Exilé en Suisse, puis aux États-Unis, Thomas Mann fut un opposant de la première heure au nazisme, dont il condamna les violences dès les années 1920 et qu'il combattit jusqu'à la fin de la guerre, multipliant les discours, les conférences et les interventions radiophoniques.
Cette guerre fut écrit durant l'hiver 1939 pour dénoncer l'iniquité du régime nazi et appeler les Allemands à la raison. Charge cinglante contre le régime nazi et ses dirigeants, c'est aussi un essai prophétique sur l'Europe. Impressionnant de finesse et de prescience politique, il apparaît encore actuel à bien des égards.
Un texte de combat, puissant et visionnaire.
Suivi de « Thomas Mann : de l'esthète à l'écrivain engagé » par David König.
« Un jour, tandis que j'étais dans mon bureau, occupé comme d'habitude à confier au papier des choses mélancoliques, un bruit étrange est parvenu à mon oreille. La véranda bruissait. On aurait d'abord pu croire qu'une femme avançait en retenant le bas de son kimono de soie, mais le froissement de l'étoffe sur le plancher était par trop vif pour un simple bas de robe. J'ai alors comparé ce bruit au crissement des plis de l'ample pantalon que porte le chambellan, lors de la fête des Poupées, évoquant le glissement de la soie sur les marches du palais fictif. Laissant mon roman, je suis sorti sur la véranda, le stylo entre les doigts : le moineau de Chine prenait son bain. »
Ce qui est « écrit dans la paume de la main » ne peut être que bref et fragmentaire : instants minuscules parfois, miettes modestes volées à la mémoire pour dire ce qui ne peut trouver sa place dans une oeuvre plus ample. Certaines vignettes scintillent en quelques lignes, d'autres récits ont besoin de quelques pages pour se déployer, mais sur tous l'écrivain règle son attention avec la même focale pour atteindre l'infime ou le détail révélateur dans un savant exercice d'humilité.
Alors, un janissaire apporta la tête de Miloch Obilitch et la jeta aux pieds de l'empereur à côté des deux autres têtes, disant : « Bienheureux seigneur, voici les tètes de vos pires ennemis. »
À la fin du XVe siècle, le Serbe Constantin Mihailovic adresse aux rois de Pologne et de Hongrie ses Mémoires d'un janissaire, où il récapitule les instants les plus dramatiques du siècle de fer et de feu qui vient de s'écouler - et qu'il vécut pour ainsi dire aux premières loges.
Car il avait servi, de 1455 à 1463, dans le régiment turc des janissaires, lorsque l'Empire ottoman conduisait à son terme la conquête du monde balkanique, des rives de l'Égée aux berges du Danube.
En forme de chronique des règnes des sultans ottomans, le récit de Constantin rapporte ainsi la disparition des principautés chrétiennes, serbes, valaques ou byzantines, et expose, de la bataille de Kosovo à la prise de Constantinople en passant par la figure de Vlad Dracul « l'Empaleur » ou celle du Skanderbeg albanais, toute la matière qui donna lieu, quelques siècles plus tard, aux romans nationaux dans les Balkans contemporains.
Ce récit patriographique sur un monde révolu, qui ne nous est parvenu que dans des versions polonaise et tchèque, n'avait jamais été traduit en français.
En hommage à la figure mythique d'Anacharsis, barbare éclairé frotté de philosophie et mis à mort par les siens parce qu'il était soupçonné de vouloir pervertir leurs moeurs ; en hommage à tous ceux qui, au fil des siècles, voulant changer d'oeil pour observer leurs prochains, l'adoptèrent pour pseudonyme, les éditions Anarchisis se sont donné pour vocation de publier des ouvrages qui rendent compte des rencontres entre cultures.
Il peut s'agir de textes écirts au fil du temps, parfois injustement confinés dans des rôles de « documents », de récits de voyages, authentiques ou étranges, de témoignages, mais aussi d'essais dont le dénominateur commun est de mettre le lecteur en présence d'un questionnement sur l'altérité.
Se réclamant volontiers de la notion d'exotisme, nos publications invitent à la découverte d'un extérieur aussi bien situé dans le temps que dans l'espace, tout en laissant sa place au plaisir pur de la lecture.
En 1783 des éruptions volcaniques apocalyptiques recouvrent l'Islande de cendre, détruisent les récoltes et provoquent une famine. C'est dans ce pays dévasté que deux représentants de l'autorité coloniale danoise vont s'affronter dans un conflit qui sera jugé par l'assemblée populaire traditionnelle.
La rivalité des deux hommes se cristallise autour de deux orphelins, Sunnefa, considérée, à dix-huit ans, comme la plus belle femme de l'île, et son frère cadet Jón, coupables d'inceste et victimes de la société traditionnelle luthérienne. Les paysans qui observent les faits forment le choeur pluriel qui commente la tragédie et permet une grande diversité de points de vue, voix, lettres et journaux des protagonistes qui font lentement progresser le mystère autour du crime central.
La nature est un personnage à part entière, les glaciers, les déserts et les torrents intensifient les sentiments et les haines qui se développent. La présence du mal devient palpable dans cet impitoyable duel à mort.
La splendeur ancienne n'est plus, le palazzo familial se délabre, la plupart des appartements ont été vendus et les trois soeurs se partagent ceux qui restent. Seule l'aînée, Noemi, rêve de reconquérir le faste perdu et de restaurer la demeure sur les hauteurs de Cagliari. Les deux autres s'accommodent de la déchéance. Le sujet sur lequel en revanche toutes les trois s'accordent est l'amour imparfait. Toujours imparfait » Pour Maddalena, qui s'adonne avec persévérance à une sexualité fiévreuse, le désir d'enfant n'est pas satisfait. Pour Noemi, l'objet de l'amour est fuyant et dédaigneux. Quant à la plus jeune, la fragile comtesse de Ricotta, on dirait que la vie entière lui échappe. Comme les objets de ses mains maladroites. Comme l'étrange petit garçon qu'elle élève seule. Mais peut-être que l'espoir se cache tout près, juste de l'autre côté du mur...
Milena Agus nous emporte à nouveau dans son univers si particulier où se côtoient désenchantement et magie lumineuse.
Sur les quatre récits inédits qui ouvrent ce recueil, trois ont été écrits après la chute du régime communiste en Albanie, le quatrième, La Provocation, qui donne son titre à l'ensemble, datant, lui, d'un demi-siècle.
À leur suite figurent cinq autres récits déjà publiés auparavant, insérés, à l'instar de passagers clandestins, dans les romans Le Concert, Froides Fleurs d'avril et L'Entravée. Parties intégrantes de ces romans, ils n'en conservent pas moins leur singularité en tant que créations autonomes.
Les neuf récits ainsi rassemblés reflètent l'exceptionnelle variété des thèmes abordés dans l'ensemble de l'oeuvre du plus grand écrivain albanais, et l'universelle portée de cette oeuvre.
Ils ne le savaient pas alors, mais c'était là l'unique lieu parfait en ce monde. Un lieu totalement isolé et le seul pourtant à n'être pas aux couleurs de la solitude. Le Livre 3 fait entendre une nouvelle voix, celle d'Ushikawa. Et pose d'autres questions : quel est ce père qui sans cesse revient frapper à notre porte ? La réalité est-elle jamais véritable ? Et le temps, cette illusion, à jamais perdu ? Sous les deux lunes de 1Q84, Aomamé et Tengo ne sont plus seuls.
Pigiste pour la presse féminine, Wera a épuisé tous les sujets… ainsi que son compte en banque. À la caisse d’un supermarché, elle tombe sur une petite annonce proposant un stage en spiritualité. Un sujet en or ! C’est parti pour trois semaines d’immersion à La Béatitude, en compagnie d’un apprenti gourou, d’une « petite mère », et de quatre autres volontaires pour réinventer Dieu : un médecin radié, un musulman iranien, une femme invisible, et Madeleine qui porte en permanence son sac à dos comme un fardeau.
Ressortiront-ils adeptes d’une nouvelle religion ou délestés de leurs préjugés ? Car tous, même Wera et son pseudo-cynisme, sont en quête de sacré. N’avons-nous pas tous besoin d’un doudou divin à dorloter ?
Huit touristes étrangers sont pris en otages. Après une importante mobilisation médiatique, l'attention de la presse internationale se détourne. Seule une ONG présente dans la région poursuit sa mission et parvient à introduire un minuscule enregistreur dans une boîte de premiers soins transmise aux otages.
L'opération réussie, les écoutes commencent. A des kilomètres de là, un casque sur les oreilles, un jeune homme mobilise toute son attention sur des voix qu'il ne comprend pas, une langue qu'il ne connaît pas. Ces gens semblent dire, raconter, faire preuve d'une sincérité troublante. Tous les soirs, à la même heure, l'un d'entre eux prend la parole.
Huit récits, huit souvenirs dits par des êtres pris au piège, confrontés à l'ombre de la mort. Huit lectures enregistrées, volées puis rapportées, inconsciemment léguées au monde des vivants.
Deux enfants s'introduisent dans les écuries d'un centre d'expérimentations pharmaceutiques. Ce matin, ils ont surpris leur père, employé des lieux, sur le point de commettre le pire.
Dans l'obscurité, un box est ouvert, une corde nouée au licol : en pleine nuit les petits s'éloignent déjà, tirant derrière eux un cheval jusqu'alors condamné. Dans l'ombre immense de l'animal, ils progressent, traversent l'autoroute, affrontent l'au-delà.
Un homme vient d'épouser une jeune femme murée dans un douloureux silence. Les violences de la guerre n'ont pas épargné son corps. L'enfant à naître est celui d'un soldat américain.
A seize ans, Jirô est fasciné par les coutumes locales accompagnant les funérailles. Il les connaît si parfaitement que les villageois prennent l'habitude d'avoir recours à ses services contre menue monnaie.
Après des nuits passées à l'affût d'un craquement léger, Kiyoshi découvre la trappe par laquelle se glisse sa grand-mère. Frêle silhouette qui rejoint en secret un fils disparu ou qui, plus simplement, se prépare à la mort.
Quatre histoires d'amour et de pauvreté, écrites par Akira Yoshimura entre 1953 et 1964. Quatre récits ayant pour décor la tourmente des années 1950 au Japon et qui composent à elles seules les fondations de l'oeuvre de cet immense écrivain mort en 2006.