Le réchauffement de 1860 à nos jours
Le climat de l'Europe a connu dans le passé de longs épisodes de tiédeur, puis a régné, de 1300 à 1860, le petit âge glaciaire, un peu plus frais que le climat de nos jours. Depuis lors, un nouvel épisode tiède s'est imposé progressivement, qu'a enregistré le recul séculaire des glaciers alpins, et qui prend nettement, depuis 1911, le caractère d'un réchauffement.
Emmanuel Le Roy Ladurie, dans ce dernier volume de l'Histoire humaine et comparée du climat, étudie cette phase de réchauffement, dont l'actualité médiatique s'est emparée sans toujours la situer suffisamment dans son contexte de longue durée. Il utilise, à des fins descriptives, les observations thermométriques et pluviométriques, mais aussi toutes les informations relatives aux moissons et aux vendanges, à l'élevage et au tourisme, qui donnent la mesure et le rythme du changement climatique en cours. Au terme de cette big history multicontinentale, les perspectives ne sont pas rassurantes : le très vif réchauffement constaté depuis 1980 pourrait bientôt poser des problèmes extrêmement difficiles à l'humanité... Mais ceci est une autre histoire.
En 70 après J.-C., Jérusalem fut mise à sac par les Romains. Mais cet épisode fut plus qu'un conflit entre un empire et l'un de ses vassaux : pendant trois siècles, les Juifs repoussés en marge de la société impériale en vinrent à considérer Rome comme la quintessence du mal. Un tel antagonisme entre deux civilisations antiques, qui auparavant avaient coexisté pacifiquement, est sans précédent. Reste à comprendre les racines et les manifestations diverses de ce conflit.
Dans un livre qui a fait date, l'académicien Martin Goodman, professeur à Oxford, retrace l'histoire de la naissance de l'antisémitisme dans l'Empire romain. Au moment où les représentants de l'empereur restaient invisibles, sauf pour lever l'impôt ou garder le palais du roi Hérode, où la paix romaine profitait à Jérusalem et où l'on commençait à parler de coexistence éternelle, l'impensable s'est produit.
Martin Goodman entraîne le lecteur dans une exploration passionnante de deux sociétés, deux cultures qui se découvrent face à face.
De toutes les grandes puissances qui ont dominé l'Europe du XVIIIe au XXe siècle, la Prusse est la seule à avoir été rayée de la carte.
Pourtant, sa place dans la mémoire des peuples reste considérable. Pour le meilleur : ils lui doivent l'« invention » de la recherche moderne en histoire ; son système éducatif et son Etat-providence ont été plus ou moins copiés partout. Pour le pire : un militarisme expansionniste, soutenu par une machine de guerre industrielle et symbolisé par l'« officier prussien », celui que Churchill appelait le « claqueur de talons aux idées aussi raides que la nuque » et dont Bismarck est pour nous la caricature.
Dans un livre qui a fait date et a été retenu au nombre des meilleurs ouvrages 2006 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, Christopher Clark retrace la gloire d'une nation qui a fait de sa faiblesse le moteur de son ascension et la chute d'une dynastie puis d'un Etat jusqu'à la « déprussification » ordonnée en 1947.
« A coup sûr la meilleure histoire de la Prusse jamais écrite, quelle que soit la langue. » David Jonhson, Seven
« Ecrit avec une telle force et une telle clarté que j'en suis restée sidérée. » Antonia Fraser, Guardian Books of the Year
« Un livre d'histoire exemplaire. »
New York Times
« Il y a beaucoup d'histoires de la Prusse mais aucune aussi intelligente, intéressante et élégamment écrite que celle-ci. » Richard Overy, Daily Telegraph
LIVRE EPUISE !
Scindé en deux parties, l'ouvrage offre un double éclairage sur la période romaine en Wallonie.
La première partie présente la métamorphose qu'a connue cette région depuis la guerre des Gaules jusqu'à l'aube du Moyen-Âge.
Le processus de la Romanisation des peuples soumis par Rome est un phénomène historique complexe qui offre d'autant plus de particularités qu'il touche ici un territoire situé aux confins de l'Empire dont les occupants sont écartelés entre des traditions culturelles d'origine variée. Prudemment, Rome intégrera cette région et ses populations à l'Empire, mais on ne peut concevoir cette intégration comme une assimilation complète qui aurait débouché sur un abandon de l'identité culturelle régionale. Dans cette mesure, on préfère parler d'acculturation, un processus dynamique dans lequel s'engage une culture évoluant sous l'influence d'une autre.
L'héritage laissé par Rome est toutefois considérable, et ce malgré la disparition de son système politique au début du Haut Moyen-Âge. Nombre de valeurs intellectuelles subsisteront, comme la langue latine. D'autres plus tangibles se rattachent à la culture matérielle, continuellement révélée par les découvertes archéologiques. Ces valeurs matérielles font l'objet du présent ouvrage, richement illustrées par les recherches conduites sur le territoire wallon par plusieurs générations d'archéologues. Les traces laissées par Rome amènent à évaluer l'importance de l'oeuvre accomplie : les travaux d'infrastructure, la municipalisation et l'urbanisation de nos contrées, l'organisation d'une économie de production nouvelle au sein du monde rural et à travers l'implantation d'artisanats divers.
La seconde partie, quant à elle, propose un atlas topographique des sites archéologiques gallo-romains en Wallonie, recensant les plus importants d'entre eux, sélectionnés en fonction de leur état de connaissance.
Deux cent douze notices ont été rédigées par une équipe de scientifiques qui produisent un travail collectif. Appuyé par de nombreuses illustrations, cartes et plans, qui ont été réaménagés ou empruntés aux différents acteurs de l'archéologie, il constitue une source documentaire de première importance pour écrire l'histoire de notre région à la période romaine.
Comment est née la phalange ? Et la légendaire discipline des légions romaines ? Mais l'étaient-elles vraiment, disciplinées ? Où puisaient-elles leur force, leur courage, leur fameuse vertu ?
En racontant l'épopée fabuleuse de la guerre antique, des premiers combats des Grecs aux derniers assauts barbares contre un Empire romain finissant, Jon E. Lendon remet à jour un art de la guerre dans lequel l'Iliade, dieux puissants, héros mythiques et présages funestes jouent les premiers rôles.
Ce n'est ni le métal, ni le progrès technique, finalement très limité, qui, mille ans durant, eurent raison de l'ennemi ; mais la mémoire des victoires passées, la référence aux pères, aux traditions. Les vainqueurs antiques étaient hantés par le souvenir de leurs héros, de leurs soldats et fantômes.
Dans un style souple et simple, le savant Lendon met l'Antiquité à la portée de tous. Il convoque l'évolution des sociétés, le poids des rites et croyances et les soumet à une analyse novatrice de la guerre comme fer de lance de la tradition. De la mort de Patrocle au siège de Jérusalem, en passant par les Thermopyles et Gergovie, l'histoire culturelle de l'Antiquité revue à travers de ses grandes batailles.
Rien ne prédestinait Giovanni Belzoni (1778-1823) à devenir le pionnier de l'égyptologie. Fils de barbier, devenu moine, il émigre en Angleterre, s'exhibe dans les foires, voyage en Europe et échoue en Egypte. En 1815, une mission presque impossible lui est confiée : descendre le Nil jusqu'à Thèbes et ramener un buste colossal de pharaon. On ignore alors qu'il s'agit de Ramsès II. Contre toute attente, il réussit, et poursuit ses explorations au cours de trois voyages. Il sera le premier à entrer dans le grand temple d'Abou Simbel, découvrira les tombes royales de la vallée des rois et ouvrira la pyramide de Képhren à Gizeh. Voyages en Egypte et en Nubie est le récit de ses découvertes et aventures.
L'invasion de l'Amérique par les Européens a donné lieu à une riche littérature de la part des Indiens vaincus. Ces textes sont d'une valeur exceptionnelle non seulement pour l'histoire des Amériques mais aussi pour nous, Européens d'aujourd'hui, par la représentation qu'ils livrent de nos ancêtres vus du dehors. Quant à leur qualité littéraire, elle en fait des oeuvres comparables aux épopées homériques ou à l'histoire d'Hérodote.
Ce volume présente un choix de ces récits, centré autour d'un épisode exemplaire : la conquête du Mexique central par Cortés. Les traductions, faites à partir de l'original náhuatl ou des versions espagnoles du XVIe siècle, sont illustrées de dessins provenant des manuscrits.
Gênes est « de toutes les Républiques commerçantes la plus enviée, la plus dénigrée et la moins connue », écrit Giuseppe Gorani à la fin du XVIIIe siècle. De fait, la dernière monographie consacrée à cette pièce-maîtresse du système économique méditerranéen date de plusieurs dizaines d'années. C'est que Gênes n'est pas Venise : rares sont ceux qui, comme Nietzsche ou Valéry, ont été saisis par l'« émotion génoise ». La ville, adossée aux montagnes et « jetée à la mer » (Jacques Heers), ne révèle pas facilement ses secrets, et la plupart de ses centaines de palais ne se visitent pas.
Et pourtant quel destin que celui de la « cité du griffon » ! Dès le Moyen Âge, les Génois parcourent l'ensemble du monde connu afin d'y nouer des relations commerciales. Ils s'imposent ensuite comme de brillants financiers, et, banquiers de la monarchie espagnole, ils dominent l'Europe au XVIIe siècle, baptisé « siècle des Génois ». Mais ce génie des affaires ne se traduit pas en politique, et la République génoise est sans cesse le théâtre de rivalités et de luttes intestines, de complots et de révoltes... Gênes, enfin, c'est la ville de l'essor économique risorgimentale, le grand port industriel italien, le haut lieu de l'industrialisation et des luttes sociales des XIXe et XXe siècles.
Antoine-Marie Graziani montre combien, tout au long de sa tumultueuse histoire, la cité bat au rythme d'événements plus vastes et d'équilibres fort lointains. Car si elle est enfermée derrière ses murs, menacée par des forces féodales ou de puissants voisins, victime de crises politiques, Gênes se réinvente en permanence et paraît, aux yeux de Fernand Braudel, « comme un monstre d'intelligence [...] condamné à s'approprier le monde, ou à ne pas être ».
Dans l'Europe des Temps modernes, la nuit, c'est une absence de lumière qui a (très) partiellement partie liée avec l'horloge biologique. En effet, c'est surtout en s'ajustant à nos rythmes internes que le jour s'apparente à la veille et la nuit au sommeil. Et c'est pourtant elle qui resta longtemps la mesure du temps quotidien, de la Scandinavie à la péninsule italienne. Simultanément, cette noirceur des paysages se peuple de présences innombrables, s'investit de lieux mythiques, se remplit de croyances et d'imaginaires, induit une autre manière d'être au monde, une autre façon d'appréhender le sensible, proche ou lointain. Absence-présence, tel quel, ce couple constitue l'une des contradictions qui surgissent lorsque l'on tente d'appréhender la nuit.
Espace et temps, la nuit l'est tout ensemble. Certains l'assimilent à une frontière, voire à une « dernière frontière » à conquérir. Notion éminemment spatiale qui renvoie à la fois à cette volonté humaine de remplir la totalité d'un environnement et à des perceptions inconnues de l'espace qu'impose l'effacement de la lumière. La nuit induit encore un système de représentations et de pratiques qui peuvent aussi bien s'affronter que se soutenir. Ainsi les visions négatives de la dangereuse et angoissante « nocturnité » conduisent-elles à la prise de mesures successives pour assurer l'ordre urbain. En tout cas, la relation complexe et la confrontation de ces deux éléments font de la nuit un objet en construction permanente, loin d'une image où les rôles seraient définitivement édictés entre l'action diurne et le repos nocturne. Ainsi, la nuit n'est sûrement pas l'envers du jour. Elle est un autre temps qui possède des particularités essentielles non transposables.
Avec l'invention d'une police rigoureuse et de pratiques rationnelles fondées sur l'administration logique de la preuve, les Tribunaux des Inquisitions ibériques ont contribué à l'émergence de la modernité en Occident. L'action inquisitoriale a pour but l'extirpation des hérésies (à l'origine principalement de l'hérésie judaïsante) et le salut de l'âme des inculpés eux-mêmes, à condition évidemment que ceux-ci se repentent sincèrement de leurs fautes et se confessent exhaustivement.
Les archives des Tribunaux de l'Inquisition fournissent, du XVIe au XVIIIe siècle, une abondante documentation qui permet d'analyser les procédures appliquées au rassemblement et au recoupement des preuves de culpabilité (par l'espionnage, le mouchardage et la dénonciation bien plus que la torture), ainsi que les techniques d'investigation et d'interrogatoire qui, au long des procès, finissent par contraindre les accusés aux aveux les plus complets.
En bref, la modernité à laquelle contribuent éminemment les Inquisitions n'est autre que celle des systèmes totalitaires qui atteignirent leur plein développement au cours du XXe siècle.