«Tu veux savoir la vérité ? La vérité est que tes ongles sont crasseux parce que tu gagnes ta vie comme ouvrière. La vérité est que je suis un soldat d'infanterie et que je vais sans doute laisser ma peau dans cette guerre. La vérité est que j'aurais préféré utiliser mon sauf-conduit pour me rendre dans une maison close. Voilà la vérité.
Seulement, ce n'était pas tout à fait la vérité. Parce qu'il était indéniable qu'il était venu à New York de son propre chef, mû par une impatience sincère, même. Il était venu chercher refuge au creux de ce nid douillet de 'mensonges', d'optimisme infondé, d'éternelle espérance qu'un destin d'exception les attendait, de certitude inébranlable que la brave Alice Prentice et son Bobby étaient uniques, importants, immortels. Il avait choisi d'être avec elle ce soir, il avait espéré qu'elle l'appellerait son 'grand et merveilleux soldat'. Quant à la maison close, dans le fond, il savait qu'il ne pouvait reprocher à sa mère sa propre lâcheté.»
1944, New York. Robert Prentice a dix-huit ans et s'apprête à rejoindre l'Europe pour servir son pays. Après une enfance dévorée par les extravagances de sa mère, aspirante sculptrice, il va pouvoir montrer à tous - et surtout à lui-même - qu'il n'est pas qu'un fils, le fils d'Alice Prentice, posant nu devant elle pour donner forme à ses délires d'artiste. Abreuvé d'idéalisme, nourri d'héroïsme hollywoodien, il croit, lui aussi, à son destin d'exception. Or, à la guerre comme à la ville, il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus...
Une histoire sans mots est réellement une histoire sans mots. À partir de pictogrammes totalement inventés, voici, heure par heure, une journée de M. Noir. M. Noir ? Un col blanc. M. Noir ? Un citadin. Sa journée ? Des soucis, l'ennui, ses rêves. De bonne heure, il se précipite dans le métro. Bureau. Emails. Une conférence à préparer, bavardage avec les collègues au déjeuner, esquive des coups de fil de sa famille qui le pousse à se marier. La journée finie, M. Noir peut enfin s'offrir un peu de bon temps, il invite une fille rencontrée sur Internet à prendre un verre... La journée de M. Noir verra-t-elle un éclair de bonheur ?
Xu Bing est un des plus grands graphistes chinois contemporains. Ses oeuvres sont exposées au Metropolitan Museum of Art de New York comme au British Museum de Londres. En 2006, le Southern Graphics Council lui a décerné son prix pour l'ensemble de son oeuvre.
2008. Le rocher de Gibraltar, joyau des colonies britanniques, est le théâtre d'une opération de contre-terrorisme menée par un commando anglais et des mercenaires américains. Nom de code : Wildlife. Objectif : enlever un acheteur d'armes djihadiste. Commanditaires : un ambitieux ministre des Affaires étrangères et son ami personnel, patron d'une société militaire privée. Kit Probyn, un diplomate candide, est sommé d'être le téléphone rouge du politicien. L'opération est si délicate que même le secrétaire particulier du ministre, Toby Bell, est tenu à l'écart.
2011. Kit Probyn, désormais retraité, convoque Toby Bell dans son manoir de Cornouailles. Toby doit choisir entre sa conscience et sa loyauté de serviteur de l'État. Or si la passivité des hommes honnêtes suffit à faire triompher le mal, comment pourra-t-il garder le silence ?
D'une actualité brûlante - l'affrontement entre chrétienté et islam -, Une vérité si délicate, vingt-troisième roman de l'auteur, est percutant, resserré comme un poing. Magistral.
Casanier, oui ! Harold l'est. Très timide aussi. En fait, il a peur de tout. Son plus grand plaisir est de mettre en scène son suicide dans l'entrée de l'immeuble londonien où il habite seul. Ses voisines s'y sont faites.
Après avoir été licencié du supermarché où il vendait de la charcuterie, Harold se fait piéger : une voisine récemment arrivée veut lui confier Melvin, son fils surdoué de 11 ans, pendant toute une semaine. Harold n'a ni le temps ni le courage de refuser.
Melvin et son regard impitoyable sur le monde bousculeront la vie et les émotions d'Harold. Surtout lorsque le garçon, à la recherche de son père qu'on lui cache, emprunte la voiture de sa mère et invite Harold au volant...
Un roman road movie délicieusement décalé, au ton impertinent, lucide, et, finalement, irrésistiblement drôle.
« ... c'est assez extraordinaire. Je parle d'Harold ! » Hans Magnus Enzensberger
« J'ai écrit ce qu'il y a de plus grand, cela ne fait aucun doute, mais c'est aussi de cette façon que j'ai tétanisé la littérature allemande pour quelques siècles. J'aurai été, mon cher, avait dit Goethe à Riemer, le tétaniseur de la littérature allemande. Ils sont tous tombés dans le piège de mon Faust. »
La férocité de Thomas Bernhard fait rage dans les quatre récits rassemblés ici en un volume, selon son souhait. Qu'il s'agisse de Goethe mourant, de la haine de l'Autriche ou de la détestation de la famille, l'humour et l'ironie du grand prosateur se révèlent toujours aussi percutants. Mais surtout, ces quatre miniatures contiennent tout l'univers de Bernhard et forment un condensé très maîtrisé des motifs qui traversent toute son oeuvre.
Dans un coin perdu du Dakota, la jeune Josephine Russell fait la connaissance de l'énigmatique Kern Shafter, aux allures de gentleman, que rongent un lourd secret et un désir de vengeance.
Shafter, officier déchu, part rejoindre comme simple soldat la 7e cavalerie commandée par le général Custer. Il y retrouvera son ancien rival...
Une histoire d'amour et de vengeance sur fond de la plus célèbre bataille des guerres indiennes, Little Big Horn, que Haycox retrace avec une extraordinaire acuité, une lucidité étonnamment moderne, dans ce magnifique roman épique et intime, lyrique et précis, ponctué de descriptions inoubliables.
Le personnage de Josephine, une jeune femme complexe, libre, vive, montre à quel point ce roman, comme tant d'autres, était en avance sur la vision que Hollywood donnait de la femme.
16 Artists, Writers, Thinkers and 16 Personal Maps. Each one exploring the idea of what a map can be. The result is a book of maps that will leave you feeling completely lost.
“We really like the idea of starting an adventure through maps. The ability to find yourself in the unknown and discover new places – that’s what exploring is all about.” —Google Maps Team
“Where You Are is beautiful. Its contents delight the mind, its composition the senses.” —Will Gompertz, BBC Arts Editor
“These imaginative and irreverent personal cartographies expand the conception of a map as a flat reflection of geography and reclaim it, instead, as a living, breathing, dimensional expression of the human spirit.” —Maria Popova, Brain Pickings
Where You Are is a book of maps. And it’s also a website www.where-you-are.com.
It’s a collection of writing (non-fiction and fiction) and visuals (drawings, photographs, paintings) that explodes what a map is. A wide range of writers, thinkers, artists responded to what their map would be, bringing together human stories about modern, everyday personal lives and mapping.
Those stories range from Chloe Aridjis’ short story mapping out the daily journeys of a homeless woman in Mexico City, to John Simpson essay that looks at the perils of following GPS systems in South Africa, to James Bridle mapping the technology and looking at how GPS was developed in the first place, to Geoff Dyer mapping out his childhood in Cheltenham according to sex, death and drugs, to Leanne Shapton documenting her everyday desk objects at the end of each working day.
Where You Are plants the flag at an amazing map-shifting point: from one kind of map — the geographical kind that gets you get from a to b — to another kind of map altogether — a life map that tells human stories about our everyday.
Where You Are begs the question: What would your personal map be? Here is a book of maps that will leave you feeling completely lost.
Prohaska, peintre, photographe et cinéaste allemand, a une telle présence que l'on est souvent tenté de chercher sa trace sur Internet. Mais outre qu'il s'agit d'un être de fiction, cette quête serait vaine car Prohaska a pris soin de supprimer tous les témoignages concernant son aspect physique, allant jusqu'à interdire à ses proches d'évoquer son apparence. C'est donc l'oeil d'un homme invisible collé à l'objectif neutre de son appareil photo ou de sa caméra qui filmera les images les plus insoutenables des horreurs du Troisième Reich - exécutions, charniers, expériences sur l'homme - et plus tard les massacres et les désastres dont le monde n'est pas avare : enfants morts de faim en Estrémadure dans les premières années du franquisme, carnages sous les dictatures d'Amérique du Sud. Mais l'art peut-il aller si loin sans se faire le complice du mal dont il témoigne et, dans l'effroi que suscite la vision de l'atrocité, n'y a-t-il pas une part de voyeurisme voire d'obscures jouissances ? Toutes ces questions, l'auteur les pose à travers le destin d'un artiste qui n'est pas un monstre d'insensibilité et qui, pourtant, telle la Méduse antique, craint de rencontrer son image comme s'il ne pouvait se regarder en face sans périr.
La relation du grand écrivain autrichien Thomas Bernhard avec les médias et le grand public était souvent placée sous le signe de la méfiance, voire du scandale. Les témoignages écrits de ce rapport complexe constituent par conséquent une mine inépuisable pour l'amateur de l'oeuvre bernhardienne, en éclairant non seulement l'homme et son parcours mais aussi son travail d'écrivain. Le présent recueil rassemble un grand nombre de textes - plus d'une cinquantaine d'articles, une quinzaine d'entretiens, des lettres et des discours - qui permettent au lecteur d'affiner sa connaissance de Bernhard, des préoccupations et des ambitions qui étaient les siennes. Sous sa plume, le monde devient une pièce de théâtre absurde ou un roman d'aventures, un univers peuplé de dilettantes malfaisants et bornés. Quel que soit le thème abordé - la mort, l'Autriche, le théâtre, la poésie - son analyse et son ironie mordante font mouche.
Lire Camarade Kisliakov jusqu’au bout, il le faut absolument, car c’est à la dernière page que tout bascule. Le roman de Panteleïmon Romanov se passe à Moscou dans les années 20. Un nouveau régime s’installe et balaye brutalement le précédent. Le communisme transforme de fonds en comble le tissu de la société russe. Pris de peur et d’angoisse, au delà de l’espérance que le nouveau monde promet, les personnages de ce texte magistral se débattent pour survivre aux épreuves quotidiennes.
Angoisse et sueur froide, ce malaise inconfortable vis-à-vis d’un pouvoir indicible, nous n’en sommes pas si loin aujourd’hui. Camarade Kisliakov, c’est mon voisin, qui a peur de perdre son travail, ses amis, s’il ne s’adapte pas aux nouvelles règles du jeu. C’est la chute d’un monde pour un empire invisible et dévastateur, celui de l’argent et du profit, de l’industrie de la « culture » et du mépris.
Publié en 1930, Camarade Kisliakov (Trois paires de bas de soie) présente un immense intérêt pour la connaissance de ce qu’était la vie quotidienne à Moscou à la fin des années vingt. De par sa finesse d’observation, l’auteur préfigure les terribles ravages du communisme sur la société russe. Le lecteur reconnaîtra l’univers de Romanov, avec ses ci-devant, ses mendiants, ses trafiquants et autres rebuts qui ne trouvent pas leur place dans le monde nouveau, celui des appartements communautaires, des tramways bondés, des chicanes et des administrations persécutrices. Et, à travers ces différentes formes de marginalité, un tableau social et politique de la vie soviétique de l’époque du Grand Tournant.