Lettres à Albert Paraz. 1947-1957. Nouvelle édition

Lettres à Albert Paraz. 1947-1957. Nouvelle édition
Céline Louis-Ferdinand
Ed. Gallimard/Les cahiers de la NRF

À partir de mars 1947, ayant quitté la prison pour l'hôpital de Copenhague, Céline peut écrire librement. Son activité épistolaire se développe alors considérablement, avec ses anciens amis restés en France et avec de nouveaux venus qui se manifestent à lui. C'est le cas de l'écrivain Albert Paraz (1899-1957) qui entame sa correspondance avec l'exilé en juin 1947.

Elle durera dix ans et compte 353 lettres. Ce qui en fait l'une des plus étendues après celle que Céline entretient avec sa secrétaire Marie Canavaggia depuis 1936. Cependant elle présente un caractère qui la distingue de toutes les autres : Paraz a l'idée, acceptée avec réserves puis contrôlée par son correspondant, de mêler les lettres qu'il reçoit du Danemark à ses écrits autobiographiques, Le Gala des vaches (1948) et Valsez, saucisses (1950) - ce qui fait de lui le premier éditeur d'une correspondance de Céline.

Cahiers. 1894-1914. Volume 11

Cahiers. 1894-1914. Volume 11
Valéry Paul
Ed. Gallimard/Blanche

En octobre 1911, Valéry entame une série de petits «cahiers roses», ainsi nommés d'après la couleur de la couverture. Dans ces cahiers (F G H I I'J) s'entrecroisent diverses formes scripturales : une écriture en fragments éventuellement publiables, une recherche thématique abstraite, des proses poétiques. Un index à la fin de chaque cahier relève les notions jugées importantes, ainsi Moi, littérature, points de vue, mystère. Valéry ne procède pas ici à l'estompage du moi individuel, bien au contraire. C'est un moment de grande inquiétude voire d'angoisse et de véritables crises, liées peut-être à l'idée d'un possible retour à la littérature sur le conseil de Gide. Apparaissent des réflexions sur la création, sur le travail d'écriture et la fabrication poétique, sur le rapport auteur-oeuvre-lecteur. Sous «mystère», mot peu représenté, sont indexées de nombreuses notes sur le surnaturel, la religion - le christianisme dans ses dogmes et ses pratiques - et surtout sur la notion de Dieu, et la foi religieuse, débouchant sur une critique du croire. Le futur projet, finalement inabouti, du «Dialogue des choses divines» semble s'y préparer. Une inflexion vers les thèmes philosophiques est sensible : problèmes de la liberté, de la responsabilité, de la relativité du bien et du mal et du fondement de la morale.

À ces Cahiers est joint un carnet de 1913. Carnet de poche, il contient quelques repères de la vie quotidienne ; carnet d'écrivain, il présente un intérêt particulier du point de vue génétique montrant le premier jet du travail alors parallèle du penseur et du poète : bribes d'idées ou d'incipit que développent les Cahiers, bribes de thèmes ou de vers annonçant ce qui deviendra La Jeune Parque.

En 1912 Valéry étend son analyse abstraite au couple Attente/Surprise qui structure le vivant à l'état de veille. Ce chantier, exemplaire en ce sens de la préparation qui préside à l'écriture des Cahiers, est un des rares comportant des brouillons conservés. Ces recherches, à l'inverse de celles sur l'attention et le rêve, ne doivent rien à la psychologie de l'époque. Elles se poursuivent de 1912 à 1915 ; l'ensemble figure dans ce volume. Elles seront reprises ensuite de façon récurrente. La théorie de l'attente et de la surprise figurera plus tard dans l'actif d'un bilan. Importante dans le dessein valéryen d'étudier le fonctionnement total de l'être humain, elle l'est aussi dans la réflexion générale sur le couple continuité / discontinuité. Le grand poème de 1917 montrera comment la recherche abstraite, celle aussi du cahier Somnia, peut se transcrire dans un autre langage, celui de la Poésie.

Une colonie au Brésil

Une colonie au Brésil
Van Langendonck Marie
Ed. Biliki

Marie Van Langendonck, cette petite dame charmante, pétillante et pleine de curiosité pour les choses inconnues d'un monde non blanc, la petite dame intrépide et sereinement casse-cou qui, tout en partant à l'assaut des forêts immenses pleines de serpents venimeux, n'oublie pas un instant la façon adéquate de tenir une tasse de thé quand on est en bonne compagnie, la petite dame belge qui a pris l'heureuse initiative d'écrire ses souvenirs d'aventurière du dimanche dans une langue qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, avec ses tournures gracieuses et ses mots brillants comme des petits ciseaux d'argent, la petite dame que vous allez lire, est en réalité un bon petit soldat.

Le petit soldat tout frais, naïf, presque niais qui combat dans l'armée perpétuelle qu'utilise l'Occident riche dans sa guerre féroce et barbare contre le reste du monde.

Les identités remarquables

Les identités remarquables
Lapaque Sébastien
Ed. Actes Sud

« Tu vas mourir, aujourd'hui, et tu ne le sais pas encore. » Dès la première phrase de cette chronique d'une mort annoncée - dès la première minute de cette journée particulière où se reflète la brièveté de toute existence -, un homme fait à la fois figure de héros et de victime. Et c'est lui, inconscient, égo-tiste et jouisseur, que le roman interpelle et tutoie comme s'il tendait à notre insouciante finitude un miroir. Plaisir de se croire si beau, privilège d'aimer, hélas fort mal, une exquise petite marchande de jouets, délice de convoiter une banquière aux yeux de biche, de se couler dans l'hédonisme d'une vie simplifiée. Mais en secret, une vierge froide et un tueur prédestiné trament le scénario de la vengeance familiale. Sur cette inexorable partition qui emprunte son tempo au roman policier, ses arpèges au catalogue de la consommation courante, ses harmoniques à la liberté de parole et son andante aux mirages des satisfactions éphémères, Sébastien Lapaque chante la vie derrière soi et salue, non sans ironie, le passage du temps.

BW

BW
Salvayre Lydie
Ed. Seuil/Fiction & Cie

Le 15 mai 2008, celui que dans le livre j'appelle BW perd brutalement l'usage de ses yeux.
Dans l'urgence de parler pour tenir tête au désarroi, BW me livre alors tout ce qu'il a gardé secret durant nos années de vie commune : ses fugues, ses frasques, ses trekkings dans l'Himalaya, sa fulgurante carrière de coureur à pied, les souvenirs obsédants d'un Liban déchiré par la guerre, autant d'expériences, autant de détours qui l'ont conduit, il y a trente ans, à travailler dans l'édition.
Car BW est éditeur, et la littérature, sa vie.
Avec une ironie désenchantée, il me parle, le jour, de ses quinze existences passées, de son métier déraisonnablement aimé et de sa décision, mûrie dans le noir, de tirer sa révérence devant des moeurs éditoriales qui lui sont peu à peu devenues étrangères.
Je compose, la nuit, le texte dont il est le centre, avec le sentiment que son geste de quitter ce que d'autres s'acharnent à rejoindre revêt aujourd'hui un sens qu'il faut, à tout prix, soutenir.
Tous deux nous nous sentons poussés comme jamais par une nécessité impérieuse. Pour lui, celle de dire ou de sombrer. Pour moi, celle d'écrire ces mots-là, et aucun autre.
Ce livre, écrit à vif, est le roman de cette traversée. L. S.

 

La Revanche des otaries

La Revanche des otaries
Wackenheim Vincent
Ed. Le Dilettante

Né à Strasbourg en 1959, Vincent Wackenheim habite à Paris près du lion de Denfert. Il déplore de n'avoir pu prendre part au Déluge, et n'a jamais rencontré Noé. Alors il nous révèle leur véritable histoire. Un récit mordant et jubilatoire. Amis des bêtes et des hommes s'abstenir.

'En gros, pour Noé, il y a les animaux qu'on mange, ceux (et surtout celles) qu'on caresse, ceux qui bossent, ceux dont on fait des manteaux ou des pulls, ou des boîtes à gants en galuchat, à la limite ceux qui sont juste jolis, mais les autres, la grande majorité, les moches, ceux qui ne servent à rien, les pas bons, les tout durs, les piquants, ceux qui sentent mauvais, ceux dont le nom est imprononçable, la mygale de Rameshwaram, par exemple (Poecilotheria hanumavilasumica), ou la musaraigne-éléphant (Rhynchocycon udzungwensis), pourquoi diable les embarquer ? [...] Noé, la biodiversité, ça n'était pas son truc.'

U-Boot

U-Boot
Alexis Robert
Ed. José Corti

Seul le commandant du dernier sous-marin lancé par les nazis connaît la mission attribuée à son expédition ; elle tient en une phrase : accorder au troisième Reich les mille ans de règne annoncés par Hitler.
Les visages que prend l'humanité sont mystérieux et c'est eux qui intéressent ici Robert Alexis et par-dessus tout les liens qui unissent l'homme avec la nature.
La lutte que notre espèce a engagée contre l'opacité de la condition humaine, cette 'haine constructive', thème cher à l'auteur, trouvent dans ce récit un nouvel avatar.
Ce qui aurait pu être un 'voyage au coeur des ténèbres' à la Conrad s'avère être une apologie de la libération.

Les veilleurs

Les veilleurs
Message Vincent
Ed. Seuil/Cadre rouge

Oscar Nexus a tué trois personnes dans la rue, puis il s'est endormi sur les cadavres. Nexus est un marginal auquel son emploi de veilleur de nuit n'a donné qu'un ancrage très fragile dans la réalité. Interné dans une clinique, il est pris en charge par Joachim Traumfreund, un médecin atypique et brillant qui a participé dans sa jeunesse aux mouvements de réforme de la psychiatrie. C'est à lui et à Paulus Rilviero, un officier de police, qu'on confie le soin de tirer au clair les mobiles de Nexus et de déterminer s'il est responsable de ses actes.

Afin de se consacrer à ce cas intriguant, Traumfreund transfère le criminel dans une annexe de la clinique, un bâtiment situé dans un coin de montagne que l'hiver isole peu à peu. Une fois sur place, nos deux enquêteurs découvrent que Nexus est un dormeur pathologique qui reprend nuit après nuit le fil du même Grand Rêve. Pour comprendre son crime, Traumfreund et Rilviero vont devoir s'immerger dans cet univers onirique où Nexus mène une véritable vie parallèle. Captivés par les récits du meurtrier, ils sont parfois rattrapés par le doute : comment être sûrs qu'ils n'ont pas affaire à un fabulateur ?

À partir de ce fait divers, Les Veilleurs nous entraîne dans une exploration passionnante des territoires de la folie et du sommeil. Reprenant certains codes des grands thrillers hollywoodiens, l'auteur compose une fresque sur la place de l'imaginaire dans la société moderne, plus rationaliste qu'aucune autre, mais aussi fascinée par les mondes virtuels et les faces nocturnes de la réalité.

 

La légende de nos pères

La légende de nos pères
Chalandon Sorj
Ed. Grasset

« J'ai laissé partir mon père sans écouter ce qu'il avait à me dire, le combattant qu'il avait été, le Résistant, le héros. J'ai tardé à le questionner, à moissonner sa mémoire. Il est mort en inconnu dans son coin de silence. Pour retrouver sa trace, j'ai rencontré Beauzaboc, un vieux soldat de l'ombre, lui aussi. J'ai accepté d'écrire son histoire, sans imaginer qu'elle allait nous précipiter lui et moi en enfer... » S.C.

 

Et si on dansait ?

Et si on dansait ?
Orsenna Erik
Ed. Stock

« Et maintenant ?

Je savais bien que jamais je n'en aurais fini avec la ponctuation. Aussi longtemps que je vivrais, et donc aussi longtemps que j'écrirais, je me battrais avec les signes, je m'acharnerais à bien placer les virgules. Et les points. Et les points-virgules. Sans oublier les tirets, les crochets, les chevrons auxquels je n'avais pas jusqu'ici prêté assez d'attention.

Mais une petite voix me parlait. Elle me venait de tout au fond, là, au milieu du ventre, entre coeur et nombril :

- Toi aussi, tu as une histoire, Jeanne, ton histoire secrète. L'heure est venue de la raconter. »

Après La grammaire est une chanson douce, Les Chevaliers du Subjonctif et La révolte des accents, Jeanne et Tom, les héros d'Erik Orsenna, poursuivent leurs aventures grammaticales.

 

Newsletter