June Han est encore une enfant lorsque la guerre de Corée décime sa famille. Sauvée par un G.I., Hector Brennan, elle est placée dans un orphelinat.
Trente ans plus tard, l'ancien soldat a choisi une vie sans contours, guidée par l'alcool et l'autodestruction. June est devenue Mrs Singer, une femme de 47 ans qui mène une carrière exemplaire à New York. Mais derrière cette réussite, June est surtout une mère inquiète. Depuis la mort de son mari, ses relations avec son fils, Nicholas, ne sont plus les mêmes. Le jour de sa remise de diplôme, le jeune homme choisit de partir en Europe pour un long voyage. Décidée à retrouver son fils, June demande à Hector de l'aider. Ensemble, ils vont remonter les méandres de la mémoire.
Roman magistral sur les ravages de la guerre, Les Vulnérables tient autant de la fresque historique que du récit intime. Au temps des héros, succède celui des survivants, cette vie d'après que chacun tente de reconstruire. Avec un talent hors du commun, Chang-rae Lee interroge l'Amérique et son mythe éternel. Le pays de tous les possibles est-il vraiment une terre d'accueil pour ceux que l'on sacrifie au nom de l'Histoire ?
« On est emportés et conquis par les destins inoubliables qui traversent Les Vulnérables. » The New York Times
Dans le nord du Pakistan, un adolescent mène une vie simple et heureuse en compagnie de ses soeurs et de ses parents, qu'il aide à récolter les fruits dans le verger. Au marché, il tombe sous le charme de la fille d'un puissant politicien, à laquelle il se lie, enfreignant ainsi les règles de la hiérarchie sociale. Pour son impudence, le jeune garçon est jeté dans une prison sordide où il croupit pendant quinze ans. À sa libération, brisé physiquement et mentalement, il est recueilli par Abbas, un poète érudit, aux côtés de qui il va réapprendre à vivre et se familiariser avec un monde qu'il ne reconnaît plus.
Récit d'un retour à la vie, ce roman est avant tout une grande histoire d'amour intemporelle imprégnée de la sagesse et de la poésie des contes orientaux.
« Une création à l'état pur. Preuve supplémentaire que Peter Hobbs est un des meilleurs écrivains, et parmi les plus courageux... Je l'ai lu sans m'arrêter. » Ali Smith
« Un bijou d'écriture, parfaitement calibré, qui traite du caractère indomptable du coeur humain et du pouvoir salvateur de l'imagination quand plus rien d'autre ne demeure. » Financial Times
Ilie Cazane mènerait une existence plutôt paisible s’il n’avait le don extraordinaire de faire pousser des tomates géantes. Sous le régime du Conducator Ceausescu, pareil mystère passe pour un crime inconcevable.
Le colonel Chirita, esprit rationnel qui ne jure que par un matérialisme forcené, a vite fait de le mettre aux arrêts. Mais rien n’y fait : malgré les supplices, Cazane demeure muet et ses surnaturels talents de jardinier restent inexplicables…
Pendant ce temps-là, sa femme Georgette accouche d’un garçon : Ilie Cazane fils qui, avec sa grosse tête de courge, va vite montrer des penchants désopilants pour le bricolage et, en digne fils de son père, s’attirer la sympathie générale.
Entre la nature désinvolte et mystérieuse d’Ilie Cazane père, l’enfance burlesque d’Ilie Cazane fils et les questionnements métaphysiques du colonel Chirita, se déploie le spectacle d’une communauté à l’innocence joyeuse, en proie à un système paranoïaque et absurde.
Né en 1969 à Bucarest, R& zvan R& dulescu est l’un des auteurs les plus inventifs de sa génération. Il est également l’un des plus brillants scénaristes de la nouvelle vague roumaine (La Mort de Dante Lazarescu, Prix Un certain regard, Cannes 2005). Il a réalisé son premier film, Félicia avant tout, en 2008.
Une guerre nucléaire a eu lieu. Le narrateur, jeune membre de la classe dirigeante, s'enfuit de Barcelone, tombée comme le reste du monde dans l'anarchie, pour gagner une forteresse cachée dans le repli de hautes montagnes. C'est dans le luxe insensé de cette demeure qu'il va trouver refuge avec une poignée d'élus.
Lors de trois journées mémorables, qui sont autant de fractions de ce roman-gigogne, cette petite société se livre au plaisir délectable et retors de raconter et d'écouter des histoires. À partir de celle du banquier Mir et de son héritière improbable, une intrigue se tresse jusqu'à des seuils vertigineux d'imaginaire vers un dénouement sans cesse escamoté, chaque histoire nous rapprochant du noyau d'un mystère en fusion.
Phrixos le fou, premier des trois volets du Jardin des Sept Crépuscules bouleverse, pour notre plus grand bonheur, toute notre perception du genre romanesque.
« L'un des romanciers catalans les plus audacieux d'aujourd'hui. »
La Vanguardia
Après une jeunesse turbulente, Piero Rosini, fils de la bonne bourgeoisie romaine, a opéré un virage à cent quatre-vingts degrés. Il travaille désormais dans une maison d'édition intégriste qui professe le catholicisme le plus intransigeant et s'apprête à publier un brûlot intitulé Jean-Paul II, le pape juif. Bien que marié, Piero s'astreint, en attendant de fonder une famille, à une abstinence sexuelle aussi purificatrice pour l'esprit que mortifiante pour un homme irrésistiblement attiré par les femmes.
Sentant ses certitudes vaciller, il décide de venir travailler à Paris, le temps de faire le point sur son existence. Paris, où de nouvelles rencontres ébranlent sa vision du monde, en particulier celles de deux juifs - la sensuelle et libérée Clelia et son oncle Leo, un intellectuel agnostique -, qui achèvent de le convaincre qu'il a fait fausse route jusqu'alors. Mais la publication imminente du livre sur Jean-Paul II, dont il n'a rien dit à ses nouveaux amis, vient changer la donne.
Construit autour du dilemme que vit Piero Rosini, en permanence écartelé entre l'appel de la chair et celui de l'esprit, Histoire de mon innocence dessine en creux un remarquable portrait de l'homme d'aujourd'hui, tiraillé entre la satisfaction immédiate de ses désirs et son aspiration à l'élévation morale.
À l'aube de la première guerre de l'opium, sont réunis à Canton des personnalités aussi disparates qu'un marchand parsi, un raja déchu, un peintre en quête d'amour et une jeune botaniste française à la recherche d'une fleur extraordinaire.
Canton, XIXe siècle. Un bouillonnement de langues, de peuples et de cultures. Commerçants chinois en robe de soie et longue natte dans le dos, Britanniques compassés de la Compagnie des Indes orientales, marchands américains aux manières décontractées, Indiens empesés sous leurs brocarts... tous n'adorent qu'un dieu : l'argent. Fanqui Town, enclave au coeur de Canton, réservée aux étrangers et interdite aux femmes, est gouvernée par deux lois principales : celle du libre échange et celle de l'opium. Pour le reste, ce microcosme cultive les amitiés particulières et s'amuse dans des bals exclusivement masculins. Mais, en cette année 1839, l'empereur de Chine décide d'éradiquer l'opium de son territoire. Il exige la destruction de tous les stocks de Canton.
Que vont-ils devenir s'ils acceptent de se plier à d'autres règles que celles du commerce ? La ruine les guette. Et pour Bahram Modi, un marchand parsi originaire de Bombay, le déshonneur devrait s'ajouter à la ruine : il a hypothéqué tous ses biens et emprunté au-delà du raisonnable pour acheter une énorme quantité d'opium. Et quel sort attend son secrétaire particulier, Neel, un raja déchu après avoir été accusé à tort de faux en écriture ? Ou bien Robin, un peintre homosexuel qui croit avoir trouvé l'amour à Canton ? Paulette, une jeune orpheline française née en Inde, et son employeur, un célèbre botaniste anglais, vont-ils devoir renoncer à découvrir la plante inconnue dont ils possèdent une rare peinture ?
C'est la révolution dans Fanqui Town. Les équilibres savamment entretenus volent en éclats. L'arrogance, la cupidité et le racisme enflamment la situation. La réponse des forces chinoises est radicale : une exécution en place publique, et l'armée partout dans la ville. Les tonnes d'opium sont saisies. Réduites en une boue noire, malodorante, elles sont déversées dans le fleuve. La Grande-Bretagne crie au scandale, les rumeurs sur une guerre prochaine se propagent.
À la fin des années 30, la maison Zaltzer était devenue un lieu de villégiature idéal. Les habitués qui s’y retrouvaient chaque été,
célibataires et juifs pour la plupart, venaient là avec un but précis :
jouer aux cartes, boire et faire l’amour. Cet été-là, Rita est la première arrivée. Elle a hâte que les autres envahissent de nouveau la pension, pour lui faire oublier l’angoisse diffuse qui l’étreint. Mais ils se font attendre. Un orage éclate, le fleuve en crue se gonfle et déverse sa boue dans la cour de l’auberge. L’inquiétude monte elle aussi, se glisse dans les âmes, exalte les conversations. Le monde vacille, et de ce tohu-bohu émergent quelques images – une synagogue abandonnée, un bar, un pont sur une rivière. Et, très loin, comme en rêve, le rivage de la Terre promise. Proche de Badenheim 1939, avec sa ville d’eaux étrange et ses signes prémonitoires, ce roman d’Aharon Appelfeld est de ceux qui annoncent la fin d’un monde, celui d’une Mitteleuropa encore ignorante du sort qui l’attend.
« Au moment où j'écris, je vis toujours dans cette porcherie qu'est la Chine, et je me languis de pouvoir nettoyer mon âme en profondeur. » L'auteur de ces lignes, Liao Yiwu, signe le récit de quatre ans d'enfer dans les prisons chinoises. Sa faute : avoir écrit le poème Massacre à l'aube du jour où l'armée ouvrit le feu sur les étudiants de la place Tian'anmen.
« En prison, dit-il, j'ai connu le vrai visage de la Chine. » Le visage des truands et des marginaux, des victimes et des bourreaux, des condamnés à mort que l'on vide de leur sang avant de les exécuter...
Texte poignant, brutal, comique, lyrique, effrayant, plein de compassion, enraciné dans les espérances démocratiques martyrisées du printemps 1989, Dans l'empire des ténèbres bouleverse notre regard sur la Chine. C'est pourquoi Pékin a tout fait pour empêcher sa parution, volant à l'auteur ses manuscrits, jusqu'à ce qu'il choisisse l'exil en 2011.
Bien plus qu'un récit autobiographique, bien plus qu'un témoignage... une oeuvre littéraire inclassable qui vient s'inscrire dans la lignée des Souvenirs de la maison des morts de Dostoïevski ou des Récits de la Kolyma de Chalamov. (Céline Wajsbrot, L'Impossible, juillet 2012)
Liao Yiwu a écrit le livre le plus brutal et bouleversant de l'année, et il confirme que chaque mot est vrai. (Der Spiegel, novembre 2011)
Longues jambes, torse svelte, cheveux couleur de jais, par un matin froid de mars 1705, un gamin de quatorze ans, son baluchon sur l’épaule, approche des trois tours noires du château de Bazoches. Sa dernière incartade chez les carmélites de Lyon – passablement éméché, il avait pris d’assaut un corbillard pour rentrer au couvent – lui a valu d’être expédié auprès de Vauban pour apprendre l’ingénierie militaire ; et c’est ainsi que le périple commence. L’enfance à Barcelone, les années d’instruction en Bourgogne, l’engagement successif au sein des deux coalitions européennes qui convoitent la couronne d’Espagne lors de la guerre de Succession, jusqu’au siège de sa ville natale et au massacre qui entraîne la reddition de Barcelone le 11 septembre 1714 : sans rien omettre de ses frasques, un vieillard cynique et désabusé dicte, depuis son exil viennois, les Mémoires d’un picaro qui a écrit l’Histoire.
Satire historique et roman des passions humaines, Victus interroge les versions officielles des deux camps en donnant la parole aux véritables acteurs : les chefs de guerre, mais aussi l’armée des sans-grades qui ont défendu leur liberté jusqu’à la mort. De cette épopée vibrante et fantastique (presque) tout est vrai et tout est pourtant parfaitement invraisemblable. Barcelone l’irréductible, qui a tenu tête à deux empires et contenu pendant un an le plus effroyable des sièges, essuie la plus héroïque des défaites. Et entre rires et larmes, en lieu de tragédie, on se prend à croire au drame.
L'histoire de Jess Uck nous conte le destin courageux et sûr d'une belle métisse indienne. Comme Martin Eden, elle découvrira les possibilités émancipatrices de l'intelligence et du savoir. Mais, alors que Martin Eden sera conduit au désespoir, Jess Uck trouvera, après les épreuves traversées et son amour malheureux, la force nécessaire pour remporter la victoire sur sa condition d'origine.
L'histoire de Jess Uck est une parabole du triomphe de l'intelligence sur les superstitions. Triomphe de la ruse d'un jeune indien contre la force des Anciens qui ont fait montre d'injustice à son égard et à l'égard de la mémoire de son père.
Dans la dernière nouvelle du recueil nous assistons aux derniers moments d'un vieil indien abandonné par sa tribu, selon la coutume. Il se souvient de ses jours anciens, de sa force et de son égoïsme de jeune homme, force et égoïsme qui animent maintenant ses enfants : la loi de la vie.