Orpheline, confiée à l'Assistance publique de l'Yonne, Yvette a un destin tout tracé de fille de ferme plus ou moins maltraitée au gré des familles qui l'accueillent. Elle avance dans la vie « comme un chien aveugle suivant une piste, de relent en relent, au coeur de la pestilence du clapier, des remugles de la bauge, des senteurs du fumier », jusqu'à ce beau jour où elle est remarquée par un couple de Parisiens qui, séduits, décident de l'adopter. Les Zervos, éditeurs des Cahiers d'art, plus riches en amis artistes et poètes qu'en or, font entrer dans leur ronde fascinante et bohème ce jeune « diamant brut » qui ne rate pas une seconde des leçons de son ami Pablo Picasso, des belles histoires de Braque ou de celles, plus subtiles, de Paul Éluard caché avec Nusch dans le grenier des Zervos. Puis il y aura, plus tard et moins aimé, l'encombrant René Char. Bref, tout ce monde des arts, de la poésie, des engagements et des mensonges nécessaires qui animent la vie de ces années troubles. Et qui, au gré des circonstances dramatiques de l'Occupation, oscille entre Vézelay et Saint-Germain-des-Prés. La guerre terminée on revient à Paris, là on se parle, on se touche, se jalouse, on vit et couche ensemble, avec quelques sordidités par-ci par-là...
Yvette s'enfuira jusqu'en Israël où elle a écrit ce livre magnifique, à l'écriture percutante et profonde portée par l'inventivité qui fait de cette biographie d'orpheline une oeuvre littéraire rare, absolue révélation tant sur le monde de l'art qu'en littérature.
Dans L'Ange hurleur, titre de la première nouvelle de ce recueil, Clara porte, blotti sous le sein droit, un renard qui lui mord le coeur et lui inflige de cruelles souffrances. Ces morsures la font hurler de douleur, aux moments les plus inopportuns. Fille d'un pianiste mort prématurément, Clara garde aussi en elle le souvenir des thèmes musicaux associés aux exécutions de l'artiste disparu. L'ange qui hurle sera-t-il apaisé par la musique qui vit en elle, au voisinage de l'animal mystérieux qui la torture ? L'art et l'amour triompheront-ils de la douleur ?
L'art et l'amour, mais aussi l'amour de l'amour, le discours sur l'amour, l'enfer de l'amour traversent les pages de ce livre, tour à tour dramatiques ou ludiques. L'Ange hurleur donne son titre à l'ensemble du recueil, car les thèmes de ces neuf nouvelles gravitent autour des angoisses d'une conscience qui se cherche un monde habitable : tentative sans cesse renouvelée de maîtriser par une parole claire et insurgée le caractère imposé d'une réalité injuste que l'on refuse de subir. Ici, par sa vertu propre, l'étrange éclaire l'ambiguïté du quotidien.
Le Testament belge raconte le secret caché de la Belgique.
Le héros de ce récit, malgré son ironie et sa méfiance, est entré peu à peu dans une spirale infernale. Il a effectué pour un cabinet ministériel inexpérimenté quelques missions culturelles farfelues. Et soudain, la machine s'emballe. Il doit s'occuper de dossiers brûlants, mener des transactions souterraines, accepter des rendez-vous nocturnes. Il commence à comprendre qu'il est mêlé à un complot qui dépasse les intérêts locaux et qui pourrait déboucher sur une affaire d'État.
La dernière mission qui lui est confiée est véritablement trop grosse pour lui. Elle a un parfum de mort. Quelqu'un, d'ailleurs, va mourir. Comme toujours, quand il est question, non pas d'un peu d'argent, mais d'un véritable trésor enfoui, les passions ne se contrôlent plus.
Nous traversons à toute vitesse une Belgique comme personne ne l'a jamais montrée : bien loin de Jacques Brel, de Paul Delvaux et des pralines Léonidas. Nous pénétrons des mystères qui n'ont rien d'exotique. Et nous trouvons enfin l'explication inattendue de la crise que ce petit royaume traverse actuellement.
Dix ans se sont écoulés depuis les faits rapportés ici. Mais c'est aujourd'hui seulement que l'explosion va se produire.
Ce livre nous présente un portrait révélateur de la Belgique. Ni vision touristique, ni pamphlet : le roman noir de la réalité...
« Faire n'est rien, a dit le grand sculpteur Brancusi, il faut se mettre en état de faire. » A partir de treize ans, c'est par un long travail psychologique, avec l'aide d'Henry Bauchau, c'est aussi par l'amitié, l'imagination du travail, que Lionel D. s'est mis en état de faire.
Il est devenu dessinateur, peintre, graveur et sculpteur, il vit dans une remarquable proximité des matières qu'il emploie et particulièrement dans l'amour du bois qui ne connaît pas l'angoisse et s'éclaire de patience.
Après quinze ans de travail en commun, Henry Bauchau et Lionel D. sont devenus amis, malgré la différence d'âge, et demeurent très liés.
C'est Lionel D. qui a inspiré à Henry Bauchau de nombreux épisodes de son dernier roman, L'enfant bleu.
En noir et blanc poursuit leur dialogue ininterrompu et leur permet, pour la première fois, de réunir leurs oeuvres dans un même ouvrage.
Les gravures et dessins de Lionel D. répondent ici à quatre nouvelles d'Henry Bauchau.
Henry Bauchau nous emporte à travers ses souvenirs, son oeuvre et nous offre son regard sur l'évolution du monde moderne aux détours de réflexions pertinentes.
Il évoque ses engagements intellectuels au cours des années trente, ses deux analyses, la première avec Blanche Reverchon Jouve - épouse de Pierre Jean Jouve -, puis son entrée en littérature. Indira De Bie l'amène subtilement à dresser des ponts au sein d'une oeuvre protéiforme, passant des romans aux pièces de théâtre, des journaux aux nouvelles mais aussi à la poésie.
Il nous ouvre son atelier de création et aborde librement les questions de la langue, du travail de l'écriture, de la beauté, de la foi catholique à laquelle il était attaché dans sa jeunesse, de la psychanalyse, de l'avènement de la technique et de la disparition du monde paysan, toujours avec une simplicité et une douceur qui témoignent de la sagesse de cet écrivain majeur de langue française. Henry Bauchau ne donne pas de leçons, il observe, parfois regrette, plus souvent s'étonne et s'interroge.
Dans un petit village du Midi, les habitants surveillent Toni, garçonnet énigmatique au sourire béat, qui marche inlassablement sur la terre, collectionne des fossiles de crustacés. Toni cherche son père et ne trouve que du silence sur les mains et dans les coeurs. Sa mère muselée par les secrets lui ment, manigance le passé, l'aime avec rage. Elle ne sait plus qui tient l'autre par la main.
Un guerrier samburu, une centenaire délaissée par son mari contorsionniste, et un ancien résistant devenu tueur de cochons les aideront à traverser les épreuves.
En quelques heures, un drame dans la nuit lente de juin dénouera leurs solitudes.
Dans les villes-fantômes où se déroulent leurs aventures, Schwahn, Brown et Monge ne sont pas des héros exemplaires. Ils ne croient à rien, ils obéissent à leur hiérarchie avec réticence. Leurs exorcismes tournent mal, les missions qu'on leur a confiées ressemblent à la traversée d'un cauchemar. Un incendie se déchaîne à quelques mètres de Brown.
Debout devant une porte d'où s'échappe une chaleur de four, Brown reste immobile. On lui a dit qu'une petite fille surgira des flammes, et qu'il devra lui communiquer quelque chose d'essentiel pour la survie de l'humanité.
Ce volume contient :
Alouette du parloir
Du surréalisme en ses oeuvres vives
Appendices
Éphémérides surréalistes (pour un nouvel humanisme)
L'art magique
Constellations
Le la
Le surréalisme et la peinture
Perspective cavalière
Alentours
Inédits
Supplément
Textes retrouvés (1938-1948)
Textes inédits (1921-1952)
C'est l'histoire d'un fou d'amour qui défait le monde comme d'autres le font : furieusement. À l'insu de Flaubert, certes, mais du fond de son gueuloir.
Encore sous le choc de sa rupture avec une certaine Estée, le narrateur s'abandonne corps et âme à la lecture. Il jette son dévolu sur Madame Bovary, un roman qui lui est familier. Une nouvelle fois, le voilà dedans. Il s'y enferme, s'y promène, s'y démène, avant d'en bouleverser le déroulement naturel. Démiurge dépourvu de scrupule, il endosse diverses identités parasites : puce, voyeur, pique-assiette, rôdeur et passager clandestin de la nef flaubertienne en déroute. Sa mise à mal du texte le conduira aux limites de la négation de soi. Pas très loin du Nirvana ?
Avec Madman Bovary, la langue de Claro, maintenue sous tension par la démesure de ce défi littéraire, n'a jamais autant joui de sa propre liberté, entre cut-up musical et sabordage érotique.
« Il y aura ce que nous avons été pour les autres, des bribes, des fragments de nous que parfois ils crurent entrevoir. Il y aura ces rêves de nous qu'ils nourrirent, et nous n'étions jamais les mêmes, nous étions chaque fois ces inconnus magnifiques qu'ils inventaient, ces idées de nous telles des ombres fragiles dans de vieux miroirs oubliés au fond des chambres, et qui ajoutées à nos propres rêves, nos propres et inlassables tentatives de nous-mêmes, composeront durant quelques années encore de la vie sur cette terre cette étrange et brillante, et croirait-on inoubliable mosaïque, où rien ni personne ne permettra de dire vraiment qui nous fûmes. »
Les Petites Terres est un récit d'un seul tenant, tout entier livré à l'évocation d'un amour dont la secrète permanence - au-delà des déchirements, de l'exil et de l'ultime séparation - est la part lumineuse du dernier livre de Michèle Desbordes.