En 2009, le magazine Time envoie Nick Mc Donnell, alors âgé de 25 ans, sur le front irakien. Accompagnant la première Division de cavalerie américaine jusqu'à Bagdad et Mossoul, il nous offre une description aussi intense que stupéfiante de tous ses acteurs - depuis les interprètes mal vus par la population jusqu'aux fantassins essayant tant bien que mal de rendre utiles leurs missions anti-insurrectionnelles, en passant par les commandants endurcis aussi insensibles devant les journalistes américains que face aux responsables irakiens. Associant analyse percutante et compte rendu d'une réalité apocalyptique, McDonell porte un regard amer et ironique sur la célèbre phrase de George W. Bush lors de son discours intitulé «Mission Accomplie», en 2003 : «Je déclare la fin des combats militaires en Irak.»
Mike Teak est un diplômé de Harvard comme les autres - du moins en apparence. Sportif de haut niveau, issu d'une famille aisée, il est recruté pour intégrer les services secrets américains. Lors d'une mission de routine, il est envoyé dans un village somalien pour livrer de l'argent et un téléphone à Hatashil, un guerrier orphelin devenu chef des rebelles. Mais quelques minutes après leur rencontre, des missiles déciment le village. Si Mike réchappe de justesse à l'attaque, le cours de sa vie en sera changé pour toujours.
À mi-chemin entre le monde universitaire et la realpolitik, entre les clubs élitistes de Harvard et les pistes poussiéreuses de Somalie, Le Prix à payer est une histoire d'amour et de corruption, de trahison et de violence. Un portrait cinglant et sans concession de l'Amérique comme McDonell en a le secret.
Un livre merveilleux, émouvant et plein de finesse.
Qui se souvient de Kurt Gerron, de son destin inouï et tragique ? Né dans une famille juive à Berlin en 1897, il est le comédien, le metteur en scène et le réalisateur le mieux payé d'avant-guerre (L'Opéra de quat'sous avec Brecht, L'Ange Bleu avec Marlene Dietrich). Courtisé par Hollywood, il refuse de partir. La Gestapo l'arrête en 1940. Comme beaucoup d'autres artistes juifs, il est enfermé au camp de Theresienstadt. Là, Rahm, Obersturmführer SS, lui commande un film de propagande sur la vie du camp : Le Führer offre une ville aux Juifs.
Pourquoi Gerron accepte-t-il de tourner ce film ? C'est la question récurrente et aussi le point de départ de ce roman vrai. Le pacte que conclut Gerron livrera à jamais au monde une image ignoble et mensongère, déformera la vie qu'il a connue à l'intérieur de Theresienstadt, bafouera la souffrance et l'horreur vécues par tant de milliers de gens. Son film sera une trahison, jusque dans la promesse de lui valoir la vie sauve.
« Gerron est un trésor de l'Histoire. » NDR Fernsehen, Kulturjournal
« La manière dont Lewinsky utilise la voix de Gerron, à la fois brève et détaillée, le ton plaisant et secret du dialecte juif berlinois de l'époque, sont un véritable miracle littéraire. » NZZ am Sonntag
« Dans ce roman brillant, à la fois touchant et angoissant, Charles Lewinsky retrace l'incroyable histoire de la vie de cette star du cinéma que fut Kurt Gerron. Un texte sur la puissance de la conscience et la force de l'amour. » Dresdner Morgenpost
« D'une voix de velours, Gerron nous révèle un pan tragique de l'Empire allemand. » Kölnische Rundschau
« Kurt Gerron a été arraché à l'oubli ; la lumière a été faite sur la tragédie de sa vie, ce qui n'est pas un petit mérite. » Darmstädter Echo
« Une histoire d'amour. Incontestablement. Charles Lewinsky sait raconter comme nul autre, comme s'il était Kurt Gerron, la banalité de ces personnages qui, au bord du gouffre, arrivent néanmoins à se surpasser. » Die Welt
« Un roman captivant. » Tages Anzeiger
Le jour de ses neuf ans, Rose Edelstein mord avec délice dans le gâteau au citron préparé pour l’occasion. S’ensuit une incroyable révélation : elle ressent précisément l’émotion éprouvée par sa mère, alors qu’elle assemblait les couches de génoise et de crème. Sous la douceur la plus exquise, Rose perçoit le désespoir. Ce bouleversement va entraîner la petite fille dans une enquête sur sa famille. Car, chez les Edelstein, tous disposent d’un pouvoir embarrassant : odorat surpuissant ou capacité de se fondre dans le décor au point de disparaître. Pour ces superhéros du quotidien, ce don est un fardeau. Chacun pense être affligé d’un mal unique, d’un pouvoir qu’il faut passer sous silence. Comment vivre lorsque les petits arrangements avec la vérité sont impossibles ? Comment supporter le monde lorsque la moindre bouchée provoque un séisme intérieur ?
Comme le singulier gâteau de Rose, les livres d’Aimee Bender sont recouverts d’un succulent glaçage, fait d’humour et de fantaisie. Dans ce texte plein de charme, proche des films de Wes Anderson, elle met l’imagination au pouvoir et prouve qu’elle est l’un des auteurs les plus originaux du paysage littéraire américain.
Aimee Bender vit à Los Angeles. Après un roman (L’Ombre de moi-même) et deux recueils de nouvelles (La Fille en jupe inflammable et Des créatures obstinées) publiés aux Éditions de l’Olivier, elle a connu un grand succès aux États-Unis avec La Singulière Tristesse du gâteau au citron.
Le Général Dann, que les lecteurs ont connu enfant avec sa soeur Mara sur un continent dévasté par une terrible sécheresse, est maintenant un leader respecté et écouté de tous, affrontant un monde glacial et encore plus impitoyable qu'avant. Dans ce nouvel opus, notre héros poursuit son odyssée vers le nord, là où on dit qu'il y a de l'eau, là où, peut-être, la civilisation subsiste. Mais le voyage à travers les étendues glacées sera rude. Doris Lessing nous livre un roman visionnaire au message écologique sensible et percutant, qui marquera les esprits en ces temps de changements climatiques et de prévisions apocalyptiques.
« Un roman dérangeant et fascinant - version nihiliste du Seigneur des anneaux, avec un héros digne d'une tragédie de Shakespeare. »
Financial Times
« Une fable onirique, obsédante et troublante, qui porte en elle la force des grands récits mythologiques. » The Observer
Dans un écrin de verdure à la périphérie de Buenos Aires, un « country club » ultra-protégé, un homme est trouvé la gorge tranchée. Tout porterait à croire qu'il s'agit d'un suicide si, quelques années auparavant, son épouse n'avait connu le même sort.
La presse s'empare de l'événement et le journal El Tri-buno dépêche sur place l'écrivain Nurit Iscar, qui va livrer des chroniques depuis l'intérieur du « sanctuaire ».
Au sein de la rédaction, l'affaire est suivie par un novice de la rubrique Faits divers épaulé en sous-main par le vétéran du service récemment muté.
Au rythme des meurtres qui s'accumulent, les trois comparses constatent que leurs propres déductions sont étrangement éloignées de celles de l'inspecteur en charge de l'affaire.
Les étapes de l'enquête, minutieusement concomitantes de choix de vie décisifs pour les protagonistes, donnent lieu à une chronique diablement pertinente des forces en présence dans la société argentine contemporaine : une presse inféodée au pouvoir, des forces de sécurité garantes du crime organisé, une caste de privilégiés omnipotents.
La voie choisie par chacun le conduit à opter pour une forme d'éthique, intime ou professionnelle. Et pour cette observatrice attentive et empathique qu'est Claudia Piñeiro, c'est bien la conjugaison de ces différentes alternatives, si insignifiantes qu'elles puissent paraître à l'échelle macroscopique, qui infléchit les valeurs d'une société.
Bleu de travail et bleus à l'âme. Tels sont les signes distinctifs de Benassa, le coriace leader syndical de l'usine de câbles Supercavi. Depuis vingt ans, dans chaque manif, chaque grève, les ouvriers ont scandé avec lui : « Un pour tous, tous pour un ! » Mais en Italie comme ailleurs, la loi du marché torpille peu à peu l'unité syndicale et les idéaux révolutionnaires. Le drapeau rouge est en berne et Benassa broie du noir. Ça tombe bien : les patrons aussi en ont assez de cet énergumène et ont décidé de lui faire une offre qui ne se refuse pas...
Entramêlant le récit des quelques jours qui précèdent sa décision, les faits d'armes du syndicat et les portraits savoureux des ouvriers de Supercavi, ce roman d'Antonio Pennacchi compose une peinture drôle et fraternelle de la classe ouvrière.
« Un écrivain qui pratique la littérature comme un art de combat. » Le Monde
« En 1964, je décidai que de tous mes métiers terrestres celui qui me convenait le mieux était le violent métier d’écrivain. » Un journaliste recherche la dépouille de celle qui fut l’icône du peuple et confronte un haut gradé militaire prêt à échanger le secret contre une réhabilitation aux yeux de l’Histoire. Les pensionnaires d’un collège se préparent à l’arrivée du héros qui mettra fin aux jeux sadiques d’un surveillant. Un traducteur de romans policiers suicidé exprime ses doléances dans une lettre d’adieu à son éditeur pourtant convaincu de l’avoir sauvé de l’aliénation du travail manuel. Ancrée dans le long et tumultueux XXe siècle argentin, l’œuvre de Rodolfo Walsh aborde tout en finesse la question des rapports de pouvoir. Chacune de ses nouvelles prend ainsi la forme d’une énigme que seul un renversement des hiérarchies peut résoudre. « L’un des grands moments de la littérature argentine. » Ricardo Piglia
Qui fut Basil Zaharoff ? Un marchand d'armes d'origine grecque, un financier redoutable, un espion ? Tout cela et bien plus, probablement. Une figure de l'ombre, machiavélique, manipulateur, qui sut infléchir le cours de l'Histoire, simplement pour assouvir son goût du pouvoir allié à l'argent. Paris, veille de la Seconde Guerre mondiale. Au Café de la Paix, un jeune journaliste, Philippe Thébaut, rencontre quotidiennement Miguel Tharabon, un vieil anarchiste espagnol ami de Basil - décédé trois ans auparavant -, et objet de tous leurs entretiens. Obsédé par les histoires extravagantes qui auréolent l'aventurier génial, il entend faire la lumière sur le personnage.
Au fil des rendez-vous, il prend la mesure de l'influence du Grec sur les événements politiques et diplomatiques qui jalonnèrent les années 1880 à 1930, et fait émerger une autre facette, inattendue et capitale : sa passion, exclusive, inconditionnelle et clandestine pour María del Pilar, duchesse de Marchena, mariée contre son gré à un Bourbon d'Espagne fou.
Fresque historique aux allures de roman d'espionnage, Film noir multiplie les éclairages sur les zones d'ombre de celui que la presse de l'époque avait surnommé «L'Agent de la mort». Et dessine le portrait paradoxal d'un intrigant des plus charismatiques, engendré, littéralement, par les soubresauts d'une Europe et d'un monde dirigés par les grandes puissances trop sûres d'elles pour voir se profiler le déclin des empires coloniaux qu'annonce le XXe siècle... En suivant les stratégies mégalomanes de Basil, le lecteur, fasciné, touche du doigt le processus inéluctable de l'Histoire.
« Il y a dans le fait d’être insulaire un poids métaphysique, écrit J. C. Llop, car une île est déjà, en soi, un destin. » Et c’est à approfondir ce poids métaphysique que s’attache ce livre.
Dans la cité engloutie, chronique personnelle et familiale, est le portrait d’une ville, Palma, née dans cette Méditerranée où se croisent l’Occident et l’Orient, d’où ce fatalisme sans lequel on ne peut comprendre sa distance souvent ambiguë à l’Histoire. Elle fut en effet une terre d’exil, accueillant tour à tour les persécutés et les persécuteurs de la Seconde Guerre mondiale, sans états d’âme. Avec en toile de fond la mer, son omniprésence, une frontière qui éloigne, qui enferme et qui donne un intolérable sentiment d’étouffement. Mais c’est aussi parce qu’elle isole que l’île attire tant d’étrangers prestigieux, d’Albert Camus à Gertrude Stein ou Juan Miró, d’Ava Gardner à la 6e flotte américaine qui apporte des disques de jazz.
Si tout continental considère les îles comme une promesse de paradis – une maquette du paradis, dit Llop –, le « temps retrouvé » de l’écrivain permet au lecteur de s’immerger dans un territoire secret rongé par la nostalgie, car il n’existe de paradis que perdus. Ce livre exceptionnel, dont le personnage est une île, a été loué par une critique espagnole unanime.