Les hémisphères de Magdebourg

Les hémisphères de Magdebourg
de La Peine Bertrand
Ed. Minuit

Bline revient dans la ville de son enfance où son père, un éminent spécialiste de la période seldjoukide a trouvé la mort dans de troublantes circonstances.

Benedikt Centaure-Wattelet dit monsieur Ben mange des saucisses aux lentilles à minuit passé, tout seul dans sa cuisine à Rhode-Saint-Genèse près de Bruxelles. Trafiquant d'art, spécialisé dans la période grecque pré-chrétienne, il prépare sa dernière affaire, l'apothéose de sa carrière.

La jeune fille est loin d'imaginer que son père ait pu être en contact avec monsieur Ben.

Spoutnik

Spoutnik
Piemme Jean-Marie
Ed. Aden

Une fois que j'aurai disparu, qui peut attester que ceux-là sur la photo sont mes parents ? Personne. Personne qui le sache de première main. Qui regardera cette photo pourra dire ce qu'il voit et pas davantage : une femme, un homme, deux personnes autour de la quarantaine, des inconnus dans un jardin à qui on peut prêter le destin qu'on veut. Deux êtres vous fixent. Qui sont-ils ? On ne sait pas. Et dans le silence de la photo vous laissez filer votre désir. Ils étaient ceci et cela. Ils vivaient comme ceci et comme cela. Une fois que je ne serai plus là pour attester leur existence, ceux-là basculeront dans l'univers des fictions possibles. Par exemple : l'homme est né à Saint-Pétersbourg, la femme à la frontière de la Pologne. Ils sont soviétiques, astrophysiciens l'un et l'autre. La conception du Spoutnik les a réunis. Ils se sont aimés. L'Union soviétique pesait sur eux, ils ont profité de leur présence à l'expo de Bruxelles pour passer à l'Ouest. C'est pour cette raison que j'écris en français. Voilà un schéma possible, que je pourrais déployer, m'inventant par la même occasion une autre biographie où ma petite enfance s'écoulerait entre Baïkonour et la datcha de la mer noire. Pourquoi pas ? Le récit que j'ai entrepris ne vient-il pas de transformer deux êtres de chair et de sang en personnages de roman ? Et si les vies que je leur ai faites n'étaient en définitive que pure invention ? Et si tout était inventé, qu'est-ce que ça changerait ?

Ceux qui marchent dans les villes

Ceux qui marchent dans les villes
Dauven Jean-François
Ed. Flammarion

Lisbonne a envoûté Jérôme, pourtant Paris lui manque. Sans quitter Rome, Salvatore s'apprête à bouleverser la vie d'un couple d'Espagnols. À Marseille, le dernier espoir de Manuel, homme d'affaires ruiné, repose sur un courtier londonien...

C'est le début de l'été et la canicule règne sur toute l'Europe. Dans dix villes saturées de lumière et de chaleur, dix histoires n'en formeront bientôt plus qu'une, au gré des lettres, des coups de téléphone, des rencontres et des liens que l'espace ne rompt jamais.

Un temps fou

Un temps fou
Tardieu Laurence
Ed. Stock

« J'ai peur de vous revoir. Peut-être aurait-il mieux valu en rester là, comme nous l'avons fait depuis six ans, conformément à je ne sais quel accord tacite passé entre nous : ne pas nous revoir, jamais, garder au creux de nous cette longue nuit irréelle comme un secret qui n'appartient qu'à nous. Peut-être, au fond, l'accident est-il celui de notre rencontre, pas du silence qui s'ensuivit. Les vies sont si fragiles, si incertaines. On croit parfois leurs fondations solides, on s'émerveille du chemin parcouru, puis, comme ça, soudainement, pour un éblouissement, elles volent en éclats, se fracassent contre un rêve. Qui peut se prémunir de ça ? Qui peut se croire assez fort pour ne jamais chuter, pour ne pas désirer céder à ce qui un instant l'a fait défaillir ? J'ai peur de vous revoir, mais comme j'en suis heureuse. »

Courlande

Courlande
Kaufmann Jean-Paul
Ed. Fayard

La Courlande, pays de nulle part ? Longtemps occupée par les Soviétiques, interdite d'accès jusqu'en 1991, cette contrée des confins bordée par la mer Baltique surgit aujourd'hui intacte avec ses ciels infinis, ses forêts, ses plages désertes et ses châteaux en ruine détenus naguère par les barons baltes, descendants des chevaliers Teutoniques. Poursuivant une très ancienne histoire d'amour, Jean-Paul Kauffmann a succombé à l'attraction de cet ailleurs, dernière écluse entre le monde slave et le monde germanique. Ce récit de voyage est aussi une enquête sur la disparition : il s'agit de retrouver la trace d'une jeune Courlandaise, d'un chercheur de tombes, d'un monarque français... Retrouver aussi un pays, autrefois une anomalie historique, aujourd'hui à la recherche de son âme.

Les naufragés de l'île Tromelin

Les naufragés de l'île Tromelin
Frain Irène
Ed. Michel Lafon

Un minuscule bloc de corail perdu dans l'océan Indien. Cerné par les déferlantes, harcelé par les ouragans. C'est là qu'échouent, en 1761, les rescapés du naufrage de L'Utile, un navire français qui transportait une cargaison clandestine d'esclaves.

Les Blancs de l'équipage et les Noirs de la cale vont devoir cohabiter, trouver de l'eau, de la nourriture, de quoi faire un feu, survivre. Ensemble, ils construisent un bateau pour s'enfuir.

Faute de place, on n'embarque pas les esclaves, mais on jure solennellement de revenir les chercher.

Quinze ans plus tard, on retrouvera huit survivants : sept femmes et un bébé. Que s'est-il passé sur l'île ? À quel point cette histoire a-t-elle ébranlé les consciences ? Ému et révolté par ce drame, Condorcet entreprendra son combat pour l'abolition de l'esclavage.

Après Le Nabab, Devi et Au Royaume des Femmes, Irène Frain s'est plongée dans cette extraordinaire aventure et l'a restituée dans un roman vrai d'une bouleversante humanité.

Lune captive dans un oeil mort

Lune captive dans un oeil mort
Garnier Pascal
Ed. Zulma

Martial et Odette viennent d'emménager dans une résidence paradisiaque du sud de la France, loin de leur grise vie de banlieue. Les Conviviales offrent un atout majeur : protection absolue et sécurité garantie - pour seniors uniquement. Assez vite, les défaillances du gardiennage s'ajoutent à l'ennui de l'isolement. Les premiers voisins s'installent enfin. Le huis clos devient alors un shaker explosif : troubles obsessionnels, blessures secrètes, menaces fantasmées du monde extérieur. Jusqu'à ce que la lune, une nuit plus terrible que les autres, se reflète dans l'œil du gardien... Avec beaucoup d'humour et de finesse, malgré la noirceur du sujet, Pascal Garnier brosse le portrait d'une génération à qui l'on vend le bonheur comme une marchandise supplémentaire. Une fin de vie à l'épreuve d'un redoutable piège à rêves.

Le dernier veilleur de Bretagne

Le dernier veilleur de Bretagne
Le Guillou Philippe
Ed. Mercure de France

De 1992 à 2007, j'ai rendu régulièrement visite à Julien Gracq en Anjou, à Saint-Florent-le-Vieil, dans la maison des bords de Loire où il s'était retiré. Toutes ces années, dans la quiétude de son ermitage, nous avons évoqué ses livres mais aussi les oeuvres de ceux qu'il admirait, ses fidélités et ses fascinations, les grandes rencontres et tout particulièrement celle de Breton, le monde littéraire, les paysages de la France, l'histoire, au gré de conversations qui n'ont jamais été enregistrées et n'ont de trace que dans le souvenir. De ces échanges, j'ai tiré la matière d'un premier récit, Le déjeuner des bords de Loire, publié en 2002.

C'est la même intention - et le même esprit- qui a présidé au rassemblement de ces textes racontant les dernières visites, dont l'ultime en octobre 2007, à un moment où l'horizon de la vie se rétrécit dans l'ermitage des bords de Loire, mais où la curiosité et la vivacité intellectuelle sont restées intactes. Le dernier veilleur de Bretagne est comme la suite du Déjeuner des bords de Loire, un hommage respectueux et ardent à l'auteur de Liberté grande et de Carnets du grand chemin, une marque d'admiration et d'affection pour un homme que j'ai connu, dont j'ai goûté la réserve et l'intelligence, et qui demeure pour moi le dernier des très grands. Philippe Le Guillou

L'homme qui m'aimait tout bas

L'homme qui m'aimait tout bas
Fottorino Eric
Ed. Gallimard/Blanche

Mon père s'est tué d'une balle dans la bouche le 11 mars 2008. Il avait soixante-dix ans passés. J'ai calculé qu'il m'avait adopté trente-huit ans plus tôt, un jour enneigé de février 1970. Toutes ces années, nous nous sommes aimés jusque dans nos différences. Il m'a donné son nom, m'a transmis sa joie de vivre, ses histoires de soleil, beaucoup de sa force et aussi une longue nostalgie de sa Tunisie natale. En exerçant son métier de kinésithérapeute, il travaillait «à l'ancienne», ne s'exprimait qu'avec les mains, au besoin par le regard. Il était courageux, volontaire, mais secret : il préféra toujours le silence aux paroles, y compris à l'instant ultime où s'affirma sa liberté, sans explication. «Ce sont les mots qu'ils n'ont pas dits qui font les morts si lourds dans leur cercueil», écrivit un jour Montherlant. Mais il me laissa quand même mes mots à moi, son fils vivant, et ces quelques pages pour lui dire combien je reste encore avec lui.

Le colonel désaccordé

Le colonel désaccordé
Bleys Olivier
Ed. Gallimard/Blanche

En 1807, fuyant l'armée napoléonienne qui met la péninsule Ibérique à feu et à sang, le roi du Portugal doit s'exiler dans sa lointaine colonie du Brésil. La famille royale prévoit d'y séjourner quelques mois ; elle y restera quinze ans.

Le Brésil se dote en quelques années de palais, d'écoles, de théâtres, de routes et de ports. Bientôt la colonie proclame son indépendance et couronne un empereur.

La musique tient une place à part dans l'essor de cette jeune nation tropicale. Sous le règne de Pedro Ier puis de son fils, mélomanes avertis, les plus grands compositeurs sont invités à Rio ou à Belém, dont les théâtres somptueux n'ont rien à envier aux meilleures scènes parisiennes.

Mais pour le capitaine Dom Eduardo Alfonso Rymar, vaillant officier de l'armée portugaise, l'exil de la cour est un désastre : il n'y a pas de guerre à livrer de ce côté de l'océan... Lui qui rêvait batailles et glorieux faits d'armes doit accepter une mission subalterne : le convoi des pianos et des clavecins que la noblesse portugaise apporte au Nouveau Monde. Avec son aide de camp, mieux acclimaté que lui aux moeurs - et aux femmes - brésiliennes, Rymar dirige un atelier musical que la mode des instruments à clavier, lancée par la cour, a rendu nécessaire.

Promu colonel sans avoir combattu, Rymar reportera sur ses deux fils ses rêves de grandeur militaire. Or la musique, qu'il a prise en haine, reste maîtresse de son destin, qui lui réserve encore de bien étranges surprises...

Le colonel désaccordé restitue avec finesse et sensualité les couleurs du Brésil, l'incroyable effervescence de Rio, bourgade coloniale promue au rang de métropole impériale, et les splendeurs vénéneuses de l'Amazonie.

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