« Le titre de ce livre s'est imposé à moi dès le moment où j'ai jeté un regard sur la photographie de l'alpiniste néo-zélandais Hillary, assis à côté de son sherpa. C'était en janvier 2008, quelques jours après la disparition de celui que l'on a appelé le ' conquérant de l'Everest '.
Leur solidarité est impressionnante, mais le contraste de leur attitude peut-être plus encore.
L'homme blanc est de plus haute taille. Il apparaît hardi et fort. Le sherpa est plus petit mais très robuste. Sa force est évidente, mais c'est avant tout une force interne, une ténacité, une persévérance. Dans les danses classiques d'Asie, ou les arts martiaux, le centre de gravité du corps doit être maintenu bas, à l'inverse du ballet occidental où la poitrine est projetée en avant et le corps élancé vers le haut. Un très vieux sentiment asiatique associe les longues jambes, la haute taille à des signes d'instabilité, une faiblesse cachée.
Sur le cliché, il est possible de sentir qu'Hillary est seulement là d'une façon brute, prisonnier du monde ordinaire. Le sherpa est là et ailleurs, perdu dans la diagonale. »
«Tout le monde ici soupire après Paris... Paris que vous vous représentez comme une caverne gorgée de biens... Paris où le bonheur a son enseigne... Aujourd'hui comme jadis, c'est la même verroterie qui vous fascine... Non contents d'être contemporains, vous voulez être modernes... Mais savez-vous ce qu'il en coûte d'être moderne ? Savez-vous qu'au bout de nos bagnoles qui polluent, de nos télés qui nous regardent et nous possèdent, au bout de tout ce qui se vend, s'achète, s'use, s'accumule, savez-vous qu'une immense lassitude vous attend, celle qui nous a déjà pris ?»
Deux jeunes Africains, amis depuis l'enfance, quittent leur pays pour Paris, attirés par les sirènes de la société d'abondance. Nous les suivons dans cette vie nouvelle qui tour à tour leur offre des scènes étonnantes, l'argent facile et illicite, les émois du coeur et du sexe, les tracas et les avanies ordinaires d'une vie d'immigré... Jusqu'au jour où la catastrophe survient : l'un meurt, et l'autre se retrouve à convoyer le cercueil de son ami défunt dans leur pays d'origine où une guerre civile vient d'éclater...
«Peut-être ferais-je mieux de commencer par expliquer que mon grand-père n'est pas mon grand-père. Bouz, Boris, Baruch n'est pas le père de ma mère. Le père de ma mère a été tué à Auschwitz en 1942. B.B.B. - appelons-le ainsi, pour faire plus court - est l'homme avec qui ma grand-mère, la vraie, a refait sa vie... si l'on peut dire.»
Né en Moldavie, province tour à tour roumaine et soviétique avant d'être partiellement annexée par l'Ukraine, B.B.B. traverse le siècle sans déranger personne. Occupant cette place laissée vacante, il joue un rôle à la fois discret et nécessaire. Lui, le «remplaçant», est devenu irremplaçable. En confrontant son image avec celle du pédagogue polonais Janusz Korzack, directeur de l'orphelinat du ghetto de Varsovie, Agnès Desarthe trace le portrait de son anti-héros favori.
Dans ce recueil de fictions brèves, la lettre est ce par quoi les histoires adviennent. Prononcée, écrite ou lue, seule ou combinée avec d'autres, elle fonde le sens et comble les absences des histoires qu'elle raconte, quand elle ne les inscrit pas à la lettre dans l'Histoire des langues. Au carrefour du littéral et du figuré, ces quinze Histoires de lettres enchanteront ceux pour qui la fiction littéraire et la réalité ne font qu'un.
Voici comment, après des mois de voyages erratiques, après avoir navigué sur le fleuve Ogooué, flâné en Angola et à São Tomé e Príncipe, traversé les plateaux Batékés, je me suis retrouvé, le 3 octobre 2006, à Brazza au-dessus du cercueil de Brazza, un cercueil tout neuf Fabriqué par EGPFC-Wilaya d'Alger, en compagnie du président de la République gabonaise Omar Bongo Ondimba, du président de la République congolaise Denis Sassou Nguesso, du président de la République centrafricaine François Bozizé, des ci-devants concitoyens Douste-Blazy et Kouchner, du nonce apostolique Monseigneur Andres Carrascosa Coso, et du roi des Tékés Auguste Nguempio.
D'hôtels en hébergements de fortune, j'ai consigné les vies de contemporains de Brazza, celles de David Livingstone ou de Henry Morton Stanley, mais aussi celles d'Albert Schweitzer et de Jonas Savimbi. À Kigoma, sur les rives du lac Tanganyika, j'ai cherché les traces de la guerre congolaise de Che Guevara. Afin d'écrire les vies d'Emin Pacha et de Tippu Tip, je me suis rendu à Zanzibar. P. D.
Sur le sable. Apercevant des flammes derrière une dune qu'elle longeait au gré de ses pérégrinations, la narratrice s'arrête. À la lisière de l'incendie, recroquevillé sous une couverture, un homme prostré contemple le sinistre. Intriguée, la femme accepte de rester près de lui.
En rupture de ban, elle vient de quitter un poste de veilleuse de nuit dans un hôtel parisien. Elle a également rompu avec l'homme qu'elle aimait. Les personnages des romans de Modiano, qu'elle a intégralement relus à la faveur de ses nuits de veille, lui offraient sans doute une meilleure compagnie... Flottant entre les êtres réels et les êtres de fiction, elle suit ce qu'elle appelle sa «pente douce».
L'homme de la plage ne cesse de parler. Il est venu enterrer sa mère et, dirait-on, voir disparaître cette maison de malheur où se sont noués pour lui tant de drames : la jeune noyée d'un dimanche de son enfance, sa mère qui venait y rejoindre son amant, un ancien de l'OAS, et Sandra, avec qui il aurait aimé vivre là mais qui a été brutalement extradée vers l'Italie pour y être emprisonnée.
Au fil du monologue de ce compagnon de hasard, son auditrice est comme malgré elle envahie par ses propres fantômes. Ses deuils, son amour perdu à Bologne, sa quête et ses combats ressurgissent, brossant par touches légères le portrait d'une femme dont la liberté et la solitude sont les véritables compagnes.
Avec ce onzième livre, Michèle Lesbre poursuit sa route, déterminée et lumineuse, où le pouvoir enchanteur des mots réveille la rumeur du monde.
Combien d'histoires se croisent, se tissent ou se taisent dans un bar ? Combien se devinent ou s'inventent sur le zinc, dans les rumeurs de la journée qui passe ?
Chez Max, rue Voltaire, il y a les habitués : Monsieur Pierre et Madame Michèle, le couple Jourdan et leur éternelle partie de cartes. Il y a aussi Max, le serveur, quelques oiseaux de passage et la narratrice : une femme à l'âme amoureuse de tango et de matins bleus.
Une femme qui s'imagine des vies, derrière les visages... Les gestes des uns, les bribes de conversation des autres font resurgir les souvenirs et dessinent les contours d'une vie qui se construit, entre révolte et aliénation, avec et contre les hommes. Oscillant toujours entre les deux seuls qui aient compté : le père et le frère.
Avec Mes hommes à moi, Ken Bugul offre une parole forte, une introspection profonde d'une grande lucidité et d'une incroyable franchise. Un texte bouleversant sur l'intime, et la construction de soi.
Une histoire en forme de confession, que l'on voudrait entendre chuchotée à son oreille, une parole libre dont on a aussi envie de crier les moments de révolte.
L'écriture de Ken Bugul toujours engagée et volontiers dérangeante, en fait une des grandes voix de la littérature africaine contemporaine.
Enrôlé comme soldat, le jeune Just Hadrien participe à la campagne napoléonienne en Espagne. De la rue du Désenchantement à Madrid au passage des Cendres à Paris, de 1807 à 1832, il découvre les horreurs de la guerre, les joies de l'amitié, les tourments de l'amour. Son aventure fourmille de cent récits menés à grande vitesse. Cette chronique toute stendhalienne mêle l'allégresse à la tragédie, reliant l'Histoire au présent avec une liberté de ton qui donne à l'imagination son meilleur rôle : le premier.
À priori il y a pire qu'un médecin vous prescrivant une cure de bonheur-thérapie, non ? Sauf que le cas de Méline est un chouia plus complexe : elle explose à la moindre contrariété, tyrannise et exaspère son entourage ! Après des examens poussés, son médecin - un brin déconfit tout de même - lui annonce que ses pétages de plomb façon Hulk cachent une bien étrange maladie. Un mal inconnu au bataillon, une sorte de cancer qui s'attaque au gène du bonheur et la tuera faute de traitement adéquat. Or, de traitement, il n'en existe qu'un seul : être heureuse. Désormais, pour Méline, le bonheur n'est rien de plus qu'une question de vie ou de mort. Malgré les cours de rigologie intensifs, la thérapie par les couleurs, le shopping, le shoot à l'orgasme et autres psychothérapies, le chemin du bonheur est semé d'embûches avec une telle épée de Damoclès au-dessus de la tête. Surtout quand on a décidé de cacher la vérité à sa famille et surtout quand la famille en question est composée d'une ado rebelle, d'un petit garnement, et d'un mari légèrement paumé lui-même... Et si Méline était tout simplement en train de tout faire pour être malheureuse ?
Revoici Pénélope, la jeune conservatrice du patrimoine, toujours amoureuse de Wandrille, journaliste dandy et rieur. Après avoir résolu l'énigme de la tapisserie de Bayeux dans Intrigue à l'anglaise, elle est nommée au château de Versailles.
Dès son arrivée, elle découvre un cadavre, un Chinois et un meuble en trop. C'est effrayant, c'est étrange, c'est beaucoup. Dans ce temple de la perfection et de la majesté vont s'affronter les bourrasques de la mafia chinoise et d'une société secrète qui se perpétue depuis le XVIIe siècle. Des salons aux arrière-cabinets du château, des bosquets du parc aux hôtels particuliers de la ville, Pénélope, bondissante et perspicace, va percer les mystères de Versailles.