Le 4 juillet 1989, en pleine guerre froide, un MiG (avion russe) s'écrasait sur une maison à Kooigem, petit bourg de Flandre, près de Courtrai, en Belgique. Cet événement minime mais inouï fut à deux doigts de déclencher un conflit entre les blocs de l'Ouest et de l'Est.
Tom Lanoye prend prétexte de ce fait divers pour imaginer la vie banale d'une famille flamande bouleversée par ce cataclysme. Avec un humour ravageur, Lanoye mêle petite et grande Histoire. Le drame ordinaire d'une femme trompée, drôle et poignant, se déroule tandis que deux chefs d'état-major américains, sur une base belge en alerte maximale, suivent la trajectoire de ce MiG qui viole l'espace aérien occidental.
Voici comment les hommes vivent, en Flandre ou ailleurs, en attendant que le monde vole en éclats...
«Fermer les yeux c'est Voyager», écrit Emily Dickinson en 1870. C'est par ces mots que s'ouvre La Vie secrète de la grande poétesse américaine, réinventée par Jerome Charyn. Du séminaire de Mount Holyoke à la solitude des dernières années, il retrace le destin d'une femme exceptionnelle. Pourtant ce livre n'est pas une biographie : comme Norman Mailer dans les Mémoires imaginaires de Marylin, Charyn dépasse la légende en lui donnant une voix. Car c'est bien Emily Dickinson que l'on entend, vivante, sensuelle, loin des clichés la réduisant à une recluse excentrique toujours vêtue de blanc.
Mais l'héroïne si moderne cache un paradoxe : éprise d'indépendance, elle s'évadera grâce à la force de son imagination, simplement assise à sa table. En célébrant ainsi ce personnage hors du commun, Charyn rend hommage à la fiction, à l'infini pouvoir de la littérature.
Le narrateur de ce premier roman n'est décidément pas fiable. Il s'appelle tour à tour Walter, Timothy, Outis, mais personne ne connaît son vrai nom. Il se dit écrivain, mais a perdu tous les textes qu'il a écrits. Il enseigne le journalisme, mais n'a jamais mis le pied dans une salle de rédaction. Et pourtant c'est à lui qu'un éditeur commande la biographie d'un grand écrivain qu'il a bien connu quelques années plus tôt. Lui, qui repeint sans cesse la réalité aux couleurs trompeuses de l'imaginaire, lui, le menteur maladif, l'imposteur magnifique, le voilà, pour la première fois, sommé d'écrire la vérité.
Pour retrouver celui qui fut son meilleur ami, en même temps que son plus grand rival en littérature, il se lance dans un surprenant tour du monde. Des clubs de jazz de Manhattan aux villages du Sri Lanka, de Dubaï au Luxembourg et du Ghana à l'Islande, il part à la recherche de l'homme qui, depuis plusieurs années, se cache derrière l'auteur culte. Il se met aussi, sans le savoir, en quête de lui-même...
Loin du roman initiatique traditionnel, quelque part entre les univers de Francis Scott Fitzgerald et de Wes Anderson, Kristopher Jansma livre dans La Robe des léopards une variation pleine d'invention et d'esprit sur l'art du roman. Au fil des pages, les histoires s'imbriquent, réalité et fiction s'échangent leurs détails, tandis que le narrateur prend un malin plaisir à brouiller sans cesse les règles du jeu. Où est la vérité ? Peu importe. « Toutes les histoires sont vraies, mais ne le sont qu'ailleurs. »
«Quelque part entre la peur et la volupté il y a la passion. Le chemin qui y mène est abrupt, et le retour bien pis.»
Quand Henri, jeune soldat au service de Napoléon Bonaparte, échoue dans l'enfer blanc de la campagne de Russie, son adoration pour l'empereur se change en cuisante désillusion. Pendant ce temps, à Venise, Villanelle mène une vie bien singulière : elle se travestit en homme, triche au casino, et aime en secret une mystérieuse Dame de pique, qui lui vole littéralement son coeur... C'est à Moscou que les chemins de Villanelle et d'Henri vont se croiser, point de départ d'un périple à travers l'Europe et de leur apprentissage amoureux. Entre eux se noueront les fils de la passion. Ils n'auront désormais qu'un seul but : retrouver le coeur de la jeune femme.
Aventure exaltante sur «le jeu, la folie et l'extase androgyne» (Edmund White), La Passion confirme l'incroyable talent de conteuse de Jeanette Winterson. Écrit en 1987, ce récit enchanteur, hommage aux textes d'Oscar Wilde et de Virginia Woolf, est devenu un classique de la littérature contemporaine.
«Il est vrai que Washington n'était pas seulement 'la ville de la conversation' chère à Henry James, mais également une cité vouée aux commérages les plus fantastiques. Je débute à Harlem parce que ma base c'est New York. Mais dorénavant c'est à Hollywood qu'il faut être.»
Hollywood commence à la veille de l'entrée des États-Unis dans la Première Guerre mondiale. La belle et ambitieuse Caroline Sanford, propriétaire et rédactrice en chef du Washington Tribune se rend sur la côte Ouest pour soutenir l'effort de guerre du gouvernement en réalisant des films de propagande en faveur des Alliés. Dès son arrivée, le succès couronne son activité de productrice, mais elle devient aussi une actrice star sous le nom d'Emma Traxler. Tandis qu'elle côtoie les icônes que sont déjà Douglas Fairbanks, Mary Pickford, Cecil B. De Mille ou Charlie Chaplin, elle conserve ses relations personnelles avec les piliers de la politique tels que Edith et Thomas Woodrow Wilson, ou Franklin et Eleanor Roosevelt.
Aux prises avec les luttes d'influence qui opposent désormais la capitale administrative Washington et la capitale mondiale du charme Hollywood, Caroline découvre alors l'immense pouvoir de la nouvelle industrie qu'est le cinéma pour manipuler les esprits, fasciner et créer les scandales, et devine qu'il sera désormais, avec la presse et la politique, le troisième axe de pouvoir.
Avec ce grand roman historique sur l'Amérique, Gore Vidal nous offre un immense et captivant tableau des États-Unis, à l'époque la plus grisante et la plus agitée de leur histoire - quand Hollywood se mit à réinventer l'Amérique.
Dans le village ibo d'Umuofia, Okonkwo est un homme dont la puissance et le courage sont vantés par tous, dont la voix est écoutée. Rejeton d'un père lâche et paresseux, il doit à lui seul ce qu'il est aujourd'hui : un fermier prospère qui veille sur ses trois épouses et sur ses huit enfants, un sage guerrier jouissant de la confiance des anciens.
Son monde repose sur un équilibre cohérent de règles et de peurs, de rituels et de traditions. Okonkwo habite ce monde, l'accepte et le maîtrise, il en est même l'un des garants. Ce qu'il ignore, c'est que l'extérieur s'apprête à violer une réalité qu'il croyait immuable : les missionnaires d'abord, les colons britanniques ensuite vont bientôt bouleverser irrémédiablement l'existence de tout son peuple.
Tragique roman à la langue limpide, fable cruelle retraçant la destinée d'un homme fier qui ne plie pas, Tout s'effondre rend hommage à l'Afrique précoloniale à l'aube de sa décomposition. « Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, l'histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur », dit un proverbe africain que Chinua Achebe aimait à citer. Avec ce roman magistral, il devenait l'un des premiers lions du continent à prendre la plume.
Dans ce bouleversant monologue, Pino Cacucci donne la parole à Frida Kahlo. Quelques jours avant sa mort, elle revit sans complaisance ses tourments, sa solitude, ses moments de désespoir surmontés à force de volonté. Elle évoque ses relations orageuses avec le peintre muraliste Diego Rivera, l'homme de sa vie, et explique sa passion pour « son » Mexique. Elle revient également sur ses idéaux politiques, son amitié avec Léon Trotski et ses innombrables liaisons.
Une vie débordante d'excès, débordante de couleurs comme sa peinture qu'elle a commencée alors qu'elle était clouée au lit. Une vie de rebelle qui, bien que née en 1907, aimait à dire qu'elle était née en 1910, avec la Révolution mexicaine.
« Se mettant dans la tête de Frida Kahlo, Cacucci dévoile les pensées les plus intimes de la grande peintre mexicaine, dans une langue particulièrement lyrique et envoûtante. » (Stefano Tassinari, Liberazione)
« Qui mieux que Pino Cacucci, fin connaisseur du Mexique, pouvait décider de faire parler Frida Kahlo ? Ce texte dense, qui a emprunté son titre à celui d'un tableau de la peintre, est le récit à la première personne d'une femme emprisonnée en elle-même, et pourtant férocement attachée à la vie. » (Grazia Italie)
« Cherche esprit féminin détaché du monde. Capable d'exercer fonction de bibliothécaire pour un gentleman et ses livres. Pouvant cohabiter avec chiens et enfants. De préférence sans expérience professionnelle. Titulaires de diplômes d'enseignement supérieur s'abstenir. »
Mademoiselle Prim ne répondait qu'en partie à ce profil : bardée de diplômes et sans aucune expérience des enfants et des chiens. Elle est engagée et, après quelques heurts avec son employeur, un homme aussi intelligent et cultivé que peu délicat, elle découvre le style de vie et les secrets des habitants de Saint-lrénée d'Amois. Mademoiselle Prim tombe très vite sous le charme de ce village hors normes où les voisins s'adonnent à leur passion et où l'intérêt de la communauté prédomine. Pour eux le temps n'a pas d'importance et la littérature ne sert qu'à s'épanouir.
L'Éveil de Mademoiselle Prim nous invite à un voyage inoubliable à la recherche d'un paradis perdu révélant toute la splendeur des choses simples de la vie.
« Pour faire face aux périodes noires, un récit délicieux sur l'amour, l'amitié et la beauté des choses simples. » Benito Garrido, Culturamas
« Un roman extraordinaire, » Johanna Castillo
« L'Éveil de Mademoiselle Prim révèle un optimisme rare. » El País
Alors que la grève installée à Wakonda étrangle cette petite ville forestière de l'oregon, un clan de bucherons, les stamper, brave l'autorité du syndicat, la vindicte populaire et la violence d'une nature à la beauté sans limite.
Menés par Henry, le patriarche incontrolable, et son fils, l'indestructible Hank, les Stamper serrent les rangs... Mais c'était compter sans le retour, après des années d'absence, de Lee, le cadet introverti, intellectuel toujours plongé dans ses livres, dont le seul dessein est d'assouvir sa vengeance.
Au-delà des rivalités et des amitiés, de la haine et de l'amour, Ken Kesey (1935-2001), auteur légendaire de Vol au-dessus d'un nid de coucou, bâtit un roman époustouflant qui nous entraíne aux fondements des relations humaines. C'est Faulkner. C'est Dos Passos. C'est Truman Capote et Tom Wolfe. C'est un chef-d'oeuvre.
C'est en Australie, lors du Festival d'Adélaïde de 2008, que Paul Auster et J. M. Coetzee, qui jusqu'alors ne se fréquentaient que par livres interposés, font enfin connaissance et sympathisent, au point de décider d'entretenir cette amitié nouvelle par une correspondance régulière.
Coetzee utilise l'e-mail, Auster est adepte du fax. Malgré cette « fracture technologique », l'échange, nourri, se poursuivra durant trois années entre deux écrivains et citoyens soucieux de confronter leurs vues sur des questions qui tiennent à l'éthique, à la politique, à la philosophie de l'existence et, naturellement, à la conception et à la pratique de la littérature. Au fil de cette conversation épistolaire entre deux observateurs avisés du monde contemporain, qui mêlent sans prévention anecdotes et préoccupations d'ordre intellectuel et esthétique, se construit une relation profonde et toujours plus fraternelle.