Ils racontent dans quelles circonstances ils sont arrivés et vivent ici, au «pays Bonheur» (ainsi le nommaient-ils, quand ils étaient encore là-bas). Ou bien ils rêvent de notre Eldorado et se préparent au grand départ. Ils savent plus ou moins les conditions, les intermédiaires, les passeurs, les tarifs, les multiples dangers. Car beaucoup échouent. Se font prendre ou dépouiller. Ou meurent en chemin.
«Tu ne parles pas bonheur? Pas un mot? Difficile, ça va être pour toi.» A qui dit-on cela? Sokoto? Cachemire? Ou Karachi? Ou Lagos?
Ils sont clandestins, simples toponymes dans cette histoire qui les écoute ou les prend à témoin. Et leurs récits convergent, s'amplifient, s'entrelacent comme les multiples ramifications du flux migratoire. Tous ensemble ils forment un grand choeur narratif à la langue bouleversée et puissante, qui nous invite à entendre la pulsation même de leur peur et de leur espoir. De leur bonheur parfois.
Présentation de l'éditeur
Dans la France des années 2010, minée par de violents antagonismes sociaux, culturels et écologiques, cinq jeunes hommes, menés par un leader charismatique qui prône l'inaction et l'effacement, vont affoler, malgré eux, la République sécuritaire.
Il faut un soupçon de courage et beaucoup d'insouciance pour quitter une vie ennuyeuse pour une vie d'ennuis. Il faut de l'inconscience pour jouer les superhéros dans une fourgonnette qui sent le chevreau et suivre les yeux roux d'une fille dont la malchance congénitale peut changer vos vacances en guerre civile.
Foudres de guerre raconte, de l'intérieur, la naissance hasardeuse, l'essor et la chute grandiose du mouvement le plus immature, populaire et dangereux de ces cinquante dernières années. Entre la Bretagne, les Landes et l'ancienne banlieue parisienne, le destin de ces jeunes gens croise celui d'une société qui s'effondre.
Présentation de l'éditeur
Une grenade qui explose. Un bonze en torche vivante. 1963, Saigon suffoque. Tuyêt aussi, dont les « pourquoi » ne trouvent aucun « parce que ». Mais ça ne fait rien : elle n'a que dix ans. Plus tard, elle comprendra tout. C'est écrit dans le ciel depuis que le ciel existe. Il faut juste attendre.
Très vite cependant, elle n'est plus une, mais deux. L'une rêve encore de poussins, l'autre sait qu'il n'y en a plus. La passerelle ? Un monde où réel et imaginaire s'entrelacent, où l'on croise des personnages étrangers. Un pays en marche vers son destin, où flotte la douceur d'un sourire, celui du journaliste français, son héros (au fait, ce dernier existe-t-il vraiment ?).
Un roman où les questions surgissent, bruyamment ou en silence, à l'image des bombes qui éclatent ou des souffrances qu'on tait. Une histoire douce-amère narrée sur un ton tendre et drôle par une enfant éprise de fous rires, de glace parfumée à la solitude et de métaphores.
Présentation de l'éditeur
Seize lettres écrites entre 1951 et 1963 par Gaston Chaissac (1910-1964), 'peintre rustique moderne' rattaché longtemps à l'art brut.. L'édition de ces lettres respecte l'orthographe des originaux. Elles sont adressées au docteur Périgord, que l'auteur a connu en 1941 lors d'une convalescence ; à René Mendès-France, qu'il côtoye lors des expositions de ces oeuvres de 1940 à 1945 ; au maire de Martigné-Briand ; au directeur des Nourritures terrestres ; à Jean Vodaine...
Le chapitre manquant d'Ouest
'C'est bien ce qui embarrasse Lambert, que son maître soit mis en doute et que lui, le simple employé, soit comme pris en amitié. Il faut dire, ils se sont trouvé un même goût, Lambert et Victor Hugo. Tous les deux, c'est les chiens, ils les aiment. [...]
Guernesey sort tout juste de la pénombre, les hommes de peine quittent leurs maisons, les pêcheurs. Victor Hugo interroge Lambert sur ses chiens, et leur race et leur taille et leur nom ; s'ils ne vont pas perdre leur conduite, si longtemps loin de leur maître. Il s'y entend, Victor Hugo, un fameux homme, pense Lambert, vraiment un homme de valeur, un connaisseur des chiens. Lux saute autour d'eux. Victor Hugo prend un air grave : Et vos chiens à vous ? Que font, loin de nous, ceux que nous aimons ? Ils se penchent tous les deux, Hugo, Lambert, vers la mer, comme si les chiens des Perrières allaient surgir de la mer, en meute, par l'est.'
Dérive faisait partie d'une version intermédiaire du roman Ouest, paru en 2006 aux éd. Viviane Hamy. Dans l'économie du récit lui-même, il est apparu à François Vallejo que ces pages ne devaient pas figurer dans la version définitive.
Pour l'éditeur, cependant, cet épisode possédait une existence autonome forte. Et il aurait été bien fou de se priver sans retour de la rencontre entre la figure de Victor Hugo et les personnages de Ouest...
Présentation de l'éditeur
À l'aube du XXe siècle, Jean Paulhan vint vivre à Madagascar : « Il y a des pays de collines rouges où l'on trouve de petits lacs verts. C'est un pays tout à fait bien. Et puis on est libre » confiait-il alors à un ami. Nommé au nouveau Collège de Tananarive - que venait de fonder le Gouverneur général Augagneur -, le jeune professeur s'intéressa aux Malgaches et à leur langue, recueillir des proverbes traditionnels en passe d'être oubliés, les Hain-Teny, mais se heurta bientôt aux manières des fonctionnaires et des colons. Ces 121 lettres adressées à sa famille pendant les trois années de son séjour forment un témoignage ingénu, souvent critique et parfois visionnaire, sur la vie quotidienne d'une Colonie. Mais Madagascar est surtout le lieu initiatique où le jeune homme rêveur, loin de l'emprise de sa famille et de sa fiancée, passa à l'âge adulte. C'est là aussi que s'enracina son goût pour le langage et ses secrets pouvoirs...
« Il fait froid chez nous ce soir », écrivait-il à sa mère en juillet 1909. « Maintenant la nuit est venue. Tout à l'heure Autret [son colocataire] va rentrer et nous dînerons. [...] Puis nous descendrons dans la ville et dès que nous aurons dépassé le palais de la Reine il fera brusquement très chaud. Alors nous nous arrêterons de courir. Nous ne fumerons pas mais nous marcherons très doucement et nous causerons avec les gens sur la route. / Nous passerons entre le collège et les arbres du jardin d'Andohalo. [...] Quand nous serons au bout du jardin, je dirai à Autret : « Allons-nous à Antaninarenina ? » C'est le beau quartier, celui de la résidence et des XXX des gens bien. ' Non, dira Autret, il ne faut pas nous accoutumer au luxe. ' Alors nous ferons encore un grand tour par de petites rues, dans du sable et des tas de cendres, avec une lanterne à la main. / Souvent nous nous sommes déguisés en malgaches, les pieds nus dans des sortes de sandales de moines, en grand lamba, et la figure un peu noircie. et nous avons causé, quelquefois, avec d'autres malgaches sans être reconnus. Nous étions fiers. »
Présentation de l'éditeur
Ahmed Rassim (1895-1958) est l'un des plus originaux et des plus doués des écrivains égyptiens d'expression française. Créateur entre deux mondes, pensant en arabe et écrivant en français, il est l'auteur d'une ?uvre aujourd'hui injustement oubliée.
À la lisière du surréalisme, son ?uvre poétique mêle la tradition de l'Orient à une esthétique occidentale. Ses personnages de fiction, ceux du Petit Libraire Oustaz Ali ou du Journal d'un pauvre fonctionnaire, nous apparaissent aujourd'hui comme des anti-héros proches de ceux d'Albert Cossery, empreints de sensualité, de sagesse et de fatalisme. La réédition de ces Oeuvres permet de découvrir celui que Georges Henein appelait «un grand seigneur qui fit v?u de poésie».
Ce volume inédit est accompagné d'un appareil critique et de présentations qui situent l'?uvre de Rassim dans le contexte de l'Égypte des années 1930-1950.
Présentation de l'éditeur
Ce lexique (80 entrées) est écrit sur un ton tour à tour précis, attendri, grave, primesautier. Bien que délibérément subjectif, il est assez documenté, nourri d'expériences vécues et de franches rencontres pour permettre aux lecteurs d'attachement de mieux saisir les quelques beaux enjeux d'un métier assez peu célébré.
Depuis hier, aujourd'hui, mais également pour demain, le livre - qui est, plus que jamais, en question - a tout à gagner à être mis entre de bonnes mains par des gens de généreuse compagnie pour qui la lecture est, plus encore que la profession, une véritable façon d'être.
Présentation de l'éditeur
'La fête chez les Stones bat son plein, je fais un tour rapide de la cour puis un tour du jardin, Angie n'est pas là. Il y a comme toujours certains habitués et quelques nouvelles têtes, maintenant je connais à peu près tout le monde. Ils ont invité un nouvel orchestre qui tape sur des steel pans. J'aime bien les sons rauques de ces bidons d'essence rétamés et vernis, toujours un peu faux, les musiciens qui jouent aujourd'hui viennent de Trinidad. Je suis venu donner mon adresse à Angie, j'ai écrit une lettre. Je vais pour la glisser sous la porte quand je devine quelqu'un debout derrière mon dos.'
Présentation de l'éditeur
Ce livre a été écrit sous les balles. C'est-à-dire que les balles sifflaient devant ma fenêtre. J'habitais, au moment de la libération de Paris, en août 44, un hôtel du Quartier latin, dans une rue adjacente à la rue Soufflot où se sont produites plusieurs escarmouches.
C'est précisément à cette période-là que, bloqué dans ma chambre, n'osant mettre le nez à la vitre, j'écrivais Elisabeth. En même temps, je me posais la question : 'Est-il possible d'écrire sur les événements présents ?' Ma réponse était : 'Non, on ne peut pas, il faut du recul.'. Et je n'ai pas changé sur ce point. E.R.
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