose relie ces deux hommes. Quelque chose, ou plutôt quelqu'un. L'un et l'autre ont aimé la même femme, Anne, qui les a quittés. Dès lors, leur rencontre devient inévitable. Entre Hasselbak, le Français au bout du rouleau, et Paterson, l'homme des bois, une relation violente et subtile se noue. Dans le huis clos d'une maison rouge isolée par le blizzard, au bord d'un lac gelé, ils vont connaître, enfin, leur heure de vérité.
Ces hommes entre eux peuvent-ils survivre dans un monde transformé en désert par la disparition d'une femme ? Hantés par les archers invisibles d'Aguirre ou la Colère de Dieu, ils tentent d'échapper aux flèches que leur réserve le destin.
Porté par la beauté des paysages glacés du Grand Nord canadien, ce roman étincelant nous conduit jusqu'à cette part animale qui gît au fond de chacun d'entre nous, faisant de l'un une proie et de l'autre un chasseur.
Présentation de l'éditeur
Qui est Richard Taylor ? Un fils et frère modèle, l'époux ordinaire d'une vie trop commune, un jeune père sans relief, un banal employé de la BBC ? Un peu tout cela à la fois. Pourquoi vient-il de fuir sa propre existence ? La réponse ne sera jamais donnée qu'en creux, par ouï-dire, au gré des témoignages d'une dizaine de femmes l'ayant cotoyé avant ou après sa disparition. Parmi elles : l'épouse, la mère, la voisine de palier, la collègue de bureau, l'amie transsexuelle, l'amante sans lendemain, l'attentionnée psychiatre, ou encore la dramaturge suicidée Sarah Kane...
La disparition de Richard Taylor est un roman qui interroge à plusieurs voix la crise d'identité masculine de notre époque. Arnaud Cathrine quitte l'enfance de ses précédents huis clos familiaux pour se confronter à une multitude d'incarnations féminines et libérer dans sa langue une crudité et une densité nouvelles.
Présentation de l'éditeur
Frédéric Berthet (1954-2003) est considéré, à juste titre, comme le meilleur écrivain et l'un des plus grands espoirs de sa génération. Sa mort prématurée, à l'âge de quarante-neuf ans, a été, pour tous ses amis, une épreuve douloureuse. Ses livres Simple journée d'été, Daimler s'en va, Felicidad ont des admirateurs nombreux et fervents.
Mais voici la surprise : le journal, très détaillé, qu'il a tenu, à l'âge de vingt-cinq ans, dans la perspective d'un grand roman, «Trêve». Ce sont des cahiers, transcrits par un de ses amis, Norbert Cassegrain, qui montrent à l'évidence un talent exceptionnel. Tout, ici, est intelligent, rapide, frais, déchirant et drôle. On ne s'ennuie pas une minute dans ce volume effervescent où règnent, en filigrane, deux figures majeures, Kafka et Fitzgerald. Portraits de jeunes filles étourdissants. Franchement, c'est une grande révélation, et, bien qu'on soit entre 1979 et 1982, entre Paris et New York, la sensation d'actualité est frappante. Plus franchement encore : c'est génial. Philippe Sollers
Présentation de l'éditeur
Voir également La Nouvelle Revue Française/Janvier 2007 - n°580 dans laquelle est publié un récit de F. Berthet
On nomme 'baïne', dans le Sud-Ouest de la France, une lagune entre le rivage et un banc de sable, formée par la houle de l'Atlantique. Des failles dans le banc génèrent un courant violent, appelé 'sortie de baïne', qui attire au large le nageur imprudent.
Sandrine Laguibson, la trentaine, a réalisé son rêve d'estivante : habiter toute l'année à Soulac, une station balnéaire de la pointe de Grave. Ses deux enfants sont nés dans la région, ainsi que son époux, leurs amis.
Survient 'L'Etranger', Arnaud, le Parisien, en repérage pour les besoins d'un film.
Sa fréquentation ouvre à Sandrine un nouvel horizon.
Et creuse une brèche, par où la rumeur s'engouffre.
Présentation de l'éditeur
'De ce côté-ci, on dit que c'est sombre et chatoyant [...]. Une mythologie gonflée de bière qui reconduit la toute-puissance virile des jeunes mâles et encolle nos doigts tel un sparadrap indifférent aux secousses. Ce n'est pas la petite maison dans la prairie, pas un endroit pour fifilles, on est prévenues, on en rigole. A l'automne 1978, nous pénétrons la terre rock via le canyon Blondie avec la fébrilité naïve d'un orpailleur tamisant les rapides. Quinze ans ai-je dit, bientôt seize, il est temps.'
Le Havre, 1978. Elles sont trois amies : Lise, Nina et Marie, la narratrice. Lycée, garçons, aviron, la vie quotidienne. Un dimanche de pluie, elles font du stop, et dans la R16 surgit la voie de Debbie Harry, chanteuse de Blondie. Debbie, blonde, joueuse, sexy, Debbie qui s'impose aux garçons de son groupe, Debbie qui va devenir leur modèle. Jusqu'au jour où Nina découvre l'amour et la voix cristalline de Kate Bush qui, d'un coup de pied romantique et pop, vient fissurer le trio jusqu'ici soudé comme un roc.
Présentation de l'éditeur
Voilà c'est tout simple : les personnages ont entre dix-huit, dix-neuf et vingt-trois, vingt-quatre ans.
Paysage : la France de la fin des années 70. Ville, campagne ombragée et bords de mer. Ils vont dîner; ils tombent amoureux, ils font de la métaphysique et sont abominablement normaux. A-bo-mi-na-ble-ment, scanda Charles levant un doigt.
- Et alors ?
- Et alors, tout le tralala. Bref, ils font connaissance avec cet asile de fous qui inclut toutes les terres habitées situées à plus de dix kilomètres de leurs berceaux. Compris, ma grande ?
Véro le regarda avec inquiétude.
- Et tu as fait ça tout seul, toutes ces histoires ?
- Mmh.
- Tu dois être crevé ?
- Je suis épuisé. Agonisant. Positivement mourant.
Et la nuit vient à peine de tomber.
Ils fissonnèrent.
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