La Malle en cuir ou La Société idéale

La Malle en cuir ou La Société idéale
Stevenson Robert Louis
Ed. Gallimard

Voici le premier roman qu'écrivit Robert Louis Stevenson, resté jusqu'à ce jour à l'état de manuscrit. Une lettre, datée de mai 1877, l'annonçait avec enthousiasme : « Sonnez tambours, résonnez trompettes - je suis embarqué sur - trompettes, tambours - un roman ! »

Un groupe de jeunes gens de Cambridge, à l'instant d'entrer dans la vie adulte, décident de s'en aller bâtir ailleurs un monde plus accordé à leurs désirs. Ils n'ont sur la question que des idées fort vagues, quelques penchants bohémiens, et la promesse d'une mystérieuse malle en cuir. Assez pour commencer à rêver aux îles des Navigateurs, dans les mers du Sud. Mais ils ne se doutent pas qu'ils auront à vivre pour cela bien des aventures : cambriolages, fuites nocturnes, île déserte à l'ouest de l'Écosse, bataille navale, tempête...

Entrepris parallèlement aux Nouvelles Mille et Une Nuits, La Malle en

cuir se voulait le roman des temps de bohème. Les épreuves du voyage en Californie devaient transformer profondément l'écrivain et clore pour lui cette époque : l'oeuvre, pourtant presque achevée, ne fut pas terminée.

Manquaient les derniers chapitres. Michel Le Bris, qui découvrit le manuscrit dans une bibliothèque américaine au bout d'un véritable jeu de piste, a utilisé sa connaissance approfondie de Stevenson pour imaginer la suite de son projet : la fin est tout aussi savoureuse que le roman lui-même.

Thésée universel

Thésée universel
Krasznahorkai Laszlo
Ed. Vagabonde

Devant un mystérieux auditoire, un orateur livre des vues saisissantes sur la condition humaine. Évoluant dans un univers à la fois réel et étrange, repoussant ses propres limites et celles du langage aux confins de l'hallucination, il entraîne, par ses assauts répétés, le lecteur dans une troublante confrontation avec les lois de l'imagination.

Utilisant le mode narratif du discours, László Krasznahorkai explore dans cette fiction composée de trois mouvements des thèmes fondateurs de la littérature : la tristesse, la révolte, la possession. Face à l'escalade de la peur et du mépris, tel un anatomiste de l'apocalypse des désirs, il tisse une trame burlesque et acérée où l'invention jubilatoire se conjugue aux effets les plus périlleux.

La théorie de la lumière et de la matière

La théorie de la lumière et de la matière
Porter Andrew
Ed. l'Olivier

«Le trou était au bout de l'allée du garage de Tal Walker. Une couche de goudron le recouvre aujourd'hui. Mais voilà douze étés, Tal est descendu à l'intérieur et n'est jamais remonté. Des semaines plus tard, ma mère me prenait encore dans ses bras sans raison, me serrait de toutes ses forces chaque fois que je quittais la maison, et dans la soirée, avant que j'aille me coucher, elle fourrait ses doigts dans mes cheveux en brosse en murmurant mon prénom.»

Des pelouses du Connecticut aux paysages ruraux de Pennsylvanie, La Théorie de la lumière et de la matière est une traversée de l'Amérique. Loin des épopées spectaculaires, ces dix nouvelles traquent les détails infimes, les paroles prononcées sans y penser, tout ce qui façonne silencieusement nos destins. L'écriture pure et délicate d'Andrew Porter le place dans la grande tradition des nouvellistes américains comme Raymond Carver ou John Cheever.

Granny Webster

Granny Webster
blackwood Caroline
Ed. Christian Bourgois

«Ce livre est semblable à une boîte de chocolats fourrés aux amphétamines.» (Francis Wyndham, Sunday Times)

«Choquant, brillant et diaboliquement drôle, Granny Webster est le meilleur livre de Caroline Blackwood. Avec la monstrueuse douairière de Hove, et la classe dominante qu'elle représente, Blackwood a trouvé un sujet à la mesure de son style extraordinaire qui mêle l'horreur à la jubilation.» (Jonathan Raban)

«Inoubliable. Granny Webster est le compte rendu pragmatique - un pragmatisme des plus sinistres - des infortunes d'une famille d'Irlande du Nord. Aussi court que puisse paraître ce livre, l'auteur parvient à y retranscrire l'esprit des époques victorienne, édouardienne, d'avant et d'après guerre avec un verbe précis et sonore... Une expérience littéraire unique.» (Philip Larkin)

Sept maisons en France

Sept maisons en France
Atxaga Bernardo
Ed. Christian Bourgois

Yangambi, 1903. Tout est calme dans ce poste militaire où s'est implanté un détachement de la Force Publique du roi Leopold II, au coeur de la forêt congolaise. Les officiers y récoltent le caoutchouc, tandis que les chefs se laissent aller à leurs rêveries : le capitaine Lalande Biran aspire à devenir artiste et multiplie les trafics en tous genres ; le lieutenant Van Thiegel songe quant à lui à ouvrir un bar à Anvers et cherche à séduire la femme de Biran.

Entre les cris des chimpanzés et des mandrills, l'ennui domine, les distractions se limitant à la lecture du courrier, de la presse locale et aux soirées alcoolisées. Tous n'aspirent qu'à rentrer en Belgique, jusqu'au jour où Leopold II annonce qu'il aimerait visiter le Congo, «son jardin de trois millions de mètres carrés». Rapidement néanmoins, les préparatifs font surgir des difficultés qui l'emportent sur l'euphorie initiale.

«Quand le livre a paru en Espagne, un journaliste qui connaissait l'endroit où je suis né s'est étonné de l'absence de Basques. 'Pas même un missionnaire', a-t-il dit. C'est tout à fait vrai. Ce livre ne parle pas de missionnaires basques, mais d'autres présences européennes en Afrique, en général plus grotesques.» Bernardo Atxaga

MOO PAK

MOO PAK
Josipovici Gabriel
Ed. Quidam

Au cours de leurs marches incessantes à travers parcs et rues de Londres, Jack Toledano raconte à son ami Damien Anderson qu'il travaille depuis des années sur Moo Pak, magnum opus perpétuellement inachevé, dont il échoue à produire ne serait-ce qu'une ligne. Un paradoxe qui n'est que l'une des nombreuses ironies de ce roman dont le thème central est le langage lui-même, symboliquement exprimé au travers de Moor Park, manoir qui au fil du temps a abrité Jonathan Swift, un asile d'aliénés, un centre de décodage durant la Deuxième Guerre mondiale, un institut dédié à l'étude du langage chez les primates et, pour finir, une école où un jeune illettré s'efforce d'écrire « l'istoir de Moo Pak ».
Monologue d'un seul paragraphe et palimpseste virtuose, Moo Pak passe en revue les thèmes qui ont préoccupé Gabriel Josipovici ces vingt-cinq dernières années. Un livre conduit avec brio, légèreté et fluidité.
Romancier, dramaturge et critique contemporain britannique, Gabriel Josipovici est né en 1940. Son œuvre, traduite dans la majeure partie de l'Europe, comprend notamment une douzaine de romans et trois recueils de nouvelles. Ses écrits ont souvent attiré l'attention de la critique, en particulier pour leur caractère innovant et « expérimental ». Il a reçu le prix Somerset Maugham en 1975.

Dompter la bête

Dompter la bête
Sotiropoulos Ersi
Ed. Quidam

Loin des élans révolutionnaires de sa jeunesse, Àris Pavlòpoulos, conseiller particulier d'un ministre, jouit d'une existence confortable à Athènes en dissimulant ses zones d'ombre : l'obsession du sexe et l'ambition refoulée d'être reconnu comme poète. Une manifestation littéraire consacrée à son oeuvre et un voyage en Espagne, hanté par le symbolisme sexuel de la tauromachie, lui offrent l'occasion de satisfaire tous ses désirs. Mais dans la vie de Pavlòpoulos, rien n'est conforme aux apparences... surtout quand un jeune voyou le poursuit dans les rues d'Athènes comme son ombre.

D'une écriture rigoureuse et inventive, tragique sans négliger l'aspect comique et même grotesque des choses, Dompter la bête dissèque le comportement d'une élite tout en abordant des questions morales et existentielles. Un roman qui se lit d'un trait.

The Enchanter : Nabokov and Happiness

The Enchanter : Nabokov and Happiness
Zanganeh Lila Azam
Ed. Penguin

'Happiness writes white - it doesn't show up on the page,’ said Henri de Montherlant. This is an aphorism that sounds true but isn't, and the work of Vladimir Nabokov, as Lila Azam Zanganeh so lightly and elegantly shows us, is its great disproof. Her book is a joyful study of the joy that inspired all of Nabokov's art. A beautiful little book which, flitting here and there like the great man's beloved butterflies, delightfully succeeds in netting the butterfly hunter.Salman Rushdie

A lucid and joyful account of the great master's art, written with all the playfulness that the subject deserves. Very delightful. Orhan Pamuk

Paris est une fête

Paris est une fête
Hemingway Ernest
Ed. Gallimard

Au cours de l'été 1957, Hemingway commença à travailler sur les «Vignettes parisiennes», comme il appelait alors Paris est une fête. Il y travailla à Cuba et à Ketchum, et emporta même le manuscrit avec lui en Espagne pendant l'été 1959, puis à Paris, à l'automne de cette même année. Le livre, qui resta inachevé, fut publié de manière posthume en 1964.

Pendant les trois années, ou presque, qui s'écoulent entre la mort de l'auteur et la première publication, le manuscrit subit d'importants amendements de la main des éditeurs. Se trouve aujourd'hui restitué et présenté pour la première fois le texte manuscrit original tel qu'il était au moment de la mort de l'écrivain en 1961.

Ainsi, «Le poisson-pilote et les riches», l'un des textes les plus personnels et intéressants, retrouve ici ces passages, supprimés par les premiers éditeurs, dans lesquels Hemingway assume la responsabilité d'une rupture amoureuse, exprime ses remords ou encore parle de «l'incroyable bonheur» qu'il connut avec Pauline, sa deuxième épouse.

Quant à «Nada y pues nada», autre texte inédit et capital, écrit en trois jours en 1961, il est le reflet de l'état d'esprit de l'écrivain au moment de la rédaction, trois semaines seulement avant une tentative de suicide. Hemingway y déclare qu'il était né pour écrire, qu'il «avait écrit et qu'il écrirait encore»...

La mort de Tusitala

La mort de Tusitala
Nakajima Atsushi
Ed. Anacharsis

Tusitala, « le Raconteur d'histoires », est le nom de guerre que l'on prêtait à Robert Louis Stevenson dans les îles Samoa, où il vécut aux derniers temps de sa vie.

Engagé avec les Samoans contre les puissances coloniales, écrivant avec acharnement, défrichant ses champs, rêvant dans la lumière des tropiques, l'auteur de L'Île au Trésor s'était bâti là-bas une existence à sa mesure.

Nakajima Atsushi, un écrivain jeune pour toujours lui aussi, orchestre autour des dernières années de Stevenson un roman subtil en forme d'hymne à la vie.

Alternant la narration et les pages d'un journal fictif, il se démarque de l'exercice biographique pour composer une fiction pure où se déploient sans limite le pouvoir et la puissance de l'imagination.

Le talent de Nakajima, l'élégance joyeuse de son écriture et la limpidité de son style se conjuguent ici jusqu'à nous convaincre que l'on aurait affaire, avec La Mort de Tusitala, à un autre Stevenson.

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