Annabel

Annabel
Winter Kathleen
Ed. Christian Bourgois

En 1968 au Canada, un enfant voit le jour dans un village reculé de la région du Labrador. Ni garçon ni fille, il est les deux à la fois. Seules trois personnes partagent ce secret : les parents de l'enfant et Thomasina, une voisine de confiance. Ces adultes prennent la difficile décision de faire opérer l'enfant et de l'élever comme un garçon, prénommé Wayne. Mais tandis que ce dernier grandit, son moi caché - une fille appelée Annabel - ne disparaît jamais complètement...

« Bien plus que des questions de chromosomes, Annabel traite de la propension des humains à la cruauté, au mépris et à l'ignorance, tout autant qu'à la tolérance, à la générosité, à la force. La réussite de Winter ici est tout aussi miraculeuse que la naissance de Wayne. » Christine Fischer, The Globe and Mail

« Remarquable. Un texte profondément émouvant en même temps qu'un puissant cri de ralliement. » The Times

La Canne du destin

La Canne du destin
Carroll Lewis
Ed. Sillage

– « Ô pâtures dont le parfum / Embaume le bleu firmament / Havre des humbles »…
– Malandrins, suggéra le Baron.
– Malandrins ?! répéta le poète en ouvrant des yeux éberlués.
– Oui, des malandrins. Des gitans, si vous préférez, répliqua calmement son hôte. On en trouve souvent endormis dans le pré.
L’inspiré haussa les épaules et reprit :
– « Havre des humbles violettes »…
– Malandrin rime nettement mieux que violette, objecta le Baron.
– Tant pis ! rétorqua l’autre.

Illustrations de Lewis Carroll

Superman est arabe

Superman est arabe
Haddad Joumana
Ed. Actes sud

Faisant suite à J'ai tué Schéhérazade et écrit avec la même verve, ce livre de Joumana Haddad dénonce le système patriarcal qui sévit dans le monde arabe et qui s'enracine dans les trois religions monothéistes. En discriminant la femme au sein de la famille et dans la vie sociale, ces religions n'ont pas seulement favorisé le machisme mais l'ont aussi institutionnalisé et sacralisé. Machisme qui, sous les apparences de la force, de la confiance en soi, de l'aplomb, de la fierté individuelle ou clanique, traduit au contraire un profond sentiment d'insécurité et des peurs irrationnelles.

En ce temps de grands bouleversements politiques dans cette région du monde, l'auteure insiste, en mariant confidences, réflexions, traits d'humour et échappées poétiques, sur cette idée que les luttes engagées ces deux dernières années pour la liberté et la dignité n'aboutiront à rien sans l'affirmation progressive d'une « nouvelle masculinité » arabe, c'est-à-dire sans l'établissement d'un rapport radicalement différent entre l'homme et la femme - et entre chacun d'eux et son propre corps.

Le Bouquiniste Mendel

Le Bouquiniste Mendel
Zweig Stefan
Ed. Sillage

Dans la Vienne du début du siècle, il n’est pas un bibliophile qui ne connaisse Jakob Mendel, catalogue vivant de l’ensemble du savoir imprimé. Monomaniaque à la mémoire prodigieuse, affreusement peu doué en affaires, il est affligé d’une boulimie bibliographique qui fait de lui un homme précieux. Perpétuellement installé à la table d’un café du vieux Vienne dont il a fait son quartier général, il délivre ses expertises érudites à tous les amateurs ou spécialistes qui ont le bon sens de venir le consulter.

La Première Guerre mondiale va mettre sens dessus dessous l’univers de Mendel, et le précipiter brutalement dans le monde des vivants, dont il n’a jamais rien appris…

Clair

Clair
Barker Nicola
Ed. Jacqueline Chambon


Le 5 septembre 2003, l'illusionniste new-yorkais David Blaine entre dans une boîte en plexiglas transparente au-dessus de la Tamise et entame un jeûne qui doit durer quarante-quatre jours. Nuit et jour, des badauds l'observent, entre fascination, hostilité et indifférence. Adair Graham Mackenny, vingt-huit ans et fashion victim de son état, comprend vite qu'il tient là le spot idéal pour lever des filles. Malgré un grave complexe d'infériorité, tout semble se dérouler comme prévu, jusqu'à ce qu'une femme armée d'un sac rempli de boîtes Tupperware le traite ouvertement de maquereau...

En prenant comme point focal de son intrigue David Blaine et les réactions suscitées par sa performance, Nicola Barker dépeint une société rongée par l'illusion, la célébrité et la faim. Elle livre aussi une puissante réflexion sur le roman, cette boîte transparente dans laquelle se débattent des personnages pour des lecteurs pornographes. Unanimement salué par la critique à sa sortie, porté par des personnages délicieusement excentriques et une exubérance linguistique où se manifeste un rare génie de l'écriture, enfin traduit en français, Clair est un roman peep-show délirant et profond.

L'entrée du Christ à Bruxelles

L'entrée du Christ à Bruxelles
Verhulst Dimitri
Ed. Denoël

Par une journée grise et ordinaire, une brève nouvelle apparaît sur Internet : Jésus-Christ va bientôt faire son entrée à Bruxelles. Les Belges accueillent l'information avec sérieux et sérénité. Leur pays est une destination favorite de la Sainte Famille et la Vierge y est plus d'une fois apparue. Les questions se posent cependant : qui aura le privilège d'accueillir le Christ ? À qui donnera-t-il ses premières interviews ? En quelle langue ? Une fièvre de préparatifs s'empare des habitants de la ville, toutes communautés et religions confondues. Seuls les catholiques paraissent inquiets...

En quatorze « stations » qui sont autant d'humoristiques examens de soi, de la Belgique et finalement du monde contemporain, Dimitri Verhulst nous embarque dans une fable d'une irrésistible drôlerie.

L'Ange Esmeralda

L'Ange Esmeralda
DeLillo Don
Ed. Actes su

On rencontrera, dans les textes qui composent ce recueil, des hommes méditatifs pistant, presque malgré eux, des femmes incompréhensibles (Baader-Meinhof, La Famélique), un mari fidèle qui, bloqué sur une île caribéenne par un avion qui n'arrive pas, finit par tuer le temps en séduisant une passagère comme lui en stand-by (Création), une jeune femme tétanisée par les répliques annoncées d'un tremblement de terre en Grèce (L'Acrobate d'ivoire) ou un banal joggeur dont l'enlèvement d'un enfant sous les yeux de sa mère vient perturber l'immuable parcours (Le Coureur). Ailleurs, dans Le Marteau et la Faucille, la crise des subprimes et ses conséquences sur le marché mondial se voient, dans le cadre d'un très surprenant programme pédagogique, déclinées à la télévision par deux fillettes devant un parterre médusé de détenus aux allures de Madoff.

Qu'il lance ses personnages en orbite autour de la Terre (ainsi des astronautes de Moments humains dans la Troisième Guerre mondiale), les fasse évoluer dans les quartiers déshérités de New York (L'Ange Esmeralda), ou retourne contre eux les divertissements inoffensifs auxquels ils croyaient se livrer (Dostoïevski à minuit), Don DeLillo, de dialogues elliptiques et cryptés en rencontres décalées, met en scène des individus victimes de silencieuses catastrophes où s'abîme l'inquiète charade de leurs existences.

Avec ces nouvelles écrites entre 1979 et 2011, Don DeLillo propose une variation aussi magistrale que singulière sur l'intranquillité à l'oeuvre chez l'homme contemporain tentant de s'adapter, à travers une paranoïaque recherche de sens, au sentiment d'insécurité qui gouverne sa vie aussi fragile qu'illisible.

En numérique chez Tropismes : L'Ange Esmeralda

A l'épreuve de la faim. Journal d'une île froide

A l'épreuve de la faim. Journal d'une île froide
Exley Frederick
Ed. Monsieur Toussaint Louverture

Quatre ans après la publication du Dernier stade de la soif, Frederick Exley [1929-1992], qui s'imaginait déjà payer les traites d'une luxueuse chevrolet, continue pourtant de traîner ses sous-vêtements sales et sa folie ordinaire aux quatre coins du pays. De l'île de Singer, peuplée d'adolescents nonchalants et de losers fêlés, au prestigieux atelier d'écriture de l'Iowa où il est censé enseigner, il poursuit la grande entreprise de démolition de sa propre vie au coeur d'une Amérique hypocrite et ingrate.  Capricieux, grossier et sans une once de remords, il développe une nouvelle obsession : l'écrivain Edmund Wilson, tout juste décédé. Partageant avec ce dernier une foi inébranlable en l'écriture et une capacité hallucinante à boire, Exley trouve en Wilson un homme à révérer et une carrière à laquelle, sur l'échelle du désastre, mesurer la sienne. Dans ce vrai-faux journal, cru et sans fioritures, il consigne sa colère et son insatiable faim de littérature.  Ce livre n'est pas la suite du Dernier stade de la soif, c'est un instantané des années 1970, traversé de dérives, de deuils et de transgressions. C'est la quête sans compromission d'un écrivain prêt à tout pour achever son manuscrit.  C'est surtout la tentative ambitieuse et désespérée d'un homme de se soustraire à ce qu'il nomme le chagrin universel.

La belle indifférence

La belle indifférence
Hall Sarah
Ed. Christian Bourgois

« Sept histoires habilement composées, précises, sensuelles, nourries d'adrénaline, traversées par une sensation de violence sans cesse latente. » Helen Simpson, The Guardian

« Ces histoires nous prennent toujours au dépourvu, contrariant les attentes dramatiques les plus évidentes... et en deviennent ainsi d'autant plus dramatiques. Cette prose est magnifique. » The Times

« Les prouesses de l'écriture de Sarah Hall, déjà justement célébrées par le passé, sont d'autant plus perceptibles au fil de ce recueil. Elle évoque les lieux, les paysages, avec talent et sensualité... Les changements de narration d'une histoire à l'autre sont aussi maîtrisés que saisissants. » Jodie Mullish, The Telegraph
 
« Sarah Hall est une artiste au talent aussi considérable que concis. Chaque histoire est un bijou. Ainsi rassemblées, elles constituent un recueil au pouvoir extraordinairement sensuel. » The Sunday Times

En numérique chez Tropismes : La belle indifférence

Esquisses pour un troisième journal

Esquisses pour un troisième journal
Frisch Max
Ed. Grasset

Les deux premiers journaux de Max Frisch sont des œuvres littéraires à part entière, conçues comme un genre en soi, et revues et publiées de son vivant. Le cas du troisième journal est différent. Le tapuscrit a été retrouvé dans les archives de Max Frisch, alors que l'auteur l’avait clairement laissé de côté (d'où son titre). Max Frisch commence ce « journal » en forme d’aphorismes et de récits brefs au début des années 1980 et le rédige jusqu’à son décès en 1991. Portraits de ville, récits de la vie aux Etats-Unis, indignations et coups de tendresse alternent dans une langue superbe, parfois fulminante. Réflexion sur l’affrontement entre deux mondes, la Suisse et les Etats-Unis, c’est aussi et surtout le récit d’un cheminement vers la mort, dont Frisch ne cesse de se demander comment elle va venir, quand elle va surgir. Ce dernier texte littéraire de l’auteur est un testament d’une grande noirceur, qui parle de la vanité de l’écrivain ne s’adressant qu’à sa génération, juge sévèrement sa dernière œuvre, Barbe-Bleue, et doute de sa postérité. Ce qui n’empêche pas l’humour, ou des fragments oniriques : Frisch dessine sa maison rêvée, peint la vie qui s’y déroule et parle aux morts sur sa véranda...

Max Frisch, né et mort à Zurich (1911-1997), est un écrivain majeur de la Suisse de l’après-guerre. Architecte de formation, journaliste, grand voyageur, il est l’auteur de plusieurs romans, dont le célèbre Homo Faber (Gallimard), de pièces de théâtre et d’un Journal. Stiller (Grasset, 2009) est tenu pour une œuvre capitale.

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