Les lois de la frontière

Les lois de la frontière
Marias Javier
Ed. Actes Sud

À l'été 1978, un adolescent de la classe moyenne en délicatesse avec son milieu croise la route du charismatique Zarco et de son amie Tere et devient un habitué de leur QG, un bar interlope dans un quartier malfamé de Gérone. Bientôt ils l'entraînent de l'autre côté de la « frontière », au pays de ceux qui ne sont pas bien nés, l'initiant au frisson des braquages et au plaisir des tripots. Le garçon navigue entre les deux rives pendant tout l'été, irrésistiblement attiré par les lois de cette jungle dont il préfère continuer d'ignorer les codes, jusqu'au coup qui tourne mal.

Vingt ans plus tard, avocat établi, il assure la défense de son ancien camarade multirécidiviste et doit plaider. Pour le symbole vivant d'une rébellion salutaire, la victime expiatoire d'un système frelaté, ou les zones d'ombre de sa propre jeunesse ?

Un écrivain, chargé de raconter l'histoire, recueille au cours d'entretiens divers les souvenirs et impressions des protagonistes. Lui-même cherche la vérité inattendue et universelle du romancier : l'ambiguïté.

C'est dans cette ambiguïté qu'excelle Javier Cercas, qui démystifie ici le romantisme de la délinquance comme celui de la rédemption, la démocratie espagnole et son miroir aux alouettes, les tourments qui toujours gouvernent l'exercice de la liberté.

Les endormeurs

Les endormeurs
Enquist Anna
Ed. Actes Sud

Drik est psychothérapeute, Suzanne anesthésiste ; frère et soeur, ils sont extrêmement liés depuis que tout enfants ils ont perdu leur mère.

Quand son épouse vient à mourir à la suite d'une longue maladie, Drik ne peut se soumettre au retrait. A priori assez fort pour tenir son rôle auprès de ses patients, il commet néanmoins quelques erreurs lorsque le jeune Allard Schuurman, un étudiant en médecine désireux de se former à la psychothérapie, entreprend avec lui une analyse didactique.

Les deux hommes étant trop proches, peut-être, dans leur relation à la figure du père, les séances ne se déroulent pas normalement et l'étudiant décide d'abandonner cette formation. Il s'oriente alors vers Fanesthésiologie tout en demeurant en analyse avec Drik, cette fois sans autre nécessité que personnelle.

À l'hôpital, Suzanne devient par hasard le réfèrent d'Allard. Et très vite se noue entre eux une relation amoureuse dévorante qui place ce triangle affectif, à leurs yeux invisible, dans une configuration complexe et dangereuse. Car Drik, seul acteur conscient de cette situation infernale, n'en dit mot à personne, pas plus qu'il n'interrompt l'analyse d'Allard, bien qu'il devine que ce garçon fragile ne pourra surmonter l'inévitable rupture.

Anna Enquist interroge le rôle et l'éthique de deux corps médicaux face à la douleur. Les anesthésistes, endormeurs de l'être sensible, sont ici observés en regard des analystes, qui dans leur pratique convoquent l'inconscient et libèrent la souffrance.

En numérique chez Tropismes : Les endormeurs

La maison de terre

La maison de terre
Guthrie Woodie
Ed. Flammarion

Dans le Texas des années 30, Tike et Ella May, jeune couple d'agriculteurs, ont bien du mal à planter de quoi vivre sur cette terre aride. Ella May est enceinte et ne veut pas continuer à habiter leur cabane en bois envahie par les insectes. Problème, ils n'ont pas le sou pour s'offrir le lopin de terre censé accueillir la maison de leurs rêves. Mais l'État et les banques ont tout prévu. Il suffit de leur faire confiance...

La Maison de terre est un portrait brûlant de la misère et de l'espoir butant contre un paysage ravagé. Combinant le sens moral de John Steinbeck avec l'érotisme cru de D. H. Lawrence, voici un puissant récit de l'Amérique de la Grande Dépression, brossé par l'un de ses plus grands artistes.

« Grâce au don de Woody Guthrie pour retranscrire les dialectes et les passions humaines, La Maison de terre est une histoire poétique sur le combat contre l'adversité, aujourd'hui encore d'une brûlante actualité.» The Independent

« La Maison de terre est une histoire si vivante qu'il est étrange de penser que son auteur nous a quittés voilà quarante-cinq ans. L'écriture est typique de Woody Guthrie : tantôt lyrique, tantôt brutale, mais souvent drôle. » The Times

Mourir pour la patrie

Mourir pour la patrie
Yoshimura Akira
Ed. Actes Sud

Shinichi Higa a quatorze ans quand il est enrôlé dans le bataillon de la première école secondaire d'Okinawa tout comme les mille sept cent quatre-vingts élèves des écoles secondaires de cet archipel situé à environ cinq cents kilomètres au sud de Ky& sh& . Nous sommes le 25 mars 1945, Shinichi Higa fait partie des plus jeunes soldats de l'armée régulière prêts à verser leur sang pour l'empereur.

Mais Shinichi est heureux de défendre sa patrie. Sa seule angoisse est de mourir avant même d'avoir fait son devoir. Car il s'agit pour lui de tuer au moins dix soldats ennemis. En attendant, Shinichi accomplit les tâches qui lui sont confiées. Il transporte des corps d'un lieu à l'autre, vers ces hôpitaux de fortune où les blessés et les morts sont si nombreux qu'il n'est plus envisageable de soigner les nouveaux arrivants. Shinichi se déplace en permanence, il résiste malgré la peur. Au-delà de l'horreur il se cache et survit habité par le désir de se battre. Mais très vite il perd son unité et, séparé des autres, se retrouve seul face à la guerre.

Magnifique hommage au courage d'un enfant, à sa belle naïveté, à sa résistance et à son engagement farouches pour son pays.

En numérique chez Tropismes : Mourir pour la patrie

Zone 1

Zone 1
Whitehead Colson
Ed. Gallimard

La Dernière Nuit a eu lieu. Le fléau s’est répandu. Et dans le désert du monde d’après, les rares humains survivants luttent au jour le jour pour échapper aux zombs, ces morts-vivants cannibales et contagieux.
Pourtant, l’espoir commence à renaître. Dans la Zone 1, tout en bas de Manhattan, Mark Spitz et ses camarades ratisseurs éliminent les zombs traînards, première étape d’une patiente entreprise de reconquête. Mais la victoire est-elle seulement possible? Et pour reconstruire quel monde? Les personnages sont hantés par le passé, ou inversement refoulent le souvenir du cauchemar et des êtres perdus. Mais avant d’en être réduits à survivre, avaient-ils vraiment vécu? Mark Spitz se sent fait pour ce chaos absurde grâce à sa médiocrité même, et éprouve une étrange empathie pour les traînards. Et parfois, il lui vient à l’esprit la pensée interdite…
Colson Whitehead offre ici un authentique et palpitant conte de terreur, dont la noirceur et la tension permanente sont accentuées par un humour macabre et sardonique, et une invention verbale exceptionnelle, faite d’argot militaire, d’euphémismes officiels, d’images audacieuses pour rendre compte de l’impensable, donner une forme au pire. Mais ce tableau d’apocalypse, cette fable aux multiples interprétations est aussi une méditation sur ce qui fonde l’humanité. En vrai moraliste, Whitehead pose ici plus crûment que jamais la même question lancinante : que faisons-nous de nos vies? Et la démesure de l’horreur confère à cette représentation un lyrisme endeuillé, une gravité et une puissance proprement visionnaires.

L'incroyable histoire de Wheeler Burden

L'incroyable histoire de Wheeler Burden
Edwards Selden
Ed. Cherche Midi

Dans la lignée de John Irving et de Carlos Ruiz Zafón, un extraordinaire roman picaresque doublé d'un tableau historique passionnant.

Wheeler Burden vit à San Francisco en 1988. Il a donc peu de raisons de se réveiller un beau matin à Vienne en 1897. C'est pourtant ce qui lui arrive, de façon totalement inexplicable. Totalemenl démuni, il décide d'aller consulter un jeune thérapeute viennois, Sigmund Freud. Tandis que celui-ci réfléchit à son cas, Wheeler fait connaissance avec la ville où Mahler et Klimt révolutionnent leurs arts respectifs. Alors qu'il tombe amoureux d'une jeune Américaine de passage dans la capitale autrichienne, il réalise ce qui esi en jeu dans cette curieuse mésaventure : l'incroyable possibilité de changer le destin des siens et, peut-être plus encore, celui de l'humanité toul entière. À quelques kilomètres de Vienne, dans le village de Lambach, vit en effet un petit garçon âgé de 6 ans, nommé Adolf Hitler. Wheeler est néanmoins loin de se douter de tous les risques qu'il encourt et des dangers qu'il y a à vouloir modifier le cours des choses.

Avec ce premier roman, salué par une critique unanime, Selden Edwards mêle littérature et histoire, et nous entraîne dans un labyrinthe fascinant d'aventures et de mystères. Pétillant d'humour, d'une inventivité et d'une intelligence absolument inouïes, L'Incroyable Histoire de Wheeler Burden est l'un de ces grands voyages dont on ne sort pas indemne.

Au départ d'Atocha

Au départ d'Atocha
Lerner Ben
Ed. L'Olivier

Adam Gordon est un jeune poète américain en résidence d’écriture à Madrid. Mais il écrit peu : il fume, déambule, lit, drague Isabel, courtise Teresa... et s’invente une vie. Dans ses récits tissés de mensonges, sa mère est malade et son père fasciste. Spectateur fasciné de sa fausse existence, Adam navigue au sein d’un univers fait de littérature, d’art et d’intrigues amoureuses. Mais quand un attentat frappe la gare d’Atocha, la réalité vient troubler sa fiction.

Au départ d’Atocha est un premier roman impertinent, dans lequel les expatriés sont renvoyés au vide de leur condition, loin des corridas chères à Hemingway. Il s’inscrit cependant dans une autre filiation, où l’ironie se conjugue au lyrisme de l’errance : celle de Musil, Rilke ou Svevo. Avec ce livre inclassable, Ben Lerner esquisse un saisissant portrait de l’artiste en jeune homme.

« Au départ d’Atocha pétille d’intelligence, au fil d’une prose  hilarante, vive et originale à chaque page. » Jonathan Franzen

« Le héros de Ben Lerner restera un personnage inoubliable, une voix incontestablement singulière. » Paul Auster

August

August
Wolf Christa
Ed. Christian Bourgois

L' auteur de Trames d'enfance et de Cassandre écrivit cette brève histoire au début de l'été 2011, quelques mois avant sa mort. Elle la dédia à son mari, l'écrivain Gerhard Wolf. Elle s'attache au personnage d'August, orphelin de huit ans, rencontré peu après la fin de la seconde guerre dans un château transformé en sanatorium de fortune. Christa Wolf, alors âgée de dix-sept ans, réfugiée des territoires de l'est, y fut soignée. August éprouva pour la jeune fille, Lilo dans ce récit, un vif amour d'enfant.
Pour la première fois dans son oeuvre, la romancière a placé au centre de son ultime texte un personnage masculin.
Évoquant la période de l'après-guerre et imaginant ce qu'a pu être ensuite la vie d'August en RDA puis dans l'Allemagne unifiée, Christa Wolf, en une écriture limpide et d'une émotion retenue, pose la question du bonheur. Ce livre reçut lors de sa parution en Allemagne en 2012 un accueil enthousiaste de la presse littéraire et du public.

Courriers de Berlin

Courriers de Berlin
Zschokke Matthias
Ed. Zoé

Courriers de Berlin est à la fois une curiosité et une première car il est fait de mille cinq cents mails envoyés par l'auteur à son meilleur ami, d'octobre 2002 à juillet 2009.

Matthias Zschokke est mélancolique, les hauts et les bas de son humeur s'enchaînent à une vitesse vertigineuse. Ses messages laissent deviner un interlocuteur bourru, emporté, plus acerbe encore que lui-même ; tous deux aiment la littérature, le théâtre, l'opéra, le cinéma et la télévision, ainsi que les voyages, les restaurants et les parfums. Les livres qu'ils lisent, les spectacles qu'ils voient suscitent des avis féroces, Courriers de Berlin est un essai monumental sur la culture d'aujourd'hui et ses fabricants. C'est aussi un livre sur l'amitié.

La critique allemande a été unanime à reconnaître dans ce texte une oeuvre pleine d'humour au style aérien.

En numérique chez Tropismes : Courriers de Berlin

Les noirs et les rouges

Les noirs et les rouges
Garlini Alberto
Ed. Gallimard

Stefano Guerra naît à la politique en 1968. Étudiant d'extrême droite, il participe aux affrontements de Valle Giulia, le campus universitaire de Rome, et c'est alors qu'il commet l'irréparable : il tue par accident un jeune homme, Mauro, qu'il voulait seulement menacer. Ce crime marque le début d'une longue dérive, du militantisme à la clandestinité, de la politique à la violence, à travers les événements les plus controversés de l'histoire italienne et dans un monde interlope où se mêlent les hommes politiques, les criminels et les agents des services secrets. Au cours de cette cavale sans issue, Stefano tombe amoureux d'Antonella, soeur de Mauro et fille d'un célèbre intellectuel communiste, qui ignore tout de son geste et de ses idées. Auprès d'elle, il cherche désespérément une rédemptionqu'il trouvera à l'autre bout du monde, en Argentine.

Qui est Stefano Guerra ? Un tueur psychopathe, un terroriste sans pitié ? Ou bien un Pinocchio moderne en quête de père, un exalté qui fait son éducation sentimentale, un idéaliste pris dans la lutte des noirs et des rouges, néofascistes contre communistes ? Dans la formidable épopée que narre Les noirs et les rouges, Alberto Garlini nous guide avec virtuosité à travers une période cruciale du passé récent, mais il nous livre également une réflexion d'une cruelle actualité sur la violence politique.

En numérique chez Tropismes : Les noirs et les rouges

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