Une histoire de la violence

Une histoire de la violence
Muchembled Robert
Ed. Seuil

L'actualité place sans cesse la violence sur le devant de la scène. Thème important pour les sociologues et les politiques, elle est aussi un objet d'histoire. À rebours du sentiment dominant, Robert Muchembled montre que la brutalité et l'homicide connaissent une baisse constante depuis le XIIIe siècle. La théorie d'une «civilisation des moeurs», d'un apprivoisement voire d'une sublimation progressive de la violence paraît donc fondée.

Comment expliquer cette incontestable régression de l'agressivité ? Quels mécanismes l'Europe a-t-elle réussi à mettre en oeuvre pour juguler la violence ? Un contrôle social de plus en plus étroit des adolescents mâles et célibataires, doublé d'une éducation coercitive des mêmes classes d'âge fournissent les éléments centraux de l'explication. Progressivement, la violence masculine disparaît de l'espace public pour se concentrer dans la sphère domestique, tandis qu'une vaste littérature populaire, ancêtre des médias de masse actuels, se voit chargée d'un rôle cathartique : ce sont les duels des Trois Mousquetaires ou de Pardaillan, mais aussi, dans le genre policier inventé au XIXe siècle, les crimes extraordinaires de Fantômas qui ont désormais à charge de traduire les pulsions violentes.

Les premières années du XXIe siècle semblent toutefois inaugurer une vigoureuse résurgence de la violence, notamment de la part des «jeunes de banlieues». L'homme redeviendrait-il un loup pour l'homme ?

Cent Jours. La tentation de l'impossible. Mars-juillet 1815

Cent Jours. La tentation de l'impossible. Mars-juillet 1815
de Waresquiel Emmanuel
Ed. Fayard

« Rien dans l'histoire n'a ressemblé à ce quart d'heure », a écrit Victor Hugo. Il est vrai qu'en un peu plus de trois mois, on n'avait pas encore vu une telle bousculade de régimes et de dynasties, de serments prêtés et reniés, de passions, d'enthousiasmes et de peurs. Napoléon débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815, il est à Paris le 20. Dans l'intervalle, le régime des Bourbons s'effondre comme un château de cartes. Louis XVIII quitte Paris pour l'exil en Belgique dans la nuit du 19 au 20 mars, avec sa cour, sa maison militaire et ses ministres. Trois mois plus tard, Napoléon, battu à Waterloo le 18 juin, abdique le 22. Le pays se dote le même Jour d'un gouvernement provisoire sous la direction de Fouché. Le 3 juillet, Paris capitule devant les armées de la coalition. Louis XVIII rentre pour la deuxième fois dans sa capitale, cinq jours plus tard.

Les contre-jours sont toujours éclairants car ils accentuent les ombres et les reliefs. Les Cent-Jours ne sont pas seulement ceux de Napoléon, mais aussi ceux du roi, ils terminent moins l'Empire qu'ils n'inaugurent une sorte de second cycle de la grande Révolution de 1789. Ce que l'on appela alors « la révolution de 1815 » porte en elle toutes les divisions françaises, toutes les révolutions à venir, celles de 1830, de 1848, de 1871. Dans cette partie serrée qui oppose Napoléon à Louis XVIII, le piège se referme très vite en une alternative dramatique : la guerre civile ou la guerre étrangère. L'empereur doute de lui-même dans un pays qu'il ne reconnaît plus, le roi est nu, prisonnier de sa famille et de ses propres alliés.

Il y eut le « vol de l'aigle » certes, mais il y eut aussi la « Semaine sainte », ce voyage sentimental et romantique de mars, l'étrange cortège de la liberté qui accompagna le souverain déchu, sur les routes pluvieuses du Nord, jusqu'à Gand. Chateaubriand, Vigny, Lamartine, Géricault en étaient.

Tout change lorsque l'on observe les Cent-Jours du côté de ceux qui les ont subis, du côté des vaincus, des oubliés de l'histoire. La conscience tragique des événements qu'ils portent est bien celle de la fragilité et de l'instabilité des hommes et des choses, dans le dédale des sentiments, des désirs et des haines qui les habitent : la gloire, la fidélité, l'honneur, la patrie, mais aussi l'intérêt, la peur, la trahison, l'exil. Ces Cent-Jours sont ceux d'hommes et de femmes confrontés à des choix, et, au bout du compte, soumis... à la tentation de l'impossible.

Chroniques des reines d'Egypte. Des origines à la mort de Cléopâtre

Chroniques des reines d'Egypte. Des origines à la mort de Cléopâtre
Tyldesley Joyce
Ed. Actes Sud

La Chronique des reines d'Egypte, qui retrace une histoire de pouvoir politique et religieux, de luttes sanglantes, de beauté éternelle, de divinité et de mort, a pour héroïnes un grand nombre de femmes de différentes conditions : épouses ou mères de rois, concubines vivant dans l'ombre du harem ou reines qui ont su s'imposer pour devenir « femmes pharaons ».

Si le roi, lien vivant entre le commun des mortels et le divin, est considéré comme indispensable à la survie de l'Egypte, son épouse, en tant qu'élément féminin de cette monarchie semi-divine, est indispensable à la survie du souverain. Aucun pharaon n'a jamais régné sur l'Egypte en célibataire. De même que l'Empire a besoin d'un dirigeant, celui-ci a toujours besoin d'une épouse à ses côtés, qui doit être capable de soutenir son époux chaque fois que nécessaire. L'étude des obligations religieuses et politiques de la reine nous aide à mieux comprendre non seulement la façon dont les Egyptiens conçoivent l'exercice du pouvoir royal mais aussi les subtilités et la complexité de l'histoire de la dynastie, de sa religion et de la vie même de cette dynastie.

Jusqu'ici, aucun ouvrage n'était consacré aux différents aspects du gouvernement des reines d'Egypte. Celui-ci évoque la destinée d'une série de ces femmes, dynastie après dynastie, et l'évolution de leurs titres, de leurs différentes prérogatives - royales ou funéraires -, de plus en plus complexes au fil du temps. Il ne s'agit pas d'une histoire sans rupture car il demeure de nombreuses brèches dans notre connaissance ; certaines reines sont largement représentées - comme Hatchepsout, Nefertiti, Nefertary ou Cléopâtre -, tandis que d'autres, peut-être tout aussi importantes, ne sont connues que par leur nom. Ainsi, cette chronique constitue un remarquable travail de synthèse, qui doit permettre à chacun de comprendre quels statuts occupe une reine égyptienne à l'époque pharaonique.

Hatchepsout. La reine mystèrieuse

Hatchepsout. La reine mystèrieuse
Desroches-Noblecourt Christiane
Ed. Flammarion

Hatchepsout, illustre pharaon au féminin, le premier en titre, gouverna l'Égypte pendant vingt ans. Maintenant la paix dans son royaume, la souveraine sera l'initiatrice de grands projets architecturaux, hauts lieux de ferveur religieuse et d'innovations artistiques, comme en témoigne son remarquable temple funéraire de Deir el Bahari. Mais cette magnificence ne peut cacher la disgrâce dans laquelle elle tomba après sa mort ; représentations systématiquement martelées, nom raye des documents officiels... La figure d'Hatchepsout se para alors de mystère ; elle reste aujourd'hui encore une énigme.

De l'enquête minutieuse de Christiane Desroches Noblecourt émerge l'émouvante personnalité d'une femme à l'intelligence subtile et à l'indomptable volonté. L'ouvrage, riche en anecdotes et illustre avec soin, se lit comme un roman.

« Se risquer a faire revivre l'aventure d'une souveraine égyptienne morte il y a plus de 3400 ans mais plus que jamais médiatique, écrit l'auteur, tel est le défi qu'a voulu relever cet ouvrage. »

Carnets de guerre, 1914-1918. Un témoin lucide

Carnets de guerre, 1914-1918. Un témoin lucide
Coeurdevey Edouard
Ed. Plon/Terre humaine

Un témoignage de plus sur la Première Guerre mondiale, par ceux qui l'ont vécue au jour le jour, alors que vient de disparaître le dernier poilu ? Non, car celui-ci est unique en son genre : c'est la guerre vue des bureaux de l'arrière, où l'on s'occupe du matériel et de la logistique des mouvements de troupe ; ce qui laisse à l'auteur de ce reportage quasi quotidien - tout au moins pendant trois ans, car la dernière année se passe réellement au front - toute latitude pour observer les faiblesses de l'organisation face à la formidable machinerie allemande, les inepties, parfois criminelles, de la bureaucratie ; mais aussi le comportement des appelés dans toute la diversité de ce gigantesque brassage social, les sourdes inimitiés comme la camaraderie la plus désintéressée, la couardise comme le courage. Beaucoup de temps aussi pour lire les journaux quotidiennement, s'irriter du bourrage de crâne, commenter la stratégie nationale et internationale.

Écrites au fil de la plume, sans presque aucune rature, par un de ces fils de la IIIe République dont l'école permit à un jeune paysan franc-comtois de devenir un intellectuel profondément patriote et catholique engagé, très proche d'un Péguy, ces 900 pages frappent aussi par la qualité de l'écriture, capable de passer d'une hilarante scène de caserne aux réflexions les plus pénétrantes sur la nature du conflit, aux visions d'avenir, à la méditation sur ses propres conflits intérieurs.

Saignée, ruinée, la France de 1918 a perdu, par coupable impéritie, la paix de Versailles ; 1940 et son «étrange défaite» trouve là une de ses explications.

Histoire de la Méditerranée

Histoire de la Méditerranée
Norwich John Julius
Ed. Perrin

L'histoire de la Méditerranée ne s'écrit pas plus de manière linéaire qu'elle ne constitue un bloc. De la chute de Carthage, de Troie ou du temple de Jérusalem jusqu'aux conflits du XXe siècle, cette mer a été le creuset d'une violence aussi bien religieuse, culturelle que diplomatique. En même temps, la Méditerranée a irrigué une dizaine de civilisations depuis l'Antiquité ; en la maîtrisant, ses marins ont pu relier trois continents - l'Europe, l'Afrique et l'Asie - dans ce qui fut longtemps la plaque tournante du commerce mondial ; sur ses rives sont nés les trois monothéismes - juif, chrétien et islamique - ; en dix-huit siècles, de la civilisation hellénistique à la Renaissance italienne, la Méditerranée a permis que se façonne la civilisation occidentale.

Peu d'auteurs connaissent cette mer comme John Julius Norwich qui, outre ses livres sur la Sicile, Byzance et Venise, préside le fonds «Venise en péril». Il distille son immense érudition sur le ton d'une conversation familière, à la manière d'un guide ou d'un cinéaste. On saute d'un gros plan sur la prise de Gibraltar par les Britanniques ou sur les batailles de Lépante et d'Actium au récit des aventures méditerranéennes de Hannibal, Frédéric de Hohenstaufen, Napoléon Ier, Roger de Sicile, Charles Quint ou Soliman le Magnifique. Rien ne manque et pourtant ces 750 pages «passent à la vitesse d'une croisière à bord d'un paquebot de grand luxe» (History Magazine).

Les Grecs et la mer

Les Grecs et la mer
Corvisier Jean-Nicolas
Ed. Belles Lettres

Les Grecs, dit-on, sont des marins-nés. La remarque passe pour une certitude. Pour l'appuyer, on évoque le fait qu'aucun point de la Grèce n'est à plus de 100 km des côtes, les tribulations d'Ulysse, les colonies implantées dans le bassin méditerranéen, la thalassocratie, l'hégémonie maritime qui fut l'objet de tant de rivalités entre les cités grecques, la flotte de Thémistocle, ou encore le célèbre « Thalassa, thalassa ! », prononcé, assure Xénophon, par les troupes des mercenaires grecs lors de l'expédition des Dix-Mille. C'est faire bon marché d'une réalité pourtant évidente : l'univers marin est un milieu inhospitalier, un élément hostile qui effraya les Grecs et qu'ils durent s'approprier au moyen d'un effort sans cesse renouvelé.

Jean-Nicolas Corvisier raconte l'histoire de cette conquête à l'issue incertaine depuis ses origines créto-mycéniennes jusqu'à la période hellénistique. Au fil de cette odyssée qui dura plusieurs siècles, le lecteur découvrira la vie quotidienne des pêcheurs, l'organisation du commerce maritime, la place de la mer dans l'imaginaire et la religion grecs, assistera à nombre d'expéditions insolites, de batailles périlleuses et de naufrages fameux et ira à la rencontre de pirates, de voyageurs audacieux ou des mythiques sirènes.

Le Parc de Bruxelles

Le Parc de Bruxelles
Duquenne Xavier
Ed. CFC

C'est sur le site de l'ancienne Cour de Bruxelles, composée d'un palais et d'un grand parc vallonné remontant au Moyen-Age, qu'a été aménagé à la fin du XVIIIe siècle, sous le gouvernement du Prince Charles de Lorraine, le quartier de la place Royale et du Parc.

La beauté et l'harmonie de l'architecture du Parc de Bruxelles est due à l'architecte Barnabé Guimard qui en fit les généraux. Toutefois un ensemble de cette importance ne peut résulter de la liberté d'un seul homme. Outre les contraintes du site, il dut tenir compte du programme élaboré par le gouvernement. Le jardinier Joachim Zineer collabora, dans sa spécialité, aux travaux d'exécution et fut le conseiller principal pour le choix des essences, et les prescriptions de plantations.

Le parc devint un lieu privilégié de promenade et de rêverie où le siècle des lumières concrétisait l'alliance de la nature et de l'homme.

Aujourd'hui cet idéal est encore vivant et les Bruxellois trouvent dans le Parc un endroit de médiation, un terrain d'aventure pour les enfants, ou un salont de lecture pour le dilettante...

A partir de documents d'archives, certains dépouillés pour la première fois, le livre retrace avec minutie, érudition et légèreté l'histoire du Parc et de ses éléments - statutes, bassins et constructions - depuis les grands événements jusqu'aux faits divers.

A côté de nombreux documents iconographiques, souvent inédits, des photographies contemporaines apportent à l'ouvrage une vision du paysage actuel du Parc.

Histoire globale. Un autre regard sur le monde

Histoire globale. Un autre regard sur le monde
Collectif
Ed. Sciences humaines

La mondialisation nous impose aujourd'hui d'envisager une histoire du monde pris dans son ensemble. Il est devenu urgent de concevoir une histoire ouverte, qui s'enrichit de comparaisons entre différentes sociétés, étudie les connexions entre civilisations, tisse des liens entre les parcours individuels et les destins des empires, ose s'attaquer à de nouveaux objets en mobilisant la géographie, l'économie, l'anthropologie, les sciences politiques, la sociologie...

Tel est le projet de l'histoire globale.

Depuis longtemps reconnue dans les pays anglo-saxons, cette histoire globale restait dans le monde francophone l'apanage de quelques pionniers, de trop rares ouvrages... Ce livre constitue la première exploration d'ensemble de ce champ de recherche en pleine émergence.

La place des Martyres

La place des Martyres
Collectif
Ed. CFC

Sur le site d'une ancienne blanchisserie située dans le quartier du Marais, la Ville de Bruxelles décida, en 1775, d'ériger une place publique.

Construite par ses différents propriétaires selon les plans établis par Claude Fisco, contrôleur des travaux de la ville, cette place marquait l'introduction du style classique et de sa conception urbanistique dans la capitale des Pays-Bas.

Après la révolution de 1830, on inhuma sous ses pavés les héros des Journées de septembre; la place Saint-Michel devint alors la place des Martyrs, un des hauts lieux de célébration de l'identité nationale.

Pendant longtemps, elle fut un lieu d'habitation prisé. On appréciait sa situation, son calme, la dignité que lui conféraient l'ordre classique et la sérénité de son tracé.

Au fil des années, la vocation tertiaire du quartier - commerces et bureaux - modifia progressivement son affectation, et l'habitat se raréfia.

Son image symbolique restait cependant très forte et les connotations de prestige et de pouvoir, suggérées par ses colonnes et ses chapiteaux, focalisèrent l'intérêt d'ambitions représentatives qui pesèrent d'un poids déterminant sur son histoire récente.

Cet ouvrage collectif réalisé par une dizaine de spécialistes retrace l'histoire, ou plutôt les histoires de ce site remarquable.

Mais ce n'est pas seulement la première monographie sur le sujet, c'est aussi une somme de réflexions sur la mutation d'une Ville, sur l'évolution des supports qui fixent la mémoire collective, sur une certaine vision de l'Europe des cultures et sur les pratiques de conservation et de restauration du patrimoine architectural engagées par notre société.

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