Vivre à son propre rythme, lire des auteurs oubliés, jouer au tennis sans esprit de compétition, faire la sieste au fond du jardin, contempler un vol de grues, repenser aux rêves de la nuit : autant d'expériences mystérieuses que le bruit assourdissant de la planète rend aujourd'hui presque impossibles.
Dans l'esprit de Petit traité de désinvolture, L'Art difficile de ne presque rien faire aborde avec un humour délicieux l'une des questions insolubles de l'existence : comment préserver la jouissance de l'instant ? Quelque part entre la sagesse chinoise du tao et le désir d'enfance, avec un scepticisme assumé face aux délires de la consommation ou du sport-spectacle, Denis Grozdanovitch nous invite avec une poésie quotidienne et lumineuse sur des sentiers qui ne mènent nulle part.
Dans les semaines qui précèdent l'invasion de la Belgique, Joseph et Leni, deux écrivains, trouvent refuge dans un hôtel d'Ostende. Lui est autrichien, elle allemande, ils viennent de Paris et des hôtels de la rive gauche. Lui écrit beaucoup depuis plusieurs années et est alcoolique. Elle a publié un roman à succès dans l'Allemagne des débuts du nazisme et a vingt ans de moins que lui. A Ostende, leur histoire se cristallise et prend les accents d'un film d'avant-guerre avec tous ses excès romanesques. Une sorte d'hyperfilm naturaliste du samedi-soir...
Par ailleurs, le roman est entrecoupé de chapitres d'entretiens entre l'auteure Ursula Baum et un certain Franz, quarante ans après, à l'hôtel des Thermes d'Ostende. On découvre que tous deux se sont connus, mais à des âges différents, au cinéma Eden, à Saint-Dié, une petite ville de l'Est de la France.
Ainsi, comme il y a des romans dans le roman et des films dans le film, Au bord du Monde est un roman dans le film, et un roman du film, tout en étant un film du roman en train de se faire... On y vit, on croit y mourir mais on survit, ailleurs, dans une autre dimension, celle du cinéma comme monde plus réel que la vie et, en somme, plus désirable.
Serait-ce l'ombre alliée à la lumière du cinéma Eden sur l'écran de nos imaginaires ?
On lira attentivement ce qui nous est livré ici sur cette quête acharnée, dérisoire et immense à la fois, conquête toujours insatisfaite, toujours recommencée, et toujours, pour une part, incommunicable. Hommage vibrant à la littérature. Derrière des vitraux sombres, démodés, on écrit des livres sans même savoir s'il fait beau dehors, ou s'il pleut. (Révérence, encore, à Rimbaud : «Je suis le savant au fauteuil sombre. Les branches et la pluie se jettent à la croisée de la bibliothèque.») Faisait-il beau dehors, ou pleuvait-il, tandis que Nicolas Marchal se lançait dans ses conquêtes véritables ? Peu importe, sans doute. Mais qu'il nous offre encore, de derrière des vitraux sombres, démodés, d'autres romans d'une telle élégance et d'une telle légèreté. Paul Emond
L'amitié : comment elle naît, puis se tisse, se renforce et parfois se dissout d'elle-même ou s'achève par une rupture ?
Les amitiés : il en est qui traversent le temps, d'autres qui sont éphémères et pourtant intenses.
En une vingtaine de courts chapitres, alliant réflexion et histoires personnelles, ce livre, qui tient à la fois du roman et de l'essai, tente de cerner le rôle de l'amitié. Nous sert-elle à nous protéger des tourments de l'amour ?
Si l'on en croit La Fontaine, « un ami véritable est une douce chose ». Mais existe-t-il ailleurs qu'au pays imaginaire du Monomotapa ?
«Ils se racontent des histoires, ceux qui se bercent de l'illusion que les maisons ont une âme à elles. Si les maisons en ont une, c'est seulement celle que forme l'ensemble des âmes de ceux qui les habitent. Jamais elles ne pourront parler à des intrus sans mémoire de la chaleur que leur communiquaient les vivants d'alors, de l'écho des voix au sein de leurs murs, des odeurs de cuisine et de fleurs, du vent de la mer qui faisait claquer les volets. L'âme des maisons, la vraie, ne survit que dans le souvenir de ceux qui y ont vécu.»
Un homme se souvient. Son enfance dans une maison proche d'un port du Nord d'où l'on voyait les falaises d'Angleterre, à l'époque de la bourgeoisie sûre d'elle-même et des espoirs du Front populaire. Et l'enfance de sa fille, dans une île de l'Atlantique battue par les vagues où se mêlaient histoire et légendes, et qu'elle aimait au point de rêver qu'elle y était née. Entre les deux, la guerre, les destructions, la mort d'êtres chers, toujours vivants dans la mémoire du père que la fille interroge obstinément. Et dans le défilé des saisons, contre vents et marée, François Maspero dit la vie, le bonheur fragile, l'amour partagé de la mer et de la terre charnelles.
À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari.
Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire ?
C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère).
Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai.
La France a toujours vécu d'une tension entre l'esprit national et le génie des pays qui la composent, entre l'universel et le particulier. Mona Ozouf se souvient l'avoir ressentie et intériorisée au cours d'une enfance bretonne. Dans un territoire exigu et clos, entre école, église et maison, il fallait vivre avec trois lots de croyances disparates, souvent antagonistes. À la maison, tout parlait de l'appartenance à la Bretagne. L'école, elle, au nom de l'universelle patrie des droits de l'homme, professait l'indifférence aux identités locales. Quant à l'église, la foi qu'elle enseignait contredisait celle de l'école comme celle de la maison.
En faisant revivre ces croyances désaccordées, Mona Ozouf retrouve des questions qui n'ont rien perdu de leur acuité. Pourquoi la France s'est-elle montrée aussi rétive à accepter une pluralité toujours ressentie comme une menace ? Faut-il nécessairement opposer un républicanisme passionnément attaché à l'universel et des particularismes invariablement jugés rétrogrades ? À quelles conditions combiner les attachements particuliers et l'exigence de l'universel ? En d'autres termes, comment vivre heureusement la « composition française » ?
Abdel Oud Ers, Alice Lowilkain, Luca Peggio, Giuseppe Martini, Danielle Stoily, Hannibal Lecteur, Le conte Jean du Marais De la Braise, le Général Bruno, Daoud El Gian, La Joconde, la Duchesse Isabelle de Villehardouin, Amalia Negritoni,... sont les personnages fantasmagoriques du dernier cauchemar d'un éditeur belgo-brésilien.
Qui a tiré sur Rogerio Veloso à la gare de Liège un matin d'hiver un peu avant 8H58 ?
Luca Peggio : « L'erreur fatale de Rogerio Veloso a été de croire que tout le monde pouvait gagner à l'euro-milliards. Supposons qu'un terroriste ou un anarchiste gagne cent vingt millions d'euros...mais le cas de Rogerio Veloso est pis que cela : au lieu de prendre son argent et de partir sur une île déserte, en vacances à vie, son intention était d'investir dans sa propre maison d'édition et de peser plus lourd que Luca Peggio éditions. Cet argent gagné à la Loterie doit servir uniquement à partir en vacances. C'est tout. »
«Au début, Lucia, étaient ton sourire et ton rire et l'éclat de tes yeux d'enfant qui noyaient le temps dans l'éternité.»
1920, San Nidro, village des Pouilles coupé du monde, coin de chute au bord de la falaise.
Deux enfants solitaires tissent une amitié insolite et merveilleuse. Basilio, gamin illettré, est fasciné par la magie douce de Lucia. Il lui promet de ne jamais quitter San Nidro. Elle ne lui promet rien, sinon de préserver leur paradis. Mais que valent les serments de l'enfance confrontés au bûcher de l'histoire ?
Aux Armes de Bruxelles retrace le portrait contrasté d'une ville trop méconnue, y compris par ses propres habitants. A la suite du héros de cette quête amoureuse, lancé à la recherche de la mystérieuse Louise, le lecteur flâne au fil des saisons dans les rues et les parcs de Bruxelles.
Il se recueille dans les églises et rêve dans les musées, pousse la porte de boutiques puis s'attable dans des restaurants et des salons de thé avant de rencontrer des antiquaires et des libraires hors du commun. Au cours de cette pérégrination où se mêlent le passé et le présent, il croise Baudelaire et Charles Quint, Ghelderode et Horta, Bruegel et Tintin.
Il part à la découverte de lieux singuliers - et de bonnes adresses - sur les traces d'artistes célèbres, dans l'atmosphère typique d'une certaine Belgique, charnelle et magique.
Ouvrage unique en son genre, Aux Armes de Bruxelles est à la fois un guide littéraire et un récit gourmand : un livre de savoir et de plaisir.