Décembre 1930, vacances de Noël. Gibbsville, petite bourgade tranquille de Pennsylvanie, est en pleine effervescence. On y danse et on y boit, dans les bars louches comme dans le milieu très fermé de l’élite locale. Parmi les membres de cette élite se trouvent Julian et Caroline English. En pleine réception, Julian lance le contenu de son verre à la figure de Harry Reilly, sans raison apparente… simplement par agacement. Sans qu’il le sache, ce geste impulsif vient de précipiter Julian English dans une spirale autodestructrice qui va durer quarante-huit heures : après avoir cherché secours dans l’amour de sa femme et de ses amis, dans l’alcool, dans la fuite, il aura finalement à se rendre à ce « rendez-vous à Samarra », qui est un rendez-vous avec la mort.
Jacinto, dandy et riche héritier d’une famille de notable portugais, vit à Paris depuis tout petit. Fasciné par la ville lumière, son mouvement et sa modernité, il collectionne dans sa résidence du 202, Champs-Élysées, toutes sortes d’inventions propres à l’époque. Des objets incongrus représentants selon lui le summum du raffinement, la haute civilisation et donc la condition à son bonheur ! Lampes électriques en tout genre, brumisateurs, tissus précieux, bibliothèque au quelque 30 000 milles volumes… La maison déborde de cette civilisation !
Zé Fernandes, jeune homme originaire d’un petit village du nord du Portugal s’installe chez son ami Jacinto pour suivre ses études à Paris. Initié aux plaisirs de la société moderne, il découvre la ville lumière, déambule dans ses rues y rencontre ses groupes d’intellectuels et d’artistes.
1933 : Hitler vient d’accéder au pouvoir. Le Dr Armin Müller, membre du parti nazi et professeur de lycée, se voit confier le soin d’écrire pour l’édification des masses un ouvrage dégageant le « fil conducteur de l’histoire allemande ».
Ce fil conducteur, où le Dr Müller le trouverait-il mieux qu’au sein de sa propre famille ? Quoi de plus allemand que la « lignée » des Müller ?
Censeur impitoyable, pourfendeur corrosif du genre humain de la trempe d’un Paul Léautaud, Karl Kraus avait horreur des journalistes, des hommes politiques, des intellectuels, des historiens et de l’art de son temps qu’il assimilait à un cosmétique. Pour lui, le libéralisme se confond avec l’hédonisme, les juges avec les bourreaux, la haute finance avec les maîtres de la boucherie, et la psychanalyse n’est rien d’autre qu’une vaste plaisanterie.
Dans un style dénué de concessions, les aphorismes de Kraus – condensé d’humour incisif et de fulgurances rageuses – mettent en pièces tout ce que la société porte au pinacle.
Tout commence à la fin des années 1970, lorsque les parents du narrateur décident de s’éloigner de l’influence corruptrice de la ville pour entreprendre un périlleux « retour à la terre » en faisant l’acquisition d’une ferme dans le comté rural du Goochland (État de Virginie). Le jeune homme se trouve alors plongé dans le voisinage d’adolescents déboussolés et d’adultes endurcis que la terre hostile, presque hantée, du Nouveau Monde a fait sombrer dans la folie.
Ray Morris est un journaliste free-lance au physique banal, un Londonien de classe moyenne légèrement paranoïaque entouré d’amis choisis et fidèles et d’une femme très enceinte, Garthene. Ray est le genre d’homme à n’avoir jamais vraiment trompé sa femme. Il n’a jamais reçu de coup de poing au visage. Il n’a jamais participé à une émeute, ni été recherché dans tout le pays, ni arrêté par la police, ni haï sur Internet par le monde entier. Du moins pas avant l’été 2011, où les rues de Londres et son mariage partent en flammes. Ray ne le sait pas encore, mais il va bientôt découvrir qu’il possède un véritable talent pour le pire.
Sedd est un garçon de quatorze ans, intelligent, cultivé et très réfléchi pour son âge. Il a un sens aigu de ce qu’il faut faire et du comme il faut — non seulement pour sa propre personne, mais également pour un établissement de standing. Car Sedd vit à Fåvnesheim, un vaste hôtel de montagne tenu par ses grands-parents, dans une Norvège qui n’a pas encore pleinement encaissé les dividendes du pétrole.
On va suivre Sedd pendant cette année 1982 où le monde vacille lentement autour de lui, tandis qu’il s’efforce de rester debout, tout en nous racontant ces funestes événements. Tels les homards de l’aquarium de l’hôtel, les personnages de cette histoire se cachent sous des carapaces, derrière une accumulation de façades, et ne peuvent ni ne veulent voir ce qui se passe.
Vituca, une documentariste italienne qui vit à Paris tombe amoureuse de Ramos, un chorégraphe brésilien au talent éclatant. Si tout les sépare, la géographie, la culture, la personnalité, ce qui les sépare les attire et ils se marient. Mais comment s’aimer au loin ? Le roman analyse d’abord les efforts pour faire durer une relation contrainte de dépasser toutes sortes de frontières, qui ne sont pas uniquement géographiques. Faire vivre un amour à distance, dans ce récit, c’est jouer avec ses propres limites. Se rapprocher alors ? Chacun voudrait que l’autre « songe à la douceur / D’aller là-bas vivre ensemble ! ».
Mais là-bas n’est jamais si doux. Et le Brésil de Ramos est âpre, rude, aussi inquiétant qu’attirant. La tragédie avance, implacable, derrière les efforts des amants. Elle aboutit au drame effroyable et au deuil. Derrière sa magnifique puissance vitale, Ramos cachait des secrets, une intime tragédie, un destin plus encore qu’un caractère.
"Les gens seraient-ils en réalité tous au bord du suicide, toute leur vie, obligés de survivre à chaque journée en jouant aux cartes et en regardant la télé et en mangeant, tant de routines prévues pour éviter ces instants de face à face avec un soi-même qui n’existe pas ?" Tel est l’état d’esprit de James Vann lorsqu’il retrouve sa famille en Californie – ses parents, son frère cadet, son ex-femme et ses enfants. Tous s’inquiètent pour lui et veulent l’empêcher de commettre l’irréparable. Car James voyage avec son Magnum, bien décidé à passer à l’acte. Tour à tour, chacun essaie de le ramener à la raison, révélant en partie ses propres angoisses et faiblesses. Mais c’est James qui devra seul prendre la décision, guidé par des émotions terriblement humaines face au poids du passé, à la cruauté du présent et à l’incertitude de l’avenir.
«La matière d'un journal ne se nourrit que de confession. Lorsqu'il écrit son journal, l'écrivain se confesse, il n'a plus rien à écrire. Tout a été dit, il s'est libéré. Que l'on considère donc ce journal comme le lieu de ma confession ; j y exprime tout ce qui m'habite, tout ce qui me préoccupe, tout ce dont, d'une façon ou d'une autre, je sens l'urgence de me libérer. Cette libération constitue l'intérêt même de mon journal.» (Malaparte.)