Mrs Donaldson et Mrs Forbes ont la cinquantaine. Mariées et mères de famille, elles sont ce que l'on pourrait appeler des « femmes respectables » de la middle-class anglaise. La première, vieille dame effacée que le veuvage vient de libérer d'un mariage trop ordinaire, s'apprête à goûter à la solitude altière et digne à laquelle son nouveau statut la prédispose. La seconde, matrone surprotectrice, a des idées bien arrêtées sur tout, et voit d'un oeil critique les noces de son fils Graham, conseiller bancaire séduisant et passablement narcissique, avec la disgracieuse Betty. Mais voilà qu'un souffle libertin vient bousculer ce havre de respectabilité petit-bourgeois. Mrs Donaldson devient la logeuse de deux étudiants en médecine qui, en fait de loyer, offrent leurs ébats sexuels à ses regards voyeuristes. Quant à Mrs Forbes, il faut toute la ruse de son entourage pour lui camoufler les frasques de son fils, homosexuel non avoué, qui assouvit ses pulsions en louant les services d'un prostitué. Fantaisie impertinente sur une libération sexuelle tardive et farce familiale se mêlent ici pour un régal de lecture impudique et subversive.
Une femme, veuve depuis peu, s'enfuit de sa demeure londonienne pour s'installer dans le Norfolk. Loin des quelques proches dont elle ne supportait plus la fausse complaisance, elle trouve refuge dans une petite maison de pêcheurs et réapprend à vivre seule.
Son quotidien se partage entre la rédaction d'un journal auquel elle confie ses réflexions, les excursions qu'elle entreprend sur la côte et les moments passés au pub, sous le regard étonné et réprobateur des habitants du village. À mesure qu'elle reprend le contrôle de sa vie, elle se penche sur son mariage : idyllique en apparence, il se révèle en réalité porteur de lourds secrets.
Mick Jackson campe avec finesse et causticité ce personnage féminin complexe, résigné et rebelle, sombre et drôle.
Un avocat, installé dans un quartier juif de Jérusalem, tombe sur un billet d'amour adressé par sa femme à un certain Yonatan. Saisi d'une jalousie dévorante, il n'a de cesse de le retrouver. Un jeune Arabe est engagé pour s'occuper d'un tétraplégique. Il s'empare peu à peu de l'identité de celui-ci.
Sayed Kashua raconte la course éperdue de ces deux hommes en quête de leur vérité, et dont les destins vont se croiser.
Haru et Izumi sont deux frères très liés depuis l'enfance. Haru est issu d'un viol subi par sa mère, mais les parents n'ont jamais caché cette réalité aux enfants et la famille est restée soudée autour de ce drame.
Izumi travaille pour une société de tests génétiques, tandis que Haru passe ses journées à nettoyer les tags de la ville. Quand d'étranges incendies se mettent à éclater ici et là, annoncés par de mystérieux graffitis, les deux frères décident de mener l'enquête. Les signes mis bout à bout forment un rébus dont ils s'efforcent de percer le sens.
Au-delà d'une énigme policière aux péripéties étonnantes, c'est la personnalité attachante des deux frères qui captive, ainsi que le charme des dialogues entre humour et émotion, émaillés d'interrogations sur le bien, le mal, et les questions éthiques posées par les progrès de la science.
On reconnaît dans ce roman la «marque de fabrique» d'Isaka Kôtarô : création d'un univers original, à la croisée du roman policier, du fantastique et du manga, et mise en place d'un puzzle auquel on peut être assuré que pas une pièce ne manquera lors du dénouement, toujours surprenant.
Il y a toujours une charge érotique et humoristique dans les livres de Jonathan Ames. Une double vie, c'est deux fois mieux ne vient pas rompre la tradition. Ce recueil de textes met en scène un double de Jonathan Ames, écrivain aux multiples occupations : on le voit assister au tournoi de l'U.S. Open en même temps qu'il s'exhibe à un festival de musique gothique. Plus tard il dresse un portrait hilarant de Marilyn Manson ou de Lenny Kravitz, puis adresse un discours aux admirateurs de velours côtelé, sans oublier de participer à un séminaire sur la manière de combler une femme sexuellement.
« Percy porte la subtile dynamique de la famille jusqu'au point de rupture. » The Los Angeles Times
Chasser à Echo Canyon est devenu une tradition pour la famille Caves. Lorsqu'un projet immobilier menace de dénaturer pour toujours ce lieu préservé de l'Oregon, Paul propose à son fils Justin d'y passer un dernier week-end ensemble. Face à une nature menaçante, la tension déjà latente entre les deux hommes est vite portée à son comble. Justin, qui a amené son fils Graham avec lui, ne s'inquiète que d'une chose, respecter la promesse faite à sa femme : le ramener sain et sauf. Mais la tension s'installe aussi chez ceux qui attendent le retour des chausseurs : Karen, le femme de Justin, qui s'est récemment éloignée de lui, et Brian, un jeune soldat de retour d'Irak, qui a beaucoup de mal à se réadapter à une vie morale...
Benjamin Percy, révélé par Sous la bannière étoilée, porte un regard acéré sur le côté sombre de l'humanité et sur nos vaines tentatives de contrôler la Nature. Un premier roman fort et lucide qui confirme son talent singulier.
« Parabole de ce qui est sauvage en nous et autour de nous, ce roman nous fait penser à des écrivains tels que Faulkner, Hemingway, Carver ou encore James Dickey, l'auteur de Délivrance. »
The New York Times
Martyr de la poésie qui paya son oeuvre de sa vie, Ossip Mandelstam (1891-1938) apparaît aujourd'hui comme un mythe de la littérature du XXe siècle.
La biographie de Ralph Dutli, traducteur en allemand des oeuvres complètes de Mandelstam, permet de découvrir le poète à travers le récit captivant de son existence errante, de plus en plus persécutée, dans une époque cruelle avec laquelle il était trop honnête, trop épris de liberté, pour se réconcilier jamais. Un homme jusqu'à son dernier souffle âprement attaché à la vie, perpétuellement amoureux, habité par la « rage littéraire », la volonté d'opposer à la tenaille du stalinisme les seules armes de la langue et de la culture, « la parole bienheureuse et insensée » de la poésie. Les poèmes, les proses, les essais n'étant jamais dissociés des événements de cette existence, ce livre donne accès, peu à peu, à travers les nombreuses citations qui ponctuent le récit, à cette oeuvre d'une beauté et d'une force indicibles.
En me privant des mers et de l'élan et de l'aile
En donnant à mon pied l'assise de la terre violente,
Qu'avez-vous obtenu ? Brillant calcul :
Vous ne m'avez pas pris ces lèvres qui remuent.
« Un merveilleux poète, le plus grand de tous ceux qui ont tenté de survivre sous le pouvoir soviétique... »
Vladimir Nabokov
« Mandelstam : rarement j'ai eu, comme avec sa poésie, le sentiment de cheminer - de cheminer aux côtés de l'irréfutable et du vrai, et ce, grâce à lui. »
Paul Celan
« Léger, intelligent, spirituel, élégant, voire même exquis, joyeux, sensuel, perpétuellement amoureux, honnête, clairvoyant et heureux, même dans les ténèbres de sa maladie nerveuse et de l'horreur politique, juvénile, ou même presque gamin, saugrenu et cultivé, fidèle et inventif, souriant et endurant, Mandelstam nous a offert l'une des oeuvres les plus heureuses du siècle... »
Pier Paolo Pasolini
«On me croit drôle et charmant, mais je suis sérieux et fatigué. J'ai mal au dos, plus de cheveux et une vilaine peau.» Confession d'un triste sire, aveux d'un raté ? Signé par l'une des voix les plus acérées et les plus dérangées du moment, cet autoportrait peu flatteur est assurément hilarant. Ces instantanés de vie absurdes et pathétiques, du bouledogue incontinent à la terreur ordinaire à bord d'un 747, dessinent avec brio une forme d'autobiographie en creux. En maître de l'autodérision, Augusten Burroughs révèle ses incertitudes, ses manies et sa fragilité - une débâcle intime dont il fait un miroir de la condition humaine cocasse et inspiré.
« Il est impossible de poursuivre sa vie sans avoir compris que tout ce sur quoi elle reposait était un mensonge, derrière lequel se terrait une vérité connue trop tard. »
Richard Richter est né deux fois, une fois à Vienne en 1942 et l'autre à Sarajevo un demi-siècle plus tard.
Le Serpent du destin est l'histoire de cette seconde et douloureuse naissance.
Qui pouvait imaginer ce qui attendait Richard quand, après de longues années parisiennes, il décida de revenir à Vienne, sa ville natale, où, pendant toute sa jeunesse, il avait côtoyé, sans le savoir, un dangereux secret ?
Découvrant par hasard le journal intime de sa mère, disparue peu après sa naissance, Richard apprend qui est son père, un certain Jakob Schneider. Il part alors à la recherche de ses racines et sa quête le mène dans la ville assiégée de Sarajevo. C'est là qu'il rencontre Ivor et Alma, deux jeunes gens avec qui, dans le quotidien de la guerre, il se laisse guider par ses propres désirs dans une relation imprévisible et intense, qui bouleverse sa vie et lui redonne espoir - à moins que le destin ne se moque encore de lui.
Dans ce roman construit telle une tragédie antique, Igor Stiks revisite le mythe d'Oedipe tout en prenant l'histoire européenne à bras-le-corps. Le Serpent du destin est son premier texte traduit en français.
Upton Sinclair est l'archétype de l'écrivain de gauche engagé. Activiste, fondateur du mouvement EPIC (End Poverty In California), l'auteur de La Jungle et de Pétrole !, dont Paul Thomas Anderson a tiré There Will Be Blood, a souvent été qualifié de Zola américain. S'il est décédé en 1968, à l'âge de 90 ans, il partage néanmoins avec les idéaux socialistes le mérite de ne jamais être complètement mort. De fait, des nostalgiques de la grande époque de la gauche américaine ont le pouvoir de faire renaître Upton de nos jours, dans un pays, les États-Unis, où plus que jamais le besoin d'une conscience sociale se fait sentir. Mais les suppôts du Capital veillent, et la droite musclée, consciente du risque que représenterait un nouvel évangile de gauche, n'a de cesse de traquer l'écrivain pour le supprimer. Upton Sinclair et le socialisme américain ont-ils vraiment un avenir ?
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, U. S. ! est un roman politique désopilant. Servi par une écriture inventive, baroque et déjantée, une imagination stupéfiante et un humour noir corrosif, Chris Bachelder dresse un constat sans appel de l'état de la société libérale et de son rapport aux utopies. Servi par un style étincelant, il ouvre ici une nouvelle voie, ultracontemporaine, au roman engagé.