Une nuit rouge, incendiaire au cours de laquelle se dessine une généalogie troublante, improbable : un père aventurier aux multiples destinées, une mère réfugiée dans des souvenirs enchanteurs, des animaux fantastiques, des enfants retournés à l'état sauvage, un secret si lourd qu'il ne peut être dit. Joseph Orban nous convie à un parcours haletant à travers un univers où tous les possibles s'entremêlent dans une langue poétique, sublime et hallucinée, qui tient autant de Claude Simon que d'André Baillon.
Un enfant, reclus dans un domaine à l'abandon où la nature a recouvré ses droits, nous raconte le paradis sanguinaire et merveilleux dans lequel lui, ses frères et soeurs vivent. Doit-on croire cet enfant qui nous parle ? Doit-on, à notre tour, prendre en haine ceux qui refusent de comprendre, ces gens qui usent encore des mots ?
Car, après tout, les gens disaient l'étable...
Présentation de l'éditeur
« Quelque chose est là tout à coup qui lui dit, lui répète qu'il existe un malheur plus grand que le malheur : la spoliation de ce malheur, et que personne, fût-ce avec l'excuse des bonnes intentions, l'excuse de la Charité et même celle de l'Amour, personne, non, personne n'est en droit de l'en déposséder. »
Trois personnages au sortir de l'enfer, une jeune femme et deux jeunes hommes, s'unissent, par l'entremise d'un quatrième et la magie d'un Livre, pour déjouer le Complot du Déni.
Présentation de l'éditeur
maternA est l'un des chefs-d'oeuvre d'Hélène Bessette, publié pour la première fois en 1954 et jamais réédité jusqu'à aujourd'hui. maternA avec un A capital final car « le A est l'enfance de la vie » écrit l'auteur. Ainsi toutes les héroïnes portent-elles des noms se terminant en A. Ce détail poétique au sein d'un roman de trame classique symbolise le style d'Hélène Bessette : avec humour et audace, il sollicite la curiosité du lecteur sans troubler ses repères et en exacerbant le plaisir de la lecture.
Les personnages, institutrices, se sentent prisonnières d'un métier qu'elles ont honte de détester. Leurs rivalités et leurs névroses apparaissent en révélant leurs stratégies de survie quotidienne, d'un comique désespéré. On découvre la passion quasi amoureuse de l'une d'entre elles pour sa directrice tandis qu'une nouvelle venue, ne correspondant pas au moule de ses collègues, se voit publiquement méprisée jusqu'à l'humiliation, ce qui menace à la fois sa carrière et sa vie sentimentale. L'une des intrigues est focalisée sur ce personnage détonnant dans le paysage consensuel, miroir de l'auteur. Parviendra-t-elle à échapper aux griffes de ses collègues jalouses ou sera-t-elle broyée par le système ?
Présentation de l'éditeur
Vienne brûle. Trois jours et trois nuits. Le narrateur observe. L'incendie réveille en lui des souvenirs qui le lient à six maisons réduites en cendres, en réalité six femmes.
Il ignorait alors ce que chacune d'elle désirait de lui une fois la porte franchie : désir d'étreinte ou désir de dévoration ? Au coeur du désastre, il rencontre aussi le photographe Robert Frank, avec qui il a un entretien presque imaginaire. « J'ai longtemps pensé que ce que je cessais de voir cessait d'exister. Plus tard, j'imaginais ce qui pouvait se dire lorsque je ne parlais plus. Est-ce que la parole continue de parler lorsque je cesse de parler ? Où est ma voix dans mon corps ? Il faut entendre ce que la parole ne dit pas. »
Le grand incendie de l'homme, c'est la femme.
Présentation de l'éditeur
L'homme qui parle ici avance dans la nuit parallèle des « séries » - de mots ? de nombres ? d'images sans fin dérobées ? - pour résoudre l'énigme dont le « double récit » du poème est à ses yeux investi. Il s'agit aussi d'une enquête (« son père », « Qui ? ») plus fragmentaire d'obéir à la loi du vers, mais reconduite face au vide, à la vision muette que le langage égrène. La question de l'identité est au centre : elle s'y confond.
Tout comme Le jeu des séries scéniques, avec lequel il forme une manière de diptyque, 1, 2, de la série non aperçue était paru chez Flammarion en 1976, dans la collection « Textes ». Il importait de redonner à lire aujourd'hui ces deux livres fondateurs, emblématiques de la « modernité négative » qui se dessinait à l'époque, retournant les propositions poétiques et narratives admises - vers un espace ignoré.
Présentation de l'éditeur
Une Enfant (la narratrice) plonge dans une nuit aussi grammaticale qu'onirique, cherchant à démêler le faisceau d'images aveuglées qui l'entravent : d'une violence froide - et d'une beauté foudroyée - le roman familial ne peut pourtant s'écrire que sous la forme oraculaire, qui reconduit son mystère en s'incarnant dans la matière fragmentée du langage. Et dans l'ombre qu'elle projette, sur les parois de la caverne mentale.
Tout comme 1, 2, de la série non aperçue, avec lequel il forme une manière de diptyque, Le jeu des séries scéniques était paru chez Flammarion en 1976, dans la collection « Textes ». Il importait de redonner à lire aujourd'hui ces deux livres fondateurs, emblématiques de la « modernité négative » qui se dessinait à l'époque, retournant les propositions poétiques et narratives admises - vers un espace ignoré.
Présentation de l'éditeur
Quelle est cette affaire de trou qui nous anime ?
Quelle est cette ville ? et l'affaire d'y vivre. Pour y creuser soi ? Soi-même est absent de toute ville. Ou alors il est entravé par sa posture, muselé dans ses tics et ses trucs. Il ne revient à lui que par la bande, par tout ce qui a été prononcé et qui aurait pu rester dans l'air. Je vis dans la nature insupportable de l'homme, la ville est son trou, son milieu naturel. Et c'est là-dedans, dans le milieu de la parole non parlée et des gestes larvés et des violences télévisuelles et du patronat et de la bêtise comme culture nationale, que je vis. Dans ce trou-là, cette fosse sceptique de tout ce que les humains peuvent faire pour se débarrasser de la pensée. Et notre seul concept sera de tenter malgré tout d'y prendre l'air. Prendre tout. Dire tout et même son contraire. S'égarer dans le voisinage, emporter deux trois idées, traverser quelques histoires, en aimer quelques-unes, et quitter toutes les autres, jusqu'à occuper seul le terrain de l'angoisse. Le terrain de sa propre langue où tout est à faire.
Je fais de la poésie parce que demain je suis mort.
Présentation de l'éditeur
« Je crois que notre fraternité - sur tous les plans - va encore plus loin que nous l'envisageons. De plus en plus, nous allons gêner la frivolité des exploiteurs, des fins diseurs de tous bords de notre époque. Tant mieux. Notre nouveau combat commence et notre raison d'exister. Du moins, j'en suis persuadé... Je le devine et je le sens. »
René Char à Albert Camus, 3 novembre 1951.
On savait Char et Camus frères en amitié. Les quelque deux cents lettres inédites ici rassemblées l'attestent, qui retracent ce que furent les engagements et les travaux communs des deux hommes après-guerre et leur proximité attentive et réciproque. Mais ce qui donne tout son sens à cette correspondance est ce qui l'a peut-être initiée : la rencontre et la reconnaissance de deux oeuvres en même temps que leur convergence dans une époque de démesure et de déraison. Tout comme « l'envie d'écrire des poèmes ne s'accomplit que dans la mesure précise où ils sont pensés et sentis à travers de très rares compagnons » (Char à Camus), le moment de doute dans l'accomplissement d'une oeuvre ne peut que s'appuyer sur « l'ami, quand il sait et comprend, et qu'il marche lui-même, du même pas » (Camus à Char)... Une façon lumineuse, entre Ventoux et Luberon, de rejoindre l'intuition de Julien Gracq qui, avec l'éloignement du temps, voyait se « rapprocher aussi, dans la signification de leurs oeuvres, deux amis dont les silhouettes pouvaient sembler si différentes ».
Présentation de l'éditeur
D'abord un charroi brut et violent, l'expérience nocturne de la ville, l'errance entre masculin et féminin, la saisie de tout ce qui concerne le corps dans la traversée du présent. Une écriture tenue au jour le jour, et sous cette pression rythmique à nu, peu à peu, l'approche d'une autre quête : celle, sans réponse, que nous menons tous et qui concerne l'origine. Des hommes, des femmes, ont été déplacés d'un continent à ces îles, et ceux qui sont au fond de la mer veillent peut-être sur les vivants, ceux qui parcourent aujourd'hui cette ville, au terme d'une autre traversée. Que portons-nous des morts qui nous habitent, qu'exigent-ils de nous pour ce présent de la ville ? François Bon
Présentation de l'éditeur
Un éclatement de formes où interviennent des lettres, des phrases d'enfant, des descriptions d'objets scientifiques et des listes d'inventions à faire. Le monde : d'étranges jardins, parfois familiers, parfois fantastiques. Il ne s'agit plus d'un homme, d'une femme, et du témoin de leur relation, mais les personnages deviennent roi, reine, coiffeur. Un univers qui fait de notre quotidien le palais de notre relation à l'autre. En quoi le monde d'aujourd'hui modifie le plus élémentaire de cette relation d'un être à un autre ? Pascale Petit n'invente pas de roman, ne décrit pas le monde, ne se réfugie jamais dans l'allégorie : elle met à l'épreuve ce qui nous lie à nos proches, dans le contexte le plus actuel de ce qu'est vivre aujourd'hui. François Bon
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