Villes vivantes, villes de la Vénétie ou de la Lombardie, de la Toscane ou de l'Ombrie, villes médiévales... Florence et Venise, Bologne et Milan, Rome et Sienne, Pérouse et Trévise, les villes d'Italie animèrent une aventure d'une extraordinaire intensité : l'aventure d'agglomérations en mouvement, lancées à la conquête de leurs campagnes proches ou d'espaces économiques plus lointains, riches d'activités quotidiennes comme de leur implication dans les échanges internationaux. L'histoire de cités actives et peuplées, singulières et dominantes qui se construisirent et s'embellirent dans le bruit et la poussière des chantiers, dans les flux des hommes, des marchandises et des capitaux, dans l'action des élites qui les gouvernaient et le travail de tous ceux qui oeuvraient au dégagement des rues ou à l'édification des premiers palais.
Au temps de l'expansion économique et de la croissance démographique, dans les décennies du grand bond en avant de l'Italie, à l'heure ensuite des difficultés, des adaptations et des reconversions, ce furent, pour Venise, Pise, Gênes ou Pistoia, autant de défis à relever, de réponses à imaginer. Des défis synonymes d'approvisionnement en eau, de gestion des nuisances et des risques, de protection des métiers urbains, des réponses qui s'attachaient à la beauté des églises ou à la préservation de la cohésion sociale.
De l'âge des communes au temps de la première Renaissance, Elisabeth Crouzet-Pavan analyse ici un fait urbain qui fut exceptionnel dans le paysage de l'Europe occidentale. En portant le regard sur les groupes sociaux et les individus, les espaces ou les monuments, elle dépeint comment, dans les crises et les conflits autant que l'harmonie mais au gré d'une dynamique toujours forte et d'une capacité d'invention, ces villes vécurent, villes réelles, villes rêvées, villes voulues, villes diverses, villes heureuses, villes malheureuses, villes vivantes... Des villes vivantes aussi parce que confrontées à bien des interrogations de la cité d'aujourd'hui...
En 1897, à cent quatre-vingts kilomètres au sud du Caire, sur un bras du Nil, deux archéologues d'Oxford vont découvrir le plus extraordinaire « gisement » de papyrus : plus de cinq cent mille fragments de documents écrits en grec et en latin principalement entre le Ier siècle avant J-C et le Ve après J-C.
Le fabuleux trésor de la ville d'Oxyrhynchos (la cité du poisson au nez pointu) a livré près de quatre-vingt pour cent de tout ce que l'on sait de la vie quotidienne du monde gréco-romain : livrets de maîtres d'école avec leurs commentaires sur Homère, lettres d'amour ou appel déchirant d'un enfant à ses parents, testaments, comptes rendus de procès ou exactions contre les premiers chrétiens, conseils d'un apiculteur ou d'un pêcheur lors des crues du Nil... Mais ont aussi été découvertes des oeuvres inconnues de Sophocle, de Pindar, de Sapho... Des bribes de l'évangile gnostique de saint Thomas et des textes apocryphes de Paul.
Grâce au travail de Peter Parsons c'est une partie du monde antique qui surgit sous nos yeux, précis, proche de nous et très émouvant.
Dicté par Staline, il appelle, le 30 juillet 1937, à l'élimination secrète des «éléments contre-révolutionnaires» et fixe, région par région, des quotas d'arrestations, de condamnations. «1re catégorie : à fusiller ; 2e catégorie : dix ans de travaux forcés au Goulag.»
Instantanément, dans un vertige d'émulation, l'administration policière réclame des dépassements de quotas. Chacun veut gagner la course au rendement ; à Moscou, surtout, où se distinguent l'efficacité et le zèle d'un certain Khrouchtchev.
Très vite, forcément, les suspects manquent. La chasse aux innocents commence. La machine s'emballe, fabrique de nouvelles listes, statue sur le sort des «enfants de moins de 3 ans socialement dangereux» et tue à la chaîne. 1 500 morts/jour. 750 000 morts en seize mois. La Grande Terreur. N'importe qui, n'importe quand. Tel ivrogne, dont le seul crime est d'avoir éclaboussé de vodka le portrait d'un hiérarque, telle marchande de fleurs décrétée terroriste.
L'ivrogne et la marchande de fleurs, deux victimes anonymes. Le premier introduit ce livre, la deuxième le conclut. Pour que cette page secrète de l'histoire reste à jamais ouverte.
Des hommes, au sommet du pouvoir, ont volontairement abandonné l'autorité suprême pour finir leur vie en simples particuliers. Cet impensable geste de l'abdication, acte inouï qui a tant frappé les esprits et fasciné les imaginations, n'a guère fait l'objet de réflexion. C'est ce continent méconnu que Jacques Le Brun nous invite à découvrir en retrouvant quelques grandes figures historiques ou légendaires qui ont fait, ou subi, le choix de la déchéance volontaire : l'empereur Dioclétien, Charles Quint, le Richard II de Shakespeare, Jacques II Stuart, Philippe V d'Espagne...
Mélancolie, lassitude de vivre, conversion mystique, ruse machiavélique, l'abdication a toujours suscité les interprétations les plus contradictoires. À chaque fois elle laisse entrevoir, ou supposer, au coeur même de l'autorité suprême, un doute sur sa légitimité et même l'empire de sa négation. Épreuve dont aucun pouvoir ne peut sortir indemne, même si elle révèle, du pouvoir, la vérité la plus pure.
Toute communauté a une histoire qui se transforme au fil du temps. Raciser une population, c'est l'enfermer dans un passé sans présent ni avenir : l'assigner à être une Race sans histoire.
Les groupes qualifiés de «races» sont désignés comme les immobiles de l'histoire : incapables du moindre changement social, religieux, économique, politique. À ceux qu'on enferme ainsi dans «une race», cercle magique dont on ne peut sortir, on assène : «Vous, vous êtes toujours les mêmes.»
Au temps de la colonisation, les sciences du XIXe et de la première moitié du XXe siècle ont pensé, classé, hiérarchisé et légitimé «les races humaines».
En même temps que cette nouvelle édition française, enrichie de chapitres inédits, cet ouvrage paraît sous le titre Race and Erudition aux États-Unis (Harvard University Press). Ce livre a été couronné par le prix Roger Caillois de l'essai.
Plus de deux cents cultures indiennes ont été virtuellement détruites, entre le Massachusetts et la Californie, au cours de l'histoire des États-Unis. Il nous faut nous souvenir de ce qui s'est passé à Sand Creek ou à Wounded Knee. » Jim Harrison
« Nous sommes tout à la fois les conquérants et les conquis, dans un même corps, et c'est cela que Dee Brown nous invite à reconnaître. Son influence sur le monde persiste à travers ce récit minutieux de l'histoire d'un peuple fier. » Joseph Boyden, (extrait de la préface)
Largement fondé sur des documents inédits - archives militaires et gouvernementales, procès-verbaux des traités, récits de première main... -, ce livre exceptionnel retrace, de 1860 à 1890, les étapes qui ont déterminé « La Conquête de l'Ouest ». De la Longue Marche des Navajos au massacre de Wounded Knee, il se fait ici la chronique de la dépossession des Indiens de leurs terres, de leur liberté, au nom de l'expansion américaine.
Si l'Histoire a souvent été écrite du point de vue des vainqueurs, Dee Brown donne la parole aux vaincus, de Cochise à Crazy Horse, de Sitting Bull à Geronimo, et compose un chant tragique et inoubliable.
Publié pour la première fois en 1970 aux États-Unis, traduit dans le monde entier où il s'est vendu à plus de six millions d'exemplaires, Enterre mon coeur à Wounded Knee est devenu un classique. La présente édition, totalement remaniée, a fait l'objet d'une nouvelle traduction.
Immense fresque narrative, ce chef-d'oeuvre de la littérature historique raconte comment, près de deux siècles durant, les Blancs et les Indiens de la région des Grands Lacs ont tâché de construire ensemble, malgré des logiques conflictuelles et divergentes, un monde mutuellement compréhensible.
De cette rencontre est né le Middle Ground, un «terrain d'entente», une société singulière fondée sur des pratiques, des codes, des usages et des moeurs partagés, sans cesse malmenés et remis en question mais toujours renaissants. Jusqu'au rejet définitif de la recherche de cet accommodement au début du XIXe siècle. Autrement dit, jusqu'à la ruine du monde commun, le refoulement des Indiens dans une altérité immuable, et l'oubli même de l'existence du Middle Ground.
Comme un continent englouti surgissant des flots, Richard White révèle les couleurs et la vie de cet univers prétendument «périphérique», très nettement ignoré par l'historiographie traditionnelle. Ce faisant, il oblige à repenser les mécanismes coloniaux dans leur ensemble, aussi bien que les moments fondateurs de la naissance des États-Unis d'Amérique.
Avec l'élaboration de sa fertile métaphore du Middle Ground, White pose ici une pierre angulaire epistémologique comparable à la Méditerranée de Fernand Braudel.
Les Romains ont longtemps pensé que leur armée était invincible. Mais ils ont eu la preuve du contraire lors de la « crise du IIIe siècle », une crise fondamentalement militaire, avec des implications multiples : politiques, économiques, sociales et même culturelles et religieuses.
Pendant des décennies, les historiens ont cru qu'ils pouvaient faire l'économie de l'histoire militaire pour écrire l'histoire du IIIe siècle. À quoi bon étudier les guerres ? Et l'armée romaine ? Ils n'ont jamais pensé, non plus, aux ennemis. Bien pire, ils ne se sont même pas demandé comment la guerre était financée, et encore moins si elle pouvait l'être.
Yann Le Bohec, qui enseigne l'histoire romaine à la Sorbonne, a abordé le sujet. Non sans jubilation, et avec une ironie discrète, il pointe du doigt les préjugés qui ont fait naître des erreurs parfois énormes. C'est ainsi qu'on a reproché aux fantassins romains de se laisser distancer par les cavaliers barbares, alors que ces derniers étaient eux aussi des fantassins. Les lecteurs retrouveront ici ses qualités de récit et d'écriture, la rigueur et la méthode dont il a fait preuve dans d'autres livres consacrés à l'armée romaine... et à ses ennemis.
1812... Pour ruiner le commerce maritime de l'Angleterre, qui finançait toutes les coalitions contre la France, Napoléon avait instauré en 1806 le Blocus continental, auquel le tsar Alexandre, vaincu à Austerlitz et à Friedland, s'était engagé à adhérer par le traité de Tilsit de 1807.
Mais depuis longtemps, Alexandre ne respectait plus le traité, et les productions anglaises, arrivant par navires entiers dans les ports russes, se répandaient dans toute l'Europe.
Alors, au mois de juin, une Grande Armée cosmopolite de 400 000 hommes se mit en route vers les terres inconnues de la Russie, et, pas à pas, comme si nous en faisions partie, nous la suivons depuis son départ en fanfare jusqu'à sa fin dramatique.
Dans cette vaste fresque tumultueuse, qui se lit comme un roman, Jean-Claude Damamme met en scène une distribution éblouissante de soldats, de diplomates, d'espions, de politiciens et de souverains, pris dans le tourbillon de la politique et de la guerre, et menés par deux adversaires formidables : Napoléon et Alexandre.
Après les attentats du 11 septembre 2001, on a vu le mot 'rat' envahir la presse américaine pour désigner les terroristes. Cette année de sinistre mémoire, le New-Yorkais Robert Sullivan l'a passée à épier le quotidien d'authentiques surmulots dans une ruelle de Lower Manhattan.
Pour percer l'âme et le passé de sa ville, il a choisi de comprendre les plus indésirables et mystérieux de ses concitoyens, ces rats gris descendus de bateau au XVIIIe siècle avec les mercenaires allemands engagés par les Anglais durant la guerre d'Indépendance.
Dans l'espace et le temps, ce drôle de journaliste à la plume de romancier nous promène à travers les labyrinthes d'un New York où les dératiseurs sont plus surmenés que les financiers de Wall Street.