Dans Caravan Joann Sfar se raconte avec force textes et dessins tracés d'une même plume fragile et émouvante. L'auteur du Chat du Rabbin livre au travers de croquis, chroniques et histoires esquissées une année de vie remplie de rencontres en tout genre, de considérations sur la bande dessinée, de discours talmudiques, de scènes d'intimité familiale et de leçons de yukulélé... Un volume de plus de 800 pages que le lecteur, dépassant l'apparente austérité du noir et blanc, dévorera d'une traite à travers rires et larmes.

La disparition brutale d'une école primaire et de tous ses occupants, mystérieusement projetés dans un monde désertique dépourvu de vie. Les adultes chargés de la protection des enfants vont se révéler incapables d'assumer leur rôle. Certains laisseront libre cours à leur folie naissante, d'autres préfèreront le suicide. Les enfants devront s'accorder l'espoir d'une survie improbable.

Manga

Jérôme se décide enfin à écrire, mais son travail à la librairie absorbe son énergie et finalement le déçoit. La fuite et la solitude le renvoient à ses propres failles. Maître Chou n'est plus là, Bourrique Sultana et les autres le mettent face à lui même. Et un lièvre le poursuit en lui proposant d'exaucer trois souhaits.
Une réflexion sur la création mêlée de citations d'auteur et d'onirisme.

Flipper flirte avec Laetitia et l'on devine l'importance croissante qu'il accorde à cette relation. Relation 'sur le fil' puisque Laetitia est plutôt d'humeur libertine, voire... homosexuelle. L'auteur prend la tangente d'un anthropomorphisme réjouissant pour dresser un portrait vitriolé de l'univers des banlieues.

Un portrait sous forme de documentaire télévisé de la romancière Olivia Sturgess dont les tourments sont dévoilés au lecteur. A la fin de l'album, un catalogue imaginaire des collections particulières de Francis Albany.

L'eau céleste est un magnifique manga sur le folklore japonais mais aussi l'?uvre d'un homme hanté par son enfance et les démons de la pureté. L'auteur est à l'évidence complètement possédé par son sujet, il n'a jamais cessé d'être cet enfant terrorisé par les ombres de la nuit. Nous attendrons avec impatience la suite de cette magnifique plongée dans la psyché japonaise, avec ses fantômes si présents.
Hanawa est aussi publié par les éditions Ego comme x, avec un récit sur son séjour en prison pour d'obscures raisons de possession d'armes prohibées. Il met beaucoup d'enthousiasme à décrire dans le détail le confort pourtant monacal des prisons japonaises. Curieux récit pour un esprit occidental, habitué aux clichés d'hyperviolence, de crasse et de promiscuité ignoble collées au milieu carcéral.
Christophe Poot

Joe Sacco réussit un beau portrait d'homme emporté par la violence de la guerre yougoslave dans The Fixer.
Sacco opte dans cet album pour une forme plus romancée du reportage. Il éclaire la personnalité de sa « source » d'information, personnage qui à plus d'un égard rappelle le baron Münchausen et ses fantasmatiques batailles.
Plutôt que de donner dans le factuel, Sacco nous dépeint par des procédés dramatiques subtils les multiples liens qui unissent reporter et source d'information, militaires reconvertis à la vie en temps de paix et civils, histoire officielle et réalité des milices...
Un livre impeccable, loin d'une approche statique du reportage.
Christophe Poot

Sokal au meilleur de sa veine comique dans le dernier Canardo, caricature ô combien juste du milieu de la bd (et de son contraignant apprentissage). Pendant que d'autres (J.-C. Menu dans Plates-bandes par exemple) lancent des pamphlets dans la mare, Sokal lui assume sa position de vieux de la vieille pour se marrer doucement de cette foire d'empoigne. Vous découvrirez dans ce livre que les dessinateurs de gros nez ne sont finalement pas si éloignés des cyclistes « à l'insu de leur plein gré ».
Un excellent moment d'ironie, drôle et bien vu.
Christophe Poot

De Crecy reste le virtuose le plus mirifique de la bande dessinée. On ne peut rester indifférent devant ses évocations d'un New York mythique et camembérisé !
Pourtant l'on se demande vers où va cette débauche de talent, vers quelle ?uvre enfin investie d'autre chose que cette faconde graphique époustouflante?
L'avenir nous dira s'il nous donnera encore une ?uvre aussi forte que son album Foligatto, qui fît se pâmer bien du monde. Un livre à regarder sans vergogne, pour se perdre dans les ruelles malfamées de ce New York sur Loire.
Christophe Poot

'C'est mon amour. Elle est belle, même quand elle est fatiguée.' Il est maître-nageur le jour, elle est sage-femme la nuit, et ils s'aiment. Ce matin-là, en attendant le retour de sa femme, quelques gouttes de pluie tombent sur la terrasse. Apparemment, rien de très étrange. Pourtant un sentiment d'inquiétude l'envahit. Le lendemain, il pleut encore.
'Je n'aurai jamais d'enfant. Ni d'elle, ni de personne.'
Est-ce leur histoire d'amour qui se dilue ou le monde entier qui se noie ?
Présentation de l'éditeur