Henry Bauchau nous emporte à travers ses souvenirs, son oeuvre et nous offre son regard sur l'évolution du monde moderne aux détours de réflexions pertinentes.
Il évoque ses engagements intellectuels au cours des années trente, ses deux analyses, la première avec Blanche Reverchon Jouve - épouse de Pierre Jean Jouve -, puis son entrée en littérature. Indira De Bie l'amène subtilement à dresser des ponts au sein d'une oeuvre protéiforme, passant des romans aux pièces de théâtre, des journaux aux nouvelles mais aussi à la poésie.
Il nous ouvre son atelier de création et aborde librement les questions de la langue, du travail de l'écriture, de la beauté, de la foi catholique à laquelle il était attaché dans sa jeunesse, de la psychanalyse, de l'avènement de la technique et de la disparition du monde paysan, toujours avec une simplicité et une douceur qui témoignent de la sagesse de cet écrivain majeur de langue française. Henry Bauchau ne donne pas de leçons, il observe, parfois regrette, plus souvent s'étonne et s'interroge.
Dans un petit village du Midi, les habitants surveillent Toni, garçonnet énigmatique au sourire béat, qui marche inlassablement sur la terre, collectionne des fossiles de crustacés. Toni cherche son père et ne trouve que du silence sur les mains et dans les coeurs. Sa mère muselée par les secrets lui ment, manigance le passé, l'aime avec rage. Elle ne sait plus qui tient l'autre par la main.
Un guerrier samburu, une centenaire délaissée par son mari contorsionniste, et un ancien résistant devenu tueur de cochons les aideront à traverser les épreuves.
En quelques heures, un drame dans la nuit lente de juin dénouera leurs solitudes.
Dans les villes-fantômes où se déroulent leurs aventures, Schwahn, Brown et Monge ne sont pas des héros exemplaires. Ils ne croient à rien, ils obéissent à leur hiérarchie avec réticence. Leurs exorcismes tournent mal, les missions qu'on leur a confiées ressemblent à la traversée d'un cauchemar. Un incendie se déchaîne à quelques mètres de Brown.
Debout devant une porte d'où s'échappe une chaleur de four, Brown reste immobile. On lui a dit qu'une petite fille surgira des flammes, et qu'il devra lui communiquer quelque chose d'essentiel pour la survie de l'humanité.
Ce volume contient :
Alouette du parloir
Du surréalisme en ses oeuvres vives
Appendices
Éphémérides surréalistes (pour un nouvel humanisme)
L'art magique
Constellations
Le la
Le surréalisme et la peinture
Perspective cavalière
Alentours
Inédits
Supplément
Textes retrouvés (1938-1948)
Textes inédits (1921-1952)
C'est l'histoire d'un fou d'amour qui défait le monde comme d'autres le font : furieusement. À l'insu de Flaubert, certes, mais du fond de son gueuloir.
Encore sous le choc de sa rupture avec une certaine Estée, le narrateur s'abandonne corps et âme à la lecture. Il jette son dévolu sur Madame Bovary, un roman qui lui est familier. Une nouvelle fois, le voilà dedans. Il s'y enferme, s'y promène, s'y démène, avant d'en bouleverser le déroulement naturel. Démiurge dépourvu de scrupule, il endosse diverses identités parasites : puce, voyeur, pique-assiette, rôdeur et passager clandestin de la nef flaubertienne en déroute. Sa mise à mal du texte le conduira aux limites de la négation de soi. Pas très loin du Nirvana ?
Avec Madman Bovary, la langue de Claro, maintenue sous tension par la démesure de ce défi littéraire, n'a jamais autant joui de sa propre liberté, entre cut-up musical et sabordage érotique.
« Il y aura ce que nous avons été pour les autres, des bribes, des fragments de nous que parfois ils crurent entrevoir. Il y aura ces rêves de nous qu'ils nourrirent, et nous n'étions jamais les mêmes, nous étions chaque fois ces inconnus magnifiques qu'ils inventaient, ces idées de nous telles des ombres fragiles dans de vieux miroirs oubliés au fond des chambres, et qui ajoutées à nos propres rêves, nos propres et inlassables tentatives de nous-mêmes, composeront durant quelques années encore de la vie sur cette terre cette étrange et brillante, et croirait-on inoubliable mosaïque, où rien ni personne ne permettra de dire vraiment qui nous fûmes. »
Les Petites Terres est un récit d'un seul tenant, tout entier livré à l'évocation d'un amour dont la secrète permanence - au-delà des déchirements, de l'exil et de l'ultime séparation - est la part lumineuse du dernier livre de Michèle Desbordes.
En 1943, dans une clinique en Allemagne, une jeune femme, sous le poids des malédictions en chaîne et du manque d'amour, se déclare morte. Elle dit s'appeler Blandine.
Vivante, elle s'appelait Esther. C'est aux Etats-Unis qu'elle se trouvait, avec sa famille exilée après la défaite allemande de 1918. Puis ce fut le retour en Allemagne, le nazisme, les déchirements familiaux.
Destruction et tragique reconstruction d'une femme dans une quête hallucinatoire - à travers des signes, des traces, une nature hirsute et des fantômes bien réels - d'une vérité qu'il ne faut pas dire.
«La rumeur, portée par l'énigmatique mistral, le disait speaker, aruspice, horticulteur et même plénipotentiaire, un orchestre allemand aurait interprété en 1944 une messe nuptiale de sa composition, son père biarrot aurait connu Mata Hari et Bolo-Pacha, lui-même aurait été l'ami de Jean Cocteau et l'élève d'Alfred Cortot, il aurait fait jouer à la télévision Emmanuelle Riva et Delphine Seyrig, mais, dans tout cela, qu'y avait-il de vrai ?»
Dix ans après la mort de l'énigmatique François-Régis Bastide - auteur de La fantaisie du voyageur, fondateur du Masque et la plume, ambassadeur de France à Copenhague et à Vienne -, Jérôme Garcin fait le portrait de cet écrivain-musicien qui a tant compté pour lui, et que l'époque a oublié.
Commencé et terminé dans la maison d'été de François-Régis Bastide, à La Garde-Freinet (Var), Son excellence, monsieur mon ami n'obéit qu'à une émotion, celle du souvenir.
Médecin des hôpitaux, pionnier de l'humanitaire « sans frontières », écrivain, prix Goncourt 2001, aujourd'hui ambassadeur de France au Sénégal, Jean-Christophe Rufin mène sa vie au grand galop. Selon une image tirée d'un poème de Senghor, il semble aller comme un cheval qu'un léopard aurait saisi au garrot.
Pourtant, sous l'apparente diversité de cette existence, on distingue une unité profonde, née de la fidélité à une seule passion : la médecine, vécue comme un engagement total dans une discipline moins scientifique qu'humaniste.
Voyage dans une vie, ce récit, en tirant sur ce fil qu'est la médecine, fait défiler sous nos yeux trente ans de notre histoire, d'un point à l'autre de la planète.
De nouveau, l'auteur de Rouge Brésil et de L'Abyssin offre au lecteur une belle aventure. Mais, cette fois-ci, c'est la sienne.
Un Journal n'est pas ce qui s'appelle un journal intime. C'est le cahier impersonnel et singulier d'un poète qui fait des confidences générales. Dans la difficulté, comme un Merlin après le départ de Viviane, il trouve une continuité, une suite musicale de pensées.
Sous la cloche de verre, ou prison d'air enchantée, il regarde intensément le monde et ses rudesses ambiguës, ses oeuvres. Il écrit des lettres ouvertes. Et le journal se change en lieu de rendez-vous. C'est une bande de liberté peuplée de gens aimés et de passants considérables. On y voit Joubert, Cyrano, Thoreau, Arendt, Benjamin, Maurice Leenhardt, Etty Hillesum et Lucile Desmoulin, Tchekhov, Akhmatova, Tristan, Haydn ou Bergman, Dreyer, Ninon de Lenclos et Renoir... D'autres aussi, Turner, John Ford, Matisse, Lipavski sortent de chez eux. Ils sont les noms de rêves éveillés, de gestes purs qui délivrent des leçons ou quasi-sermons. Le Journal se fait table d'hôte publique pour changer les dispositions d'un monde. Bien des thèmes y sont évoqués : lumière, sommeil, attente, oubli, génie, coeur parlant, silence, politique, amour et travail, sincérité, mièvrerie, démasque... Et la prose est gagnée par le rythme de la force de contacter, qui s'appelle poésie.