La démocratie

La démocratie
Brossat Alain
Ed. Al Dante

De quelle espèce est l'opération contemporaine consistant à faire valoir le nom de la démocratie comme celui de la seule figure d'organisation et de vie politique acceptable et conforme aux exigences d'une vie civilisée ? Qu'est-ce qui est en jeu dans le balisage de notre présent par l'ensemble des discours tendant à accréditer la notion d'un horizon indépassable de «la démocratie», horizon de toute politique possible et de vie commune ? De quoi cet usage du mot démocratie est-il la manifestation ou le symptôme ?

On ne se demandera pas dans ces textes ce qu'est en vérité la démocratie contemporaine ; on n'en dénoncera pas les faux-semblants ou les illusions ; on n'opposera pas à ces mensonges ou à ces trahisons allégués ce qu'elle devrait être - on s'interrogera plutôt sur ce point : sous quelles conditions sommes-nous astreints aujourd'hui à parler de la démocratie, quels sont les principes d'agencement qui président à l'établissement de l'ordre des discours régissant la formation des énoncés à propos de la démocratie dans notre présent ?

Adieu. Essai sur la mort des dieux

Adieu. Essai sur la mort des dieux
Bailly Jean-Christophe
Ed. Editions nouvelles Cécile Defaut

«Dieu est mort. Mais tels sont les hommes qu'il y aura encore pendant des millénaires des cavernes dans lesquelles on montrera son ombre... Et nous..., il faut encore que nous vainquions son ombre», écrivait Nietzsche dans un célèbre passage du Gai Savoir. C'est à essayer de comprendre de quoi est faite cette ombre - dans le religieux lui-même mais aussi dans le politique - que s'attache la première partie de ce livre. La seconde est consacrée à la mort de Pan telle que la raconte Plutarque, autrement dit : à la façon dont le monde païen a pressenti sa propre disparition.

Ce qui est ici en cause, c'est une sorte d'impuissance de l'athéisme qui, de l'annonce joyeuse qu'il fut, s'est transformé en un simple jour opaque. Dire véritablement adieu aux dieux et à Dieu, pieusement abandonner tout culte ou tout substitut de culte, telles sont les directions que ce livre propose, non comme une illumination athée mais comme un ultime et nécessaire acte de révérence.

Les intellectuels contre la gauche. L'idéologie totalitaire en France (1968-1981)

Les intellectuels contre la gauche. L'idéologie totalitaire en France (1968-1981)
Scott Christofferson Michael
Ed. Agone

Au cours des années 1970, une vigoureuse offensive contre le «totalitarisme de gauche» ébranla la vie politique française. Dans leurs livres, leurs articles et à la télévision, les intellectuels «antitotalitaires» dénonçaient, sur un ton dramatique, une filiation entre les conceptions marxistes et révolutionnaires et le totalitarisme. Issus eux-mêmes de la gauche et ne craignant qu'une faible opposition de ce côté-là, ces intellectuels ont réussi à marginaliser la pensée marxiste et à saper la légitimité de la tradition révolutionnaire, ouvrant ainsi la voie aux solutions politiques modérées, libérales et postmodernes qui allaient dominer les décennies suivantes. Capitale de la gauche européenne après 1945, Paris devenait la «capitale de la réaction européenne».

Lire Platon

Lire Platon
Collectif
Ed. PUF

Comment Platon invente-t-il ce savoir et ce mode de vie que l'on nommera à sa suite «philosophie» ?

Quels sont les traits distinctifs de la pensée platonicienne ?

Comment la tradition platonicienne s'est-elle développée et quels en sont les principaux enseignements ?

Chez Platon, la philosophie est le principe de l'amélioration de l'individu et de la cité. C'est en accordant une place primordiale à l'âme et au savoir fondé sur l'intelligible que l'homme sera capable de penser, de parler et d'agir. À travers les contributions originales de spécialistes internationaux, cet ouvrage donne au lecteur les moyens de saisir clairement les grandes lignes de la pensée du philosophe athénien. Les chapitres successifs examinent chacun des aspects essentiels de son oeuvre, en présentant les dialogues dans leur contexte historique et en proposant de nombreuses références bibliographiques, nécessaires à l'approfondissement des éléments présentés dans cette introduction.

Leo Strauss. A quoi sert la philosophie politique ?

Leo Strauss. A quoi sert la philosophie politique ?
Collectif
Ed. PUF

Acclamé comme rénovateur de la tradition philosophique ou honni comme maître à penser du néo-conservatisme, Leo Strauss est sujet à controverse depuis plusieurs décennies.

Explorant les plus importantes des questions de son oeuvre, le présent volume en offre la première introduction concise et complète en langue française. Plus précisément, il se concentre sur les querelles dont l'examen anime la pensée de Strauss : la querelle entre les anciens et les modernes, entre la vie théorique et la vie pratique, entre Athènes (la vie de raison) et Jérusalem (la vie de foi), et entre philosophie et poésie. Toutes ces querelles impliquent finalement une même question : la philosophie est-elle possible en tant que manière de vivre ? C'est aussi la question de l'éducation.

Sur la technique

Sur la technique
Simondon Gilbert
Ed. PUF

À quelles conditions la technique peut-elle être porteuse de véritable progrès pour l'humanité ? La vie sociale n'est pas compréhensible sans sa dimension technique, pas plus que les développements de la technique (bons ou mauvais) ne sont indépendants des facteurs psychosociologiques. À travers les textes réunis ici, il s'agit de comprendre en quoi, de l'éducation à la publicité et à la culture en général, il est possible de faire de la dimension technique de la société autre chose qu'une source d'aliénation.

Une véritable approche psychosociologique donne aux hommes la chance d'être non pas esclaves du développement technique, mais, par une relation renouvelée aux êtres techniques, véritablement chez eux dans le monde d'aujourd'hui.

En traitant de divers aspects du rapport de l'homme à la technique et au monde, Gilbert Simondon rappelle le véritable sens de la technique : être, pour l'homme, la médiation vraie à la nature, le metaxu entre l'homme et le monde.

Qu'est-ce que l'écosophie ?

Qu'est-ce que l'écosophie ?
Guattari Félix
Ed. Nouvelles éditions Lignes

Qu'est-ce que l'écosophie ? réunit les textes rares ou inédits que Félix Guattari rédige entre 1985 et 1992, à l'issue de ce qu'il a nommé «les années d'hiver». Proche des partis écologistes, qui lui paraissent alors pouvoir exprimer un «nouveau type de militantisme» (il déchantera rapidement), il entreprend de formaliser une théorie écologiste dont l'ambition ne se limiterait nullement à la sauvegarde de l'environnement.

Toujours soucieux d'inscrire sa production théorique dans «l'ordre de l'efficience», celui de «micropolitiques» fondées sur les expérimentations collectives les plus avancées, Félix Guattari fait preuve d'une lucidité critique particulièrement aiguë vis-à-vis des changements politiques et sociaux dont il est à la fois l'acteur et le témoin. Aussi est-il l'un des premiers à formuler une mise en garde contre la tentation droitière d'une écologie visant à la restauration d'un ordre ancien imaginaire, et à lui opposer sa propre vision émancipatrice de l'écosophie. Il pointe également l'émergence d'un «éco-business», fondé sur le «revirement spectaculaire des mass-médias ayant contribué à l'extension de l'audience des mouvements d'écologie politique» dans les années 1980 (et dont «l'économie sociale et solidaire» pourrait aujourd'hui incarner l'avatar).

Si les textes qui composent Qu'est-ce que l'écosophie ? constituent un témoignage essentiel sur une période dont l'histoire politique reste en grande partie à écrire, ils offrent également un éclairage précieux sur les temps catastrophiques présents et à venir : «on ne peut espérer remédier aux atteintes à l'environnement sans modifier l'économie, les structures sociales, l'espace urbain, les habitudes de consommation, les mentalités [...]. C'est ce qui me conduit à parler d'une écosophie qui aurait pour perspective de ne jamais tenir séparées les dimensions matérielles et axiologiques des problèmes considérés.»

Usages de Foucault

Usages de Foucault
Collectif
Ed. PUF

L'oeuvre de Foucault est tout entière traversée par la question théorique et pratique des usages. Question de méthode, d'abord : Foucault fait usage de l'archive à des fins de mise en intelligibilité du présent. Question thématique, ensuite : Foucault s'interroge sur la manière dont les individus font usage des normes qui les régissent dans un contexte historique donné. Question critique, enfin : le primat alloué à l'usage définit l'intellectuel non plus comme le détenteur d'un savoir réservé en position régalienne, mais comme un usager et un utilisateur des savoirs.

Lire Foucault aujourd'hui suppose de se saisir à nouveaux frais de ces dimensions multiples du motif de l'usage, ce qui implique de conjuguer la rigueur du commentateur et la liberté de l'utilisateur. Les contributions réunies dans le présent ouvrage donnent une vue d'ensemble des différents usages qu'il est possible de faire de Foucault aujourd'hui : tantôt en creusant des problèmes qu'il nous a légués et qui sont encore les nôtres (l'articulation du mental et du carcéral, la gouvernementalité, les régimes de vérité, la bio-politique), tantôt en mettant ses thèses à l'épreuve d'autres terrains, explorés notamment par les sciences sociales.

Vers la cohabitation. Judéité et critique du sionisme

Vers la cohabitation. Judéité et critique du sionisme
Butler Judith
Ed. Fayard

Comment fonder une nouvelle éthique en Israël/Palestine ? Et peut-on renouer, politiquement, avec la solution d'un État unique et binational ?

Dans cet ouvrage, Judith Butler s'interroge sur la possibilité d'articuler les expériences juives de la diaspora et du déplacement et les expériences palestiniennes de la dépossession pour repenser la situation dans la région. Elle place au centre de sa réflexion la notion de cohabitation, une condition de notre vie politique et non quelque chose que nous pouvons refuser. Nul n'est en droit de choisir avec qui cohabiter sur cette terre.

Selon Butler, l'éthique de la judéité exige une critique du sionisme. La célèbre philosophe puise ainsi dans la pensée juive des instruments pour mettre en question la violence, le nationalisme et le colonialisme de l'État d'Israël. Elle engage la discussion avec des auteurs comme Hannah Arendt, Emmanuel Levinas, Primo Levi, Martin Buber, Walter Benjamin, mais aussi Edward Said ou Mahmoud Darwich. Elle se confronte aux problèmes du droit des dépossédés et des apatrides, du traumatisme de l'Holocauste, de l'oppression et de l'exil. Elle renouvelle, au nom du caractère irréductible de la pluralité humaine, les concepts classiques de droit, d'État-nation, de citoyenneté ou encore de souveraineté.

Mêlant éthique, philosophie et politique, ce grand livre affirme un idéal de cohabitation, de justice sociale et de démocratie radicale.

Les cicatrices du vent. Itinérance d'une identité

Les cicatrices du vent. Itinérance d'une identité
Gazzo Yves
Ed. Fantascope

Avec des cicatrices pour identité et un réservoir de soleil pour tout bagage, Yves Gazzo a su, tout au long de sa vie, coller aux situations et observer la complexité des systèmes humains, en se détachant des sphères bureaucratiques et des corporatismes. La découverte des autres, de pays et de coutumes, de systèmes politiques variés, d'identités multiples, assimilées, aliénées, meurtries, métissées, déplacées, le place au coeur d'une quête qui rejoint et dépasse parfois son aventure personnelle. Témoin privilégié de certains mouvements de l'histoire, parfois acteur d'épisodes épiques, l'auteur nous livre un récit prenant, mélange d'anecdotes et d'analyses. Il apporte ainsi des éclairages inattendus sur les événements et ouvre des champs de réflexion d'une brûlante actualité.

Il nous invite à reconsidérer l'évolution souhaitée de nos sociétés, qui n'est pas sans influence sur la façon dont les identités individuelles se façonnent, s'affirment ou chancellent... Yves Gazzo a comparé, rapproché et confronté sa propre identité à celles qu'il a rencontrées et observées. L'identité n'est pas qu'un héritage, elle s'acquiert, se conquiert, s'affirme, se perd, se modifie, se conjugue ou s'oppose en laissant son lot de cicatrices. Aujourd'hui l'identité itinérante, à l'instar du nomade, a de plus en plus de mal à voyager ; on assiste plutôt au renforcement d'identités, de regroupements, sur des bases historiques, ethniques etc... Cette tendance pourrait être conciliable avec le concept de la nation tel que développé par Renan (une volonté de vivre ensemble), une formule qui peut être étendue à d'autres ensembles, tels que l'Europe ; si ce n'est que depuis quelques temps déjà, revient en force une autre identité itinérante, s'appuyant sur la, les religions ; volonté de vivre ensemble aussi, mais en excluant les autres. Y a-t-il pour autant un déterminisme irréversible nous menant au «clash des civilisations» ?

Non si l'ouverture aux autres est cultivée et partagée de façon volontariste en associant les sociétés qui nous sont voisines, à travers des programmes qui intégreraient, outre des systèmes, l'Homme lui-même, qui doit rester «l'axe et la flèche de l'évolution» comme souligné par Teilhard de Chardin, un Homme qui, par frustration, pourrait devenir vecteur de destruction.

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